J’aime son bruit régulier qui me berce et provoque chez moi la torpeur propre à abréger le voyage. Le crissement du métal surchauffé par les freins. La sirène de celui qui passe sans s’arrêter.
J’aime son odeur. Une odeur de métal et de vieux plastique. De poussière aussi.
J’aime les paysages que l’on aperçoit par les baies vitrées, la France qui défile avec ses mochetés et ses merveilles.
Alors bien sûr, j’aime aussi les gares. Les vieilles plutôt que les neuves pour tout vous dire...
J’aime ces architectures désuètes et parfois grandioses. Ces petites constructions en bord de voie. La pierre qui résiste, belle. Le béton qui fatigue, orgueilleux.
J’aime voir ces petites mains travailler le long de ce ruban de métal et manipuler ces mécanismes bizarres.
J’aime ces gens qui travaillent pour et autour des trains. Je me dis que c’est un beau métier. Un métier noble.
Le train, a toujours été pour moi synonyme de voyage vers l’autre. Les amis bien sûr, mais aussi mes amours... Je repense à ces heures qui me menaient vers mon amoureuse. De celles qui vous font vous lever dix minutes avant l’arrivée pour vous poster devant la porte, dont vous ne savez si c’est celle qui ouvrira sur le quai, mais qui à coup sûr vous verra sortir le premier.
Et puis il faut que je vous dise... Si j’aime autant les trains, c’est peut-être aussi à cause des vingt années pendant lesquelles j’ai vécu dans une gare... La gare de marchandise de Flayosc où ne circulent plus que des trains fantômes, où le ballaste empêchait mon père d’avoir un potager digne de ce nom. Où les tunnels étaient pour moi des grottes à explorer avant que de devenir des champignonnières.
Sur des kilomètres, la voie ferrée était mon terrain de jeu, et je rêvais souvent aux machines à vapeur qui jadis l’empruntaient. Et parfois même, oserais-je vous l’avouer, je me mettais sur le côté pour les laisser passer...
Bon... Je n’ai jamais prétendu quoi que ce soit en matière de photographie, aussi c’est avec une certaine crainte que je vous soumets ces quelques clichés. Soyez indulgents, mais honnêtes... En clair, si c’est de la merde vous me le dites, mais gentiment. Et puis si vous voulez les voir de plus près, vous cliquez dessus, hein ?