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mardi 24 mars 2009

Le cul entre deux chaises

Vous voyez le monsieur sur la photo à droite ? Vous le voyez bien ? Vous savez qui c’est ?
Et bien, cette belle tête de vainqueur est en fait celle d’un looser… Un looser, un perdant, un gros nul.
Comment qualifier autrement cet individu ? Thierry Morin, puisqu’il s’agit de lui, va quitter la Présidence de la société VALEO après que celle-ci est perdue plus de 200 millions d’euros l’année dernière… Vous vous doutez bien qu’une telle perte se doit bien évidemment d’être rattrapée. Ben oui ! Les bénéfices de l’entreprise sont à la baisse, il faut donc maintenant réduire les coûts de façon à ne pas spolier les actionnaires. Logique. Donc, le conseil d’administration de Valeo prévoit de mettre à la porte 1600 employés afin d’équilibrer un peu les comptes…
Logiquement, et d’après les critères de tout un chacun, avec un tel bilan on devrait se taper la honte de sa vie ! C’est même sacrément nul. Mais bon ! C’est la faute à la crise qu’ils nous disent, et il faut bien faire ce qu’il faut pour survivre ! Aussi, c’est avec bonheur que la société Valeo accepta les subsides de l’état dans le cadre du plan de relance. Elle reçue 19 millions d’euros pour surmonter ladite crise…
Mais apparemment, cela ne devait pas suffire au monsieur à la triste figure… Lui, en tant que PDG, il avait une façon bien précise de voir l’évolution de son entreprise. Il a accepté les sous de l’état, il a même accepté de baisser son salaire à 1.1 million d’euros par an pour la bonne cause, mais il était hors de question de remettre en cause son mode de gestion, et en l’occurrence le plan de restructuration concernant 1600 collaborateurs…

A ce propos, permettez-moi d’ouvrir une parenthèse. Vous avez remarqué l’emploi plus qu’abusif que l’on fait en ce moment du parler « politiquement correct » ?
On ne dit plus licenciements, mais plan de restructuration. Comme si l’important c’était la forme en devenir de l’entreprise et non plus les conséquences humaines.
D’ailleurs, les ressources humaines n’ont-elles pas replacées les bonnes vielles directions du personnel ? C’est la même chose.
Dans le même genre, on ne dit plus employés ou ouvriers, mais des collaborateurs… Comme si la dénomination changeait quelque-chose à la façon de considérer une ressource ? C’est vrai quoi ! Ce n’est pas comme si on lui demandait son avis, comme à une personne !
Mais bon je m’éloigne du sujet… Ah si, un dernier pour la route : On ne dit plus pauvreté, mais baisse du pouvoir d’achat. C’est plus classe !

Reprenons. Donc, ce monsieur Morin pas d’accord avec la façon de dépenser l’argent des contribuables décide de quitter Valeo… Ou bien il est remercié par le conseil d’administration, pour sa gestion désastreuse, on ne sait pas. Secret des délibérations ! Il n’empêche que le monsieur s’en va.
Le problème est que, dans le contrat de ce monsieur, il est stipulé que si celui-ci s’en va, il doit partir avec un golden-parachute de, tenez-vous bien, 3,2 millions d’euros… C'est-à-dire en gros, un sixième de la somme prêtée le mois dernier par le gouvernement !

Alors, à partir de ce petit événement (je dis petit parce qu’il est somme toute assez banal dans le monde de l’entreprise), on peut avoir deux attitudes.
La première serait de s’offusquer de cet état de fait. De crier à l’injustice sociale, à l’indécence, ou plus simplement au foutage de gueule. On se mettrait donc à hurler avec les loups et à dénoncer l’immoralité d’une telle action générée par un libéralisme détaché des réalités sociales… Ce qui est assez dans l’air du temps, vous l’aurez remarqué.
Et oui ! La crise est là, et les bonnes consciences se réveillent un peu pour rappeler que les règles qui régissent le commerce sont tout sauf humaines et morales. Alors que ces bonnes consciences ont été plutôt silencieuses auparavant… Ou du moins celles qui osaient élever la voix passaient pour de viles empêcheuse de tourner en rond, voir des saloperies de communistes !

Ensuite, il y a l’attitude de celui qui considère que ce ne sont là que des choses normales. Un contrat est un contrat, et personne n’a le droit d’y mettre son nez, même pas (et surtout pas) l’état. Les goldens-hellos, les goldens-parachutes, les stock-options, tout ça fait partie des règles du jeu, et garantissent les performances des dirigeants… Il y a certainement d’autres arguments pour justifier de telles pratiques. Des arguments tous aussi logiques les uns que les autres, mais franchement je n’arrive pas à les trouver…

Et puis il y a une troisième attitude qui est celle de notre gouvernement.
Depuis quelques temps, Notre Président Glorieusement Elu se démène pour faire passer le message comme quoi il est intolérable que de telles pratiques perdurent. Il clame à la face du monde qu’il faut non pas réviser le capitalisme, mais le moraliser ! Il enjoint les patrons, et les syndicats de patrons, à faire le ménage chez eux, à faire preuve de solidarité avec le peuple ! Bref, il dit tout haut ce que tout le monde pense… Bravo monsieur Sarkozy ! C’est bien ! Vous êtes un Président Glorieusement Proche de vos électeurs !
Sauf que, toutes ces choses il les dit… mais il ne fait pas grand-chose pour que cela change. Bref, il tient le discours que tout le monde veut entendre, mais il n’en pense pas un mot !
Et ça mes amis ça porte un nom, ça s’appelle faire de la démagogie (du grec dêmagôgia : Attitude consistant à flatter les aspirations ou les préjugés du plus grand nombre pour obtenir ou conserver le pouvoir. Larousse 2009).

D’ailleurs, s’il n’était besoin de vous convaincre plus encore, on pourrait se demander pourquoi c’est toujours la presse de gauche qui révèle ce genre d’indécence ? Ou bien on pourrait poser la question aux porte-paroles qui s’expriment sur le sujet depuis hier, pourquoi selon eux il s’agit avant tout d’un problème de communication… C’est vrai quoi ! A les entendre, ces messieurs aux tristes figures doivent faire preuve de solidarité, ils doivent « faire face à leur responsabilités » et ne pas donner une image déplorable du monde de l’entreprise…
Ah bon ! Il s’agit donc d’un problème d’image ? Moi qui croyais bêtement que c’était un problème de fond plutôt que de forme, je me serais honteusement gouré ?

Vous voulez que je vous dise ? Je suis persuadé au fond de moi que le gouvernement, contrairement à ce qu’il annonce, ne veut pas légiférer sur l’éthique patronale… Il compte sur un assagissement passager de ces pourris de patrons, mais ne veut en aucun cas les obliger à se moraliser. Sa plus grande crainte serait que la crise dure suffisamment longtemps pour être obligé d’agir dans le sens des aspirations du peuple…
En attendant que les choses se tassent et que les cours de la bourse remontent, notre président et ses vassaux sont donc dans une fâcheuse posture… Le cul entre deux chaises, une fesse posée sur les idéaux libéraux et l’autre vautrée sur les aspirations des électeurs !

C’est dur la vie parfois…