
Le titre et le sous-titre s’annonçaient prometteurs… Moi, j’aime assez ce genre de sujet. J’aime à décortiquer les mécanismes de la manipulation. Ça me fascine, je ne sais pas pourquoi… En fait, si je sais. C’est parce que je reste en permanence étonné par le fait que ce qui me semble à moi si évident, fonctionne aussi bien…
Une heure plus tard, complètement sidéré par les trucs que je venais d’entendre, je laissais tomber mes réussites et je me lançais dans une recherche exhaustive sur le net, histoire de dégoter un maximum d’infos sur ce sacré Edward… J’étais persuadé de tenir un sujet d’article, et je n’avais pas tord, puisque vous êtes en train de le lire.

Donc Edward, Ed si vous préférez, est né à Vienne en Autriche. Son oncle n’est autre que le célèbre Sigmund Freud… A l’âge d’un an, il émigre avec sa famille au Etats-Unis. Il y grandira donc sous la double férule de l’oncle Sam et de l’oncle Sigmund. C'est-à-dire : Le bizness et la psychanalyse freudienne.
Très jeune, il commença sa carrière comme imprésario. Lorsque la première guerre mondiale éclate, il tente de s’engager, mais ses lointaines racines germaines l’empêchent de rejoindre les troupes d’actives. Il sera donc affecté à l’état-major, ou son boulot sera de prêcher pour l’effort de guerre.
Au sortir de la guerre il s’installe à son compte et devient une espèce de conseiller… A l’époque on ne parle pas encore de conseiller en communication, ou en marketing, de spin-doctors ni même de relation publique. Et pour cause, c’est lui, Edward, qui va inventer tous ces concepts !
Car Edward est un visionnaire. Son enfance, son éducation, l’ont persuadé d’une chose, c’est que la masse, la foule, n’est régit que par une seule chose, l’irrationnel. Le ÇA de tonton Freud… Il s’inspire également des travaux du français Gustave Le Bon sur la psychologie des foules (1895). En clair, pour Edward, l’être humain, seul, est intelligent et réfléchi, en nombre, il devient bête et manipulable.
Fort de cette certitude, il proposa ses services à de nombreuses entreprises. Un de ses faits d’arme le plus éclatant fut d’amener les femmes à fumer… Vous ne me croyez pas ? Vous pensez que j’exagère ? Et bien regardez cette vidéo tirée du film « Chomsky et Cie » et on en reparle après…
Extrait Chomsky et Cie : Normand Baillargeon
envoyé par sijysuis - Check out other Film & TV videos.
Alors ? C’est-t-y pas formidable ça ? En 1929, Ed Bernays imagine se servir du mouvement des suffragettes pour y glisser la promotion de la cigarette et ainsi amener des millions de femmes à faire ce que précédemment elle trouvait dégradant et moche… C’est ce que l’on appelle de la manipulation de l’opinion. De l’instrumentalisation.

Une autre de ses inventions à Edward, c’est ce que l’on appelle la bidirectionnalité du rapport entre le produit et le client. C'est-à-dire que pour lui le produit doit répondre aux attentes inavouées et subconscientes du client et communiquer en ce sens, mais également le client doit pouvoir communiquer avec son produit… Pour ce faire, il faut donc aller vers lui et carrément lui demander comment il imagine son futur produit…. Cela a beau avoir l’air simple et logique, mais Edward vient d’inventer le panel. Plus tard (1936), dans la continuité de cette idée l’institut Gallup vit le jour et ainsi commença une nouvelle ère, celle des sondages.

Il bosse également pur Procter & Gamble et réussit à faire acheter des millions de savons aux familles américaines en organisant des concours de sculpture. Il impose par contrat de faire fumer les cowboys dans les films d’Hollywood pour donner une image virile aux fumeurs… Après la guerre (la deuxième) il réussit via des officines dentaires crées de toute pièce, à désamorcer la peur du nucléaire en promouvant l’emploi du fluor, un résidu hautement toxique de la fabrication des bombes, dans les pâtes dentifrices… (Et oui… Ça marche encore !)
En somme Edward Bernays est le roi, the father of spin, le père de la désinformation. Bien évidemment, lorsqu’on a tellement finalisé ses théories sur le comportement des masses, et que l’on arriverait sans doute à vendre des cônes glacés à des Inuits, il est presque évident que les travaux de Bernays vont trouver une application pratique auprès des politiciens.

Pas étonnant donc que ce genre de propos trouva une résonnance toute particulière auprès d’un certain Goebbels. Celui-ci déclara maintes fois avoir été largement inspiré dans son travail par le gentil Edward ainsi que par Gustave le Bon.
A partir des années vingt et pendant presque toute sa carrière, Bernays travailla avec les gouvernements américains successifs. Pendant la deuxième guerre mondiale il émargea à l’OSS, Office of Strategic Services, l’ancêtre de la CIA, où il travailla à l’impact psychologique de l’utilisation de l’arme atomique.

Une des dernières grandes figures politiques qui fit appel aux talents d’Edward, fut Golda Meir. Elle lui confiât la tache de mettre en place un réseau chargé de la promotion de l’image d’Israël auprès du public américain… Ainsi naquit ce que l’on appelle maintenant le lobby pro-israélien.

Alors bon, comme je n’ai pas envie de vous laisser en l’état, persuadé que vous êtes cernés et que toute protection est inutile, je vais, pour finir, vous raconter une dernière petite histoire…

Comme quoi, au soir de sa vie, ce vieux machin qui mit au point les techniques de désinformation les plus tordues, persuada les foules de consommer des produits dont-ils n'avaient pas besoin et qui en plus étaient mauvais pour leur santé, inspira des dictatures… Ce vieux croulant, au soir de sa vie reconnaissait qu’il y avait une chose contre laquelle ses méthodes ne pouvaient rien. La conscience sociale.
Alors mes amis, cultivons-là notre conscience sociale ! Et le meilleur moyen pour commencer à le faire, c’est de connaitre la vie de ce sacré Edward !
Je vous rajoute un lien vers un article qui m’a vachement aidé, c’est sur le site : Le Crachoir.