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samedi 31 octobre 2009

Chirac en prison !

Ça-y-est, le vieux s’est fait alpaguer… Fait aux pattes comme disent les caves. Les poètes eux, diraient que le bras séculier de la justice vient de s’abattre…
Enfin… S’abattre, s’abattre… On va dire que le bras s’est levé d’un poil et qu’il est en suspension dans l’air. L’affaire n’est pas encore jugée, et chacun sait que puisque la justice est aveugle, elle risque de ne pas frapper au bonne endroit, voire de s’abstenir de peur de blesser un passant égaré…
Mais bon, le fait est là, Jacques Chirac sera conduit devant la chambre correctionnelle pour détournements de biens publics et abus de confiance.

Çà fait quand-même un bout de temps que ça lui pendait au nez au vieux… Mais bon, ça-y-est un juge d’instruction, peut-être bien un des derniers, vient enfin de faire son boulot.

Perso, cet événement m’inspire deux questionnements différents.

Le premier concerne la mémoire individuelle et collective. Je me souviens qu’il n’y a pas si longtemps, deux ans et demi, un grand nombre de voix s’élevaient, à gauche comme à droite, pour gueuler à l’unisson « Chirac en prison ! ». Tout le monde dénonçait les magouilles du Chi et n’attendaient qu’une chose, que celui-ci ne soit plus protégé par son immunité présidentielle. C’est maintenant chose faite, en tous cas ça en prend le chemin, et paradoxalement ces mêmes voix ne résonnent plus vraiment à l’unisson…
Certains disent qu’il est trop vieux, d’autres que les faits qui lui sont reprochés devraient être prescrits… Il y en a même une voix, qui s’inquiète de savoir à qu’elle image de la France ce genre de poursuite renvoie…
Etonnant quand-même comment le temps peut jouer sur la perception des faits ? Surtout que finalement il n’y a pas tant d’eau que ça qui a coulée sous les ponts… Seulement deux ans et demi ! Autant dire que c’était hier !

Seulement voilà, il s’est passé tellement de choses en deux ans et demi. L’autre tache nous en a fait voir tant et tant, que les petits trafics et les petites magouilles de l’ère chiraquienne nous paraissent justement pour ce qu’elles sont… Petites.
Peut-être est-ce cela ce qu’on appelle le relativisme ?

La deuxième question que ce renvoi en correctionnelle soulève, c’est la question basique que tout observateur politique se pose : A qui, le fait de traduire l’ancien président de la république française, cela va-t-il profiter ?
Si l’on observe les réactions des uns et des autres, on a vite fait de comprendre que c’est la classe politique toute entière qui est concernée par ce futur procès.

Il y a ceux, comme Raffarin et Royal, qui se demande benoitement pourquoi on s’en prend ainsi à l’image de la France et à la fonction présidentielle… Comme si le fait d’avoir été élu absolvait automatique une personne des crimes qu’elle ait pu commettre.
C’est bizarre quand-même, non ? C’est ça la conception de la démocratie de ce monsieur et de cette dame ? C’est comme ça que madame Royal désire que l’on envisage le mandat auquel elle aspire ?
Quand je vois de telles réactions, je ne peux m’empêcher de penser que ceux qui prônent la clémence et l’oubli ne pensent en fait qu’à leurs propres malversations…

Pour ma part, cela fait longtemps que je considère que l’abus de pouvoir, l’abus de biens sociaux, le recel d’abus de biens sociaux et détournement de biens publics sont des crimes graves qu’il convient de punir extrêmement sévèrement.
Ils sont graves car la victime c’est la société toute entière. Pour moi cela s’apparente à de la haute trahison en temps de guerre. C’est un crime contre l’état. A la limite cela se situe juste en dessous du crime contre l’humanité…

Par conséquent il ne devrait y avoir aucune prescription à ce genre de crimes. Les personnes suspectées devraient être immédiatement rendues inéligibles. Si, après jugement, le crime devient avéré cette inéligibilité devient perpétuelle. La prison devrait être la norme ainsi que la saisie des biens. Les entreprises ou associations complices ou bénéficiaires de ces pratiques devraient être condamnée à la liquidation au profite de l’état ou à la dissolution.

Alors bien sûr, il aura sans doute des voix chafouines pour me dire que je suis un naïf. Un utopiste indécrottable. Que ces pratiques sont le lot de notre démocratie, qu’elles sont même nécessaires au fonctionnement de nos institutions…

Et bien non, je refuse d’envisager un seul instant que profiter du peuple soit une pratique normale de notre pays. Je refuse de croire que la corruption et les trafics d’influence soient banalisés. Et ceux qui considèrent que l’on devrait fermer les yeux sur ces pratiques ne méritent pas de pouvoir voter ou d’être élu. Ils sont complices par abstention.

Donc comme il y a deux et demi, je dis « Chirac en prison ! »