Je voulais vous dire…


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samedi 3 octobre 2009

Castration chimique, ou quand le populisme se sert de l’irrationnel

C’est marrant, lorsque j’ai commencé à écrire cet article hier en fin de matinée, je pensais que j’allais me faire appeler Arthur comme avec l’histoire de Polanski. Et puis, les collègues (PMA et Rimbus pour ne pas les nommer) ont publié chacun quelque-chose qui me donne à penser, que finalement mon avis sera partagé par d’autres… Du moins par eux en tous cas.

Du coup, il m’a fallut revoir un peu ce que j’avais déjà écrit, et notamment en retirant les quelques pincettes que j’avais prises pour aborder le sujet… Car aujourd’hui je voulais vous dire ce que je pense de cette polémique qui a surgit cette semaine concernant ce triste fait divers que l’on appelle maintenant « l’affaire Hodeau ».

Je crois que tout le monde sera d’accord avec ça : Il s’agit d’un événement tragique et regrettable. La mort d’une femme, fut-elle sportive, est quelque-chose de malheureux, mais hélas c’est aussi une chose courante pour le monde dans lequel nous vivons. Bref, comme je l’ai dit plus haut, il s’agit d’un fait divers et non-pas d’une affaire d’État comme nos politiques veulent nous le faire croire.

Car depuis quelques jours, les politiques, de droite comme de gauche, se sont emparés de cette histoire pour essayer de grappiller quelques points dans les sondages, rivalisant à la fois de démagogie et de populisme.
Sous le prétexte, toujours porteur, de l’attention que l’on doit porter aux victimes, voilà donc ces charognards qui se précipitent sur le cadavre de cette joggeuse. La malheureuse n’est même pas encore en terre que ces sales bêtes ont déjà entamé la danse bien connue de l’insécurité et hurlent à gorge déployée des propositions aussi définitives que stupides.

Seulement voilà, aussi stupides qu’elles soient, ces propositions sont du genre à faire frissonner la ménagère et bander le réac de base. Et c’est bien connu, entre deux frissons ou deux branlettes, ces gens-là votent…

La première désignée coupable sur l’autel de la vengeance, c’est la justice. Elle serait bien trop clémente, bien trop laxiste quant au suivi des délinquants sexuels. Moi je ne sais pas, mais avec un taux de récidive inférieur à 2% j’aurais plutôt envie de dire qu’elle fait plutôt bien son boulot la justice… Le risque zéro ça n’existe pas, il faut le savoir. Et s’en approcher autant malgré tout est pour moi un signe d’efficacité.

Mais non, ça ne leur suffit pas… Il faudrait que la récidive atteigne le zéro absolu. Et si pour cela il faut s’assoir sur les droits de l’homme et le plus élémentaire respect de la personne, et bien on le fera.
Si vous lisez les commentaires qui suivent cet article du Figaro par exemple, la solution la plus simple serait de les décapiter. Avec ça au moins on est sûr qu’ils ne recommenceront pas ! Ben voyons… et puis pendant qu’on y est on peut toujours transformer les douches de la Santé en chambre à gaz ? Hein ?

Sans en revenir à une telle barbarie, les politiques ont proposé alors de castrer chimiquement les criminels sexuels… Oh qu’elle est belle cette solution-là !
Sauf que pour empêcher les 2% qui récidivent, ont va imposer un traitement aux 98% restant qui eux ne récidiveront pas de tout façon ? C’est moralement inacceptable.
Car la castration, même chimique, n’est ni plus ni moins qu’une atteinte à l’intégrité physique d’une personne. Et on s’en fout qu’elle est fait ou non ses preuves. Cela s’apparente à de la torture, point barre.
Mais bon, apparemment ça ne dérange pas grand monde… Toujours dans le Figaro, un petit sondage annonce fièrement que plus de 80% des internautes qui fréquentent le site seraient favorable à une castration chimique pour les criminels sexuels… Comme quoi, nombreux sont les lecteurs du Figaro qui ne réfléchissent pas plus loin que le bout de l’unique neurone qui leur sert de cerveau.

D’ailleurs cela ne concerne pas que les gens de droite puisque Ségolène Royal elle-même se prononce en faveur de telles mesures… Ai-je besoin de préciser que de la part de la Dame du Poitou, ce genre de propos ne m’étonne pas ?

Je parlais de populisme tout à l’heure. J’aurais mieux fait de dire que c’était prendre les gens pour des cons… mais en même temps, ils ont peut-être raison car si l’on regarde le sondage précité : Les gens sont des cons.
Et ils ont en eux autant de pulsions vengeresses et irrationnelles que les criminels qu’ils prétendent vouloir castrer…