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mercredi 21 mai 2008

L’intégrisme de retour à l’école

La nouvelle est passée largement inaperçue mais elle est, à mon sens, d’une importance capitale. C’est un article parut sur le site de Rue89.fr qui m’a mis la puce à l’oreille.
Le 15 mai 2008, le Parlement a adopté une loi transposant une directive Européenne antidiscriminatoire. L’Europe faisait pression sur la France depuis un certain temps pour étendre la lutte contre les discriminations non-plus seulement dans le monde du travail mais également aux activités non salariés.
Alors, accrochez-vous et suivez bien le fil du raisonnement de nos chers députés, car c’est un peu tarabiscoté. Moi-même j’ai mis plusieurs heures à en vouloir démêlé les fils…
Donc, au départ on essaye de traduire en droit français une directive européenne. Celle-ci concerne l’obligation de devoir certes punir, mais aussi préserver toutes personnes susceptibles d’être harcelées moralement ou sexuellement. Dans la nouvelle loi, l’Etat permet dorénavant d’offrir au public la possibilité de se prémunir de ces possibilités de harcèlement et ce dans tous les domaines de vie publique. Donc de pouvoir avoir le choix de choisir un lieu de travail, un magasin, une école, où on sera assuré d’être prémuni contre toutes formes de harcèlement.
Dès lors il convient de définir avec précision ce qu’est exactement un harcèlement moral ou sexuel. Là, je vous avoue que je ne suis pas arrivé à trouver le texte exact, mais je sais en revanche que le droit prend en compte le harcèlement à l’école.
Ainsi, la nouvelle loi permet donc d’offrir aux parents la possibilité de choisir entre une école mixte ou non. Entre une école où son enfant sera susceptible d’être harcelé sexuellement par le sexe opposé ou non.
Et l’on en vient donc à ce recul phénoménal dans notre société, à la création d’écoles où les garçons et les filles seront séparés.
Donc, pour résumer : On part d’une intention antidiscriminatoire pour arriver à une loi qui remet la discrimination sur les bancs de l’école de la République !
La mixité est pourtant une de nos avancées la plus spectaculaire en termes d’égalité homme-femme. Généralisée dans les années 60, une circulaire l'impose en juin 1965 pour toutes les nouvelles écoles élémentaires. Le 11 juillet 1975 la mixité devient obligatoire dans l'enseignement public primaire et secondaire. En mai 2008, la mixité redevient facultative. Et l’on parle de progrès ?
En faisant des recherches je me suis rendu compte qu’il s’agit en fait d’un vieux combat de la droite catholique et bien-pensante qui dure depuis des années. En effet, de nombreuses publications ont été publiées depuis les années 70 mettant en exergue les dangers inhérents au mélange filles-garçons. Du simple rejet de la tentation perpétuelle du sexe infligé à nos enfants, à une politique d’amélioration des résultats, et pour finir à ce subterfuge, une certaine droite n’a jamais cessée de lutter contre la mixité scolaire.
Cette droite minoritaire mais néanmoins puissante a eu finalement gain de cause.
Petite précision, cette loi a été adoptée selon une procédure d’urgence. C'est-à-dire qu’elle est passée par le biais d’une commission mixte (sic!) paritaire (ça vous dit quelque chose, non ?). Les amendements, notamment ceux du Sénat, ont été tout simplement éliminés du débat, et la loi est passée comme une lettre à la poste, sans tambours ni trompettes.
Alors que peut-on dire de cet événement ? Dans les faits, il est indéniable que notre société ne ressort pas grandie d’une telle mascarade, car nous avons fait un bon spectaculaire vers les inégalités du passé. Mais la question mérite d’être posée : S’agit-il d’un effet pervers de notre système législatif, ou bien, et c’est mon sentiment, d’une dérive droitiste qui s’inscrit dans la continuité du renouveau spirituel et moral voulu par Nicolas Sarkozy ? Souvenons-nous du discours de Latran, de celui de Ryad, de celui du CRIF…
Après la laïcité, c’est la mixité qui est maintenant malmenée par ce gouvernement.