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lundi 14 juillet 2008

Le déshonneur du président

Pour ceux qui on eut la curiosité de jeter un coup d’œil à mon CV, il y a une ligne qui ne paye pas de mine. Une petite ligne de rien du tout, volontairement minimisée, presque autocensurée, mais qui revêt cependant pour moi une grande importance. Parmi mes multiples expériences professionnelles, c’en est une qui m’a marqué au plus profond de ma personnalité. Une expérience de deux ans, à une période charnière de ma vie, qui compte énormément pour moi mais que j’évite cependant de trop claironner. Bref, ces deux années font partie du processus fondateur du Gwendal.

Je suis lieutenant de réserve dans l’armée de l’air, et j’appartiens au GFCA, le Groupement des Fusiliers Commandos de l’Air. Et oui ! Je suis ce que l’on appelle un bourrin, un cocoye, un foutu para, un killer de première… Ou de moins j’ai été entraîné pour ça, et pendant deux ans je fus un officier exemplaire, très bien noté et respecté de ses hommes. J’ai même fortement envisagé d’intégrer l’école des officiers d’active… Bon, j’arrête là les fleurs, mais si je vous dis tout ça c’est que je me sens plus que légitime pour parler de l’armée, et c’est ce que je compte faire aujourd’hui.

Nous sommes le 14 juillet 2008 et c’est la fête nationale. C’est le jour de l’année ou l’on célèbre la révolution française et la naissance de notre nation, républicaine et laïque. Mais c’est aussi le jour ou la nation rend hommage à son armée. Et cette année, et c’est le moins que l’on puisse dire, l’armée n’est pas vraiment en ordre de marche.

La faute en est à ce fameux Livre Blanc publié le mois dernier et qui a rendu nos bidasses plus que furieux. A raison d’ailleurs comme nous l’allons voir. A cela s’ajoute l’accident de Carcassonne et la démission forcée du général Cuche… Là s’en est trop pour des officiers qui sont pourtant conscients de la nécessité de réformer l’armée en profondeur. Car c’est vrai, l’armée française est en piteux état.

Un peu d’histoire pour expliquer les choses. La suppression de la conscription, le service militaire, initiée par Jacques Chirac en 1996 entra officiellement en vigueur en 2001. Le problème est que malgré les multiples rapports et études diverses, l’état n’a pas vraiment anticipé la professionnalisation de son armée et a laissé pourrir tout un pan de son service public. A cela s’ajoute le fait qu’en supprimant le service militaire, l’état a également perdu cette occasion de créer dans la vie d’un homme un rendez-vous unique avec son pays. Une période qui permettait à chaque français de côtoyer ses contemporains, toutes catégories sociales confondues. Quoi qu’on en dise, cette période, qu’elle fut de 12 ou 10 mois, créait du lien social, avec son économie, ses règles et ses traditions.

Donc les militaires, tous grades confondus, sont conscient qu’il faut réformer l’armée française. Mais le problème est que ce qu’a proposé le gouvernement de Sarkozy est loin de leur convenir. Trop administrative, trop mercantile, pas assez humaine, voilà en gros ce que reprochent les officiers à cette réforme. Et surtout, et ça c’est le pompon, c’est une réforme qui s’est engagée sans eux. C'est-à-dire que même les plus hauts gradés n’ont pas été consultés sur ce qu’ils pensaient être le mieux pour leur métier.

Alors pourquoi à votre avis ? Et bien tout simplement parce que Sarko n’aime pas l’armée. Elle représente pour lui tout ce qu’il abhorre. Vous imaginez, le nain, le conseiller municipal de Neuilly, obligé d’apporter le café aux généraux de la base de Taverny en 1978 pendant son service militaire ? Ce fut sans doute une humiliation sans borne pour son égo déjà surdimensionné. Certains disent que depuis, le kaki l’indispose et qu’il lui préfère le bleu des uniformes de la police. Mais je crois que surtout les valeurs militaires ne sont pas celles de Sarkozy. La culture du devoir, de l’honneur, de la collectivité, du sacrifice, de la dignité et de la responsabilité, tout ça le dépasse, c’est hors de sa compréhension.

Pourtant les militaires ont votés en masse pour Sarkozy. Sauf que maintenant ils le regrettent. Car finalement qu’importe que le chef de l’état soit de droite ou de gauche, l’important c’est qu’il soit un chef, et un chef ça ne trahit pas ses hommes. Et ce Livre Blanc est une trahison : 54 000 personnels en moins, soit 17% des effectifs. Des régiments entiers dissous, des casernes fermées. Vous imaginez si cela devait arriver dans une autre partie de la fonction publique ? Mais je crois que la goutte d’eau qui a fait débordé le vase c’est la « démission » du général Bruno Cuche, chef d’état-major des armées à la suite de la fusillade de Carcassonne… En effet, alors que de nombreux copains de Sarko sont maintenus dans leur fonction en dépits de résultats plus que négatifs, l’officier le plus haut gradé de l’armée est obligé de présenté sa démission. Mais ce que l’on ne dit pas, c’est que Sarkozy c’est ainsi débarrassé à peu de frais d’un personnage gênant, opposé à la réforme et très influant. C’est injuste, et pire encore, c’est déshonorant.

Mon ex beau-père me disait, alors que je lui demandais conseil sur la meilleure façon de commander (il était Lieut-Co à la retraite de la Sécurité Civile), qu’un bon officier c’était quelqu’un qui ne disait pas « en avant », mais « suivez-moi ». J’ai toujours respecté cet adage et je l’ai suivit tout au long de ma vie militaire. Et je me rends compte que notre chef de l’état ne l’applique pas, car c’est un mauvais chef. Point barre.

Alors, oui, je sais… Vous vous demandez bien comment on peut être un militaire et de gauche en même temps. Et bien, je vous assure que c’est possible ! Avec beaucoup de concessions et pas mal de patience, c’est possible. Car il y a dans l’armée des valeurs communes à tous les bords politiques. Mais parmi toutes celles que j’ai citées plus haut, il en est une qui surpasse tout les autres. C’est l’honneur. Et force est de constater que depuis plus d’un an, Nicolas Sarkozy nous a démontré qu’il en manquait cruellement…