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mardi 23 février 2010

Le teeshirt de la discorde

Quelqu’un qui affiche ses idées n’est pas à même de recevoir un enseignement…

Rassurez-vous lecteurs il ne s’agit pas là d’une réflexion à laquelle je vous convie, ni même d’une citation tout droit sortie des annales du baccalauréat de philo, mais bel et bien de la déclaration valant justification d’un professeur du collège Claude-Bernard à Villefranche-sur-Saône suite à l’exclusion d’une élève…

Reprenons l’histoire depuis le début. Le 29 janvier dernier, un prof fait son cour d’histoire-géo ; Le sujet, la Russie… Puis, le voilà qui digresse et atterrie du côté d’Israël et de la Palestine. Il semblerait alors que la nature de ce prof l’amène à balancer quelques critiques bien senties envers le peuple palestinien et a se prononcer en faveur de l’expansion d’Israël…
Dans la salle de classe, une élève de 16 ans, Zeyneb, est choquée par ce qu’elle entend et tente de protester… Peine perdue, le prof n’entend pas se voir contredire.

La jeune-fille n’entend pas elle non plus se taire pour autant, et le lendemain elle débarque en cours avec un teeshirt sur lequel est inscrit « free Palestine ». Teeshirt, il faut quand même le préciser, qu’elle arbore régulièrement au sein de l’établissement depuis deux ans…

Là, forcément le prof, qui s’il est un crétin n’en n’est pas moins pourvu d’un cerveau, comprend qu’il ne reçoit que la monnaie de sa pièce… Et le prend plutôt mal. S’ensuit une confrontation qu’il remporta haut la main, puisque la jeune-fille s’enfui du cours, en larme, et va se réfugier chez sa mère qui travaillait non-loin du collège.

Quelques jours plus tard, Zeyneb se voit notifier son exclusion temporaire de trois jours pour « Départ d’un cours sans autorisation avec refus d’obéissance » et « acte de prosélytisme ».

Soutenu par son académie, le professeur incriminé se fend alors de cette maxime profonde et définitive : Quelqu’un qui affiche ses idées n’est pas à même de recevoir un enseignement…

Moi, c’est cette phrase qui me frappe plus encore que la bisbille administrative dans laquelle se retrouve cette gamine… Parce que qu’est-ce qu’elle nous dit cette phrase ? Elle nous dit que l’école ne doit pas être un lieu d’expression de la pensée politique ? Mouais… Peut-être, et encore ça se discute. M’enfin… J’espère bien que c’est ça… Parce que sinon, cela voudrait dire qu’un esprit où la pensée politique est déjà naissante n’est plus à même d’apprendre… Et là, c’est plutôt grave comme jugement.

Vous savez ma détermination à extirper le religieux de la sphère publique et plus particulièrement de notre Éducation Nationale. Mais doit-il en être de même pour le politique ?

Dans cette histoire, et pour peu que l’on connaisse réellement tous les tenants et les aboutissants, la jeune-fille s’est mise en défaut en quittant son collège. Ok. Mais le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle l’a fait pour des raisons sérieuses, motivées, et que l’indulgence aurait dû être la règle.
Pour ce qui est du prosélytisme, qu’en est-il de celui affiché par le professeur ? Sera-t-il sanctionné lui aussi ? J’en doute… Et c’est bien pour ça que, là encore, l’exclusion de l’élève me semble disproportionnée, voir carrément injuste au regard de celui par qui le scandale est arrivé.

Cette histoire, pour anecdotique qu’elle puisse être, pose selon moi beaucoup de questions sur le rôle de l’école dans sa mission la plus sacrée qui est, toujours selon moi, de former des citoyens.

Selon moi, il est utopique de vouloir exclure le politique de l’école. C’est utopique car c’est justement à l’école que l’élève apprend à faire ses choix moraux en fonction des informations qu’il glane au fil de ses cours… En tous cas moi c’est comme ça que ma conscience politique a émergé, et je portais fièrement le keffieh pour l’exprimer.
Alors certes, le rôle de l’enseignant est de garder une stricte neutralité dans l’exposé des faits, mais je ne pense pas qu’il doive interdire pour autant l’expression de la pensée politique naissante.
Nous nous plaignons suffisamment du désintérêt croissant de notre jeunesse pour la politique… Ce n’est donc pas en la bridant que les choses s’arrangeront.

Ce professeur est clairement en faute. Il n’aurait pas dû exprimer son avis, mais plus encore il n’aurait pas dû empêcher que l’élève exprime le sien.

Car c’est comme ça que nait un citoyen, en donnant son avis.