Je voulais vous dire…


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mardi 7 avril 2009

Légitime violence

Allez ! Hop ! Je vous propose aujourd’hui une petite réflexion de derrière les fagots ! Au début, je voulais glisser quelques mots dans la colonne de droite, mais au final, je me suis dit que cela risquait d’être un peu plus consistant que ça… Donc, allons-y, n’ayons pas peur, lançon-nous carrément dans un article ad-hoc !
La violence se justifie-t-elle ? En voilà une bonne question, n’est t’il pas ? En tous cas, moi, c’est la question qui me semble opportun de se poser au lendemain du week-end que les strasbourgeois viennent de passer…

Ce week-end a eu lieux comme vous le savez certainement le sommet anniversaire des 60 ans de l’OTAN à Strasbourg. Bon, je ne vais pas dégoiser sur les tenants et les aboutissants de cette petite sauterie, d’autres le feront certainement beaucoup mieux que moi… D’ailleurs, je me suis déjà exprimé sur le sujet il y a quelques jours, et d’après ce qu’en j’en lis, les faits corroborent mes hypothèses. Donc, disais-je, pas besoin d’en rajouter une couche pour l’instant.
Non, ce dont je voulais qu’on cause aujourd’hui, si ça vous chante, c’était plutôt de ce qu’il s’est passé en marge de la réunion, comme disent les journalistes. Je veux parler bien sûr des échauffourées qui ont eu lieu dans les rues et des batailles rangées qui ont vu s’affronter forces de l’ordre et Black Blocks.
Black Blocks… Voilà bien un mot qui fait trembler la ménagère ! Ca sonne bien dans la bouche, et ça claque comme un fouet dans les oreilles ! Autrement mieux que si l’on disait « Blocs noirs », non ?
Donc, Strasbourg a eu droit à des débordements de violence, la destruction d’un ancien poste de douane, l’incendie d’un hôtel, d’une pharmacie, d’une banque, etc… Des barricades un peu partout, des arrestations en pagaille… Bref, de la belle et bonne baston bien classique.
Ce n’est pas la première fois qu’un sommet international suscite de tels débordements. Auparavant il y a eu Gênes, Seattle, Annemasse, j’en passe et des meilleurs, mais ce qui me frappe dans les événements de ce week-end, c’est qu’ils s’inscrivent dans la continuité d’autres mouvements violents. Je pense bien sûr aux manifs en Corse, et aux séquestrations de patrons. Donc, l’heure est à la violence, ou du moins à une certaine forme de violence.
Dans les médias et ailleurs, beaucoup s’insurgent et hurlent, chacun selon sa sensibilité, dégobillant sur les voyous casseurs ou bien sur les provocations policières… Mais il y a cependant un consensus, c’est que l’on demande à tout un chacun de condamner absolument cette violence. Alors bien sûr, certains ont du mal… Mais au final, ils le font tous quand même ! Ils se rangent derrière la bannière de la pensée unique et du politiquement correct pour condamner parce qu’il est de bon ton de le faire…

Il y a quand même une bonne dose d’hypocrisie dans cette démarche.

Pourquoi la politique, au sens premier du terme, serait-elle exempte de toute violence ? La politique est une expression de l’humanité, et l’humanité est violente par nature… Non ? (Bien sûr que si !) La violence est inscrite dans nos gènes et par là-même fait partie intégrante de l’action politique. Ne serait-ce que pas sa simple évocation… En effet, un piquet de grève aux portes d’une usine, une manifestation d’étudiants, sont des actions politiques qui recèlent une violence potentielle… Même si celle-ci est larvée, elle est néanmoins présente sous la forme de menace ou d’avertissement. De même, un barrage de policiers en armure est lui aussi la démonstration ostentatoire d’une menace possible...
Vous me direz que tant qu’on reste au niveau de la menace, il n’y a pas trop de mal… Bien sûr, je suis d’accord, mais la menace n’est valable que si elle est susceptible d’être suivie des faits… Forcément, à un moment ou à un autre, la situation peut franchir un seuil invisible et la violence passera alors de la simple évocation, à la matérialisation.

Ce à quoi nous avons assisté, c’est au franchissement de ce seuil. Ce seuil où l’être humain est prêt à mettre en danger son intégrité physique pour défendre ce qui lui semble important. Que cela soit dans les actions radicales des Black Blocks qui considèrent que la destruction du capitalisme passe par la destruction de ses symboles. Que cela soit des employés abusés qui retiennent leur patron prisonnier, ou encore le pauvre quidam qui se suicide dans les locaux de son entreprise… Tous ces gens ont franchi un seuil. Et ce seuil, on pourrait l’appeler désespérance.
Nous possédons tous notre propre seuil de désespérance. Celui-ci est comme un curseur qui se ballade sur l’échelle de notre vie, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’en ce moment, et bien le curseur il a tendance à descendre dangereusement.

Donc, contrairement à l’actuel angélisme qu’il est de bon ton d’afficher, je pense que la violence peut se légitimer. Tout simplement parce que comme je l’ai dis, elle est humaine et qu’il serait complètement utopique (débile !) de nier ce que nous sommes…
Pourtant, ils sont nombreux ceux qui voudraient nous faire croire que l’on peut aller à l’encontre de nos instincts. Ils sont nombreux, surtout à droite, à vouloir que l’on se détourne des causes pour ne s’intéresser qu’aux effets… Ils nous disent avec des trémolos dans la voix que tout ceci est inacceptable ! Qu’il est inadmissible d’employer de tels moyens pour arriver à ses fins !
Inadmissible ? Et puis quoi encore ? Ce qui l’est, inadmissible, c’est d’avoir provoqué cette violence, pas qu’elle se soit exprimée ! La violence est une conséquence et en aucun cas une cause ! C’est le symptôme de la maladie et non pas la maladie elle-même…

Pour être tout à fait franc avec vous, et étant donné ce qu’il se passe dans notre pays et ailleurs, je ne ferais pas comme tous ces hypocrites qui disent qu’il ne faut pas excuser la violence. Bien au contraire, nous seulement je l’excuse parce que je la comprends, mais il ne faudrait pas me pousser beaucoup pour que j’en vienne à l’appeler de mes vœux !

Diantre ! Je devine déjà quelques-uns parmi vous qui se demandent quelle mouche empoisonnée a bien pu me piquer pour en venir à tenir de tels propos aussi radicaux ! Que voulez-vous ? Moi aussi j’ai mon propre seuil de désespérance ! Et lorsque je vois ce qui passe autour de moi, il me vient de plus en plus souvent l’envie de souhaiter que tout s’écroule une bonne fois pour toute… Quand je vois que cette crise systémique globale n’a pas réussit à mettre du plomb dans la cervelle de tous ces ultralibéraux de merde, je me dis qu’il est temps que le peuple s’en charge ! Voilà !

Vous voyez ? Même moi qui suis pourtant connu pour ne pas être un parangon de violence, je m’y mets aussi… Ne serait-ce qu’avec des mots. C’est vraiment qu’il y a quelque-chose de pourri dans le royaume du Danemark…