Je voulais vous dire…


Un blog qui parle de politique, de social, d'environnement... De la vie quoi!


mardi 1 juin 2010

Les boustifailleurs

Après ce qu’il vient de se passer au large des côtes de ce Moyen-Orient, le texte que j’avais commencé à rédiger hier sur la petite phrase de Martine Aubry me semble à présent un peu... dérisoire. Limite incongru.

J’imagine que c’est ce qui arrive lorsqu’on essaye de suivre l’actualité et de la commenter... Il faut être sur le coup, réactif, prompt à la réflexion. Et si par malheur vous n’êtes pas tout cela, si par malheur vous décidez d’approfondir un point de vue, une nouvelle viendra chasser la précédente et foutra votre travail intérieur en l’air avec toute la violence d’une porte qui claque.
On est dans l’immédiateté, la surenchère. Un texte chasse l’autre au même rythme que les moments se succèdent et que la vie passe, ponctuant d’instantanés polaroïds ce qui devrait être décrit à la façon d’une toile. C’est si simple d’appuyer sur un bouton. Plus simple que de manier un pinceau.

Alors on devient frénétique. Boulimique. On choppe des automatismes, des tics et des tocs. Action, réaction. Tac au tac.

Pas le temps de digérer. Pas le temps de mâcher, que la bouchée suivante est déjà prête à franchir vos lèvres. A la saillie verbale succède la piraterie d’état. Au braquage, la liste d’une équipe de foot. A la réforme une autre réforme. A une marée noire une faillite. Au massacre d’une famille le suicide d’un père.
L’assiette est pleine et déborde en permanence de cette malbouffe aux parfums entêtants.
Et nous, on avale. 
On gobe. 
On tète. 
Jusqu’à la nausée.

Le nez dans l’assiette, la bouche toujours pleine, nous ne voyons plus rien d’autre et nous ne parlons plus. Nous vivons ce que nous mangeons. Nous mangeons le monde et nous devenons le monde.

Nous sommes devenus des boustifailleurs d’actualité. 
Des dévoreurs de vies.

Mais parfois, une bouchée particulière désaccorde la partition des saveurs. A elle seule, elle vous fait arrêter de mâcher et vous laisse apercevoir la vacuité de tout ça. Elle vous coupe l’appétit.

Alors aujourd’hui c’est décidé, on fait régime.