
Bien sûr, je connais quelques tiédeux qui me rétorqueront que comparé à Bush, Obama est une bénédiction pour son pays et la planète entière, et qu’il conviendrait de se réjouir, tout ça… Certes, mais c’est là un argument que je n’accepte plus, tellement je commence à en avoir marre de toujours n’avoir le choix qu’entre le pire et le moins pire. Donc, pour ma pomme et jusqu’à preuve du contraire, Obama reste un suppôt du capitalisme au service des intérêts privés de son pays. Point barre.
Comme je l’ai déjà dit, ici ou ailleurs, j’accepterais de mettre un bémol à ce jugement à l’emporte pièce, lorsque son projet de couverture maladie universelle sera accepter… Et encore, je ne suis pas sûr que le bémol soit si important que ça…
Donc je vous disais que je n’étais pas un grand fan d’Obama, et la mascarade à laquelle il s’est livré hier à Oslo ne va pas contribuée à me faire changer d’avis.
Lorsque le comité du même nom a décerné son Prix Nobel de la Paix au tout fraîchement élu président Américain, je me suis insurgé contre ce que j’ai appelé à l’époque un blanc-seing. En effet, je trouvais, et je trouve toujours, qu’un prix de ce genre est sensé être une récompense pour des actes. D’autres l’ont reçu comme telle, Aung San Suu Kyi ou Nelson Mandela pour ne citer qu’eux, et c’est pour moi dévaloriser gravement leurs actions que de donner cette récompense à un type qui n’avait encore rien fait pour la mériter.
Mais bon, cela n’a pas semblé choquer grand monde quand même. J’ai lu tout plein d’explications comme quoi il fallait voir ce prix comme une incitation plutôt qu’une récompense, que les prix Nobels de la Paix était avant tout des « hochets idéologiques »… Bref, rien de bien convainquant en ce qui me concerne.

Donc hier, Barack Obama est allé chercher son prix à Oslo et s’est alors fendu d’un discours pour essayer de justifier sa position pour le moins inconfortable. Celle de l’usurpateur venu expliquer que les contradictions n’existent pas.
Pour ce bon Barack, «Les outils de guerre ont un rôle à jouer pour préserver la paix». C’est beau hein ?
En clair, cela veut dire que si je reçois aujourd’hui ce prix c’est parce que mon but est la paix en faisant la guerre… Ou bien c’est parce que je fais la guerre que je veux la paix… Euh, il n’y a pas de dichotomie entre le fait de faire la paix et la guerre en même temps… D’ailleurs la guerre c’est la paix. Voilà, c’est dit !
Argh ! Ca-y-est on y est ! De la pure et bonne novlangue des familles ! Ce bon Orwell doit se sentir tout émoustillé du fond de son caveau tellement le discours du président américain correspond mot pour mot aux dérives qu’il avait imaginé au sortir de la deuxième guerre mondiale !
Non mais sérieusement, vous imaginiez qu’un jour on récompenserait les politiques non-plus parce qu’ils font la paix mais par ce qu’ils sont des commander in chief ? Mais dans quel monde magnifique nous vivons je vous jure !

Les américains semblent avoir fait leur cette devise latine latine qui dit « Si vis pacem para bellum »… Sauf que, et c’est là qu’on voit que les anglo-saxons sont de piètres latinistes, il semblerait qu’ils se soient un peu emmêlé les pinceaux dans la traduction de cet adage.
Et la traduction exacte qui est normalement « si tu veux la paix, prépare la guerre », est devenue par la grâce de je ne sais quel miracle novlanguien « si tu veux la paix, fait la guerre »…
C’est juste un verbe qui change… Mais apparemment un verbe n’est pas grand-chose aux yeux de monsieur Obama.