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lundi 9 juin 2008

Les questions dangereuses

Je voudrais aujourd’hui porter votre attention sur quelque chose qui me semble du plus haut intérêt pour notre démocratie.
En effet, depuis quelque temps circule au sein des écoles primaires un questionnaire destiné à « évaluer » les élèves de CM2. Ce questionnaire s’inscrit dans une démarche initiée par le gouvernement dans le cadre de la nouvelle politique destinée à remédier à l’échec scolaire à la sortie du primaire. Il est émit par la Direction de la Prospective, de l’Evaluation et de la Performance (Rien que le nom m’énerve !).
Bon, c’est bien pour nos bambins, me direz-vous. Le problème c’est que lorsque l’on lit ledit questionnaire, et plus particulièrement sa partie 4, on s’aperçoit que les questions sont quelque peu « bizarres ». Je dirais même inquiétantes.
Pour préciser les choses, sachez qu’il s’agit de questions que l’instit pose à l’enfant, en tête à tête. Même si il est précisé que l’on doit signifier à l’enfant qu’il n’existe pas de bonnes ou de mauvaises réponses, celui-ci se déroule quand même dans un climat plutôt formel, avec le stress que cela implique.
Vous pouvez retrouver l’intégralité du questionnaire en cliquant
ICI, mais je vous livre déjà quelques questions, comme ça, juste pour que vous vous fassiez une idée…
Première question : Tu es un garçon ou une fille ?
Deuxième et troisième question :
Ta mère ou ton père son nés en France ?
Quatrième question :
Quelle langue parles-tu à la maison ?
Cinquième question :
Quel âge as-tu ?
Vous noterez que l’on rentre dans le vif du sujet dès que le sexe de l’enfant est identifié. Cash, le questionnaire s’intéresse de près au cercle privé de l’enfant.
Puis arrivent les questions laissant une part d’interprétation plus large… Je rappelle quand même qu’il s’agit de minots de 10 ou 11 ans à qui l’on demande une appréciation sur leur propre comportement.
En voici une qui me parait significative, intitulée « Ce que je pense de ce que je fais en classe ». Parmi les réponses proposées, on peut trouver :
-En classe, je travaille parce que j’aurai honte de moi si je ne travaillais pas.
-J’essaye de répondre aux questions de l’enseignant(e) parce que j’ai honte de moi quand je n’essaie pas.
-J’essaie de répondre aux questions posées parce que c’est agréable de répondre aux questions.
(Celle-là elle est gratinée…)
Et allez, pour finir :
Je dirais que la réputation de mon école est : Très mauvaise, mauvaise, assez bonne, bonne ou très bonne.

Je ne sais pas ce que vous allez en penser, mais moi ce genre de questionnaire me débècte.
Tout d’abord, parce que l’école ne doit pas se mêler de la vie privée des élèves. Ce genre de données statistiques est pour moi inutile et représente une atteinte flagrante aux libertés individuelles. Il ne manquerait plus qu’il demande carrément à l’enfant si son père ou sa mère a sa carte de séjour !
De plus, je ne suis pas certain qu’un enfant de 10 ans soit capable de répondre aux questions concernant sa situation dans le système éducatif. Cela demanderait quelques éclaircissements (C’est à toi qu’je cause Cazo !).
Alors pour être complet je me dois de vous dire que la partie 4 a été finalement retirée in extremis par le ministère, via un mail en date du 22 mai. De même un autre questionnaire destiné lui aux parents d’élèves de 6ème, comportant dix-huit pages de questions relatives à la nationalité, la langue parlée, les revenus, etc., a dû être retiré en catastrophe (Voir à la fin du questionnaire de CM2).
Il n’est pas présomptueux de croire que le gouvernement persiste dans sa politique de contrôle des personnes. Cela fait maintenant un an que la Cnil est obligée d’intervenir dans des tentatives plus ou moins discrètes de fichage (voir cet
article de Libé). Mais à chaque fois, ce genre de questions odieuses se retrouvent sur des formulaires ou des questionnaires transmis via nos enfants. Quand il ne s’agit pas, comme ici, de questionner directement l’enfant sur sa famille… Une dernière précision. Le remplissage du questionnaire destiné aux parents d’élèves de 6ème était obligatoire… Sous peine d’une amende de 300€ !

Heureusement qu’il y a encore des enseignants vigilants, sinon cela ferait bien longtemps que nous serions tous fichés !
Mais peut-être le sommes-nous déjà ?