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mercredi 28 octobre 2009

Agriculture : De l’électoralisme à 1,65 milliard d’euros

Bon, avant même que de commencer ma petite prose du jour, dont entre parenthèse je ne sais encore pas de quoi elle causera, je tiens à vous signaler un excellent reportage à voir sur France 3 ce soir à 23h00. Oui, je sais c’est tard, mais croyez-moi ça vaut le coup. Il s’agit de la troisième et dernière partie de « La mise à mort du travail » diffusé lundi soir. Un documentaire fascinant sur le monde de l’entreprise, la déshumanisation et la manipulation des relations entres managers et « collaborateurs ». Bref, un doc édifiant. J’y reviendrais certainement dès que j’aurais un lien pour vous le faire découvrir…

Sinon, et bien je voudrais vous causer (ça y-est j’ai trouvé) de la petite démonstration d’électoralisme de notre PGE hier. PGE, je le rappelle pour les nouveaux, c’est notre Président Glorieusement Élu.
Alors comme ça, il semblerait qu’il soit beaucoup plus aisé de sortir des pépettes pour une certaine catégorie de personnes, mais beaucoup plus compliqué pour d’autres.
1,65 milliard d’euros en prêts, allègement fiscaux et faveurs diverses pour les agriculteurs et rien que pour eux !

Lorsque ce sont les profs qui défilent dans la rue pour réclamer des sous, la réponse du gouvernement c’est quedalle et des licenciements en prime. Mais lorsque ce sont les agriculteurs… C’est une autre paire de manche ! On s’aplatit, on fouille le fond de ses poches !

Bon, ne soyons pas dupe. Il s’agit bien évidemment de mesures destinées à apaiser un électorat récalcitrant, qui a parfaitement conscience du pouvoir qu’il représente et qui s’en sert.
Hier, nous parlions d’un désamour croissant chez les électeurs sarkozystes et de la campagne de reconquête entreprise pour les ramener dans le droit chemin… Grande discussion sur l’identité nationale, et maintenant un geste, un gros geste, envers l’électorat de base de la droite. La machine est en marche ! Et tout ça, avec nos sous bien sûr…
Pour vous en convaincre voici ce que l’autre empafé disait hier :
«La terre fait partie de l’identité nationale. Et l’identité nationale est constituée, notamment, du rapport des Français à la terre. » Ou encore «L'agriculteur est un producteur, un entrepreneur. Pas un jardinier.»

Alors, je ne sais pas encore si cela va marcher ou pas. Ce que je sais par contre, c’est que les libéraux là-bas à Bruxelles, risquent de ne pas apprécier ces financements et vont hurler à la concurrence déloyale. De même, je doute fortement que ces faveurs grandioses profitent réellement au petit paysan en difficulté, mais permettent surtout de continuer à engraisser les céréaliers et les grands groupes de l’agroalimentaire.

Ça mes amis, ça s’appelle de l’électoralisme. Et l’électoralisme se balade toujours avec son pote le populisme et sa copine la démagogie. Et ce qui me navre plus tout, c’est que dans la plupart des cas, ce genre de mariage à trois fonctionne dans la plupart des cas...

Je suis bien conscient des difficultés que les agriculteurs rencontrent (n’oubliez pas que j’ai une formation agricole), et j’en ai d’ailleurs déjà parlé ici. Mais ces difficultés ne seront aucunement écartées par l’ajout d’un milliard ni même de deux ou trois. Ce qui ruine nos paysans, ce sont ces grosses firmes qui imposent leur loi. Ce sont ces intermédiaires et ces distributeurs qui en faisant jouer la concurrence déloyale de la mondialisation fixent des prix artificiellement bas.

Et de ça notre PGE n’en n’a bien évidemment pas parlé. Ni même d’ailleurs de l’agriculture bio… Un oubli sans doute.

9 commentaires:

Homer a dit…

J'amène mon point de vue su la chose: les petits agriculteurs vont se faire en-tu-ber. Car il est de notoriété que les exploitants vivent dans l'endettement, pour échapper aux charges sociales et fiscales. Si, si ! Bref, avec des revenus à la limite du négatif, ils ne se dégagent pas de salaire, mais: investissent dans du matos, achètent des terres - valeur sure -, réintègrent des aides, déduisent des placements... Bref, il ne faut pas tous les mettre dans le même panier. J'ai beaucoup plus peur pour les éleveurs que pour les paysans de la terre.

Gwendal Denis a dit…

Les principaux bénéficiaires vont encore être les grands par rapport aux petits, comme d’hab. Quand il dit «La France compte 30.000 producteurs de fruits et légumes, pour 285 organisations professionnelle et seulement 5 clients. Je vous le dis : vous devrez modifier un certain nombre de failles dans votre fonctionnement.» Ça veut dire quoi ?

Ça veut dire qu’il est clairement pour une agriculture industrielle formée par de grands groupes qui, dans son esprit malade, seront capables de lutter face aux distributeurs.
Adieu les familles paysannes, adieu les petites fermes et bonjour le paysan/employé dans une multinationale de l’agroalimentaire !

Pseudo a dit…

Suffit de regarder les etats-unis a mon avis pour savoir ce qu'ils veut…

De la putain de grosse industrie qui crache toujours plus de benef.

M'enfin c'est pas nouveau.

Monique a dit…

salut Gwen et salut à tous !
Reconnectée, je suis. Ouf!

Je te suis complètement sur les intentions électoralistes..sauf que si les concernés n'ont pas trop la vue basse ( sans jeu de mot) ils devraient réaliser que ce n'est pas avec le chèque aussi important soit-il qu'ils vont s'en sortir à terme. Juste un os à ronger pour calmer la meute. Les problèmes sont structurels et la structure qui se casse la gueule, c'est la politique de productivité intensive et tout le bordel que la politique agricole européenne a foutu depuis des années...

Autre remarque :

A l'article précédent sur l'identité nationale, voilà déjà dans le discours de l'autre empaffé en direction des "exploitants agricoles", une réponse intéressante. L'identité nationale passerait donc par la possession de la terre ?
L'identité nationale serait-elle plus affirmée pour les possédants ?

Toi qui est sensible au pouvoir des mots :
de paysan (celui du pays) on est passé à agriculteurs ( celui qui cultive la terre)et éleveurs. Déjà une première différenciation alors qu'auparavant être paysan c'était un tout.
Un cycle de production naturel. La terre avait besoin de l'élevage et réciproquement...
Ensuite, on a encore "spécialisé" : céréaliers, maraichers, apiculteurs, éleveurs de ci ou de ça, viticulteurs...chacun une seule production et si possible, intensive.

Et on a rompu avec les équilibres.
La terre est essorée...on doit la perfuser en pesticides, engrais et autres joyeusetés du genre...On pollue les nappes, les élevages intensifs en rajoutent une louche..etc...
Et comme ça ne suffit pas, avec la surproduction, les prix s'effondrent..
Je shématise, mais à peine.

J'ai la chance d'avoir quelques amis paysans et fiers de l'être, qui n'ont pas cédé aux sirènes de la mono-production... ils se disent vignerons, dans ma région et continuent par ailleurs à cultiver fruits, lavande, céréales..
Ils ont quelques petits troupeaux et finalement, sont beaucoup moins touchés par les problèmes agricoles que bien d'autres.
Ils vendent autant qu'ils le peuvent à proximité et à des prix raisonnables.

Et les presque deux milliards de sarko les feraient sourire si ce n'était pas aussi et encore NOTRE pognon qui allait servir à la campagne électorale !!

Allez , des bises !!!

Mob'

Leptitbenji a dit…

Salut Gwendal,
Juste un bonjour en passant pour te dire que je te lis toujours, et que depuis au moins 3-4 billets, je suis à peu près d'accord à 100% avec ce que tu écris ;-)
Sur ce billet sur l'agriculture, je rajouterai que notre grosse industrie agro-alimentaire a également des conséquences néfastes, voire très graves, pour les producteurs du Sud qui ne peuvent rivaliser en terme de productivité et de prix, à tel point que ces pays doivent importer nos produits agricoles du Nord pour pouvoir se nourrir alors qu'une grande part de la population travaille dans les champs et reste pauvre.

Gwendal Denis a dit…

C’est pas trop tôt ! Non sérieux, tu me manquais tu sais ? (Tu NOUS manquais !)
Bon l’essentiel est que tu sois reconnectée avec le monde. Et en plus quel retour ! Une bonne contribution informative et tout et tout…

Pour rebondir sur la notion d’identité nationale liée à la terre, j’y vois une contradiction… En effet, si Sarko veut privilégier les « possédants » comme tu dis, c’est dans une vision ultralibérale de la chose. Mais, avec la mondialisation, ces possédants ne sont plus des « français », ce sont des fonds de pension américains ou des banques internationales ! Alors, où se situe « l’identité nationale » là-dedans ? Libéralisme et nationalisme sont deux notions difficiles à manier dans un même contexte.

Gwendal Denis a dit…

Oups ! Croisement de commentaires au dessus de l’atlantique !
Bon, celui d’avant s’adressait à Monique et maintenant je vois répondre à Benji…

Salut Benji ! Merci pour ta fidélité.
Exactement, la mondialisation et la mainmise des grandes compagnies sur les terres agricoles du sud dans le but de produire des monocultures à destination des pays du nord, ruine peu à peu ces mêmes pays (du sud).
Dis-donc, toi l’exilé dans l’Oregon, je suis ravi que tu sois encore d’accord avec mes billets ! Ca veut dire que le système US ne t’a pas encore attrapé, et j’en suis ravi !
(Je te surveille tu sais ?)

Leptitbenji a dit…

Ca n'est pas un secret, je suis moins à gauche que toi, mais ça ne veut pas dire que je vais me transformer en un néo-lib de base^^
De toute façon, je suis dans une ville marquée très à gauche... ça se ressent dans la population, très progressiste et libérale (sens US), mais aussi dans le ton et le discours de mes profs. Bref, je ne suis pas dans l'antre de l'ultralibéralisme et j'ai encore et toujours un regard très positif sur notre modèle français, bien qu'il y ait encore beaucoup à faire.
A bientot.

Gwendal Denis a dit…

Portland... Terre de révolution !