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lundi 19 octobre 2009

Monsieur Boisgibault

Hier, dimanche, je suis allé rendre visite à mon pote Philippe. Une visite virtuelle, vu que mon pote Philippe il est perdu dans des montagnes qui sont tellement lointaines que j’ai besoin d’une carte pour savoir où ça se trouve.
Mais bon, ça m’a quand-même fait plaisir de le lire, d’autant que grâce à lui j’ai trouvé mon inspiration du jour…
Le Philippe revenait sur un sujet mainte fois évoqué lors des discussions de comptoir, ou de fin de soirée. Le genre de discussion où l’on sort ce qu’on a sur le cœur comme si l’alcool aidant, on pouvait enfin balancer le fond de sa pensée sans plus rien craindre du jugement des autres.

Le coup du permis de voter ça vous parle ? Combien de fois ne nous sommes pas dits que face à la connerie ambiante, à la vulnérabilité de l’opinion publique si facilement manipulable par des promesses foireuses, qu’à l’image du permis de conduire ou celui de chasser, il faudrait également un permis de voter ?
Tout le monde s’est un jour fait cette réflexion. Tout le monde sans exception qu’il soit de droite comme de gauche.

Ah, ça serait si simple… Imaginez un peu : On ferait passer un examen aux adolescents pour leur dix-huitième anniversaire, avec au programme quelques questions sur le fonctionnement de nos institutions… du genre « Est-ce que vous savez comment les lois sont votées ? », « Quel est le rôle du conseil constitutionnel dans la cinquième république ? » Vous voyez, ce genre de questions… Des trucs basiques quoi.

Ouais, mais le problème voyez-vous c’est que même si le gamin de dix-huit ans connait sur le bout des doigts le fonctionnement de notre belle république, il n’y a aucune garantie qu’il vote « bien » pour autant. C’est comme le permis de conduire d’ailleurs. Ce n’est pas parce qu’on a réussit à l’avoir qu’on sait forcément conduire.

D’ailleurs ça veut dire quoi « bien voter ». Ça veut dire voter comme soi-même ? C’est ça ?
Non, j’crois pas…

Selon Philippe il faudrait un truc « qui atteste d’un minimum de connaissances pratiques de l’imposture du discours politique de droite comme de gauche comme du centre. »

Là, je suis plutôt d’accord.

Moi, j’ai eu la chance d’avoir en classe de seconde un prof de français génial, Monsieur Boisgibault. C’était un de ses profs qui vous marquent à vie. Vous voyez probablement de quoi je veux parler, hein ? Un de ses profs qui par sa pédagogie (que ces collègues n’appréciaient pas forcément), par son imagination, par sa patience, a su vous apprendre deux trois chose utiles. Comme je vous l’ai dit, ces deux-trois choses, je m’en souviens encore. Elles ont changées ma vision du monde, ou du moins elles m’ont permis de comprendre, peut-être un peu mieux comment celui-ci tournait.

Vous voulez un exemple ? Et bien, je me souviens par exemple d’un jour où Monsieur Boisgibault nous a demandé de lire plusieurs articles de journaux, et de faire une analyse comparative entre les différentes façons dont une même nouvelle était traitée. Ca n’a l’air de rien maintenant, mais imaginez le gosse de quinze ans que j’étais. Imaginez ce que cela peut représenter d’apprendre à décoder la presse lorsqu’on a cet âge là… Vingt-sept ans plus tard, je m’en souviens encore.

Malheureusement, tout le monde n’a pas eut dans sa vie de Monsieur Boisgibault… De même, souvent, le Monsieur Boisgibault en question vous ne le côtoyez que pendant trop peu de temps pour arriver à profiter pleinement de tout ce qu’il a à vous offrir…

Mais bon, si je vous raconte tout ça, c’est qu’à mon avis le permis de voter il devrait s’acquérir à l’école. Une école avec des monsieur Boisgibault dedans.

Alors, c’est vrai que l’idée n’est pas neuve. Cela fait un bout de temps qu’on en parle de l’éducation politique à l’école. Mais le problème c’est que pour pas mal de gens le fait de mettre éducation et politique dans la même phrase, ça leur fout une trouille bleue. A juste titre d’ailleurs, si l’on pense à ce qui a pu se passer dans l’histoire de bien des pays situés à l’est du notre.
Et puis, j’imagine déjà des voix discordantes, dénoncer la mainmise d’une certaine classe de professeurs, taxée de gauchisme, sur les esprits malléables de nos chères têtes blondes !
Elles n’auraient pas tord dans un sens : Qui se chargerait de définir quelle est la « bonne » vision de la politique ? Cela serait par trop antidémocratique qu’elles nous diraient ces voix…

Alors, qu’est-ce qu’on fait ? On continu à laisser nos enfants ne rien apprendre sur la façon de « bien » voter ? On compte sur la famille pour transmettre les connaissances utiles et nécessaires à une appréhension pleine et entière du jeu politique ? Quitte à laisser se transmettre de génération en génération, préjugés et visions faussées ? Ou encore, on ne fait rien, et on laisse les médias nous expliquer ce qu’il se passe ? Comme si nous n’étions que des spectateurs d’un spectacle et non pas les acteurs ?

Franchement, je n’ai pas de réponses à tout ça. Par contre, il est une chose que je sais. Je sais que si l’on ne fait rien, le système éducatif actuel couplé avec l’action des médias va continuer à nous fabriquer des gamins sans cervelle qui n’apprendront pas à lire entre les lignes. Et ces gamins deviendront des adultes manipulables à souhait. Car, plus que toute autre chose, c’est de cela que la démocratie à besoin : D’un électorat manipulable.

Mon seul espoir est que chacun dans sa vie est l’occasion de rencontrer un Monsieur Boisgibault. Un professeur qui avait l’amour de son métier, et qui avait à cœur de transmettre certaines valeurs à ces élèves.
Des valeurs qui frappèrent mon esprit d’adolescent. Des valeurs que je n’avais pu trouver même au sein de ma famille. Des valeurs qui me servent encore vingt-sept ans plus tard…

Merci Monsieur Boisgibault.