Je voulais vous dire…


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jeudi 24 avril 2008

La forêt (1)

A l’heure où il est de plus en plus question du changement climatique, de la qualité de notre air, des économies d’énergie, de la faim dans le monde, l’écologie est de plus en plus présente dans le discours de nos hommes politiques. Non plus comme une lubie, mais comme une nécessité. Pour ma part, je crois toujours avoir été « écolo ». Peut-être est-ce dû au fait que j’ai été élevé à la campagne et que j’ai dû aller faire mes études en ville… Je vous prie de croire que cela a été une grande claque pour moi !
Bref, je voulais vous parler d’écologie, mais d’une écologie assez particulière puisqu’elle concerne mon métier (que je ne pratique plus), la gestion forestière. Alors je vais essayer de vous parler de tout ça sans être trop rébarbatif, ni trop professoral (si, quand même un peu !), et tenter de vous rendre un peu plus conscient de ce que vous voyez lorsque vous vous baladez sur les sentiers de nos forêts françaises.
Le sujet étant assez vaste je me suis aperçu en commençant à le rédiger, que cela risquait d’être long (j’en suis déjà à quatre pages !). Aussi je me propose de vous faire partager ma passion et mes modestes connaissances, par le biais de plusieurs articles. Chacun abordera un aspect de notre patrimoine forestier, et j’espère que l’ensemble ne sera pas trop dissonant.
Donc aujourd’hui, nous parlerons de la forêt Française en général, puis pour le reste, et bien… vous verrez bien.

La France n’a pas à rougir en termes de surface forestière puisqu’elle se situe parmi les quatre premiers pays européens avec 28,2% de son territoire (2005). La forêt française représente 10% de la surface boisée européenne.
A noter qu’il n’en a pas toujours été ainsi puisqu’au XIXème siècle notre pays ne comptait que 9 millions d’hectares alors que nous en étions à 15,5 millions en 2005. Pourquoi ? A cause de la déprise agricole, tout simplement. La déprise agricole, c’est l’abandon des terres agricoles peu productives qui va de paire avec la modernisation des moyens d’exploitation. On en vient à produire plus sur moins de surface. La forêt étant expansive par nature, ces terres abandonnées se sont recolonisée au fil des années et voilà pourquoi on a plus de forêt qu’il y a un siècle. Pour vous en convaincre, il suffit de se promener dans les forêts du sud de la France, et vous constaterez la présence de nombreuses terrasses, ou planches (par chez moi on appelle ça des restanques), ou parfois même quelques arbres fruitiers (oliviers, cerisiers, etc) qui n’ont pas vraiment leur place en ces lieux…
Donc, la forêt est présente dans nos vies, tout autour de nous et ce depuis de milliers d’années. Elle faisait vivre nos ancêtres, lui procurait du bois pour le chauffage, du bois pour la construction, du gibier, des champignons, bref elle était indispensable. Vitale.

Il n’y avait pas de véritable gestion de la forêt. Les habitants se contentaient d’y puiser ce dont ils avaient besoin, tout en gardant en tête l’idée de la conserver telle qu’elle. On pourrait parler de gestion intuitive, car finalement ce comportement humain induisait une écologie particulière, une structure forestière particulière. Vous remarquerez que les « récoltes » que l’homme faisait intervenaient à tous les étages du peuplement. (Mais kè-qui-dit ?)
Je veux dire par là, que l’homme se servait aussi bien au niveau du sol, en ramassant les mousses, les champignons, le bois mort… Qu’au niveau des arbres jeunes pour se chauffer, ou plus rarement, en coupant de vieux fûts pour en faire des charpentes…
Sous le règne de Louis XIV, il est apparu que la France avait besoin de bois pour construire sa Marine et mener la lutte contre l’Anglais. Le bon roi confiât donc à son fidèle ministre Colbert le soin d’organiser rationnellement la production de
bois pour la grandeur de la France. Colbert (c'est lui, là a gauche) donc, se mit à la tâche. Pour pouvoir construire des bateaux il devait avant tout privilégier les grands arbres capables de faire de longues et solides traverses (par exemple le chêne) et de longs mât (sapins ou épicéas).
C’est à cette époque que la forêt est devenue autre chose qu’une simple source de services, elle est devenue une source de revenus, une machine à produire de la matière première. Comme une machine se doit d’être maitrisée, on a commencé à étudier son mode de fonctionnement, les premières publications apparurent, l’ancêtre de l’Office National des Forêts était né, la sylviculture était née.
En France, nous pouvons rencontrer plusieures sortes de forêts, et elles seront toutes fonction de ce que l’on attend qu’elles produisent. Nous voulons de belles planches sans nœuds pour nos meubles, nous auront donc une futaie régulière. Du bois pour nos cheminées, un taillis. Les deux à la fois, un taillis sous futaie. Et si nous voulons une forêt qui produise tout ça et en plus qui protège la biodiversité et les sols, nous auront une futaie irrégulière ou mélangée.
Mais qu’est-ce donc que ces termes barbares me direz-vous ? Vous allez voir, c’est pas compliqué.
Il faut d’abord que vous ne perdiez pas de vue les trois éléments qui régissent la vie d’un arbre. Un arbre a besoin de lumière pour se photosynthèse, de nourriture sous forme d’oligo-éléments, et enfin d’eau. Rien de plus, rien de moins. La gestion d’une forêt, ce n’est que ça : Tenter de jongler avec ses trois éléments.
A suivre…