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mercredi 30 juin 2010

Quand le gouvernement cultive l’apologie de la médiocrité

Il y a une quinzaine de jours je vous disais vouloir m’abstenir de parler de football tellement le sujet me semblait grotesque. Je n’ai pas changé d’avis.
En plus, il y a des chances que je ne sois pas compétent pour trier entre les responsabilités de chacun... Domenech, les joueurs, la fédération, qui a été le plus nul ? Franchement, je n’en sais rien. Là, comme ça, à vue de nez je dirais les trois mon Capitaine.
Mais bon, comme je vous l’ai dit je ne suis pas compétent. Et en plus je m’en fous.

Par contre s’il est un aspect de cette bérézina qui me semble digne d’intérêt, c’est la récupération et la signification politique de l’événement.
Car il y en a une, n’en déplaise aux derniers naïfs de cette terre qui croient encore que les sport est une chose et la politique une autre. Tout est politique comme disait l’autre et le foot ne fait pas exception, surtout lorsqu’il s’agit d’une compétition internationale.
Alors, que certains politiques se sentent obligés d’utiliser cet outil qu’est le sport, j’ai envie de dire pourquoi pas. D’autres l’ont fait avant eux et pas des moindres, à commencer par l’Allemagne Nazie de 1936... Et plus récemment Nelson Mandela avec la coupe du monde de rugby (voir le film Invictus).

Comme souvent dans ce genre de partie, ce sont les plus nationalistes qui récupèrent en premier le ballon (pardon !). Qui dit compète internationale dit forcément représentation nationale, c’est comme ça. Onze types vont courir après une balle, et ces onze types nous représentent. Ils sont notre image, notre identité nationale. C’est bien pour ça qu’ils sont les premiers à râler lorsque la couleur de l’équipe ne correspond pas forcément à l’idée qu’ils se font de la France. Mais bon, ça on a l’habitude, et on s’étonnerait même qu’ils ne le fassent pas.
Pour les autres, on va dire ceux un poil moins fachos sur les bords, tout va dépendre des résultats de ladite équipe... Si ça marche, youppie la France. On est les meilleurs, tout va bien dans le pays puisque la France a gagné. La gloire devient contagieuse et se répercute sur ceux qui s’en approchent... Cela peut paraitre facile pour les esprits éclairés que vous êtes, mais c’est ainsi que les choses fonctionnent.

Par contre, si l’équipe en question foire son coup, on se dépêche de la balancer aux ordures et on redevient sérieux, car tout un chacun sait bien que le sport c’est bien joli, mais il y a quand même des choses plus importantes en ce bas monde.

En clair, pour les chantres de la démocratie moderne, le sport est un outil politique. S’il est efficient, tant mieux. Sinon, on le balance. C’est ingrat pour les joueurs, je sais, mais en même temps ce sont des sportifs hein ?
L’image qui me vient à l’esprit est celle du feu d’artifice. Si ça marche on dit « oh la belle bleue », et si ça foire et que la bombe fait long feux, et bien on s’en éloigne le plus possible et on attend. On attend le temps qu’il faudra pour être sûr qu’elle ne nous pétera pas à la gueule.

Alors que peut-on penser d’un gouvernement qui peine à se débarrasser de son outil foireux ?

Ben oui, à un moment il faut bien poser la question. Et pour le coup plusieures réponses sont possibles.
Ce gouvernement a intérêt à ce que la polémique ne retombe pas, parce que le seul sujet vers lequel il serait alors obligé de se retourner serait... les retraites ou l’affaire Woerth.
Et là, attention terrain miné.
Donc, on continu à en parler pour ne pas avoir à parler d’autre chose, quitte à devenir de plus en plus ridicule et, par exemple, convoquer les protagonistes devant l’Assemblée Nationale.

Deuxième réponse, ce gouvernement croit fermement à toutes ces conneries sur l’Identité Nationale, et la défaite de l’équipe de France de football est vécue par lui comme un drame biblique. Dans ce cas, nous sommes donc obligé de prendre acte que notre pays n’est plus la France que nous connaissons, mais un truc du genre Union Soviétique, ou la Chine...

Pour ma part, j’aurais tendance à penser qu’il s’agit sans doute un peu des deux réponses.

Cela-dit, et là peut-être que certains d’entre vous ne vont pas aimer ce que je vais dire, à travers tous ces remugles puants qui entoure le fiasco des bleus, il en est un qui a raisonné de façon particulière à mes oreilles. Il s’agit de l’intervention du philosophe de droite (oxymore ?) Alain Finkielkraut sur France Inter, et qui décrit le mélodrame pathétique que les aficionados ont vécus comme « un putsch débile de voyous milliardaires ». Je suis d’accord avec lui quand il décrit (reprenant un article du Monde) « les divisions religieuses de l’équipe », ou bien « la persécution du premier de la classe »...
Ça, ce sont des dérives actuelles de notre société que j’ai déjà eu le loisir de dénoncer.

Là où je ne le rejoins pas, par contre, c’est quand il impute tous ces dérapages à la seule figure de l’entraineur, le comparant à ces profs dépassés des cités, incompétents et couards.

Pour moi, si cette équipe est le reflet de notre pays, elle est d’abord celle de la France de Sarkozy. Cette France du communautarisme exacerbé, des valeurs altérées ou le profit remplace le fair-play, de l’ambition démesurée. Elle est celle du « racisme intellectuel » dont parle Bibi (et accessoirement Bourdieu), mais dans le sens contraire où il l’entend.
C'est-à-dire que c’est plutôt celui qui a plus de deux neurones alignés et qui s’en sert qui est mis au banc de la société et qualifié de tous les noms.
Cela rejoint ce que j’appelle l’apologie de la médiocrité. Et pour le coup, cette histoire de football mitonnée à la sauce politique est pour le moins médiocre... Et c’est peut-être pour ça qu’elle satisfait autant les masses.