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mercredi 23 septembre 2009

Du bon lolo pour les parigots

L’agriculture française va mal et c’est bien peu que de le dire. Que ce soit chez les producteurs de fruits et légumes, les éleveurs, les producteurs de lait ou bien les pêcheurs, chacun crie son désespoir et enrage de ne pouvoir vivre correctement de son métier.
Bon, même si je suis titulaire d’un brevet de technicien agricole, ce n’est pas pour autant que j’y connais grand-chose au secteur de l’agriculture… Cependant, du haut de mes maigres connaissances j’en arrive quand même à deviner que les difficultés que rencontrent les uns et les autres sont toutes du même ordre. Ou du moins portent toutes le même nom, l’Europe.

Je ne vous parle pas de l’Europe politique puisqu’elle n’existe pas, mais plutôt de l’Europe économique et de son marché complètement débile.

Ce marché qui oblige nos agriculteurs à suer sang et eau pour gagner trois sous et à ne compter que sur des subventions pour ne pas couler… Parlons-en de ces subventions. Saviez-vous qui sont les principaux bénéficiaires des subventions agricoles perçues au nom de la Politique Agricole Commune ? Hein ?
Et bien figurez-vous que dans les 24 premiers bénéficiaires ne figure aucun agriculteur mais plutôt des groupes comme Lactalis ou LVMH, le sucrier St Louis… Ainsi que les principales associations caritatives nationales comme le Secours Populaire ou les restos du Cœur (je ne sais pas pourquoi).

Les agriculteurs n’arrivent qu’ensuite, et comme de par hasard, l’ensemble de leurs subventions se répartie de la même façon que les richesses de ce monde… C'est-à-dire que 80% des aides profitent à seulement 20% des exploitations. (Source : le Figaro, et oui !)

Mais surtout, il ne faut pas oublier que s’il y a subvention, c’est qu’il y a au départ accord sur les prix. C’est le but en fait. L’agriculteur s’engage à vendre sa production à un prix artificiellement bas et touche des compensations en échange.
Rajoutez à cela une mainmise des grands groupes de l’agroalimentaire et ceux de la distribution, qui contraint par le chantage le producteur à encore plus tirer ces prix vers le bas, et l’on assiste alors à ce que nous voyons actuellement : Des agriculteurs obligés de vendre à perte leur production, et des intermédiaires tout puissants qui s’en mettent plein les poches.

Il n’y a pas besoin d’être grand clerc pour comprendre qu’une telle escroquerie organisée, basée sur la cupidité et l’égoïsme de quelques-uns, est à abattre impitoyablement.

Et c’est bien ce que les agriculteurs européens essayent de nous faire comprendre depuis quelques semaines. Je dis bien essayent, car comme vous l’avez pu voir, déverser des dizaines de milliers de litre de lait dans les champs n’est pas, a priori, une très bonne façon de faire passer le message.
Aussi, nos paysans ont optés hier pour une méthode un peu plus civilisée en organisant une distribution géante de lait sur la place de la République à Paris.
22 000 litres de lait ont ainsi été offert aux parisiens pour les sensibiliser à ce que je viens de vous décrire.
C’est ce que l’on appelle de la distribution directement du producteur au consommateur.

Sauf que, alors que je regardais cette distribution bon enfant à la télé, je me suis soudain dit que si le lait sortait directement du pis de la vache pour aller dans le gosier des parigots ceux-ci risquaient d’avoir une belle surprise ! En effet, s’il n’y a pas d’intermédiaire, il n’y a donc pas de pasteurisation ! C’est donc du lait cru !
D’ailleurs, alors même que je venais de me faire cette réflexion, la commentatrice s’empressa de préciser la nature exacte du lait et enjoignit le public de le faire dument bouillir avant de le consommer !

Là, j’ai éclaté de rire. Jaune le rire.
Car, il m’est alors revenu en mémoire le lait frais que nous allions dans mon enfance chercher dans une ferme des alentours. Ce lait au goût fabuleux qui sentait l’herbe et la tiédeur de l’étable… Il fallait que ma mère me surveille pour que je ne m’enfile pas la bouteille en une seule fois !

J’ai ri jaune, parce que je me disais aussi que ce libéralisme de merde, non content de détruire nos exploitations avait également fait oublier au gens le vrai goût des choses… Comme le goût du lait. Du vrai lait.
Celui qui sort du pis vivant d’une vache vivante. Celui que vous découvrez à la faveur d’un jet habilement dirigé par une main experte, directement dans votre bouche…