
La polémique semblait même un peu grosse par rapport à l’événement.
D’un côté, nous avions les défenseurs des libertés individuelles qui soutenaient que chaque femme était libre de faire comme elle l’entendait. De l’autre nous avions les défenseurs des libertés collectives qui dénonçaient le mauvais exemple que la ministre donnait en termes de politique familiale.
Au centre de cette polémique, le congé maternité bien sur, mais aussi le congé parental. Bref, toutes les facilités proposées en faveur de la venue d’un enfant et de son éducation.
Il me souvient même avoir lu quelque-part que l’attitude de Mme Dati était une insulte aux droits des femmes… Et qu’en agissant de la sorte, elle remettait, de par sa fonction, en cause des dizaines d’années de luttes et d’avancées sociales…

Le brouhaha suscité par cet événement s’apaisa peu à peu, d’autant que ladite ministre se fit débarquer de la galère gouvernementale et envoyée se présenter comme numéro deux sur une petite liste UMP aux élections européennes. Ceux et celles qui s’inquiétaient de voir foulé au pied le droit des femmes, et des parents en général, se calmèrent et passèrent à autre chose. Cela fut d’autant plus facile que dans notre pays, ce ne sont pas les occasions de s’indigner qui manquent.
C’est alors que la nouvelle tomba. Hier, lors d’un discours sur la politique familiale, notre Président Glorieusement Elu à 53% déclara qu’il entendait qu’on lance «une réflexion sur l’évolution du congé parental». En clair, ça veut dire qu’il voudrait le raccourcir.
Son argument massue, outre le fait que selon lui le congé parental peut être un « gâchis pour les familles », c’est bien sûr que les femmes «ne soient pas sanctionnées» quand elles veulent reprendre un travail. Un congé plus court, cela veut dire une remise en selle facilitée et donc un manquement diminué à l’effort de l’entreprise.
Dans la crise que nous vivons, l’argument se tient. En effet, le Président nous l’a maintes fois rabâché ; Il nous faut nous retrousser les manches et bosser plus pour gagner plus. Il est donc légitime que les femmes arrêtent de jouer les feignasses à la maison à pouponner et se remettent au boulot le plus tôt possible. Et encore, je ne vous parle même pas des hommes qui choisissent de mettre entre parenthèse leur vie professionnelle pour élever leurs enfants… Dans le contexte actuel, cela s’apparenterait à de la haute trahison !
Sauf que les choses ne sont pas exactement celles que décrit notre Nain National. Je vous invite donc de le vérifier en cliquant sur ce site de Droit Social, et vous pourrez constater que le congé parental n’est pas obligatoire. Et d’une. Que celui-ci peut-être, au choix du parent, d’un, deux ou trois ans. Et de deux.
Enfin, Nicolas Sarkozy nous dit qu’il préfère « que l’on privilégie l’aménagement des horaires de travail et le temps partiel plutôt que l’arrêt total de l’activité». Sauf que le dispositif dispose déjà de la possibilité de transformer son contrat de travail en un temps partiel (entre 16 et 28 heures) !
Dans l’idéologie Sarkozienne, la vraie famille, c’est l’entreprise, et il convient de ne s’en éloigner que pendant un très court laps de temps… Il voudrait nous faire croire qu’il agit pour les femmes et la place qu’elles occupent dans le monde du travail, mais en fait, ce qu’il veut c’est que celles-ci renoncent pour cela aux droits qui sont les leurs.
Je pense, là maintenant, à mon ami P. qui va bientôt terminer son congé parental de trois ans… Je sais que pour lui, ces trois années furent oh combien importantes et bénéfiques. Et pas seulement pour lui. Pour sa fille aussi et pour sa famille toute entière. Il a eut la possibilité de le faire, mais ce ne fut pas facile tous les jours de se voir amputé de plus de la moitié de son salaire… Mais il ne regrette rien. Bien au contraire…
Si nous laissons faire, demain plus personne n’aura la possibilité de vivre de tels moments.