Je voulais vous dire…


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lundi 17 novembre 2008

Maux roses

Nous sommes lundi, et il pleut sur la France… A croire que la météo s’est mise en accord avec le peuple de gauche qui aujourd’hui pleure sur lui-même.
Ce matin, alors que j’avalais mon mug de café et que je réfléchissais à la teneur de mon billet actuel, je me disais que j’allais me laisser tenter par l’ironie et la moquerie… Ben oui ! Etant donné ce qui c’est passé ce week-end à Reims, on aurait bien envie de se moquer de cette vieille dame qu’est le Parti Socialiste. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait un peu partout sur le net, et tout au long du congrès, avec mes petits commentaires acides et mon air de blaireau gauchiste.
Et puis, au fur et à mesure que je faisais ma petite tournée des sites de presse et des blogs, je ne vous cache pas que mon humeur s’est mise peu à peu au diapason de la météo de ce lundi. C'est-à-dire que comme la France, je fais grise mine.
Je fais grise mine parce que je suis déçu de voir ce vieux parti, pour lequel j’ai voté quand même pas mal de fois, s’autodétruire de la sorte. Je suis déçu de voir le PS, dix ans après la droite, en venir à devoir choisir entre tradition et modernisme.

La tradition, c’est ce que j’appellerais le PS « canal historique ». C’est ce qui a fait que ce parti est présent dans l’immense majorité des communes, des départements et des régions. C’est un parti de terrain axé sur ses militants et sur leur travail au sein même du territoire. C’est un parti qui se veut en tête de toutes les revendications qui portent sur le progrès social et la lutte contre toutes les formes de discrimination. C’est un parti qui a fait sienne la devise de notre pays : Liberté, égalité, fraternité.
Seulement, depuis quelques temps, cette vieille et auguste dame se heurte à une conception plus moderne de la politique. Une conception plus « pragmatique », et qui se veut plus réaliste…
Pragmatique, ça veut dire que l’important est d’arriver au pouvoir quitte à en oublier quelques principes moraux. Ca veut dire qu’il faut être efficace et que de nos jours ce sont les méthodes les plus élaborées de la communication qui font les chefs d’état et non plus les idées que celui-ci représente. C’est triste, on le regrette amèrement, mais c’est un fait et il faut bien faire avec… C’est ça être un socialiste moderne.
D’ailleurs il n’y a qu’à regarder autour de soi ! C’est comme ça qu’ils font aux Etats Unis depuis des années. C’est comme ça que le camp d’en face a réussi à faire élire Sarkozy… C’est donc que la méthode est la bonne, qu’elle fonctionne, et que c’est comme ça qu’il faut faire dorénavant.
Alors pour ce faire, on va multiplier la communication en se servant de l’internet, on va choisir une image, une icône, qui va servir de base au projet. On va ensuite créer tout un web-réseau qui se chargera de mettre en valeur la personnalité de cette image. La personnalité : C’est ça qui intéresse les électeurs… Il n’y a qu’à voir les différentes émissions de téléréalité qui cartonnent, les gens votes pour celui ou celle qui a une personnalité et non pas pour son talent…
D’ailleurs, il faut également rajeunir la base du parti… Les jeunes sont plus sensibles à la communication de masse. Pour ça on va créer une adhésion via internet. Une adhésion qui coutera 20 € et qui contribuera à constituer une base, un fond, un public, que l’on va tenir informé en permanence par des vidéos et des newsletters… Il faut, dorénavant, mettre en scène la vie du produit. Créer le buzz, et l’entretenir.

Bon, j’arrête là. Je crois que vous avez compris l’essentiel. Le PS est à un tournant de sa vie où il doit faire le choix crucial entre, jouer le jeu d’une nouvelle forme de démocratie cathodique qui parle à tout le monde, même (et surtout) ceux qui n’ont aucune culture politique ; Ou bien considérer que la politique se fait sur le terrain avec de vrais gens, pour de vrais gens.
Je serais bien en peine de vous dire ce qu’il va advenir de cette vieille dame. Franchement, j’en sais rien.
Si, comme Ségolène Royal le pense, la page du militantisme à la papa est déjà tournée et que maintenant la base du PS est déjà bien remplie par des adhérents accroc au produit, ce sera un socialisme moderne qui verra le jour. Un socialisme libéral, un social-libéralisme à la mode anglo-saxonne… Un socialisme qui pourra peut-être lutter à arme égale avec l’UMP et prétendre à la reconquête du pouvoir.
Ou bien, le corps de la dame n’est pas encore totalement vérolé, et les militants continueront à penser que c’est par le bas qu’on change les choses. Au risque, peut-être, de ne pas pouvoir lutter à l’échelle nationale contre le rouleau compresseur médiatico-lobotomisant de l’UMP, et ne pas arriver au pouvoir avant longtemps… Même si, par ailleurs, au niveau local, la France préfère lui confier les rênes de la vie de tous les jours.

Cette question qui, je crois, résume l’essentiel du dilemme socialiste, sera tranchée définitivement le 21 novembre lors du vote des militants. Nous verrons alors ce que le Parti Socialiste, cette vieille dame usée par les combats, deviendra. A partir de là, chacun prendra acte de cette nouvelle orientation et fera ses propres choix…

Il fait décidément très gris sur la France aujourd’hui.