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mardi 20 octobre 2009

Les artichauts, les choux-fleurs et France télécom

Arf arf arf ! Alors là je rigole !
Jaune le rire, je préfère vous le dire tout de suite.
Ne voilà t’y pas que ce matin, en parcourant les nouvelles je tombe sur un article du Monde qui nous relate ceci.

Figurez-vous que d’après un statisticien, un type dont c’est le métier de faire des statistiques donc (non mais c’est quand même bien de le rappeler), il n’y aurait pas de vague de suicide à France Télécom.

Waouh ! Ça c’est de l’information ! En plus, il s’agit d’une information dument estampillée par la science, donc forcément crédible. Les chiffres retracent les faits, et les faits ne mentent pas, c’est bien connu. Alors, s’il vous plaît, mesdames et messieurs les journalistes et blogueurs en tout genre, arrêtez de propager de fausses rumeurs. La réalité vraie, celle qui ne ment jamais, vous démontre que les salariés de cette entreprise ne se suicident pas plus que les autres, et même moins d’ailleurs.

Vous ne me croyez pas ? Pourtant c’est bien René Padieu, inspecteur général honoraire de l'Insee, qui nous le dit :
"En 2007, on avait pour la population d'âge d'actif (20 et 60 ans) un taux de suicide de 19,6 suicides pour 100 000", explique-t-il. "24 suicides en 19 mois, cela fait 15 sur une année. L'entreprise compte à peu près 100 000 employés. Conclusion : on se suicide plutôt moins à France Télécom qu'ailleurs"
Et bien permettez-moi de vous dire qu’il s’agit d’un tissu de conneries.

Un pur, un total, un véritable tissu de conneries.

Tout d’abord parce que lorsqu’on veut faire une analyse comparative, la première des choses que l’on respecte, c’est la règle qui veut que l’on ne compare que des choses comparables. Mon prof de maths de seconde n’arrêtait pas de me le rappeler, on ne compare pas des artichauts avec des choux-fleurs. Et c’est exactement ce que monsieur Padieu fait, il nous dit que les artichauts ne sont pas pareils que des choux-fleurs.
Sauf que ça, on le savait déjà hein ?

Dans le cas qui nous occupe, les artichauts se sont les employés de France Télécom, et les choux-fleurs se sont les employés de la France entière.

Si l’on veut démontrer, ou pas, qu’il y a une augmentation du taux de mortalité chez les artichauts, qu’est-ce qu’on fait ? Hein ? Et bien, on va comparer deux chiffres : Le taux de mortalité des artichauts dans une année x avec le taux de mortalité des artichauts dans une année y. Et s’il y a une différence, et bien la démonstration est faite !
Par contre, si vous vous mettez à vouloir comparer le taux de mortalité des artichauts dans une année x avec celui des choux-fleurs la même année… Vous voyez ce que je veux dire ? Ca n’a aucun sens.

Bon, arrêtons la métaphore botanique, et intéressons-nous à ce que monsieur Padieu aurait du faire. Pour démontrer, ou infirmer, qu’il y a effectivement une augmentation des suicides dans une entreprise donnée, il convient de comparer non-pas le taux de suicide de cette population avec un chiffre national, mais deux choses comparables comme un pourcentage par exemple.

Selon Rue89, en 2002, il y a eut 29 suicides chez France Télécom, soit un taux de 22.5 pour 100 000 employés. En 2008, 12 suicides. Et en 2009, en en est à 13…

Merde… C’est donc vrai. Il n’y a pour l’instant pas de réelle vague de suicide chez France Télécom…

Merde, merde, merde et merde !

Bon ben… désolé, mais ce n’est pas exactement ce que j’avais prévu en commençant cet article. Cependant, il n’en reste pas moins que la démonstration que veut nous faire monsieur Padieu est quand même erroné. Elle a la simplicité directement accessible à l’oreille la moins informée. Elle est tronquée d’un point de vue mathématique, même si ce qu’elle nous dit est partiellement vrai…

Bon ben… Je vais vous laisser pour aujourd’hui… Et puis je vais quand-même publier ces quelques mots… Histoire de démontrer que l’écriture et la critique ne sont pas choses si faciles, et qu’il convient de l’admettre lorsque l’on se trompe.

En plus, il est déjà onze heures, et je n’ai pas envie de réécrire autre chose…