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mardi 18 novembre 2008

Zemmour, la science et moi

Le 13 novembre, lors de l’émission « Impertinente » diffusée sur Arte, le journaliste Eric Zemmour, que l’on sait grand polémiqueur et prompte à susciter la controverse, s’est « lâché » en se laissant embarquer dans un imbroglio sémantique dont il n’est pas sorti vraiment grandi.
D’abord épinglé par le zapping de Canal, la toile s’est emparée de l’affaire et depuis, les vidéos tournent en boucle pour servir à de multiple fins…
La voici, je vous laisse en juger.


Eric Zemmour réhabilite les "races" - Arte - 13 nov. 2008
par acrimed



Personnellement, lorsque j’ai vu le zapping et écouté les paroles de Zemmour, je n’ai pas tiqué. Je me suis même dit que pour une fois, ce type que je considère comme une tête à claques aux paroles méchantes et nauséabondes, avait raison. Avec le recul, je peux même dire que sur le coup, j’ai été un peu étonné de prendre son parti… Puis, lorsque Pseudo m’a signalé que la vidéo tournait en boucle sur le net et faisait un buzz d’enfer, je me suis dis que j’allais vous pondre un article en sa faveur… C’est vrai quoi ! Tout le monde sait bien qu’il existe des races (les blancs, les noirs et les jaunes) dans l’espèce humaine, au même titre que dans toutes les espèces de la terre, et qu’il n’y a pas lieux de s’en formaliser outre mesure… C’est ainsi et puis c’est tout. (Attendez ! Gueulez pas tout de suite ! J’ai pas fini…)

Et puis, comme je ne suis pas du genre à balancer des arguments sans avoir un tantinet fait quelques recherches, j’ai potassé mon sujet… Et, au fur et à mesure que j’approfondissais mes recherches, que je revoyais mes bases de biologie, de génétique et tout le toutim, je me suis rendu compte que… J’ETAIS UN CRETIN !!!

Si je n’ai pas réagi aux paroles de Mr Zemmour, c’est parce que lorsque j’étais à l’école, on m’a apprit que les races existaient oui, mais que ce n’était pas grave. Et puis cette information est restée imprimée dans mon cerveau, comme ça, bêtement… Sans tenir compte de ce que j’ai appris bien plus tard et qui allait à l’encontre de cet enseignement premier. Comme quoi, il faut bien faire attention à ce que notre cerveau nous dit parfois, et se remettre en question régulièrement. C’est donc ce que j’ai entrepris depuis ce matin, en remettant à jour mes connaissances. Et comme je suis d’un naturel généreux et que la vulgarisation scientifique ne me fait pas peur, je vous invite à prendre connaissance du résultat de mes investigations. On ne sait jamais, si à moi il m’est arrivé d’oublier ce que je savais pourtant, ça peut très bien vous arriver à vous aussi !

D’un point de vue strictement biologique, la science a coutume de classer le vivant en catégories, de façon à pouvoir parler d’une seule voix, quelque soit le pays d’où l’on vient. Cela s’appelle la taxinomie, ou taxonomie. La classification se fait donc selon l’acronyme suivant : RECOFTGE.
C'est-à-dire : Règne, Embranchement, Classe, Ordre, Famille, Tribu, Genre et Espèce.
Chaque taxon, peut être divisé lui-même en rang taxinomique inférieur ou supérieur. On ajoutera pour ce faire les préfixes « sous », « infra » ou « super » au taxon que l’on veut diviser. Ainsi, l’espèce peut être elle-même subdivisée en « sous-espèces » que l’on appelle vulgairement variétés, selon qu’ils s’agissent de végétaux, ou races si nous parlons d’animaux…
En ce qui concerne l’être humain, car il faut bien lui trouver une place à lui aussi, on procède donc selon le tableau ci-contre.
En simplifiant un peu, ça donne ça :

Règne : Animal (Ben oui ! On n’est pas des géraniums !)
Embranchement : Chordés (pourvus d’un semblant de colonne dorsale)
Sous-embranchement : Vertébrés (colonne dorsale divisée en vertèbres)
Classe : Mammifères (qui allaitent ses petits)
Sous-classe : Thériens (qui portent leurs petits pendant leur développement. A opposer à l’ornithorynque)
Infra-classe : Euthériens (développement des petits au sein d’un placenta nourricier)
Ordre : Primates (On se rapproche !)
Sous-ordre : Haplorhiniens (à différencier des lémuriens)
Infra-ordre : Simiiformes (les singes dans le sens le plus large)
Super-famille : Hominoïdes (les singes sans queue… Quoi que…)
Famille : Hominidés (les grands singes, gorilles, chimpanzés, bonobos, orang-outang et l’homme)
Sous-famille : Homininés (Y’a plus que les gorilles, les chimpanzés et nous !)
Tribu : Hominini (On se retrouve avec notre pote Cheeta)
Genre : Homo (Y’a plus que nous… plus une ribambelle de genres disparus comme notre ami le néandertalien)
Et on en arrive enfin à l’espèce et à l’appellation Homo Sapiens. Sapiens voulant dire « qui pense ». En ce qui me concerne je trouve qu’il y aurait certainement à redire sur ce qualificatif… Mais bon, on a bien le droit de se la péter un peu de temps en temps…

La principale caractéristique d’une espèce étant qu’elle est interféconde, c’est à dire que les individus la composant sont à même de se reproduire de façon viable.

La question que l’on peut se poser maintenant est la suivante : Peut-on (ou doit-on) affiner plus avant cette classification ? Et si oui, pourquoi faire ?

En biologie ou en botanique, la question ne se pose même pas, puisque l’on va arriver à déterminer des sous-espèces ou des variétés différentes au sein d’une même espèce… Et cela se justifie pleinement lorsque l’on regarde un chihuahua et un dogue allemand, ou bien une variété de blé à douze épis alors que la plupart en ont huit…
Mais, si l’on arrive à déterminer une différence phénotypique, une différence d’aspect extérieur, il n’existe aucune différence génotypique (dans l’ADN) avérée.
Si l’aspect extérieur change, c’est parce que l’évolution, naturelle ou induite, a fait que les individus d’une même espèce ont évolués de manière différente. (L’évolution induite, c’est la sélection que font les éleveurs par exemple).

En ce qui concerne l’être humain, On peut effectivement déterminer des différences phénotypiques… En effet, nous avons des yeux pour voir et ils nous disent que celui-ci à la peau noire et celui-là les cheveux blonds… Mais dans les faits scientifiques, rien ne différencie untel d’un autre, puisque les caractéristiques de chacun sont transmissibles et interférents. Je veux dire par là, qu’il n’y a pas lieux de créer des classes et des sous-classes puisque les individus sont à même de se mélanger entre eux.
Pour être tout à fait complet et juste, il faut quand même préciser que les différences évolutives peuvent induire des comportements particuliers. Ainsi, en 2005 on a vu apparaitre le premier médicament pour les noirs. En effet, on a remarqué que certaines molécules étaient statistiquement plus actives dans une catégorie de la population, à savoir les noirs. Aussitôt les vieilles peurs ont ressurgies, et partagé le monde scientifique en deux camps, les pour et les contres. Ceux qui prônent une médecine « personnalisée » et ceux qui crient à la ségrégation et à la médecine « racialisée ». En fait, et c’est mon avis, que l’on applique tel ou tel terme pour désigner les différences infimes qu’il existe entre chaque être humain, au final on parle toujours de la même chose. De l’individualité qui fait que chaque personne est différente et réagit différemment selon son origine, son vécu et son mode de vie. Et ce, pas nécessairement dans cet ordre.



Nous ne sommes en fait que le produit des différentes lignées issues d’une même souche, l’Homo Sapiens. Ce qui complique les choses, c’est que nous sommes des individus pensants. L’homme avec son cerveau énorme, a besoin d’intellectualiser, de quantifier les choses. C’est par ce moyen qu’il a pu se hisser tout au long de l’échelle de l’évolution. L’effet pervers de cette capacité, ainsi que la méconnaissance, a malheureusement induit également des comportements de rejets et de peurs. Des envies de savoir qui est différent de qui, qui est supérieur à qui… Tout cela est d’une puérilité qui est indigne de la remarquable réussite évolutive que nous sommes. Nous, les êtres humains. Tous ensembles.

Voilà ! J’espère que ce petit rappel de connaissances vous aura servit à quelque-chose. Pour ma part, je tirerai de ce plongeon dans mes vieilles années d’études un enseignement supplémentaire : Ne jamais croire qu’une connaissance est acquise. Et Mr Zemmour aurait mieux fait de faire comme moi et se replonger dans ses bouquins avant d’ouvrir sa bouche !