Je voulais vous dire…


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samedi 21 août 2010

Sous le soleil...

Nicolas Sarkozy et son Premier ministre François Fillon sont restés pour un long tête-à-tête au fort de Brégançon après le départ des autres participants à la réunion, a indiqué une source proche du chef de l'Etat.
Cette réunion entre les deux hommes, qui a démarré vers 14 heures, se tient sur fond de rumeurs sur un éventuel départ du Premier ministre à l'occasion du grand remaniement prévu par l'Elysée à la rentrée. Et le possible remplacement de Fillon par l'actuelle garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie. (Libération du 21.08.10, source AFP)


Le Premier Ministre s’avança dans le patio, ses pas résonnant sur la pierre. Devant lui, au bord de la piscine, assis à une table de jardin en teck, se tenait le Président.
Celui-ci en short et torse nu, sirotait un verre de Cognac en fumant un Havane.

-Monsieur le Président...

-Assied toi François.

-Merci Monsieur le Président.

-Tu as mangé ?

-J’ai pris un sandwiche aux cuisines...

-‘Tain ! Je me suis fait péter la sous-ventrière moi ! Un tournedos Rossini de folie, avec des profiteroles en dessert... (Burpl !) Le tout arrosé d’un Gevrey-Chambertin de derrière les fagots...

-Ça devait être bon...

-A la fin Carlita était même un peu pompette ! Elle a dû aller faire une sieste dis-donc !

-Ah...

Le Chef de l’Etat reposa son verre et tira une longue bouffée de son cigare avant que de l’expulser en direction de son interlocuteur. A travers ses Ray bans, son regard s’attarda sur le visage du Premier Ministre.

-François, ne te vexe pas, mais je trouve que tu as une sale gueule.

-Le travail Monsieur le Président...

-Le travail mon cul ! Tu te négliges François. Regarde moi, bronzé comme c’est pas permis, je fais du sport, et pourtant moi aussi je travaille. Je dirige un pays je te le rappelle !

-Je sais bien...

-T’as qu’à faire des UV, je ne sais pas... Prend des pilules ou fait ce que tu veux mais t’as intérêt à avoir bonne mine à la rentrée !

Le Premier Ministre baissa la tête sans répondre. Il croisa et décroisa nerveusement ses jambes. Il essuya les paumes de ses mains sur son pantalon puis, ne sachant quoi en faire il les joignit en les posant sur ses genoux.

-Vous vouliez me voir en particulier Monsieur le Président ?

-Ouais. T’as bien fait diffuser le communiqué de presse ?

-Oui Monsieur le Président, votre message sur le rabotage des niches fiscales et la baisse des dépenses publiques a bien été transmis. Mais...

-Mais quoi ?

-Ca ne servira à rien, vous le savez ?

-Bien sûr que je le sais, qu’est-ce que tu crois ? C’est juste pour occuper ces connards de journaleux et faire gueuler la gauche. Ça les occupera au moins jusqu’à la fin de mes vacances !

Le Président joua un moment avec ses tongs avant que de se resservir un nouveau verre de cognac. Le Premier Ministre suivit chacun de ses gestes espérant un instant s’en voir offrir... En pure perte.

-Ce n’est pas ce que je voulais dire Monsieur le Président... Je parlais de...

-Et bien ? Crache-là ta Valda bordel !

-Les gens vont vite s’apercevoir que supprimer des niches fiscales, c'est-à-dire des exonérations d’impôts, ça revient au même que si vous les augmentiez...

-Tu crois ?

-Ben oui...

-Qui ?

-Comment ça qui ?

-Je te demande qui s’en apercevra ?

-Et bien les électeurs...

-T’inquiète François, ça fait des années qu’on leur fait croire que ne pas gagner de l’argent c’est la même chose qu’en perdre, alors crois-moi si je te dis que leur faire avaler une telle couleuvre c’est de la petite bière !

-Vous croyez vraiment ?

-Mais oui puisque je te le dis... J’ai Louvrier qui bosse à fond là-dessus avec Endemol. Allez détend toi et fais ton boulot, c’est tout ce qu’on te demande. Les soucis, c’est pour moi, dit-il en se grattant l’entrejambe.

-D’accord... répondit le Premier Ministre. Vous vouliez que nous discutions d’autres choses ?

-Euh non, je t’ai fait appeler juste pour dire qu’on bosse un peu ensemble c’est tout. Ça va faire baver les baveux, et avec la rumeur de remaniement que j’ai lancé, ces cons vont avoir de quoi s’occuper.

-Ah oui, la rumeur...

-Ooohhh mais c’est qu’il a la pétoche le François ! T’as peur que je te vire pour de bon, c’est ça ?

Le Premier Ministre se redressa sur sa chaise, prit une grande respiration et murmura.

-En fait j’espérais que vous le fassiez...

-Tu rigoles ou quoi ? Tu es le meilleur d’entre nous tu le sais bien. Tu occupes un poste clef, rigola t’il, pile poil entre le marteau et moi !

-Oui mais là, je commence à fatiguer... Vous ne pourriez vraiment pas prendre quelqu’un d’autre pour finir le quinquennat ?

-Qui ? Tous les autres, z’ont les dents qui rayent le parquet. Toi, tu n’as aucun charisme, aucune ambition Avec toi j’suis tranquille !

-Monsieur le Président je ne vous permets pas...

- Oh, fais pas ton méchant François, ça ne te va pas. Tu as toujours été un looser utile et tu le resteras jusqu’à ce que j’en aie fini avec toi. Tien, je vais être sympa, si tu veux je te promets que pour le prochain quinquennat je prendrais quelqu’un d’autre. Ça te va ?

Le Premier Ministre baissa la tête, vaincu devant la détermination de son interlocuteur.

-Bien... C’est tout ? Je peux y aller ?

Le président consulta sa Rolex.

-Ouais, vas-y. Là ça fait une demi-heure, c’est suffisant pour donner du grain à moudre à ces crétins.

Le Premier Ministre se leva, jeta un dernier regard sur le Président et quitta le patio sans un mot.
Resté seul, le Président jeta un long regard sur le bout incandescent de son cigare et murmura :

-J’irais bien piquer une tête moi...