Je voulais vous dire…


Un blog qui parle de politique, de social, d'environnement... De la vie quoi!


samedi 12 septembre 2009

Quand le net fait le job des journalistes

Quelques mots en ce samedi ensoleillé (encore !) concernant la vidéo qui fait scandale depuis deux jours sur la toile et dans les médias officiels. Je vous parle bien sûr de la vidéo où l’on découvre sans réel étonnement que le Sinistre Hortefeux n’est qu’un putain de raciste.
Je dis sans réel étonnement, car à mon sens pour avoir été responsable de « l’intégration et de l’identité nationale » il vaut mieux en être un, ça correspond mieux au profil...

Mais bon, je pense qu’il n’est pas nécessaire de revenir sur la déclaration car je considère qu’elle se suffi à elle-même. Ce que dit ce sale type est inacceptable et impardonnable, et cela mérite au mieux une démission immédiate, au pire un procès pour incitation à la haine raciale.

Non, ce qui m’interpelle ce matin, c’est le traitement qui a été réservé à cette information, et le questionnement qui en découle.
Reprenons ensemble, si vous le voulez bien, le fil des événements :

Acte un : Une vidéo apparait sur Dailymotion relative à une conversation ayant eut lieu le samedi 5 septembre pendant le Campus des jeunes militants UMP. La vidéo est de piètre qualité et laisse à penser qu’elle a été prise par un téléphone portable. On ne distingue pas tous les propos qui ont été échangés mais à l’aide d’un sous-titrage, on arrive cependant à saisir les paroles malheureuses d’Hortefeux.

Acte deux : Aussitôt, les sites communautaire ainsi que les blogs se saisissent de l’affaire et font monter le buzz. Moi-même, je mets la vidéo en ligne dans ma colonne de droite avec le commentaire lapidaire et néanmoins explicite : « Connard ! ».

Acte trois : Le lendemain de sa parution, les médias nationaux se saisissent également de l’affaire et diffusent la vidéo. La diffusion est accompagnée des réactions de politiques d’opposition, notamment Martine Aubry et Benoit Hamon. On découvre également les premières explications du ministre impliqué.
Ces explication sont quelques peu capilotractées, mais en gros tout le monde se trompe parce qu’en fait il ne parlait pas des arabes mais des auvergnats… tout ça.

Acte quatre : Les témoignages affluent dans la journée d’hier pour dédouaner le ministre de l’intérieur. Les membres du gouvernement issus de l’immigration sont mis à contribution et clament que celui-ci n’est en aucun cas un raciste, mais une personne à l’humour caustique… Pour clore définitivement le débat, le jeune impliqué dans l’histoire se fend d’une autre vidéo où il proclame l’innocence du ministre, et qu’en ce qui le concerne, il n’y pas plus d’insulte que de raison de faire autant de polémique.

Acte cinq : En fin de journée, on apprend que la chaine Public-Sénat était présente lors de l’événement, et qu’elle avait filmé la même scène. Sur les recommandations du président de la chaine Gilles Leclerc, et contre l’avis des journalistes, la vidéo reste pendant cinq jours sur les bancs de montage et ne sera pas diffusée. Devant la pression médiatique, Public-Sénat diffuse enfin la scène dans son intégralité lors du journal de 18H00. Là, plus aucun doute sur l’intention réelle du propos. L’image est claire et le son de qualité. (cinq premières minutes)


18h00 : Hortefeux, la vidéo de Public Sénat
par publicsenat



Mieux encore, au Soir3 sur la chaine publique France 3, le journaliste Jean-Michel Blier fustige l’internet qu’il accuse de véhiculer des « rumeurs » et d’être proche du « caniveau », par opposition aux informations dument recoupées et confirmées par les journalistes.

Acte six : Ce matin, Brice Hortefeux répond au journal Libération «Pour qu’il y ait excuse, il faudrait qu’il y ait faute». Le ministre continue de nier les faits malgré l’évidence. Les médias internationaux relatent à leur tour l’affaire : The New York Times, Le Guardian, El Pais, le Frankfurter Allgemeine Zeitung, notamment, consacrent des articles à cette affaire.

Alors, ce qui m’interpelle moi ce matin, c’est la légèreté avec laquelle cette information a été traitée par les médias professionnels. Tout d’abord les déclarations du ministre de l’Intérieur en exercice ont été tenues cachées par un grand média d’information citoyenne, et ce pendant six jours. L’info filtre néanmoins et fait le buzz sur la toile. En moins de 24 heures, la vidéo va être critiquée, mise en doute quant à son objectivité, et démentie par l’intéressé. Les médias conventionnels vont même se permettre de critiquer ce buzz et défendre la sacro-sainte objectivité du journaliste !
Et pendant ce temps là, tout est fait pour désamorcer la situation. Du plus simple, en faisant intervenir tout un tas de membres du gouvernement qui défendent la sincérité du ministre, au plus tordu en utilisant le petit jeune lobotomisé par la propagande UMP.

Au final, je crois pouvoir affirmer que nous avons fait le job à la place des journalistes.
Nous, les acteurs du web. Les internautes et les blogueurs, nous avons joué ce que je considère être notre rôle. Un rôle de vigie et de propagateur d’information.

Certes, tout ce qui circule sur le web n’est pas forcément juste ni de bon goût. Mais lorsque notre action collective permet de faire éclater la vérité, et bien je puis vous dire que je suis quelque peu rassuré sur notre futur… Cela veut dire que tant qu’il y aura du web, il y aura de la démocratie.

Portrait Hortefeux signé Rimbus.