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mardi 9 juin 2009

Omar Bongo, l’employé modèle

C’est vraiment pas de bol. Ce matin je m’étais dis, comme ça, qu’aujourd’hui je ferais relâche… C’est vrai quoi ! Ça va faire cinq jours que je suis sur le pont et franchement je trouvais que je méritais bien un peu de repos. Et puis voilà que je tombe sur une de ces dissonances qui a le don de me faire tiquer…

Omar Bongo, président du Gabon est mort. Enfin mort, devrait-on dire. Parce que depuis deux jours entre annonce et démentis on ne savait plus trop si le monsieur continuait à végéter sur son lit d’hôpital ou avait rejoint les cieux.
Donc, ça-y-est, c’est officiel, Omar Bongo est mort. Que ce soit dimanche soir au lundi midi n’a pas vraiment d’importance, sauf peut-être pour ceux qui ont quelques précautions à prendre dans ce genre de situation. On peut imaginer que la mort d’un chef d’état, fut-il gabonais, est quand même plus facile à digérer si elle est anticipée… Mais bon, ce n’est pas ça qui m’a fait tiquer.
Non, ce qui m’a fait réagir, c’est que ce matin en lisant la presse je lis dans le Figaro : L'hommage de Sarkozy et de Chirac au «sage» Omar Bongo. Et quelques lignes plus loin j’apprends que l’Omar en question était un super président, un humaniste, un saint… Bref il semblerait que son décès soit une grande perte pour l’humanité.
Notre PGE a déclaré : «C'est un grand et fidèle ami de la France qui nous a quittés, une haute figure de l'Afrique et un chef d'Etat qui avait su gagner l'estime et le respect de l'ensemble de ses pairs, notamment par ses nombreuses initiatives en faveur de la paix sur le continent africain».
Et le vieux Chirac de surenchérir : « Il aura réussi à s'imposer comme un sage, contribuant, à la paix et à la stabilité de l'ensemble du continent africain. A la tête de la République du Gabon, Omar Bongo n'aura eu de cesse pendant quarante ans d'œuvrer au développement économique et social de son pays, comme de l'Afrique entière».

Pardon ? Vous dites ? Cela fait quarante ans que le vieux présidait à la destiné de son pays ? Comment c’est possible ça ? C’est pas possible, a moins d’être un… Non, vous vous trompez... La France ne peut pas encenser un type qui ne serait qu’un… Dictateur ?

Alors, c’est peut-être vrai que la France a perdu un ami. Moi je dirais qu’elle a perdu un employé, ce serait plus juste. Et qui plus est un employé méritant puisque Monsieur Bongo est entré dans l’entreprise France en 1967, et depuis n’a eu de cesse de satisfaire les ambitions de ses employeurs.
Sa plus belle mission fut de garantir pendant des décennies aux entreprises pétrolières hexagonales l’accès plein et entier aux gisements offshores du Golf de Guinée (les taches vertes à droite). Les intérêts de l’état français, puis ceux des actionnaires privés furent donc préservés grâce à son action.

Alors bien sûr, il y eu de sa part quelques petits dérapages… Il aurait, dit-on, un petit peu détourné la manne financière pétrolière au profit de sa famille... Enfin, c’est ce qu’on dit, parce que pour trouver des preuves c’est un peu compliqué tant la justice a du mal à s’assurer la coopération des gouvernements.
Bon, en attendant qu’il soit démontré que ce type était un escroc et un dictateur, on continu quand même à en dire du bien. Elle est comme ça l’entreprise France. Au côté de ses employés lorsque le deuil les frappe. C’est une bonne mère.

Et ce ne sont pas les élucubrations d’une ex-juge d’instruction (gauchiste forcément) recyclée dans la politique écologiste qui va ternir la réputation d’un sage quand même !

Un sage, c’est forcément un type bien… Ou en tous cas ça sera toujours un bon employé.