Je voulais vous dire…


Un blog qui parle de politique, de social, d'environnement... De la vie quoi!


mercredi 30 juin 2010

Quand le gouvernement cultive l’apologie de la médiocrité

Il y a une quinzaine de jours je vous disais vouloir m’abstenir de parler de football tellement le sujet me semblait grotesque. Je n’ai pas changé d’avis.
En plus, il y a des chances que je ne sois pas compétent pour trier entre les responsabilités de chacun... Domenech, les joueurs, la fédération, qui a été le plus nul ? Franchement, je n’en sais rien. Là, comme ça, à vue de nez je dirais les trois mon Capitaine.
Mais bon, comme je vous l’ai dit je ne suis pas compétent. Et en plus je m’en fous.

Par contre s’il est un aspect de cette bérézina qui me semble digne d’intérêt, c’est la récupération et la signification politique de l’événement.
Car il y en a une, n’en déplaise aux derniers naïfs de cette terre qui croient encore que les sport est une chose et la politique une autre. Tout est politique comme disait l’autre et le foot ne fait pas exception, surtout lorsqu’il s’agit d’une compétition internationale.
Alors, que certains politiques se sentent obligés d’utiliser cet outil qu’est le sport, j’ai envie de dire pourquoi pas. D’autres l’ont fait avant eux et pas des moindres, à commencer par l’Allemagne Nazie de 1936... Et plus récemment Nelson Mandela avec la coupe du monde de rugby (voir le film Invictus).

Comme souvent dans ce genre de partie, ce sont les plus nationalistes qui récupèrent en premier le ballon (pardon !). Qui dit compète internationale dit forcément représentation nationale, c’est comme ça. Onze types vont courir après une balle, et ces onze types nous représentent. Ils sont notre image, notre identité nationale. C’est bien pour ça qu’ils sont les premiers à râler lorsque la couleur de l’équipe ne correspond pas forcément à l’idée qu’ils se font de la France. Mais bon, ça on a l’habitude, et on s’étonnerait même qu’ils ne le fassent pas.
Pour les autres, on va dire ceux un poil moins fachos sur les bords, tout va dépendre des résultats de ladite équipe... Si ça marche, youppie la France. On est les meilleurs, tout va bien dans le pays puisque la France a gagné. La gloire devient contagieuse et se répercute sur ceux qui s’en approchent... Cela peut paraitre facile pour les esprits éclairés que vous êtes, mais c’est ainsi que les choses fonctionnent.

Par contre, si l’équipe en question foire son coup, on se dépêche de la balancer aux ordures et on redevient sérieux, car tout un chacun sait bien que le sport c’est bien joli, mais il y a quand même des choses plus importantes en ce bas monde.

En clair, pour les chantres de la démocratie moderne, le sport est un outil politique. S’il est efficient, tant mieux. Sinon, on le balance. C’est ingrat pour les joueurs, je sais, mais en même temps ce sont des sportifs hein ?
L’image qui me vient à l’esprit est celle du feu d’artifice. Si ça marche on dit « oh la belle bleue », et si ça foire et que la bombe fait long feux, et bien on s’en éloigne le plus possible et on attend. On attend le temps qu’il faudra pour être sûr qu’elle ne nous pétera pas à la gueule.

Alors que peut-on penser d’un gouvernement qui peine à se débarrasser de son outil foireux ?

Ben oui, à un moment il faut bien poser la question. Et pour le coup plusieures réponses sont possibles.
Ce gouvernement a intérêt à ce que la polémique ne retombe pas, parce que le seul sujet vers lequel il serait alors obligé de se retourner serait... les retraites ou l’affaire Woerth.
Et là, attention terrain miné.
Donc, on continu à en parler pour ne pas avoir à parler d’autre chose, quitte à devenir de plus en plus ridicule et, par exemple, convoquer les protagonistes devant l’Assemblée Nationale.

Deuxième réponse, ce gouvernement croit fermement à toutes ces conneries sur l’Identité Nationale, et la défaite de l’équipe de France de football est vécue par lui comme un drame biblique. Dans ce cas, nous sommes donc obligé de prendre acte que notre pays n’est plus la France que nous connaissons, mais un truc du genre Union Soviétique, ou la Chine...

Pour ma part, j’aurais tendance à penser qu’il s’agit sans doute un peu des deux réponses.

Cela-dit, et là peut-être que certains d’entre vous ne vont pas aimer ce que je vais dire, à travers tous ces remugles puants qui entoure le fiasco des bleus, il en est un qui a raisonné de façon particulière à mes oreilles. Il s’agit de l’intervention du philosophe de droite (oxymore ?) Alain Finkielkraut sur France Inter, et qui décrit le mélodrame pathétique que les aficionados ont vécus comme « un putsch débile de voyous milliardaires ». Je suis d’accord avec lui quand il décrit (reprenant un article du Monde) « les divisions religieuses de l’équipe », ou bien « la persécution du premier de la classe »...
Ça, ce sont des dérives actuelles de notre société que j’ai déjà eu le loisir de dénoncer.

Là où je ne le rejoins pas, par contre, c’est quand il impute tous ces dérapages à la seule figure de l’entraineur, le comparant à ces profs dépassés des cités, incompétents et couards.

Pour moi, si cette équipe est le reflet de notre pays, elle est d’abord celle de la France de Sarkozy. Cette France du communautarisme exacerbé, des valeurs altérées ou le profit remplace le fair-play, de l’ambition démesurée. Elle est celle du « racisme intellectuel » dont parle Bibi (et accessoirement Bourdieu), mais dans le sens contraire où il l’entend.
C'est-à-dire que c’est plutôt celui qui a plus de deux neurones alignés et qui s’en sert qui est mis au banc de la société et qualifié de tous les noms.
Cela rejoint ce que j’appelle l’apologie de la médiocrité. Et pour le coup, cette histoire de football mitonnée à la sauce politique est pour le moins médiocre... Et c’est peut-être pour ça qu’elle satisfait autant les masses.

mardi 29 juin 2010

Bienvenue...

Bon, on va dire que je me suis un petit peu amusé... J’espère que mes amis ne me tiendront pas rigueur de ce clin d’œil un peu sinistre (je l’avoue, ne tapez pas !), mais en vérité ce hameau est magnifique !
Un véritable petit bijou où il fait bon passer du temps en excellente compagnie.

Voilà, c’est tout ce que j’avais à dire pour aujourd’hui.



jeudi 24 juin 2010

Le train

J’aime le train.

J’aime son bruit régulier qui me berce et provoque chez moi la torpeur propre à abréger le voyage. Le crissement du métal surchauffé par les freins. La sirène de celui qui passe sans s’arrêter.

J’aime son odeur. Une odeur de métal et de vieux plastique. De poussière aussi.

J’aime les paysages que l’on aperçoit par les baies vitrées, la France qui défile avec ses mochetés et ses merveilles.

Alors bien sûr, j’aime aussi les gares. Les vieilles plutôt que les neuves pour tout vous dire...

J’aime ces architectures désuètes et parfois grandioses. Ces petites constructions en bord de voie. La pierre qui résiste, belle. Le béton qui fatigue, orgueilleux.

J’aime voir ces petites mains travailler le long de ce ruban de métal et manipuler ces mécanismes bizarres.

J’aime ces gens qui travaillent pour et autour des trains. Je me dis que c’est un beau métier. Un métier noble.

Le train, a toujours été pour moi synonyme de voyage vers l’autre. Les amis bien sûr, mais aussi mes amours... Je repense à ces heures qui me menaient vers mon amoureuse. De celles qui vous font vous lever dix minutes avant l’arrivée pour vous poster devant la porte, dont vous ne savez si c’est celle qui ouvrira sur le quai, mais qui à coup sûr vous verra sortir le premier.

Et puis il faut que je vous dise... Si j’aime autant les trains, c’est peut-être aussi à cause des vingt années pendant lesquelles j’ai vécu dans une gare... La gare de marchandise de Flayosc où ne circulent plus que des trains fantômes, où le ballaste empêchait mon père d’avoir un potager digne de ce nom. Où les tunnels étaient pour moi des grottes à explorer avant que de devenir des champignonnières.

Sur des kilomètres, la voie ferrée était mon terrain de jeu, et je rêvais souvent aux machines à vapeur qui jadis l’empruntaient. Et parfois même, oserais-je vous l’avouer, je me mettais sur le côté pour les laisser passer...

Bon... Je n’ai jamais prétendu quoi que ce soit en matière de photographie, aussi c’est avec une certaine crainte que je vous soumets ces quelques clichés. Soyez indulgents, mais honnêtes... En clair, si c’est de la merde vous me le dites, mais gentiment. Et puis si vous voulez les voir de plus près, vous cliquez dessus, hein ?


























Ces fous que l’on musèle

Je vous en faisais la remarque avant-hier, il suffit que je débranche pour un temps, et lorsque je reviens c’est le bordel... Et pourtant sur ce coup-là je ne suis partie que la journée !
Quelques heures pour tout vous dire... Parti trop tôt pour apprendre la nouvelle, et revenu bien trop tard pour la commenter.

Alors comme ça c’est fait. Ils ont viré Guillon et Porte. Tous les deux, en même temps... La veille de leur dernière prestation radiophonique.
Moi qui pensais qu’ils n’oseraient pas. Que les trublions de France Inter étaient devenus intouchables... Je me trompais.

L’intouchabilité (ça se dit ?) ne fonctionne apparemment que lorsqu’il existe une certaine forme de retenue. Un truc qui fait qu’on n’ose pas se débarrasser des gêneurs de peur d’être taxé de tyrannie. Mais là, on est bien obligé de constater que cette retenue a vécue, et que désormais faire preuve d’un autoritarisme décomplexé n’effraie plus personne. Et surtout pas messieurs Val et Hees.

Qu’importe également l’élégance du geste. Là encore, les instances concernées en ont sérieusement manqué. Virer les gêneurs la veille de leur ultime prestation annuelle, c’est faire montre d’une couardise digne des plus grands pétochards.

Alors vous l’aurez deviné, je suis un peu dégouté ce matin... Dégouté et las. Et puis en colère aussi... Surtout quand je constate le peu d’écho que cette vilénie a suscitée sur le net. Parmi les blogueurs auxquels je suis abonné, seulement deux ont relaté l’événement : Il s’agit de Bibi qui ironise comme à son habitude, et puis de Vogelsong dont je ne vous parle pas très souvent c’est vrai. Celui-ci développe un avis intéressant sur la place de l’humour dans la tranche matinale des radios et ce qui se passe nécessairement lorsque celle-ci devient concurrente d’une info par trop inféodée... A lire donc.

Allez, pour finir je vous propose les deux interventions de Stéphane Guillon et de Didier Porte... M’est avis qu’elles feront date.





mardi 22 juin 2010

Retour à une réalité qui sent mauvais de la bouche

C’est souvent comme ça que les choses se passent... Vous partez quatre jours vous mettre au vert (et c’est le cas de le dire vous pouvez me croire !), et quand vous revenez c’est le bordel.
Mais là, cette fois-ci, il s’agit d’un bordel de chez bordel... Un capharnaüm de chez capharnaüm, comme aurait pu dire mon grand oncle latiniste si j’en avais eu un.

Du coup, devant cette profusion de sujets j’hésite à choisir celui à aborder aujourd’hui... Enfin, profusion de sujets... Volée de merde devrais-je plutôt dire, étant donné l’odeur qui se dégage de tout ça. C’est bien simple, ça pue tellement que j’ai comme une furieuse envie de retourner me terrer dans le trou où j’étais si bien pendant ces derniers jours...

Mais bon, il parait que je suis un adulte responsable, et que je dois me comporter comme tel. Alors on va plonger sa mimine dans ce cloaque, on va touiller tout ça, et on va essayer de sortir le sujet du jour...

Bon, le foot on laisse tomber... c’est tellement grotesque qu’en parler le serait également. Le seul avantage que je devine à cette énième confirmation de mon analyse sur les valeurs de ce sport, c’est que les médias sont tellement focalisés sur ce qui ce passe en Afrique du Sud que la disparition du DARD (il a même supprimé son site) et la naissance du mouvement "République solidaire" sont passés totalement inaperçus.
Vous me direz que cela ne change pas grand chose, et vous aurez raison. Remplacez du vide par du vide, et vous obtiendrez toujours la même chose : Du vide.
Donc, passons à autre chose.

La mort de la vieille ganache de Bigeard... Ouais. Dommage que j’ai arrêté de boire sinon j’aurais bien sabré le champagne. La mort d’un con, ça se fête toujours.
Qu’est-ce qui nous reste... Ah oui ! L’affaire Woerth !

C’est qu’elle est gratinée celle-là. Le souci, c’est que le tapage médiatique autour du fiasco des footeux millionnaires va aussi occulter cette sombre histoire. Un vrai polar c’t’affaire !
Avec des écoutes téléphoniques, des pots-de vin, une grande firme au passé sulfureux, des histoires d’héritage, un gigolo... Bref, tous les ingrédients pour pondre un scénar à la Grisham.

Je vais être franc avec vous, je n’ai pas tout compris à l’intrigue. C’est comme pour le Karachigate, à un moment du truc je me suis laissé décrocher et du coup je n’y pite plus rien. Pour arriver à comprendre toute l’histoire, il me faudrait me taper de sacrée séances de rattrapage, mais là, franchement, j’ai pas envie.

La seule chose que je retiens de cette affaire, se résume en fait à ce que Stéphane Guillon en disait hier (repris par les guignols apparemment en mal d’inspiration), c'est-à-dire que ce gouvernement, en plus de développer une idéologie moisie, s’en met plein les fouilles à titre perso.


Que ces gens usent de tous les moyens pour imposer leur idéal, ça à la limite je peux le comprendre. La gauche en ferait très certainement de même, et moi aussi si j’avais un petit peu plus de foi. Mais qu’ils profitent de leur position pour s’enrichir nous démontre que nous n’avons pas seulement à nous battre contre un capitalisme sauvage, mais également contre de simple et banals voleurs.
Alors, est-ce que c’est une bonne nouvelle ?
Peut-être. Ça a le mérite de clarifier les choses et de les rendre accessibles à la masse.
Ça peut prendre des heures, voire des jours, pour explique le capitalisme à quelqu’un... Alors que de dire, et démontrer, que les types qui nous gouvernent sont des voleurs, c’est plus simple.

Une autre chose m’interpelle à propos de cette histoire, mais qui tient plus de la forme que du fond. Quoique...
Quand j’ai voulu m’intéresser à l’article de Médiapart pour comprendre l’histoire, je me suis heurté à la version payante... Du coup, et bien je n’en sais guère plus que ce qu’en disent les autres journaux et l’extrait sonore des écoutes.
En ce qui me concerne, ce pose alors le problème de l’universalité de l’information, de son droit, de sa démocratisation... Parce que je suis pauvre, je n’aurais donc pas accès aux mêmes infos que le riche... Ça, ça me perturbe.

Voilà, en gros et dans la confusion, ce que je ressens en ce lendemain de retour de vacance. De la confusion, ça je l’ai dis, et de la frustration aussi. Et puis comme une furieuse envie de retourner me planquer dans mon trou si vert et si paisible. Là-bas, il n’y avait pas de voleurs, pas de menteurs, que des gens biens avec de bonnes âmes. Et puis du vert.... Plein de vert autour.

vendredi 18 juin 2010

A deux doigts d’Armageddon...

Oui, je sais. Nous sommes vendredi et je n’ai rien publié depuis mardi...
Et alors ? Vous allez me faire un procès ? Non ? Bon...

Le fait est que j’ai été un peu occupé depuis trois jours... Comment vous dire... Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais on a eu quelques petits soucis dans le Var. Genre le ciel qui tombe.
Et avec un père à Flayosc et un appart à vendre à Draguignan, j’ai eu autre chose à penser vous pouvez me croire...
Mais bon, je vous rassure, tout va bien. Il n’y a plus de chemin qui mène à la maison familiale mais celle-ci est sauve ainsi que mon paternel. Et l’appart en rez-de-chaussée à Dragui est passé miraculeusement à côté du pire malgré le fait qu’il soit situé à 500 m de la prison. Bref, on est passé à deux doigts de la catastrophe.
Ce qui n’est pas le cas pour quelques 25 personnes décédées dont 12 dans la seule ville de Draguignan. Ville de mon enfance faut-il que je vous le rappelle.

C’est bon ? Ça vous va comme excuse ? Bien...

Alors, dans la foulée et puisque je vous tiens, il faut que je vous dise que je pars quelques jours. Aussi ne vous attendez pas à me lire avant mardi prochain, voire plus tard encore...

C’est que j’ai besoin de décompresser moi...

mardi 15 juin 2010

Le naufrage de la Boudeuse

C’est l’histoire d’un fier et beau trois-mâts, d’une goélette hollandaise presque centenaire aux allures de la marine d’antan. Née en 1916, à une époque où la révolution industrielle avait déjà amenée les coques en acier mais pas encore trouvée mieux que le vent pour naviguer, ce bateau magnifique n’était pourtant au départ qu’un navire de commerce. Un de ces utilitaires des mers qui cabotait de villes en villes, remontant les fleuves grâce à son faible tirant d’eau et qui emportait dans ses cales les marchandises de tous les jours.

Ce navire aurait tout aussi bien pu se faire rattraper définitivement par la modernité et finir dépecé au fond d’un bras de mer anonyme. Obsolète, vendu au poids du métal... Effectivement il aurait pu.

Oui mais voilà, le destin en a décidé autrement. D’abord navire école pour la marine suédoise pendant une soixantaine d’année, la goélette fut rachetée en 2003 par le passionné Francis Franceschi qui la rénova entièrement et lui donna un nouveau nom et une nouvelle mission :
La Boudeuse, en hommage au bateau de Bougainville, devint alors une monture dédiée à l’exploration et à la pédagogie environnementale. Après un tour du monde consacré à la découverte « des Peuples de l’eau » qui fut couronné de succès et fit l’objet de nombreux reportages et documentaire (notamment diffusés sur France 5), la Boudeuse revînt en France pour se faire bichonner et se préparer à repartir...

Nous étions en 2007 et l’heure était au Grenelle de la Mer... Cette supercherie inventer pour calmer les écolos qui votent à droite comme à gauche du moment que quelqu’un fait semblant de les écouter. Le Ministre Borloo s’appuya alors sur la Boudeuse pour sa communication, allant même jusqu’à lui signer une « lettre de mission » comme le fit en  son temps le Roi de France auprès de Bougainville... Sa mission, baptisée officiellement TERRE-OCEAN du Grenelle de la Mer : Repartir sur les flots en emportant à son bord des scientifiques chargés de faire le point autour de trois thèmes majeurs, le développement durable, le dialogue des cultures et la biodiversité.

Et ils sont partis... Fin 2009, en direction du bassin amazonien.

Quelques mois plus tard la nouvelle tombe sous la forme d’un communiqué laconique :

« Hier, 1er juin 2010 à minuit, il a été officiellement mis fin à la mission TERRE-OCEAN du Grenelle de la Mer effectuée par le trois-mâts d’exploration La Boudeuse, capitaine Patrice Franceschi.
Cette décision intervient au vu de l’épuisement définitif de tout financement public ou privé pour la poursuite de la mission.
A la même heure, La Boudeuse a achevé sa participation à l’armada des grands voiliers traditionnels sud-américains rassemblés dans le port de Caracas au Venezuela pour commémorer le bicentenaire de l’indépendance des pays d’Amérique latine. Avec l’Ambassadeur de France, l’équipage et son capitaine ont délivré le message d’amitié de la France aux capitaines des navires représentant leurs nations respectives.
Ce matin 2 juin à l’aube, La Boudeuse a quitté Caracas pour un dernier voyage vers les Antilles françaises à deux jours de mer. Le navire y sera mis en vente dès son arrivée afin de permettre le remboursement des dettes contractées pour la réalisation de la première partie de la mission. »

Voilà, c’est fini. La Boudeuse se retrouve sacrifiée sur l’autel des promesses non tenues, de la crise et de la quête de profits.
Entre un gouvernement qui s’était engagé à soutenir les dépenses courantes du voyage et qui n’a toujours pas versé un sou et une banque, BNP-Paribas, qui choisit de privilégier ses traders (500 millions d’euros) plutôt que de lâcher les 500 000 euros nécessaires à la poursuite de la mission, la Boudeuse se retrouve sur le carreau et son capitaine obligé de la vendre...

C’est une honte, une véritable forfaiture.

Mais tout n’est cependant pas perdu. Les amoureux de la Boudeuse ont décidé de se battre pour elle et on créé pour se faire un site dédié ainsi qu’un groupe Facebook... Une pétition circule que je vous engage à signer.
Je crois sincèrement qu’il faut que nous fassions notre possible pour permettre à la Boudeuse de continuer son chemin, car ce bateau était en passe de devenir un peu comme la Calypso en son temps... Une invitation au rêve, mais aussi un support pédagogique et écologique de premier ordre.

Et puis, la Boudeuse c’est elle qui m’a inspiré le nom de mon futur bateau à moi... Sans elle, la Boiteuse se serait appelée autrement.

samedi 12 juin 2010

Le foot me gonfle

Je me demandais s’il était besoin que je vous dise à quel point cette coupe du monde de football qui vient de commencer me gonfle...

Il est besoin ? Oui ? Bon, alors je vous le dis : Le foot me gonfle.
Le sport en lui-même, les valeurs pourries qu’il transmet, et par là même l’engouement qu’il suscite.

Cette opinion me range donc dans les rangs de ces horribles intellectuels anti-foot tellement décriés ces temps-ci. A l’image de Jean-Luc Mélenchon qui a qualifié ce jeu « d’opium du peuple », et qui s’est vu moqué en vertu du raisonnement simpliste suivant :
Le foot est un sport populaire, donc si on n’aime pas le foot c’est qu’on n’aime pas le peuple.

Waouh... Après ça, que dire ? Hein ?
La clarté de la déduction a ceci d’efficace qu’elle est directement assimilable par le premier cerveau venu, fut-il celui d’un footballeur. Il nous renvoi à cette croyance entretenue par les populistes, que forcément il existe une certaine classe de personnes éduquées, ou instruites si vous préférez, qui se croient au dessus des autres et les méprisent.
Habile façon de détourner à son avantage la lutte des classes, n’est-il pas ? En substituant l’instruction à la richesse, on désigne au bon peuple une autre cible que celle traditionnellement visée, à savoir les riches et les patrons.
Le message est clair : Arrêtez de vous en prendre à ceux qui vous font vivre, et tapez plutôt sur ces intellos-gauchos-bobos qui vous méprisent. La preuve, ils n’aiment pas le football.
Regardez les patrons. Eux ils sont assis à vos côtés dans les stades ! Bon d’accord, pas aux mêmes rangs, ni même dans la même tribune, mais il est là quand même et partage votre ferveur !

C’est un amalgame grossier, mais il marche du tonnerre.

Autre argument utilisé pour dénigrer celui qui s’en prendre au football, ou plutôt ce qui entoure le football pour être plus précis, c’est de dire que ce bas critiqueur a beau jeu de critiquer bassement (oups !), mais que celui-ci sera dans la rue comme tout le monde si la France en venait à gagner...

Euh... En êtes-vous sûrs ? Parce que moi, je peux vous dire que je n’y serais pas. Je l’ai fais en 98, mais j’avais à l’époque comme excuse d’avoir beaucoup moins de conscience politique et surtout je n’avais pas sucé que de la glace et j’étais torché comme un coing...
Comment ça, moi aussi je fais des amalgames ? Que nenni, je raconte un fait, c’est tout.

Alors certes, cela peut paraitre un rien méprisant de refuser de partager la liesse populaire. Méprisant et condescendent. Je le conçois, et d’autres aussi apparemment puisque cela les arrange bien de dresser le bon peuple contre une soi-disant élite, qui comme hasard est également la seule à même de démonter leurs magouilles populistes et/ou financières.

Alors s’il y a des footeux qui me lisent, j’en doute mais on ne sait jamais, j’aimerais essayer de leur faire comprendre une bonne fois pour toute que l’intello-gaucho-mais-pas-bobo que je suis ne les méprise en rien.
Ce que je méprise, ce sont ceux qui usent et abusent de votre crédulité affection pour ce sport. Au même titre que toutes les religions le font avec leurs fidèles.
Alors certes on peut, je peux, m’emporter contre votre naïveté et votre facilité à céder à vos émotions et par là-même vous faire manipuler, mais foncièrement je ne peux pas vous en vouloir...
Comment ? Je suis condescendant en disant ça ?
Je ne sais pas. Peut-être. Mais en même temps je me dis que pour deviner de la condescendance chez quelqu’un il faut avoir une bien piètre estime de soi...
Mais bon, glissons.

Je vais vous faire un aveu. Je suis un fan de rugby... Et je n’ai raté aucun match de la coupe du monde, et pour la prochaine se sera pareil (enfin peut-être pas, vu que je serais Dieu sait où).
Voilà, c’est dit. Comme quoi, le fond du problème c’est bien ce dont je parlais au début, à savoir les valeurs propres de football, et l’utilisation qu’il est fait de ses valeurs par certains pour se remplir les poches au dépend des gogos fans. Mais bon, il s’agit-là d’un autre sujet que, je le gage, ce mois à venir me donnera surement l’occasion d’aborder.

Pour finir, je voulais vous remettre en mémoire les paroles d’un sage.

« Le ballon est con.
Le ballon rend con,
Con comme un ballon
Tout rond. »

Cavanna.

vendredi 11 juin 2010

Hypocrite

Alors comme ça, Madame Boutin a décidé de renoncer à son salaire de chargé de mission pour le gouvernement ?
Merci madame, c’est bien aimable de votre part.

C’est très chrétien comme attitude. On n’en attendait pas moins de vous...

Cela-dit, vous vous êtes un peu fait prier avant que de les lâcher vos émoluments... Non ? Si, quand même...

Et puis on voit bien, lorsqu’on vous écoute, que vous ne le faites pas de gaité de cœur. Ce n’est pas bien ça madame Boutin, ce n’est pas bien...

Vous dites : « J'ai entendu les Français qui ont de petits salaires qui, aujourd'hui, ne peuvent pas comprendre qu'il y ait ainsi un responsable politique qui ait une rentrée d'argent de près de 18 000 euros ».

Alors comme ça les Français qui ont de petits salaires (Vous auriez pu dire les pauvres, c’eut été la même chose), ne peuvent pas comprendre ? Ils sont amputés du cerveau les pauvres ?
Le poids de leur compte en banque est proportionnel à leur quotient intellectuel, c’est bien ça que vous nous dites ?

Non, parce qu’il faut me le dire si je ne comprends plus le Français... Ils ne peuvent pas comprendre... Cela veut-il dire que s’ils avaient des salaires moins petits ils pourraient comprendre ? Je ne sais pas moi, il faudrait que vous m’expliquiez...

Ensuite, vous nous dites que cette histoire de cumul pose « une question fondamentale, qui est celle de savoir dans un Etat de droit où la loi est respectée, s'il faut plier sous le poids de la tourmente médiatique ».

Heu... Je m’excuse Madame Boutin, mais si réellement la question se pose en ces termes, pourquoi avez-vous plié dans ce cas ?
Si c’est apparemment aussi illégal que ça de renoncer à votre salaire, pourquoi le faites-vous alors ? N’est-ce pas justement parce que vous confondez (à dessein sans doute) tourmente médiatique et tourmente populaire ?

Et puis, pourquoi vous êtes vous précipité devant les micros pour clamer haut et fort que c’était « un vrai travail » ? Personne n’en n’a jamais douté Madame Boutin... On n’aurait pas osé... Du coup, votre précipitation à justifier votre travail plutôt que vos émoluments a jeté comme un soupçon quant à votre capacité à estimer « les conséquences sociales de la mondialisation ».

C’est comme quand vous laissez entendre que vous n’êtes pas la seule dans cette position...
« Je suis en train de créer une jurisprudence avec cette décision. Parce qu'il y a beaucoup de gens qui sont dans cette situation et qui vont aujourd'hui ou demain être confrontés au même problème ».

Là encore, je suis navré de vous le dire, mais cela ressemble fort à l’interjection d’une gamine prise en faute et qui pour unique défense ne pense qu’à dénoncer ces petits camarades... Ce n’est pas bien Madame Boutin, ce n’est pas bien...

Et puis, pour finir, n’aurait-il pas été plus chrétien de votre part, plutôt que de renoncer à votre salaire tant mérité selon vos dires, d’accepter de le baisser pour satisfaire les Français aux petits salaires, et de le reverser ensuite pour vos bonnes œuvres ?

Voilà qui aurait-été, je n’en doute pas, un geste digne de votre haute conscience sociale et de votre piété Madame Boutin.

PS : Je n’en reviens pas d’avoir réussi à rester aussi poli avec une grenouille de bénitier de votre espèce ! Hypocrite va !

mercredi 9 juin 2010

Insoutenable, qu’ils disent...

Insoutenable, c’est ainsi que s’intitule la dernière campagne de la prévention routière.
Choquante, est l’adjectif que revient le plus souvent pour la décrire.
Uniquement visible sur internet est sa particularité...

Titillé par autant de qualificatifs intrigants, votre serviteur c’est donc précipité pour visionner ce qui est décrit comme une nouveauté dans la comm sécuritaire française.

J’ai vu, et la première chose qui me soit venue à l’esprit c’est : Et alors ? Tout ce buzz pour ça ?

Alors déjà et pour commencer, je ne trouve pas en quoi ce film de cinq minutes et des poussières est choquant. Même pas gore, même pas surprenant pour un sou, on devine à l’avance ce qu’il va arriver... Bref, j’ai eu l’impression d’avoir été abusé quelque-part.

Bon d’accord, j’ai la quarantaine passée et peut-être suis-je habitué à une certaine goritude de par les films que j’ai l’habitude de voir. C’est possible. Mais certainement pas autant que peut l’être un djeune de dix-huit ans, qui je vous le rappelle est sensé être le cœur de cible de cette campagne.
Et puis, sans vouloir à tout prix jouer les Cassandres, il faudra que l’on m’explique comment il est possible que le garçon à l’arrière arrive à se retrouver éjecté du véhicule après un choc frontal, sans passer par-dessus ses petits camarades et la case pare brise... Là, miracle de la balistique ou pédalage dans la semoule de la mise en scène ? Je ne saurais dire.

Mais bon, reconnaissons que ce film a pour intérêt d’être nouveau. Dans le sens où c’est la première fois que l’on va aussi loin dans ce pays, en matière de prévention routière.

Sera-t-il efficace ? C’est toute la question. Permettez-moi d’en douter.

En effet, le public, s’il réagit comme moi, risque de se sentir floué quelque-part et la teneur du message sera alors complètement oblitérée. Ensuite, en choisissant le média internet pour faire passer son message, la sécurité routière risque de passer à côté de la ribambelle de jeunes friands de soirées arrosées mais qui n’aura certainement pas envie de cliquer volontairement pour se voir administrer une leçon de morale. Pour preuve, hier midi la vidéo en était à 59000 visionnages, et ce matin à l’heure ou j’écris ces lignes, nous en sommes à 86000... Ce n’est pas ce que j’appellerais une réussite en matière de buzz.

Je vais vous dire le fond de ma pensée... En fait, si ce film ne passe pas à la télé, ce n’est pas pour son caractère choquant comme on le raconte partout. Dimanche soir dernier j’ai revu Il faut sauver le soldat Ryan, et je peux vous dire que c’est autrement plus sanglant et choquant que cette bluette.
Non, c’est à cause de sa longueur. Cinq minutes quinze c’est beaucoup trop long, surtout si cette durée doit entrer en concurrence avec les rentrées publicitaires qu’elle obérera nécessairement. Pour info, 30 secondes de pub en prime time rapportent 100 000 euros en moyenne : A ce prix-là, et même pour le service public, il n’y a pas photo : La prévention routière passe après le bizness.

Malgré tout, je vous la sommet quand même. Comme ça vous pourrez vous faire une idée.



mardi 8 juin 2010

Ça part en couille...

Hier au soir j’ai commencé un texte parlant de la polémique qu’avait suscité la condamnation du Sinistre Hortefeux pour ses propos racistes...
Polémique quant à l’utilisation médiatique que chacun en a fait, pas sur le fond bien sûr. Car sur le fond, je pense que nous sommes tous d’accord ici : Ce type est un connard, et il est bel et bon que la justice l’ait condamné.
Et puis j’avais envie de taper sur Dray qui a pris sa défense aussi, mais ça c’est autre chose.

Et puis ce matin d’autres sujets autrement plus importants ont attirés mon attention. Comme la suppression du jury populaire par exemple... Ou encore la fin de l’indépendance budgétaire des états européens qui devront dorénavant soumettre préalablement leurs budgets à Bruxelles avant que de les faire voter en Assemblée...

L’abattage judiciaire et le contrôle des états par les lobbys financiers, ça a quand même une autre importance que les propos d’un ministre nostalgique de l’OAS, non ?
Si, quand même.

Alors des deux nouvelles, je ne saurais dire laquelle me déprime le plus. Non, déprimer n’est pas le bon verbe... Inquiéter serait plus juste.
Ce pays part en couille, ce continent part en couille... Et le monde fait de même.

Alors moi ma décision est prise, je vais m’exiler de par les vastes flots pour ne plus avoir à supporter ces dérives... Certains vont peut-être trouver ça lâche (et ça l’est peut-être en effet), mais en même temps je me dis que quelque soit l’endroit où je vais aller, je serais tout de même confronté à cette merde. Sous une autre forme sans doute, mais elle sera là quand même.
La mondialisation libérale est en marche et si rien ne change la loi de la jungle envahira chaque recoin de la planète.
Peut-être finalement est-ce sensé d’aller voir si quelque-part je peux encore trouver un endroit selon mon cœur.
Parce que pour celui-ci, la France, j’ai bien peur de ne pouvoir plus rien y faire...

dimanche 6 juin 2010

Classico

Aujourd’hui c’est dimanche et l’ami Philippe vient de me susurrer une idée bath pour égayer cette journée.

Petite séance de ciné pour tout le monde !

Et pas n’importe quoi s’il vous plaît. C’est du lourd, du cuirassé d’avant guerre que j’vous propose !

A déguster sans modération, sans oublier de bien savourer le goût d’pomme qu’il y a par derrière...

samedi 5 juin 2010

JPL en Guadeloupe, ou l’histoire d’un déni

Parfois, pas souvent mais parfois quand même, l’étrange lucarne qui trône dans nos salons nous montre quelque chose qui nous enrichit. 

Je veux dire par là, que lorsque le programme se termine vous restez là, songeur, avec au fond de vous-même l’impression d’avoir appris des choses, d’avoir entendu les bonnes questions... Bref, d’être moins con que vous ne l’étiez en début de soirée.

Et c’est exactement ce qui m’est arrivé hier au soir en regardant le dernier doc de John-Paul sur la Guadeloupe, diffusé sur France 4.

Bon je sais. Certains vont me dire que je vous parle souvent de lui et de ses reportages. Et c’est vrai. J’aime son travail, mais en même temps cela ne m’empêche pas d’être relativement critique par rapport à ce qu’est devenu son site de la TéléLibre... Que j’ai désormais déserté pour fuir les parasites réactionnaires attirés par des reportages aussi douteux que racoleurs... (Genre Reopen 911 si vous voyez ce que je veux dire)

Mais bon, là en l’occurrence je suis bien obligé de le clamer haut et fort : Ce doc est formidable !

Donc la dernière mouture de JPL dans le cadre de l’émission documentaire JPL en camping-car se déroule en Guadeloupe et se propose de revenir à froid sur ce département français secoué l’an dernier par les événements que nous connaissons tous.

Entre un tourisme indifférent, voire condescendent, et un racisme endémique infiniment plus complexe que la simple opposition noir-blanc, la Guadeloupe n’en finit pas de payer les pots cassés d’un esclavagisme pourtant aboli depuis 1848.

Plus de 150 ans plus tard, ce passé n’est toujours pas digéré. Il est là, présent aux yeux de tous et dans la tête de tous. Noirs, blancs, créoles, métis, békés, touristes, tous vivent avec cette plaie béante au cœur, et personne n’en parle.

Il s’agit là d’un voyage entre le déni et la revendication, entre l’amour et la haine. Où l’on apprend que si les gens se parlaient, mais je veux dire se parlaient vraiment, la monde serait peut-être un peu moins compliqué...

A noter trois épisodes qui m’ont personnellement marqués.
-L’interview d’un Elie Domota beaucoup plus complexe que la plupart des médias ne l’ont représenté. Un homme à la fois plein de contradictions, mais aussi de sensibilité.
-L’affligeante prestation d’un préfet nouvellement nommé. Imbuvable d’ignorance, d’arrogance et d’incompétence.
-Et l’incroyable histoire de l’aéroport de Point-à-Pitre construit non-pas sur, mais avec les ossements des esclaves... Horrible.

Ce documentaire sera rediffusé le samedi 12 juin à 18h35, mais vous pouvez dors et déjà le visionner sur le site de France 4.

Allez ! Je vous mets deux petits teasers pour vous mettre l’eau à la bouche...




jeudi 3 juin 2010

Une paire de crochets

Qu’est-ce qu’on peut faire lorsqu’on n’a rien à dire ? Rien, sinon attendre que le temps vous offre l’occasion, comme ça à l’impromptu, de rebondir sur une phrase, un mot.

Je viens d’entendre à l’instant le ministre Woerth se fendre d’un lapsus savoureux.

Parlant de la problématique des retraites, il déclare en substance : « Les gens peuvent partir quand ils veulent à la retraite, mais compte-tenu de l’allongement de la vie il faut qu’ils comprennent qu’ils ne peuvent le faire trop tôt sinon ils vivront aux crochets des générations suivantes... »

Le tout prononcé avec un sourire en coin, sous un nez trop grand, des lunettes moches et un crâne chauve.

Je savais, pour l’avoir entendu et lu plus souvent qu’à mon tour, que les chômeurs, les pauvres et les malades vivaient déjà au crochet des braves gens qui payent leurs impôts et qui travaillent. Mais c’est la première fois que j’entends, dans la bouche d’un ministre qui plus est, que les vieux, eux aussi, vivaient aux crochets de la société.

Qu’elle merveilleuse façon de voir les choses... La solidarité s’effaçant devant une paire de crochets.

Il est beau mon pays je trouve, très beau.

mardi 1 juin 2010

Les boustifailleurs

Après ce qu’il vient de se passer au large des côtes de ce Moyen-Orient, le texte que j’avais commencé à rédiger hier sur la petite phrase de Martine Aubry me semble à présent un peu... dérisoire. Limite incongru.

J’imagine que c’est ce qui arrive lorsqu’on essaye de suivre l’actualité et de la commenter... Il faut être sur le coup, réactif, prompt à la réflexion. Et si par malheur vous n’êtes pas tout cela, si par malheur vous décidez d’approfondir un point de vue, une nouvelle viendra chasser la précédente et foutra votre travail intérieur en l’air avec toute la violence d’une porte qui claque.
On est dans l’immédiateté, la surenchère. Un texte chasse l’autre au même rythme que les moments se succèdent et que la vie passe, ponctuant d’instantanés polaroïds ce qui devrait être décrit à la façon d’une toile. C’est si simple d’appuyer sur un bouton. Plus simple que de manier un pinceau.

Alors on devient frénétique. Boulimique. On choppe des automatismes, des tics et des tocs. Action, réaction. Tac au tac.

Pas le temps de digérer. Pas le temps de mâcher, que la bouchée suivante est déjà prête à franchir vos lèvres. A la saillie verbale succède la piraterie d’état. Au braquage, la liste d’une équipe de foot. A la réforme une autre réforme. A une marée noire une faillite. Au massacre d’une famille le suicide d’un père.
L’assiette est pleine et déborde en permanence de cette malbouffe aux parfums entêtants.
Et nous, on avale. 
On gobe. 
On tète. 
Jusqu’à la nausée.

Le nez dans l’assiette, la bouche toujours pleine, nous ne voyons plus rien d’autre et nous ne parlons plus. Nous vivons ce que nous mangeons. Nous mangeons le monde et nous devenons le monde.

Nous sommes devenus des boustifailleurs d’actualité. 
Des dévoreurs de vies.

Mais parfois, une bouchée particulière désaccorde la partition des saveurs. A elle seule, elle vous fait arrêter de mâcher et vous laisse apercevoir la vacuité de tout ça. Elle vous coupe l’appétit.

Alors aujourd’hui c’est décidé, on fait régime.