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mardi 5 août 2008

Une lettre d’intention.

Aujourd’hui je vais me faire le relayeur d’un personnage très intéressant pseudommé Sisyphe. Celui-ci publie régulièrement sur le site d’AgoraVox. Il officie également sur un forum auquel je participe (Bibiouland). Sisyphe a porté à mon attention une lettre coécrite par plusieurs responsables politiques de la gauche européenne adressée au tout nouveau Président de l’union, j’ai nommé Nicolas Sarkozy. Cette lettre, en date du 22 mai 2008, dénonce les dérives du libéralisme et enjoint sa sainteté Le Nain de prendre en compte les signes avant-coureurs d’une crise majeure, qui frappera l’Europe dans les mois à venir… Jusqu’à ce jour, aucune réponse n’a encore été apportée. Je gage que notre Glorieux Président Elu ruminera la question pendant ses vacances et qu’il répondra à tous ces illustres opposants dans des termes rassurants et plein d’optimisme ! En attendant voici la lettre en question, cosignée par messieurs Jacques Delors, Jacques Santer, Helmut Schmidt, Otto Graf Lambsdorff, Lionel Jospin, Pär Nuder, Michel Rocard, Hans Eichel, Göran Persson, Daniel Dãianu, Massimo d’Alema, Ruairi Quinn, Poul Nyrup Rasmussen, Eero Heinäluoma, Paavo Lipponen

M. le Président,

Les marchés financiers ne peuvent nous gouverner !

La crise financière actuelle n’est pas le fruit du hasard. Elle n’était pas impossible à prévoir, comme le prétendent aujourd’hui les hauts responsables du monde des finances et de la politique. La sonnette d’alarme avait été tirée il y a des années déjà par des individus lucides. La crise incarne de fait l’échec de marchés peu ou mal régulés et elle nous montre une fois de plus que ceux-ci ne sont pas capables d’autorégulation. Elle nous rappelle également les inquiétantes inégalités de revenus qui ne cessent de croître dans nos sociétés et jette de sérieux doutes sur notre capacité à nous engager dans un dialogue crédible avec les nations en développement concernant les grands défis mondiaux.

Les marchés financiers sont devenus de plus en plus opaques et l’identification de ceux qui supportent et évaluent les risques se révèle être un défi titanesque. Le secteur bancaire dit ‘de l’ombre’, peu ou pas régulé, n’a fait que croître au cours des vingt dernières années. Les grandes banques ont participé à un jeu de « création and distribution » de produits financiers extrêmement complexes et elles se sont embarquées dans la vente, sous un emballage assez douteux, de dettes liées à des emprunts immobiliers à haut risque. Des régimes de primes inadéquats, une vision à trop court terme et les conflits évidents d’intérêt ont encouragé les transactions spéculatives.

Les prêts hypothécaires douteux, basés à tort sur l’idée que les prix de l’immobilier continueraient d’augmenter sans cesse, permettant ainsi de rembourser la dette contractée, ne sont que les symptômes d’une crise plus large en matière de gouvernance financière et de pratiques commerciales. Les trois plus grandes agences de notation au monde ont noté ces drôles de valeurs comme étant relativement sans risque. Une banque d’investissement a gagné des milliards de dollars américains en spéculant à la baisse sur les titres subprime tout en les vendant à ses clients, ce qui résume de façon plus qu’éloquente la perte de toute éthique dans le monde des affaires !

Nous avions été mis en garde des dangers de cette situation. Alexander Lamfalussy et le Comité des sages, dans un rapport sur les marchés des valeurs européennes (2001), ont souligné le lien entre l’apparente efficacité accrue de ces marchés et le prix à payer en matière de stabilité financière. Paul Volker il y a quelques années avait déjà exprimé son inquiétude. Paul Krugman a également pointé le doigt vers les menaces posées par des entités financières non régulées en croissance il y a à peu près une décennie. En 2003, Warren Buffett a taxé les produits dérivés d’« armes financières de destruction massive ». Un rapport de la Banque d’Angleterre sur la stabilité financière a mis en avant le fossé dangereux existant entre les créanciers et les conséquences de leurs décisions.

Le problème réside dans le modèle actuel de gouvernance économique et d’entreprise axé sur une maigre réglementation, sur un contrôle inadéquat et sur une offre trop faible de biens publics.

La crise financière ne démontre que trop clairement que l’industrie financière est incapable d’autorégulation. Il est impératif d’améliorer le contrôle et le cadre réglementaire des banques. Il faut également revoir les cadres réglementaires pour les instruments d’investissement. L’utilisation d’instruments financiers (comme les CDO - obligations adossées à des actifs) doit être réglementée. Toutes les institutions financières devraient, à l’instar des banques, maintenir des réserves minimales et le ratio d’endettement ne peut rester illimité. Enfin, les régimes de primes doivent être revus afin d’éviter que la prise de risques inconsidérés ne soit encouragée sans une certaine prudence.

En ce qui concerne les conséquences de cette crise sur l’économie réelle, il semble que les experts économiques du monde entier aient été frappés d’un accès de timidité. Presque tous les instituts de prévisions revoient leurs évaluations de croissance à la baisse pour les pays développés en 2008 et 2009. Mais personne n’ose dire clairement si l’Europe est menacée d’une récession économique ou pas. Certains symptômes toutefois ne trompent pas. Dans le cas de l’Union européenne, une récession cette année ou l’année prochaine aurait des conséquences dramatiques.

L’inégalité croissante de revenus s’est produite parallèlement à une croissance continue du secteur financier. Il est vrai que les progrès technologiques ont contribué de façon significative à des différences de plus en plus importantes de revenus en favorisant la main d’œuvre hautement qualifiée. Toutefois, les politiques mal avisées ont également eu un impact majeur dans ce domaine. Le capital financier représente à présent 15 fois le produit intérieur brut (PIB) de tous les pays. La dette cumulée des ménages, des entreprises financières et non financières et des autorités publiques américaines représente plus de trois fois le PIB des USA, soit deux fois le niveau enregistré lors du krach boursier de 1929. Le monde des finances a accumulé une masse gigantesque de capital fictif mais qui n’améliore que très peu la condition humaine et la préservation de l’environnement. Cette crise financière a permis de cerner un peu mieux les alarmantes disparités de revenus qui n’ont fait qu’augmenter au cours des dernières décennies. L’ironie de la chose est que les salaires et les primes de nombreux PDG ont atteint des niveaux extrêmement élevés alors que le rendement de leurs sociétés stagnaient ou même baissaient. L’enjeu éthique est donc majeur.

Les libres marchés ne peuvent faire fi de la morale sociale. Adam Smith, père du laisser-faire économique, a également écrit la « Théorie des sentiments moraux » et Max Weber a établi le lien entre le dur labeur et les valeurs morales d’une part, et l’avancée du capitalisme de l’autre. Le capitalisme décent (soit un capitalisme respectueux de la dignité humaine, pour reprendre les propos d’Amartya Sen) requiert une intervention publique efficace. La recherche du profit constitue l’essence de l’économie de marché. Mais lorsque tout est à vendre, la cohésion sociale s’effrite et le système s’effondre.

La crise financière actuelle réduit la capacité de l’Occident à entamer un dialogue plus constructif avec le reste du monde sur les défis mondiaux, sur la gestion des effets de la mondialisation et du réchauffement de la planète - alors que le boom économique extraordinaire de l’Asie pose de nouveaux défis sans précédent.

Les augmentations spectaculaires des prix de l’énergie et des produits alimentaires viennent aggraver les effets de la crise financière et sont de mauvais augure. Il est très significatif que les fonds spéculatifs aient contribué à la hausse des prix des denrées de base. Les citoyens des pays les plus pauvres en seront les plus touchés. Nous risquons de nous trouver face à une misère sans précédent, à une prolifération d’états faillis, à des flux migratoires plus importants et à davantage de conflits armés.

Certains clament haut et fort que l’Europe compte ‘des économies solides’, avec un meilleur contrôle financier et une meilleure réglementation qu’aux Etats-Unis. On pourrait dire qu’il en est en partie ainsi. Mais n’oublions pas les problèmes croissants sur les marchés immobiliers au Royaume-Uni, en Espagne et en Irlande et le marasme économique qui se répand partout en Europe. Pensons également au nationalisme économique et au populisme qui ont tous deux le vent en poupe.

Les décideurs européens, tant au niveau de l’Union que national, doivent apporter une réponse ferme à l’actuelle crise financière. Nous avons besoin de pragmatisme, d’ouverture d’esprit et de coopération dans la poursuite d’objectifs communs.

L’Europe doit étudier ces évolutions et identifier les conséquences prévisibles dans le court et le long terme afin d’élaborer des propositions à l’adresse de la communauté internationale permettant de contrer les effets et les causes profondes de cette crise.

Il est temps de créer un ‘Comité de crise européen’ qui rassemble des représentants politiques de haut niveau, d’anciens chefs d’Etat et de gouvernement ou des ministres des finances ainsi que des économistes renommés et des experts financiers de tous les continents. Ce comité doit se donner comme tâche de :

Procéder à une analyse détaillée de la crise financière dans le contexte plus large que nous avons essayé de décrire plus haut ;
Identifier et évaluer les risques socioéconomiques que comporte la crise financière pour l’économie réelle, en particulier en Europe ;
Proposer une série de mesures au Conseil de l’UE afin d’éviter ou de limiter ces risques ;
Présenter au Conseil des ministres, aux Etats membres du Conseil de sécurité de l’ONU, au directeur général du FMI et à toutes les autorités et instances concernées une série de propositions afin de limiter les effets de la crise et préparer une Conférence financière mondiale afin de repenser les règles de la finance internationale et de la gouvernance concernant les thèmes économiques mondiaux.

En 2000, nous avons convenu de faire de l’Union européenne la région la plus compétitive au monde. Cette ambition a été réitérée en 2005. Nous devons garantir que la compétitivité de l’Europe soit soutenue et non minée par les marchés financiers. Nous devons agir sans plus tarder : pour nos citoyens, pour davantage d’investissements, pour la croissance économique, pour la justice sociale, pour des opportunités d’emplois, et en définitive, pour un meilleur avenir pour tous les Européens.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de nos sentiments distingués

Si vous ne savez pas encore ce qui risque de nous tomber sur le coin de la gueule dans les tous prochains mois, je vous engage à aller jeter un œil sur le think-tank Europe2020. Après avoir lu ce qui nous attend, essayez de garder le moral quand même ! Cela ne durera que jusqu’en 2013…


Je suis désolé, mais cet article rencontre des problèmes inexpliqués au niveau des commentaires. En effet, ceux-ci m’arrivent bien par mail, mais n’apparaissent pas sur le blog… Alors que sur des articles plus récents, c’est l’inverse. Je n’ai, hélas, aucune explication à vous fournir… C’est peut-être un robot maléfique aux ordres de Ségolène pour torpiller la lettre de Fabius et Rocard !

17 commentaires:

Anonyme a dit…

voyons si je peux entrer dans cette forteresse!les procédures de sécurité , bien compréhensibles, n'incitent pas à la spontanéité.
si oui, salut Gwendal, salut vous tous les amis !
cette lettre est inquiétante en effet ,autant par son contenu que par les signataires !Le calendrier prévisionnel est assez implacable !qui doit craindre ? les plus fragiles bien sûr !

Anonyme a dit…

Hourrah ! c'est passé! j'ai retrouvé l'entrée de ton Blog Gwendal ! je vais pouvoir participer de nouveau aux petites causettes .et d'abord, salut Lucie ! Les étoiles sont très brillantes en ce moment!

eh bien non, ça ne passe pas; il faut recommencer la procédure ...

Gwendal Denis a dit…

Bravo Lucifer ! Je savais que tu allais y arriver ! C’est pas compliqué, juste chiant. Mais hélas, je ne peux faire autrement que de sécuriser un minimum cet espace. Il y aurait bien une autre solution qui serait de n’autoriser les commentaires qu’à des membres préalablement inscrits… Mais je n’aime pas trop cette option. Cela ne correspond pas avec ce que je veux faire de ce blog.

Anonyme a dit…

Moi je passe avec code habituel sur blogspot et... avec pub - c'est voulu ?

Gwendal Denis a dit…

'soir Hélène. Heu... Non la pub, c'est pas voulu (c'est pas trop mon truc). C'est quel genre? Et cela survient à quel moment?

Anonyme a dit…

Ouai ouai ouai, et il l'ont envoyer a sarko ce blabla?

Ce serait un 1er avril j'aurais compris, mais là...

Enfin jveux dire, si il le lis ca sera deja un exploit et que par la suite il s'en contre foute sera la situation la plus plausible.

Ps: ton blog merdouille un peu on dirait gwen au moment ou j'ecris, 3fois que je retente 3 fois que ca en marche pas et que je vois a la place de mon commentaire, les tiens ceux d'helene et lucifer s'afficher au fur et a mesure :DDD

Gwendal Denis a dit…

Ton dernier post, Pseudo je l'ai reçu par mail, 3 fois de suite, 4 en comptant ta question... Je sais que depuis que j'ai mis le vérificateur d'orthographe, ça merde un peu... Fait chier, je n'ai pas de solution pour l'instant.

Gwendal Denis a dit…

Ton dernier post, Pseudo je l'ai reçu par mail, 3 fois de suite, 4 en comptant ta question... Je sais que depuis que j'ai mis le vérificateur d'orthographe, ça merde un peu... Fait chier, je n'ai pas de solution pour l'instant.
Même mes réponses ont du mal à passer...

Anonyme a dit…

C'est juste quand tu cliques sur "commentaire", hop 2 fenêtres s'ouvrent une de pub en premier et une de commentaires en deuz. Bon si tu laisses la fenêtre pub ouverte, tu peux aller sur d'autres posts sans nouvelles fenêtre sinon ça change.

On utilise mozilla + alice adsl.

Anonyme a dit…

Remarque c mignon, je viens d'avoir une pub de... la Camif !

Anonyme a dit…

alors , pseudo , tu te répetes maintenant?
Je peux crâner , car moi aussi j'ai eu beaucoup de mal à trouver le code d'entrée ! courage!

Anonyme a dit…

alors, pseudo , tu te répètes maintenant !
je peux crâner, car moi aussi j'ai beaucoup peiné pour trouver le code d'entrée ; courage!

Anonyme a dit…

pom!... pom!... pom!pom!... pom!... pom!pom!... pom!pom!... pom!pom! (marche funèbre)
ça fait longtemps que j'hésite à me prononcer sur cette lettre. La plupart de ces individus ont eu du pouvoir, ont eu les moyens d'infléchir les choses, ils n'y sont pas arrivés, et ils voudraient que Sarko y arrive, alors qu'il est plus fidèle serviteur du grand capital???...
Ben oui les gars, on va dans le mur: une seule chose, on ne sait pas à quelle vitesse ni dans quel wagon on est... je parie que les auteurs de cette lettre comme ceux qui nous précipitent dans le mur ne sont ni dans la loco, ni dans les wagons de tête, mais au buffet de la gare!

Anonyme a dit…

Qu'est-ce que vous avez tous à bégayer comme ça ?

Anonyme a dit…

Woops :DD

Amusant pour le coup.

Bref, perso firefox+antipub et ca roule ("ad block plus" pour ceux qui veulent chercher et flash block pour les popup flash qui font chier)

Anonyme a dit…

Faisons un petit test juste comme ca.

J'avais envoyer un autre commentaire en réponse a lucifer et a priori il a toujours pas fait coucou :D

Alors on verra ci celui ci passe ou si il fait apparaître l'autre :p

Gwendal Denis a dit…

Je suis désolé pseudo, mais comme je l’ai dis précédemment, les problèmes d’édition de commentaires semblent se focaliser sur cet article et rien que celui-là. J’ai reçu ton commentaire par mail, mais je ne le vois pas apparaitre non plus sur le blog… Va savoir pourquoi ? Mystère et boule de gomme, à moins que ce ne soit la faute d’un robot maléfique aux ordres de Ségolène pour torpiller la lettre de Fabius et Rocard !