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lundi 14 juillet 2008

Le déshonneur du président

Pour ceux qui on eut la curiosité de jeter un coup d’œil à mon CV, il y a une ligne qui ne paye pas de mine. Une petite ligne de rien du tout, volontairement minimisée, presque autocensurée, mais qui revêt cependant pour moi une grande importance. Parmi mes multiples expériences professionnelles, c’en est une qui m’a marqué au plus profond de ma personnalité. Une expérience de deux ans, à une période charnière de ma vie, qui compte énormément pour moi mais que j’évite cependant de trop claironner. Bref, ces deux années font partie du processus fondateur du Gwendal.

Je suis lieutenant de réserve dans l’armée de l’air, et j’appartiens au GFCA, le Groupement des Fusiliers Commandos de l’Air. Et oui ! Je suis ce que l’on appelle un bourrin, un cocoye, un foutu para, un killer de première… Ou de moins j’ai été entraîné pour ça, et pendant deux ans je fus un officier exemplaire, très bien noté et respecté de ses hommes. J’ai même fortement envisagé d’intégrer l’école des officiers d’active… Bon, j’arrête là les fleurs, mais si je vous dis tout ça c’est que je me sens plus que légitime pour parler de l’armée, et c’est ce que je compte faire aujourd’hui.

Nous sommes le 14 juillet 2008 et c’est la fête nationale. C’est le jour de l’année ou l’on célèbre la révolution française et la naissance de notre nation, républicaine et laïque. Mais c’est aussi le jour ou la nation rend hommage à son armée. Et cette année, et c’est le moins que l’on puisse dire, l’armée n’est pas vraiment en ordre de marche.

La faute en est à ce fameux Livre Blanc publié le mois dernier et qui a rendu nos bidasses plus que furieux. A raison d’ailleurs comme nous l’allons voir. A cela s’ajoute l’accident de Carcassonne et la démission forcée du général Cuche… Là s’en est trop pour des officiers qui sont pourtant conscients de la nécessité de réformer l’armée en profondeur. Car c’est vrai, l’armée française est en piteux état.

Un peu d’histoire pour expliquer les choses. La suppression de la conscription, le service militaire, initiée par Jacques Chirac en 1996 entra officiellement en vigueur en 2001. Le problème est que malgré les multiples rapports et études diverses, l’état n’a pas vraiment anticipé la professionnalisation de son armée et a laissé pourrir tout un pan de son service public. A cela s’ajoute le fait qu’en supprimant le service militaire, l’état a également perdu cette occasion de créer dans la vie d’un homme un rendez-vous unique avec son pays. Une période qui permettait à chaque français de côtoyer ses contemporains, toutes catégories sociales confondues. Quoi qu’on en dise, cette période, qu’elle fut de 12 ou 10 mois, créait du lien social, avec son économie, ses règles et ses traditions.

Donc les militaires, tous grades confondus, sont conscient qu’il faut réformer l’armée française. Mais le problème est que ce qu’a proposé le gouvernement de Sarkozy est loin de leur convenir. Trop administrative, trop mercantile, pas assez humaine, voilà en gros ce que reprochent les officiers à cette réforme. Et surtout, et ça c’est le pompon, c’est une réforme qui s’est engagée sans eux. C'est-à-dire que même les plus hauts gradés n’ont pas été consultés sur ce qu’ils pensaient être le mieux pour leur métier.

Alors pourquoi à votre avis ? Et bien tout simplement parce que Sarko n’aime pas l’armée. Elle représente pour lui tout ce qu’il abhorre. Vous imaginez, le nain, le conseiller municipal de Neuilly, obligé d’apporter le café aux généraux de la base de Taverny en 1978 pendant son service militaire ? Ce fut sans doute une humiliation sans borne pour son égo déjà surdimensionné. Certains disent que depuis, le kaki l’indispose et qu’il lui préfère le bleu des uniformes de la police. Mais je crois que surtout les valeurs militaires ne sont pas celles de Sarkozy. La culture du devoir, de l’honneur, de la collectivité, du sacrifice, de la dignité et de la responsabilité, tout ça le dépasse, c’est hors de sa compréhension.

Pourtant les militaires ont votés en masse pour Sarkozy. Sauf que maintenant ils le regrettent. Car finalement qu’importe que le chef de l’état soit de droite ou de gauche, l’important c’est qu’il soit un chef, et un chef ça ne trahit pas ses hommes. Et ce Livre Blanc est une trahison : 54 000 personnels en moins, soit 17% des effectifs. Des régiments entiers dissous, des casernes fermées. Vous imaginez si cela devait arriver dans une autre partie de la fonction publique ? Mais je crois que la goutte d’eau qui a fait débordé le vase c’est la « démission » du général Bruno Cuche, chef d’état-major des armées à la suite de la fusillade de Carcassonne… En effet, alors que de nombreux copains de Sarko sont maintenus dans leur fonction en dépits de résultats plus que négatifs, l’officier le plus haut gradé de l’armée est obligé de présenté sa démission. Mais ce que l’on ne dit pas, c’est que Sarkozy c’est ainsi débarrassé à peu de frais d’un personnage gênant, opposé à la réforme et très influant. C’est injuste, et pire encore, c’est déshonorant.

Mon ex beau-père me disait, alors que je lui demandais conseil sur la meilleure façon de commander (il était Lieut-Co à la retraite de la Sécurité Civile), qu’un bon officier c’était quelqu’un qui ne disait pas « en avant », mais « suivez-moi ». J’ai toujours respecté cet adage et je l’ai suivit tout au long de ma vie militaire. Et je me rends compte que notre chef de l’état ne l’applique pas, car c’est un mauvais chef. Point barre.

Alors, oui, je sais… Vous vous demandez bien comment on peut être un militaire et de gauche en même temps. Et bien, je vous assure que c’est possible ! Avec beaucoup de concessions et pas mal de patience, c’est possible. Car il y a dans l’armée des valeurs communes à tous les bords politiques. Mais parmi toutes celles que j’ai citées plus haut, il en est une qui surpasse tout les autres. C’est l’honneur. Et force est de constater que depuis plus d’un an, Nicolas Sarkozy nous a démontré qu’il en manquait cruellement…

19 commentaires:

Selerines a dit…

I can't able to digest those two lines. French army is in bad condition ha? Why this much problems in this govt dude?

Anonyme a dit…

Salut Gwendal, tu le sais peut-être j'ai moi aussi tâté du mili d'active, notamment en opération exterieure OTAN en Bosnie (alors relativement calmée mais j'ai quand même bossé à la marge avec tes poteaux du C.O.S), et bien que mes idées politiques m'empêchassent de commander je fus aussi bien noté et je me sens donc aussi légitime pour en parler.

Pour moi comme pour la partie politisée de mes camarades il s'agissait d'un véritable engagement de gauche. Les appelés volontaires ont fait un remarquable travail là bas et montré le visage de la république quand certains engagés ont malheureusement présenté celui du nationalisme partisan irréfléchi et de la traîtrise et que la majorité d'entre eux laissait voire leur haine endoctrinée des musulmans et leur incompétence.

Je hais cette armée qui n'est pas le peuple, vit en vase clos dans une ambiance mortifére et recycle en les endoctinant les déclassés pour les rejeter ensuite sans rien leur avoir appris ou presque que des postures et des chants de bétise. Je déteste ses chefs villiéristes, ses sous-officiers lepenistes, sa monoculture crasse. J'abhorre le danger potentiel que l'armée de métier fait peser sur la démocratie. Je suis pour un retour à l'armée de conscription. Vive l'armée de la République, vive la France :D

P.S: Je généralise mais le fond reste vrai, tu le sais même si il y'à une forte culture républicaine dans l'arme aérienne comparée à ce qui régnait dans la mienne (terre). Je ne comprend pas comment on à pu laisser passer la professionnalisation, c'est un enjeu politique majeur.

Gwendal Denis a dit…

Salut Aslan ! L’arme dans laquelle j’ai servi y est sans doute pour quelque chose dans ma conception de l’armée, je le concède. De même le fait de ma belle famille, tous militaires et francs-maçons de gauche y est pour beaucoup également… Cela-dit, il est vrai que j’ai croisé pas mal de bas du front aux idées répugnantes. Mais plus tu montais dans la hiérarchie, plus ils se faisaient moins nombreux. Mais je préfère garder à l’esprit le formidable rôle social que la conscription représentait… J’ai croisé mes premiers analphabètes et cela m’a tellement choqué que j’ai eu honte de me sentir privilégié d’avoir fait des études… J’ai donc participé à des cours d’alphabétisation pour tenter de faire quelque-chose. Plus généralement, l’armée de la république avait se côté représentatif que n’a plus l’armée de métier.

Gwendal Denis a dit…

Hi Selerines! Very good question! How a government of right-hand side can have an army in bad condition… One could think that it is not logical, but however it’s the case. As I explained it’s due at the end of the national service and the reorganizations which were not made… The French Army protest with reason. But especially in my country I think that it had a social role to play… what this government denies.

Anonyme a dit…

Les militaires de gauche se font bien rares depuis quelques décades, heureux d'apprendre qu'il en reste, Gwendal, salut les bien bas ce ne doit pas être facile tous les jours ! A propos, sont ils pour l'armée de métier?

En passant, pour ma part je ne crois que modérément au rôle social de l'armée de conscription tant la distribution en était une caricature de société, avec ses ghettos et sa mixité réduite, comme et plus même que l'entreprise. Il existe, c'est vrai, mais c'est probablement la moindre de ses vertues. La plus grande était sans doute de fournir un sujet de discussion commun à des mâles qui ne se connaissaient pas ;)

Anonyme a dit…

Ah ben dis-donc tu m'impressionnes Gwendal.

Gwendal Denis a dit…

Ah bon ? Pourquoi? Il n'y à vraiment pas de quoi...

Monique a dit…

Gwen..je serais dorénavant un peu moins antimilitariste, mais ce sera votre faute , à toi et à Aslan!

tu dis les suppressions de postes dans l'armée..imaginez un autre service public..?
j'imagine, j'imagine...15 000 postes supprimés dans l'education nationale à le rentrée 2008, qui font suite aux 11 000 de l'an passé...qui font suite...
j'ai pas de chiffres sur les hôpitaux mais..
Faire des économies en cassant les services publics...c'était au programme, non ?
Quand tout sera privatisé...le peuple sera dépossédé de tout.

mobensim

Gwendal Denis a dit…

Salut Mob ! Oui, on oubli que l’armée est un service public après tout ! Au fait, il me souvient un fil sur LTL ou nous parlions de la différence entre gendarmes et policiers… Remember ? Maintenant tu sais pourquoi je préfère les premiers…

Anonyme a dit…

Salut Mobensim, on peut être antimilitariste, ce que je suis, et, le phénoméne militaire étant une réalité objective, y participer néanmoins pour tout un tas de raisons subjéctives. Bon, ok, j'admet, ça fait un peu des antimilitaristes qui sont à l'armée ce que le socialiste français était au capitalisme...

Anonyme a dit…

Pop je réagis sur les commentaires et je fil lire l'article apres :p

Je suis anti CETTE armée, mais pas anti armée tout court.

Parce que je crois que, comme le reste, c'est une service, une institution qui est ou devient ce que l'ont veut en faire.

Alors il y a sûrement des personnes etc qu'il faudrait éjecté si nous voulions remodeler, améliorer etc cette armée et lui donner des mission et un but noble.

Principalement d'aide et sinon de défense, non d'agresseur.

Il y a du bon dans l'armée, mais il semble peut etre comme ailleurs etre mis de plus en plus de coté au profit de...(a vous de voir)

Je reviens donc.

Anonyme a dit…

«Trop administrative, trop mercantile, pas assez humaine,»

A ouai, carrément, la majorité dit ca?
Ca serait pas mal de pouvoir rentrée dans les details.


«La culture du devoir, de l’honneur, de la collectivité, du sacrifice, de la dignité et de la responsabilité, tout ça le dépasse, c’est hors de sa compréhension. »

Ca c'est clair.

Je suis plutot d'accord avec toi Gwen.
L'armée possède et défend des valeurs qui sont aussi bien respecter a gauche qu'a droite.
C'est peut etre d'ailleurs ce qu'il peut y avoir de mieux chez les personnes de droite...

En revanche, il y a aussi tout le lot de, là par contre, mauvaise choses que l'ont peut trouver dans l'armée et qui pour le coup je pense sont plutot effectivement classique de la droite.

En somme, on vire ca et on aurait une armée encore plus respectable je pense.
En rajoutant pas mal de sauce de gauche :p

Mais voila, pour l'instant on en est bien loin, car comme pour le reste, sarko détruit et devise, il ne fait que ca, il ne réussis que dans cela d'ailleurs.

Tiens j'y pense Gwen, a l'honneur tu peux également ne pas oublier le respect je pense, mais c'est peut etre lié remarque.


Bref, il y a tant a faire qu'il est urgent que les gens tilt et réagissent, continuons donc de les y aider :)

Gwendal Denis a dit…

Le respect va de paire avec l’honneur, je pense. C’est intimement lié. Cela-dit, la réforme des armées est faite avec la même violence que les autres, sans tenir compte de l’élément humain…

Monique a dit…

Dans la destruction massive des services publics..pourquoi l'armée serait-elle épargnée ?

J'ironise...mais je pense que pour le citoyen lambda, la disparition des hôpitaux de proximité, des bureaux de poste ou des écoles en milieu rural paraît plus exaspérante !
Je pense aussi à un autre aspect de la chose : en cas de conflit armé grave...s'il manque des militaires, on embauchera des mercenaires ? comme on embauche dans les autres servcies publics, en cas d'urgence, des gens non formés,non motivés...juste pour boucher les trous ?
C'est déjà pas acceptable au niveau d'une école..mais avec un fusil dans les mains, c'est craignos!

ça me fait penser à un ancien élève à moi, enfant angoissé, bourré de problèmes...psychologiquement très instable.. que je viens de retrouver en uniforme de policier municipal, armes à la ceinture : pistolet, matraque, bombe anti agression...sacré Jojo ! A la première peur panique, il tire dans le tas !
Redoutable!
mobensim

Gwendal Denis a dit…

Bonjour Monique ! Je crois que pour les régiments dans les villes cela s’ajoute à l’ensemble… Je veux dire que dans les déstructurations ambiante, la réforme des armées est une goutte de plus, avec les tribunaux, les hôpitaux, les postes etc… Pour ce qui est d’engager des mercenaires, tu rigoles mais tu n’es pas loin de la vérité. En Iraq, les USA ont plus de soldats privés, engagés par des boites telles qu’Haliburton, que de GI. Avantage non négligeable, cela fait baisser le nombre de mort dans les statistiques de l’armée.
Pour ton ancien élève, tu ne sais pas… S’il faut c’est un poste qui lui permet de se structurer… J’ai connu des jeunes complètement « border line » qui trouvait dans une structure hyper hiérarchisée comme les commandos, de quoi se réaliser et s’insérer. Même si Aslan est sceptique, je persiste à croire encore au rôle social de notre armée… M’enfin, j’ai également des contre-exemples…

Monique a dit…

Vrai que dans une structure qui tient la route, avec des cadres clairement posés et si possible cohérents, on peut retrouver les repères ( re-père!!) qui ont fait défaut dans la petite enfance.
Mais je peux t'assurer que dane la police municipale de ma petite ville, ils sont tous au moins aussi peu structurés que lui ( je les connais, hélas!)

Monique a dit…

Tiens encore du détail sur les suppressions pour ceux que ça intéresse ( pardon pour la longueur)

NOMBREUSES REACTIONS À LA NOUVELLE CARTE MILITAIRE
France 3

François Fillon a présenté jeudi la carte des restructurations militaires dans le cadre du Livre blanc sur la défense

Le Premier ministre a annoncé la suppression de 83 sites ou unités militaires dès 2009, et 33 déménagements. 471 communes ont actuellement une implantation militaire. Il a promis "320 millions d'euros de subventions d'investissement" pour soutenir les communes touchées.

L'armée de terre se dit "globalement satisfaite" de la nouvelle carte militaire.

Le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Elrick Irastorza, a estimé que le plan de restructuration comportait "très peu" de différence avec les propositions faites par les militaires. La carte "correspond à la satisfaction de notre besoin opérationnel" et "nous permettra de faire les gains de productivités attendus de nous", a-t-il ajouté.

Selon François Fillon, 377 milliards d'euros seront consacrés jusqu'en 2020 pour la Défense. Ce chiffre figurera dans une loi de programmation militaire qui sera présentée à l'automne au Parlement par le ministre de la Défense Hervé Morin, a indiqué le chef de gouvernement lors d'une conférence de presse. Il a souligné que la Défense bénéficierait "d'une mesure exceptionnelle", consistant à lui "réaffecter la totalité des gains" liés à sa restructuration.

La règle pour les autres ministères, a rappelé François Fillon, est 50% pour la modernisation et 50% pour la réduction du déficit budgétaire français. Le budget de la Défense "sera maintenu au niveau de l'inflation jusqu'en 2012 alors que les autres budgets seront maintenus en valeur", a encore dit l'hôte de Matignon.

Sarkozy "ne tremblera pas"
Lors d'un déplacement à Batz-sur-Mer (Loire-Atlantique), le chef de l'Etat a réaffirmé sa détermination à mener à bien la restructuration des armées. "Notre travail était très profond, très juste, il fallait le faire. Nous ne tremblerons pas", a-t-il déclaré peu après la présentation à Matignon, par le Premier ministre François Fillon et le ministre de la Défense Hervé Morin, du plan.

Dans toute la France, élus locaux ou syndicats se sont mobilisés pour défendre leurs unités et leurs installations militaires. En dépit de cette mobilisation, dès le 15 juillet, le président Nicolas Sarkozy avait répété qu'il ne "céderait pas" sur la réforme, et "ferait le boulot que personne n'a fait avant (lui)".

Un "grand préfet" pour le Nord-Est
L'est et le nord de la France en particulier sont les plus touchés par ces mesures. En conséquence, Hubert Falco, secrétaire d'Etat à l'Aménagement du territoire, a indiqué jeudi qu'un "grand préfet" allait être nommé pour "synthétiser un plan d'accompagnement du Nord-Est".

Globalement, "l'armée de terre aura perdu 20 régiments et bataillons", "l'armée de l'air 11 bases aériennes" et la Marine "une base aéronavale", a encore indiqué le Premier ministre avant de préciser : "Comme l'a indiqué le président de la République le 17 juin dernier, le format des armées sera réduit de 54.000 hommes" dans les 7 ans à venir sur 320.000 postes actuellement, hors gendarmerie. Au terme de la réforme, a précisé François Fillon, l'armée de terre comptera 131.000 hommes, l'armée de l'air 50.000, la marine 44.000.

Un "pacte sacré entre la France et ses armées"
"Il existe entre la France et ses armées un pacte sacré parce qu'ils sont les gardiens de notre sécurité et de notre indépendance", a déclaré le chef du gouvernement reprenant les propos qu'il venait de tenir devant les cadres de l'armée. Selon François Fillon, "c'est la stratégie qui commande l'organisation de la défense et c'est pas l'organisation de la défense qui commande la stratégie".

La réorganisation de l'armée découle, selon le Premier ministre, de l'apparition de nouvelles menaces et notamment "le développement considérable du terrorisme" alors que le risque "d'une invasion sur notre territoire" n'existe plus. "Le continent européen est la zone la plus stable, la plus sûre au monde", a fait valoir le Premier ministre. "En matière militaire, rien n'est plus coupable, rien n'est plus périlleux que l'immobilisme", a-t-il ajouté.

Les sites concernés
Dès 2009, le gouvernement prévoit notamment de fermer le 57e régiment d'artillerie de Bitche (Moselle, 1.138 personnes), le 601e régiment de circulation routière d'Arras (Pas-de-Calais, 730 personnes), la base aérienne 101 de Toulouse, le 12e régiment d'artillerie d'Haguenau (664 personnes, Bas-Rhin). Mais cependant Haguenau doit récupérer, toujours en 2009, le deuxième régiment de hussards de Sourdun (Seine-et-Marne, 895 personnes).

Par ailleurs, le 501e-503e régiment de chars de combat (RCC) de Mourmelon (1.256 militaires) va être maintenu. En 2010, le 18e régiment de transmission de Bretteville-sur-Odon (Calvados, 953 personnes) sera fermé, tandis que Metz perdra le deuxième régiment du Génie (874 personnes). Colmar-Meyenheim (Haut-Rhin) perdra la base aérienne 132 (1.276 personnes) et Illkirch-Graffenstaden (Bas-Rhin) le 1er régiment du Génie (1.042 personnes). Cette dernière ville pourrait toutefois récupérer en 2010 le 16e bataillon de chasseur de Saarburg (Allemagne, 1.155 personnes).

En 2011, la liste des transferts et fermetures s'allonge. La base aéronavale de Nîmes Garons (1.332 personnes) doit être fermée, comme la base aérienne 112 de Reims (1.545 personnes) et celle de Taverny (Val-d'Oise, 986 personnes). Le 42e régiment de transmission de Laval (Mayenne, 939 personnes) sera fermé, comme le 519e régiment du train de La Rochelle (Charente-Maritime, 992 personnes).

Le 503e régiment du train de Martignas-sur-Jalle (Gironde, 1.112 personnes) doit déménager pour Nîmes, le 1er régiment médical de Chatel Saint-Germain (Moselle, 1.055 personnes) déménage à La Valbonne (Ain). Le régiment de marche du Tchad de Noyon (Oise, 1.158 personnes) partira à Colmar-Meyenheim.

A partir de 2011, mais sans échéance précise, sont prévues les fermetures du 517e régiment du train de Déols (966 personnes, Indre), du 402e régiment d'artillerie de Châlons-en-Champagne (Marne, 1.046 personnes), du 8e régiment d'artillerie de Commercy (Meuse, 849 personnes), des bases aériennes 128 de Metz-Frescaty (Moselle, 2.502 personnes), 103 de Cambrai-Haynecourt (Nord, 1.364 personnes), 217 de Brétigny-sur-Orge (Essonne, 1.955 personnes).

A partir de 2011 toujours, plusieurs fermetures d'unités outremer: le 33e régiment d'infanterie de marine et la base aérienne 365 de la Martinique (650 personnes en tout), la base aérienne 190 et le régiment d'infanterie de marine Pacifique de Polynésie (920 personnes au total).

En outre, le 1er régiment d'artillerie de marine de Laon-Couvron (Aisne, 867 personnes) se déplacera à Chalons-en-Champagne (Marne), tandis que le 7e bataillon de chasseurs alpins de Bourg-Saint-Maurice (Savoie, 1.152) se déplacera à Varces (Isère).

Si 83 sites ou unités sont appelés à fermer, une soixantaine de sites doivent en revanche bénéficier de "renforcements opérationnels", allant de 50 pour le 35e régiment d'infanterie parachutiste de Tarbes (Hautes-Pyrénées) à 800 personnes (Eure, base aérienne 105 d'Evreux). Par ailleurs, l'école de service de santé de Bordeaux, "santé navale" (146 personnes) sera regroupée avec celle de Lyon-Bron.




Réactions des élus concernés par les mesures

- La fermeture du centre d'entraînement en montagne de Barcelonnette, dans les Alpes-de-Haute-Provence, "n'a aucun sens", alors que les troupes sont appelées à intervenir dans des zones comme l'Afghanistan, a estimé le maire de Barcelonnette Jean-Pierre Aubert (DVG). Le président PS du conseil général des Alpes-de-Haute-Provence Jean-Louis Bianco attend pour sa part "des mesures d'accompagnement crédibles et sérieuses".

Barcelonnette et Briançon, toutes deux bientôt privées de centres d'entraînement en montagne, recevront chacune 2 millions d'euros d'aide dès 2009, a indiqué le préfet de région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Michel Sappin.

- A Bitche (Moselle), les élus se disent révoltés par la suppression du 57e régiment d'artillerie, dernière garnison de cette ville proche de la frontière allemande. Aucune nouvelle unité ne devrait venir remplacer 1es 1.300 hommes et femmes - dont une centaine de civils - du 57e RA comme voulaient l'espérer jusqu'au dernier moment les élus de ce bourg de 5.700 habitants. Gérard Humbert, maire (SE) de Bitche, déplore "un coup très sérieux" pour la ville et réclame "rapidement des compensations".

- A Bordeaux, le maire UMP Alain Juppé a fait part de sa "grande déception et son profond regret" après l'annonce du regroupement de l'école de "Santé navale" de Bordeaux à Lyon dans le cadre du plan de modernisation de la Défense.

- Philippe Duron, le maire PS de Caen, a estimé que "les villes de l'ouest qui sont passées à gauche aux élections municipales (de mars), comme Caen et Laval, font les frais de ces décisions", fustigeant un choix "politique plus que militaire".

- A Château-Chinon, Christian Paul, député PS de la Nièvre, a qualifié de "décision politique aveugle, choquante et injuste" l'annonce de la fermeture de l'Etablissement d'Impression de l'Armée de Terre (EIAT) et du Service des Anciens combattants. "Nous exigeons de l'Etat des initiatives immédiates et des compensations au plus haut niveau pour amortir le choc."

- A Commercy (Meuse), le maire Bernard Muller a estimé que la dissolution en 2011 du 8e Régiment d'artillerie (900 soldats) place la commune de 7000 habitants "dans une situation très inconfortable", déplorant l'absence d'annonce de "compensation en matière d'emploi ou financière".

- A Cugnaux (Haute-Garonne), le maire PRG Philippe Guérin a qualifié l'annonce de la suppression de la base aérienne 101 comme ne décision "prise de manière unilatérale sans concertation".

- A Dieuze (Moselle), Fernand Lormant, le maire (UMP) a estimé, pour sa part, que sa ville ne "s'en tire pas trop mal" avec l'annonce de la venue d'une "école militaire" qui, selon lui, comprendrait plus d'un millier de militaires et 350 formateurs. Les militaires du RDP et leurs familles représentent environ 1.800 personnes. Ils comptent pour la moitié de la population de la cité mosellane. Leur départ sans l'arrivée d'un contingent équivalent a été vécu comme "catastrophique" pour l'économie, a rappelé le maire.

- A Francazal (Haute-Garonne), Pierre Izard et Bertrand Hauban, respectivement président du conseil général et sénateur du département, ont dénoncé jeudi la "brutalité et l'incohérence" de la suppression de la base aérienne 101 de Francazal, près de Toulouse. "Le président de la République et son Premier ministre suppriment d'un trait de plume et sans aucune concertation une base aérienne avec 1.500 personnes et un impact économique de plus de 30 millions d'euros", ont protesté les deux élus PS.

- Le maire socialiste de Metz Dominique Gros s'est dit "extrêmement choqué et scandalisé" après l'annonce de la suppression de la base aérienne 128 de Metz-Frescaty (Moselle) et d'autres unités. "C'est une catastrophe totale pour la ville de Metz et son agglomération. Cela représente le départ de 8000 personnes sur l'agglomération, soit un manque à gagner de 100 millions d'euros pour la collectivité", a-t-il lancé. "C'est un choc et même une hémorragie. Il n'y aura jamais de compensation à la hauteur de la saignée qui est subie. On peut se demander quand s'arrêtera l'acharnement de ce gouvernement contre la ville de Metz."

- Le 501e-503e régiment de chars de combat de Mourmelon (1.256 militaires) va être maintenu, a annoncé jeudi à l'AFP le maire de la ville Fabrice Loncol (app. UMP) selon qui "c'est un profond soulagement et une énorme satisfaction". Fabrice Loncol a indiqué avoir reçu mardi soir un appel téléphonique du ministre de la Défense Hervé Morin le lui annonçant.

- A Nîmes (Gard), le député NC Yvan Lachaud a estimé que les élus avaient "bien négocié" l'arrivée d'un régiment du train en échange de la fermeture en 2011 de la base aéronavale de Nîmes Garons. En compensation, le 503e régiment du train de Martignas-sur-Jalle (Gironde, 1.112 personnes) déménagera pour Nîmes à la même date.

- A Sourdun (Seine-et-Marne), suite à la disparition, dès 2009, du 2e régiment de hussards (délocalisé à Haguenau), le "bassin de vie de Provins" va bénéficier d'un "contrat de redynamisation" comprenant notamment une enveloppe de 10 millions d'euros, a annoncé jeudi le préfet de Seine-et-Marne.

- A La Rochelle, le maire PS Maxime Bono a vécu comme un "coup de tonnerre" l'annonce par le ministère de la Défense du départ du 519e régiment du train et de la Base de transit interarmées (BTI), qui représentent un effectif de 850 personnes. L'édile a jugé cette décision "incohérente tant sur la forme que sur le fond".

- A Roquebrune Cap Martin (Alpes-Maritimes), le député UMP Jean-Claude Guibal a jugé que la fermeture annoncée de la base aérienne 943 n'était pas "une catastrophe" car elle était prévue de longue date et faisait l'objet de contacts anciens avec le ministère de la Défense.





Réactions politiques

- L'UMP a salué dans la réforme militaire un "choix efficace et juste", dont "la crédibilité exige" la présentation "rapide" d'une loi de programmation militaire "dès cet automne", a déclaré jeudi son secrétaire national chargé de la Défense, Hervé Mariton. Les mesures de restructuration militaire sont "cohérentes avec la stratégie" définie dans le Livre Blanc et "la sécurité nationale" et "sont nécessaires pour une gestion optimum des moyens mobilisables", a-t-il ajouté dans un communiqué.

- Le Parti Socialiste s'est dit jeudi "vigilant" sur les conséquences de la mise en place de la nouvelle carte militaire et a réclamé de "véritables concertations, département par département", avec "la participation de tous les élus locaux". L'annonce de la "refonte de la carte militaire" au "milieu des vacances des Français" et après de "multiples reports, témoigne d'une certaine forme de mépris du gouvernement envers les parlementaires, les élus locaux et les personnels civils et militaires", selon le secrétariat national PS à la Défense.

- Jean-Marie Le Pen (FN) a qualifié de "débâcle militaire" le plan gouvernemental. "On savait déjà que le gouvernement Sarkozy allait supprimer 54.000 postes sur 320.000 dans notre armée", mais "la liste interminable des suppressions de régiments et de bases aériennes, donnée ce jour par le Premier ministre, fait percevoir concrètement l'ampleur de la débâcle militaire que la France s'impose à elle-même."

Anonyme a dit…

Après la réforme des tribunaux débile faite à la hache, encore une nouvelle réforme qui va couter très cher, et ne rapportera pas un rond au budget ...Sans parler du coût humain, ce que Gwen a déjà fait, il ne faut pas oublier les pertes de recettes fiscale que ça engendrera ...

Comme de plus les économies seront réinvesties dans l'armée, et que ça ne fera pas baisser d'un centime son budget ni la dette de la France, on se demande où va passer tout ce fric, et si cette réforme apporte quelque chose ?

Gwendal Denis a dit…

Du point de vue militaire, je veux croire que la réforme apportera quelque chose… Enfin, j’espère. Du point de vue social, ça va être la cata pour pas mal de villes. Du point de vue financier, le budget de l’état ne devrait pas logiquement pas en souffrir. Par contre c’est celui des communes et des conseils généraux qui va en pâtir.