
Ouf ! La France pouvait enfin reprendre sa respiration, douloureusement suspendue depuis que les trains se mettaient à arriver en retard alors que les gauchistes de la CGT ne faisaient même pas grève.
La nouvelle tomba comme une grosse pierre dans l’onde miroitante, il existait, tapie dans l’ombre, une ultra-gauche, mouvance anarcho-autonome, belle et bien décidée à terroriser notre beau pays.
Stupeur et consternation ! Les vieilles peurs estampillées seventies, patte d’éph’ et patchouli revenaient assaillir le bourgeois libéral déjà bien amoché par la crise financière.
La découverte d’un tel groupe stupéfia donc la ménagère et dopa les ventes du Figaro qui se mit à titrer à tout va sur l’enquête en cours. La personnalité marginale des suspects, la possibilité d’un réseau européen structuré… Bref, des titres bien accrocheurs susceptibles de faire baliser encore plus la ménagère précitée. La ministre de l’Intérieur, relayée en cela par le procureur Jean-Claude Marin, déclara alors estimer que la chienlit représentait quelques 300 personnes dûment fichées et surveillées par les services compétents (sic !).

Et de préciser ensuite qu’aucune de ces personnes ne travaillait… Et que deux d’entres eux avaient déjà été plus ou moins repérés lors de diverses manifestations altermondialistes à New-York, Gêne, et à Paris lors des manifs contre le CPE, diverses manifs étudiantes et dans des cortèges contre le fichier EDVIGE.
Brrrrr !!! Moi, quand je lis ça, j’ai peur !
C’est vrai quoi ! Vous vous rendez compte ? Dans un petit village de Corrèze, vit un groupe de hippies qui, puisqu’ils sont à l’écart des autres sont forcément dangereux. Des nihilistes, qu’ils sont ? Ca veut dire quoi au fait nihiliste ? On s’en fout, mais ça fait peur en tous cas ! Ils fuyaient le regard des gens, on vous dit ! En plus, ces fous dangereux, ils n’avaient même pas de téléphone portable, ni d’ordinateur ! C’est dingue ! Le pire, c’est qu’en plus ils ne travaillaient même pas ! Non mais on va où là ! Faut faire quelque chose, on est plus en sécurité chez nous !
Heureusement, quelques journalistes et la plupart des bloggeurs citoyens commencèrent vite à mettre en doute ce discours généreusement et abondamment dispensé par l’Etat et les média à sa solde. Trouvant un peu facile ces arrestations et un peu facile également l’argumentaire utilisé (Voir cet article de Daniel Schneidermann dans Libé). Certains commencèrent même des contre-enquêtes dans le but de tirer au clair ce qu’ils soupçonnaient d’être de la manipulation pure et simple.

Bien vite de nombreux comités de soutien se sont mis en place. J’en ai trouvé un, assez bien fait qui se nomme le Blog de L’ultra-gauche, créé au lendemain de l’arrestation des suspects… Allez-y voir, c’est intéressant.
Treize jours après l’arrestation de neuf de ces dangereux anarchistes, et l’incarcération de cinq d’entre eux sous les chefs d’inculpation d’ « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » et « dégradations en réunion sur des lignes ferroviaires dans une perspective d’action terroriste », l’affaire n’a pas avancée d’un pouce. Mieux, plus le temps passe, plus on commence à se rendre compte des incohérences qui règnent dans ce dossier.
Tout d’abord, contrairement à ce qui a été annoncé par tout le monde, il n’existe aucune, je dis bien aucune, preuves circonstancielles contre les personnes inculpées. Il n’y a rien, quedalle, zéro, niente… Le dossier est d’un vide intersidéral. Et encore dans le vide stellaire, il y a des corps qui se baladent… Mais là, c’est le désert.

Non, ce qu’il aurait fallu, c’est retrouver comme les Experts de Las Vegas, Miami et Manhattan réunis, le font tous les jours, des traces d’ADN, des empreintes… Mais non ! Rien de rien !

Mouais… Moi, j’ai à la maison un exemplaire de la bible et plusieurs manuels de maniement d’armes et d’explosifs, ainsi qu’un ouvrage sur la guérilla urbaine et cela ne fait pas de moi un dangereux intégriste religieux non plus… Il ne faut quand même pas exagérer.
Non, c’est clair, ces jeunes bobos ont le cerveau en marmelade à force de lire trop de livre. D’ailleurs c’est bien simple, tous les suspects sont des ultras… diplômés ! Doctorant en histoire et civilisation, masters en archéologie, sociologie, anglais… C’est évident, ces individus ont des tronches bien trop pleines pour pouvoir réfléchir correctement ! Voilà bien le résultat d’un enseignement noyauté depuis des années par les bolchéviques !
Non, mais faut arrêter là… On est en train de nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Parce que si l’on va par là, tout le monde peut être un suspect. D’ailleurs, vous-même qui me lisez : Dites-moi ? Vous avez cliquez sur le lien que j’ai mis en surbrillance quant au livre « l’Insurrection qui vient » ? Vous l’avez fait ? Alors maintenant vous aussi vous êtes susceptibles de faire partie du profil type du terroriste anarcho-autonome ! Et si, comme moi, vous avez fait quelques études, que vous avez au fond de votre sac un horaire des bus, ou encore que, toujours comme moi, vous soyez allé à une manif récemment… Là vous êtes bons comme la romaine !
Sérieusement, je me demande si vous faites bien de me lire… On ne sait jamais où ça peut vous mener ce genre connexion.
Il faut vraiment que le gouvernement arrête de nous prendre pour des cons et tente de nous faire avaler des couleuvres grosses comme le poing. Car, pour moi, la démarche est évidente. Alors que le monde libéral s’écroule il est tout à fait commode de faire sortir du bois son antithèse. C’est un classique dans la guerre de l’information, on appelle ça un contre-feu. Cela permet de détourner l’attention, et de focaliser l’esprit du public sur un point prédéfini à l’avance.

De tout temps, le cinéma a su être le miroir de notre époque. On peut donc dire que celui-ci reflète une période troublée où les incertitudes sur notre avenir, notre intime conviction des injustices qui nous entourent, le ras le bol d’une certaine forme de société cynique et pragmatique, génère un sentiment de lassitude propre à favoriser des actes de révolte.
Là oui, le gouvernement pourrait s’en inquiéter et vouloir remédier à cela, plutôt que de jouer le jeu de la terreur, et nous sortir d’un chapeau des révolutionnaires de pacotille.
Enfin, et j’en terminerai pour aujourd’hui, je ne pense pas que l’heure soit à la révolution. En tous cas, pas à la révolution armée et aux actes de sabotages. Pas encore. Une révolution, c’est avant tout une idée, un espoir qui se propage au sein du peuple et qui doit imprégner chacun de nous. Une révolution peut tout à fait être pacifique et renverser des gouvernements par la seule force de sa légitimité et par la détermination de ses participants.
Nul n’est besoin de faire dérailler des trains ou de tuer des policiers pour y arriver… Il suffit juste d’y croire et d’agir en son sens.