Je voulais vous dire…


Un blog qui parle de politique, de social, d'environnement... De la vie quoi!


vendredi 11 septembre 2009

De l’inégalité des valeurs

Cela fait un bout de temps que j’évite le sujet, me contentant de quelques commentaires jetés ici ou là sur des sites et des blogs, qui eux ont eu le courage de l’aborder ou, tout du moins de poser la question.
Je veux parler bien sûr du port de la burqa, ou du niqab ou de toute autre manifestation vestimentaire musulmane au sein de notre société.
Oui, je me permets de citer nommément la religion impliquée dans cette polémique, car il s’agit bien d’elle et d’elle seule. Il est important, je pense, d’appeler un chat, un chat dès le début. Comme ça, au moins, les choses sont claires pour tout le monde.

Pourquoi je vous parle de courage lorsqu’il s’agit d’aborder le sujet des voiles musulmans (car il y en a plusieurs), et bien parce que lorsque l’on est comme moi, de gauche, la tolérance et sensée être une vertu cardinale. Et c’est bien là que réside la difficulté, car lorsque l’homme ou la femme de gauche est confronté à un problème lié au « vivre ensemble », cette vertu cardinale est sensée s’appliquer, et ce quelque soit le cas de figure.

De même, prendre le parti de dénoncer les abus d’une culture n’est pas chose facile non-plus. Car oser agir de la sorte, c’est se voir immédiatement accuser de racisme, de xénophobie et autres infamies.

Depuis une certaine époque, que je situerais dans les années quatre-vingt, porter un jugement sur une culture est chose particulièrement malvenue, voir impossible et ce au nom d’une je ne sais qu’elle prétendue égalité culturelle. Qui sommes nous pour juger les pratiques culturelles de tel ou tel pays ? Voilà ce que j’ai entendu dans ces années-là, et j’avoue que ce précepte m’a longuement marqué.
A l’époque, pour moi, l’argument prenait un sens. Mais les choses ont quelque peu changées depuis. La mondialisation, la globalisation, l’augmentation du fossé qui sépare le nord et le sud de la planète, ont accentués le brassage des populations, plus surement qu’une guerre ou qu’une famine. Ainsi la France, terre d’asile des opprimés politiques du monde entier est devenu également un but à atteindre pour d’autres forme d’opprimés. Les opprimés économiques.
La différence est d’importance. Car en effet, lorsque l’on émigre vers un pays dont les valeurs nous parlent, c’est dans le but de se les approprier et ainsi de vivre à travers elles. Par contre, dans le cas d’une émigration économique, les valeurs d’un pays passent au second plan devant la motivation première qui est le niveau de vie.
Je ne dis pas que c’est la raison des problèmes d’intégration que nous rencontrons en ce moment, mais ce peut être un début d’explication…

Prétendre que chaque culture se vaut est chose facile si chacun reste chez soi et/ou ne fréquente l’autre que dans le cadre de brefs séjours. Lorsqu’il s’agit de vivre ensemble (je dis bien ensemble, et non-pas l’un à côté de l’autre), les choses sont un peu plus compliquées et forcément, à un moment ou à un autre, les valeurs propres à chaque culture vont se trouver confrontées. Et c’est exactement ce qui arrive en ce moment dans notre pays à propos du port du voile.

A mon sens, il convient d’arrêter de porter une espèce de non-jugement culturel sur certains us et traditions, et de revenir à une véritable appréciation politique (*). Je m’explique :

Le jugement culturel est forcément neutre. Il oblige celui qui le pratique à ne jamais prendre réellement parti pour l’une ou pour l’autre des cultures qu’il côtoie sous prétexte de la liberté que chacun a de vivre comme il l’entend et de pratiquer la religion qu’il désire. Sur le fond, je pense que tout le monde ne peut être que d’accord avec ce genre de principe. Cependant, ce principe ne fonctionne en réalité qu’en surface, et perd tout son sens lorsqu’il s’agit de réellement approfondir la relation que l’on a avec la culture en question. En clair, à un moment ou à un autre, il y aura forcément quelques-chose que vous ne pourrez supporter dans la culture de l’autre, ou que vous ne pourrez plus tolérer, et ce qu’elle que soit votre souplesse d’esprit.
Ainsi une société qui interdit à la femme de conduire, de montrer son visage, de parler avec d’autres hommes, de voter, etc, ne revêt si l’on se contente d’un jugement culturel, aucune particularité par rapport à la notre. Cette société et la notre sont du même niveau. Elles sont égales.

D’un point de vue politique, les choses sont différentes. Porter un jugement politique, c’est dire par exemple qu’une société qui décrète l’égalité de l’homme et de la femme c’est une société meilleure que celle qui ne la décrète pas. Le jugement politique implique des valeurs, et parmi ces valeurs, comme pour les valeurs numériques, certaines sont supérieures à d’autres. Il n’y a rien de présomptueux là-dedans. Seulement de la logique et de la continuité dans le jugement.

En ce qui me concerne, je pense qu’il est maintenant nécessaire que le jugement culturel cède le pas à un jugement politique courageux. La France, la société française si vous préférez, détient des valeurs qui lui sont propres. Ces valeurs, vous les connaissez comme moi, ce sont la liberté, l’égalité et la fraternité. Et le ciment qui permet à ces valeurs de s’exprimer, c’est la laïcité.

A travers le filtre de ces valeurs, il n’est pas monstrueux de dire qu’un pays, en l’occurrence le notre, où une femme peut voter est supérieur à un pays où la femme n’a pas le droit de vote. Une société qui a abolit la peine de mort est une société supérieure à celles qui la pratiquent encore. De même, un pays qui respecte les droits de l’homme est un pays supérieur moralement à un pays qui ne les respecte pas. Une société démocratique est supérieure à une dictature. Et enfin, un pays laïc est supérieur à un pays qui ne l’est pas.
J’emploie le mot « supérieur » à dessein, pour que vous compreniez que les valeurs humaines universelles sont repérables sur une échelle et que celles-ci ne se valent pas. On pourrait tout aussi bien ramener le sujet à sa plus simple expression en disant tout simplement que ceci est bien, ou que cela est mal. C’est du même ordre.

Alors bien sûr, il n’est pas question de retomber dans les travers qui furent ceux de notre société occidentale, qui en usant d’un sentiment de supériorité similaire s’est permis de vouloir l’imposer aux autres aux travers du biais malfaisant de la colonisation. A mon sens, vouloir imposer son modèle culturel, c’est à coup sûr perdre des points sur l’échelle des valeurs universelles. Bien au contraire, plus une société progresse sur cette échelle, plus elle se doit d’être humble et se contenter d’être seulement responsable.

Bien évidemment, j’entends déjà les reproches que cette conception des choses risque de me valoir. Parmi ceux-ci il y aura sans doute en bonne place le fait que notre société n’est pas exempte d’injustices, de discriminations, et que nous ferions mieux de balayer devant notre porte avant que de vouloir donner des leçons aux autres.
Moi je dis que ce genre d’argument n’est ni plus ni moins que de la foutaise, et ne sert qu’à détourner l’attention.

Bien sûr que notre société n’est pas parfaite. Mais ce fait ne doit en aucun cas nous culpabiliser et nous empêcher de dire aux autres, que ce qu’ils font est mal.
En cultivant cette culpabilité nous ne faisons que nous comporter comme ceux qui se contentent de jugements culturels, nous nous complaisons dans l’immobilisme.

Ainsi, compte tenu de tout ce que je viens de vous dire, vous comprendrez que je ne peux en aucun cas accepter qu’une partie de la population de la société dans laquelle je vie, revendique le « droit » de porter des signes religieux éminemment rétrogrades.
Et le voile, à fortiori le voile intégral comme la burqa ou le niqab, est éminemment rétrograde.
Cacher la femme sous prétexte que celle-ci peut être source de tentations pour la gente masculine. C’est rétrograde.
Pire encore, c’est une insulte faite aux femmes.

Pour finir je voudrais revenir sur le sens du mot tolérance. Ce mot tant entendu dans ma jeunesse, et qui fut mon credo pendant des années.
La tolérance c’est l’acceptation de quelque-chose bien que celle-ci ne soit pas conforme au règlement, au statut, à la loi… (Larousse).

S’il y a une chose que j’ai compris en menant la réflexion nécessaire à ce billet, c’est que la tolérance est une vertu certes. Mais celle-ci doit avoir obligatoirement une limite sous peine de devenir un défaut majeur.

(*) Voir pourquoi ici.

27 commentaires:

Didier Goux a dit…

Tiens, voilà bien un des rares billets intelligents que j'ai lus sur ce sujet ! (Su les blogs de gauche, veux-je dire...)

Je ne suis pas d'accord avec tout, mais c'est construit, ça se tient, et on sent que ç'a été écrit avec le cerveau et non avec je ne sais quelle tripaille sentimentale.

Gwendal Denis a dit…

@Didier Goux : Merci. Comme quoi on peut-être de bords opposés et avoir quand même quelques valeurs en commun.

Didier Goux a dit…

C'est que, voyez-vous, je ne suis jamais très assuré de savoir quel est "mon bord" au juste. (Il arrive que Nicolas me traite de gauchiste, c'est dire...).

En tout cas, mon bord est moins solide que le comptoir de la Comète : de cela au moins je suis sûr !

Gwendal Denis a dit…

Ah ! Au fait ! Si j’ai réfléchis là-dessus, c’est suite à une émission de Daniel Mermet disponible ci-dessous, et avec laquelle, pour une fois, je ne suis pas d’accord…
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1728

Pseudo a dit…

J'ai pas mal éclaircis ma position la dessus cette année.

A l'instant voici a peu pret ce que je pense.

Chez soit, chacun fait a peu pret ce qu'il veut (bon évidemment si ca s'entretue, bon…) ensuite dans la rue, grosse liberté aussi qui je pense doit s'arrêter (au niveau vestimentaire disons) au fait que l'ont doit pouvoir savoir qui est la personne que l'ont a en face de nous (que une autre ne puisse prendre sa place sans que l'ont ne le vois) ensuite et pour finir viennent les lieu comme l'école, le travail etc, et bien là c'est simple, il doit régner la laïcité, point.

Donc vous l'aurez compris, tout signe religieux a la mort moi le nœud est a oublier.


Voila, je pense etre pas mal avec ce raisonnement.

Là ou c'est un peu plus problématique c'est ensuite pour les prières et autre truc du genre par exemple, mais là encore c'est pas tres dur, un choix simple, soit l'ont fait passé la religieux (et un peu de liberté de la personne) en 1er et on lui permet au taff d'aller prier quand elle le doit… (alors faut voir les conséquences) soit on est radical et que l'ont fait passé "l'égalité" en 1er et on lui dit gentiment que non les autres ne quittent pas le travail pour des raison religieuses (car ce n'est pas valable toussa) et que lui/elle/ce_que_vous_voulez n'échapperai pas a la règle car le religieux c'est privé et donc @ Home.

«Il n’y a rien de présomptueux là-dedans. Seulement de la logique et de la continuité dans le jugement.»

Clairement, d'ailleurs pour en persuader quelconque qui ne comprendrais, suffit de lui expliquer qu'il a qu'a se mettre dans la peau de celui ou celle qui va gagner ces droits ou les perdre, si il est honnête et normalement constituer cela devrait vite le calmer.

«Bien évidemment, j’entends déjà les reproches que cette conception des choses risque de me valoir. Parmi ceux-ci il y aura sans doute en bonne place le fait que notre société n’est pas exempte d’injustices, de discriminations, et que nous ferions mieux de balayer devant notre porte avant que de vouloir donner des leçons aux autres.
Moi je dis que ce genre d’argument n’est ni plus ni moins que de la foutaise, et ne sert qu’à détourner l’attention.»


Cela dépend, si l'ont parle sur le territoire français, il est clair que c'est notre affaire, directe.
Si c'est a l'étranger, nous avons aussi notre mot a dire, cela va du plus simple avis jusqu'à la condamnation et dans le cas extrême une intervention si l'ont estime que "une chose" peut ou va impacter l'équilibre et la paix dans le monde ou si un pays demande de l'aide bien évidemment. (sous quelques conditions)

Cacher la femme sous prétexte que celle-ci peut être source de tentations pour la gente masculine. C’est rétrograde.
Pire encore, c’est une insulte faite aux femmes.


Assurément, car ceci lui attribue un statut d'etre inférieur, qui ne peux se contrôler (du moins comme les autres) etc etc.

S’il y a une chose que j’ai compris en menant la réflexion nécessaire à ce billet, c’est que la tolérance est une vertu certes. Mais celle-ci doit avoir obligatoirement une limite sous peine de devenir un défaut majeur.

Yep, on va etre tolérant pour des cas particulier au nom de la logique par exemple ou, (pas de la clémence parce que le terme fait un peu pensé au roi ou autre qui donne la grâce…) mais un truc un peu dans ce gout ou, pour une fois, pour ce cas précis, nous n'allons pas appliquer bêtement la loi mais aménager la peine ou que sais je.

Bref, bon article Gwen, un peu léger a mon gout au vu de ce que je pense avoir rajouter/préciser, mais l'essentiel est là.

Sur ce, jvais aller me faire mon avis sur l'émission de mermet ou tu n'a pas ete d'accord.

BanZaÎ

Gwendal Denis a dit…

« un peu léger a mon gout au vu de ce que je pense avoir rajouter/préciser, mais l'essentiel est là. »
Des semaines de réflexions, et des heures d’écritures et tu me dis que c’est un peu léger ! Salopard va ! :-)))
Bon… En tous cas merci de m’avoir lu et d’avoir contribué à la réflexion générale. Je ne te remercierais jamais assez de m’avoir fait connaitre Franck Lepage, tu sais ?

Pseudo a dit…

Ah c'est moi?
Ah oui, j'avais zapper, c'est ca que se lancer dans trop de truc a la fois par moment :D

Bon sinon j'ai écouter l'émission de mermet donc, et bah… mouai, ché pas trop, elle fait partie de celles qui en fait ne me marque pas et ne m'intéresse pas vraiment au final, bref je l'ai trouver pas terrible, on y apprend pas grand chose (rien en fait même, ou presque).

Tu sais pas trop ou ils veulent en venir.
Si, que la gauche a instrumentaliser tout comme la droite la religions les arabes etc, ouai et alors, on le sait c'est pas nouveau et je dirais même presque que ca fait parti integrante du boulot de politicien… (peu importe les moyens, la moral etc, ce qui compte => parvenir a ses fins => YoupiPresidentYouplabumJeSuisLePlusFort)

Ah, jviens de re regarder l'article sur lepage, ya pas eu beaucoup de participation :/
Tu as bien fait de re lancer avec cet article, ca permettra peut etre a certains qui etaient passer a coté de s'le faire.

Gwendal Denis a dit…

Yep ! D’ailleurs je ne suis pas le seul qui n’ais pas adhéré au reportage, étant donné le nombre de messages que l’émission a suscité (voir émission suivante). Tout ça pour se faire traiter ensuite de raciste par Daniel… Ce que je voulais, c’est expliquer pourquoi je ne suis pas d’accord, et démontrer avec des arguments raisonnés que cela n’a rien à voir avec le racisme.

Bourreau fais ton office a dit…

Une argumentation claire et solide, un bon article.

L' émission de Mermet sur la burqua, je l' ai carrément zappée. Depuis son autre émission sur le voile, première époque, je connais son truc : il dit d' abord que c' est un sujet sensible, qu' il faut être mesuré et ne pas céder à la passion et à la caricature, pour finalement conclure que ceux qui émettent des critiques sur le voile ne sont que de méphistophéliques islamophobes. Point.

Ce serait bien si la gauche pouvait oublier sa condescendance tiers-mondiste, qui lui fait analyser le monde comme à l' époque des décolonisations, ce qui la rends complaisante et tolérante envers des régimes comme celui des mollahs en Iran ; sans oublier la Chine.

J' ai souvent été étonné d' entendre de la bouche de gens de gauche ce dicton de droite, que tu cites : «il faut balayer devant sa porte

Pourquoi pas «charbonnier est mettre chez lui» !

Cette histoire de voile est avant tout politique, c' est sur ce terrain qu' il faut débattre. Laissons les histoires de civilisations et d' occident à de Villier ; ne nous laissons pas intimider par les démagogues.

Et tiens, pour approfondir tout cela, une petit conférence de l' honnie -par la droite et par la gauche- Caroline Fourest :

http://video.google.com/videoplay?docid=3617150073828373898#

Bourreau fais ton office a dit…

Errata : "charbonnier est MAÎTRE chez lui"

Gwendal Denis a dit…

Ah ! Caroline ! Caroliiiiiine… ! Je t’aime ! Belle, intelligente, sensée, humaniste… Mais hélas pour moi, lesbienne. Des fois je me dis que le monde est injuste…
Merci Bourreau. Tu as raison, il est temps que le politique reprenne le pas sur la démagogie, et surtout sur ce foutu pragmatisme libéral, qui nous oblige à avaler des couleuvres au nom du profit.

Ce sont les idéaux qui doivent commander au commerce, et non l’inverse

aslan a dit…

Bof, Fourest est probablement aussi tiédasse lesbienne qu'incarnation de l'esprit des lumières.

Ma conception est radicalement différente de la tienne, mon cher Gwendal car je ne saurais séparer politique et culturel. Ton analyse est bonne, mais sonne pour moi comme une étude du mode de vie d'un animal faite à partir de sa dissection. J'ai l'impression que le culturel n'est jamais vraiment accessible à la raison.

Zut faudrait que je lise cette ethnologue passée par un camp de concentration, c'est son sujet principale cette inaccessibilité disons de l'expérience culturelle en mouvement à la raison.

Pseudo a dit…

Ah pas mal bourreau, merci.

Mais a qui fait elle allusion, du moins si elle parle en tant que parti ou "simple" personnes a titre individuel.

Monique a dit…

Je n'ai pas écouté Mermet sur le voile car j'avais déjà entendu ses propos et je ne les partageais pas non plus.
Ni cette chère Caroliiiine ! pas eu le temps !

Oui, Gwendal fait une analyse objective ,Aslan, une démarche de pensée quasi scientifique qui pose le problème, propose des hypothèses, argumente et tire quelques conclusions.
Moi, j'aime assez cette façon de raisonner qui exclue l'affect.

Car dans ce genre de débat c'est toujours le ressenti, le tripal qui émerge. Et pour une fois, on se place dans la pensée et pas dans l'affect.

Ceci dit, je ne suis pas d'accord avec tout moi non plus.
Les notions de bien et de mal ramènent à la morale et la morale...bon !!

Si l'on cache le corps de la femme parce que objet de tentation pour l'homme, j'estime que c'est aussi dégradant pour l'homme qui est réduit à la fonction d'animal ne sachant pas contrôler ses pulsions primitives.

Comme Pseudo, je ne parle pas à des tissus , mais à une personne et j'ai besoin de voir son visage , son corps qui exprime autant que ses yeux ou sa voix.

Je ne pense pas que le politique et le culturel doivent être dissociés ( là, je rejoins Aslan)

Je déteste le mot "tolérance" qui est méprisant pour l'objet de la tolérance. C'est comme la pitié : avilissant pour celui qui la reçoit.

Comme je ne suis pas tolérante, je n'accepte pas de voir des femmes emprisonnée au nom d'une religion quelle qu'elle soit. Et les voir transporter leur prison sur elle même comme un escargot sa coquille,
m'est insupportable.

Je ne sais pas si c'est politique , ou culturel, ou les deux mon capitaine, ou simplement viscéral et dénué de raison , mais j'assume.

Ce qui est politique dans cette affaire, c'est que ce sont les hommes musulmans, détenteurs des pouvoirs, qui ont décrété cette loi qui n'est nullement issu du Coran, pour tenir les femmes en esclavage.
Par extension, on appelle ça "la culture" d'un pays, ou le "signe religieux".

Si on l'accepte, alors, il faut aussi accepter l'apartheid, l'esclavagisme, et tout ce qui soumet un individu au pouvoir usurpé d'un autre individu.

Car enfin, Aslan, est-il cohérent de dénoncer les abus des patrons, l'inégalité de certain(e)s devant la loi,de lutter contre tous les abus de pouvoir et de fermer les yeux sur d'autres formes d'injustice sous prétexte de "culture" ?

Nos cultures occidentales ont encore bien du chemin à faire, c'est certain.Elles sont loin d'être exemplaires.
Mais du chemin, on en a déjà fait un petit bout et souvent dans la douleur.
Alors, on ne peut pas faire comme si on ne savait pas où mènent les intégrismes, les ostracismes, aux maltraitances...
Et on peut dire haut et fort que musulmans ou pas, un être humain n'a pas le droit d'en traiter un autre en esclave.

Voilà, en vrac, les réflexions que m'inspirent le sujet et vos réactions.

Monique a dit…

Et en plus, c'est le 11 septembre !

sacré Gwendal !!

Gwendal Denis a dit…

@Aslan, Monique : Le politique et le culturel sont effectivement liés, je ne dis pas le contraire. Chacun sait que la situation politique d’un pays résulte pour partie importante de son histoire, et donc de sa culture.
Ce que je dis, c’est que lorsqu’il s’agit de porter un jugement sur une société il faut bien sûr tenir compte de sa culture, et de son histoire, mais cette prise en compte doit avoir des limites. A un moment, il faut trancher.
Sur le plan de la morale et de la dualité bien/mal, désolé de te heurter Monique, mais si j’ai utilisé ce concept, c’est parce que je reste persuadé que finalement, au bout du bout du compte, il s’agit bien de ça. Pour autant, je n’irais pas jusqu’à dire qu’il existe quelque-part une unicité dans la conception du bien et du mal… Tout n’est pas noir ou blanc, il y a pas mal de gris aussi.
Sinon, je confesse aisément le côté clinique de mon analyse. Vous me connaissez depuis le temps, j’ai besoin de poser les choses bien à plat pour les comprendre…
En fait, ma démarche ne fut exempte d’affect. J’ai l’habitude de fonctionner à l’envers. J’ai d’abords un avis spontané sur un sujet. Un avis instinctif et irrationnel. Mais celui-ci ne me satisfait pas tant que je ne l’ai pas justifié par l’analyse objective et la logique.
C’est maintenant chose faite en ce qui concerne le port du voile.

Gwendal Denis a dit…

Information complémentaire : J’ai passé un bout de temps à éplucher le discours religieux concernant le port ou le non-port du voile (intégral ou pas), et la propagande qui en est fait au sein même de forums musulmans. Notamment celui-ci :
http://www.bladi.net/forum/157734-question-niqab/

Le fait de cacher la femme parce qu’elle est impure et tentatrice y est clairement énoncé. A partir de là, lorsque l’on est progressiste, c’est quelque chose que l’on ne peut accepter. Même si ce sont les femmes qui la plupart du temps, et suite à des pressions diverses, sont demandeuses.

Bourreau fais ton office a dit…

Fourest "tièdasse" ?
Pourquoi pas, disons qu' elle n' est pas un robinet, mais une militante anti-totalitaire (comme elle dit, à une époque on aurait dit "anti-fasciste") qui -au vus de la haine qu' elle déclenche- ne semble pas laisser froid ces dits totalitaires et leurs compagnons progressistes tolérants.

Pour «l' inaccessibilité disons de l'expérience culturelle en mouvement à la raison», je te fais totalement confiance, Aslan. Ca fait même pas mal de mots à taper ds google pour aller à la recherche du savoir.

Mais quand un certain élément du culturel, à savoir la religion, est manipulé à des fins politiques, ça donne du Tariq de Villier, et des souchiens de la république ; et même du Sarkozy -petit président d' un petit pays- tout court (redondance.)

Et puis quelle culture ? la dérive des continents aurait elle rendue le Maghreb Persan, ou Pachtoune ?

Hypothèse : la laïcité est une notion qui essaye autant que faire ce peut que moins de culturel/cultuel -sûrement, imbriqués aussi, ces deux là, bien profondément- possible ne prenne le pas sur le politique.

Pourtant je ne suis pas pour une loi qui interdirait le port de cette cape d'hyper-visibilité ; il y a déjà des lois relatives à l' interdiction de cacher son visage, sans compter celle sur le «port de signes religieux ostentatoires à l' école et ds les administrations publiques».

Restons en au débat d' idées estival qui, d' ailleurs, ne semble pas prendre aussi bien que celui du voile à l' école, comme si l' opinion en avait ras le foulard de cette prise de tête, futile par bien des aspects. L' épisode du burkini n' aura fait que pouffer les citoyens candidats au mélanome ...

aslan a dit…

D'accord avec toi cher Bourreau: La question est tout à fait sans importance et le débat ne prend pas.

En ce qui concerne la question plus théorique, pour illustrer un peu mes prévenances contre l'étude rationnelle du culturel je dirais seulement que, selon moi, elle n'évacue pas l'affect mais le force dans des montages à angle droit, et que parfois on s'en trouve emporté tout à fait loin de sa personnalité ou on y trouve de quoi renforcer des emportements irrationnels.

Quant à la question du voile, je n'évacue pas la question politique et je ne m'interdit aucun jugement, si peu relativiste soit-il (et Allah sait je que peux être un sale con en conscience) mais les faits ne sont pas réductibles à la théorie et l'on trouvera autant, voire plus, de femmes libérées par leur housse d'ameublement que d'opprimées. Je juge politiquement les systèmes oppressifs, mais faire une question politique d'une pratique individuelle dans un système libéral bien bordé me semble infecter ce qui autrement ne serait qu'une piqure de moustique au cul de l'éléphant républicain.

++

Gwendal Denis a dit…

@Bourreau, Aslan : Je ne sais pas s’il faut prendre les choses à la légère… Car si le port du voile reste une pratique marginale au regard des 65 millions de français, et le port de la burqa plus marginal encore, il n’en reste pas moins que c’est une pratique qui progresse. Par conséquent, comme la marée qui monte, le sage à le devoir de garder un œil dessus.

De plus, c’est une pratique qui soulève des problèmes de fond… Et moi, j’aime que l’on parle du fond !

Pseudo a dit…

A ce compte là il faut attaquer le problème a base.

L'école est je pense la 1ere chose qui devrait, comment dire, suffire a faire de nous des personnes ayant un bout de culture en commun.

Après je pense qu'il est plus question de discrimination, donc ca vient après.

Donc, on ne porte pas de croix (ou du moins apparente si on veut etre tolérant, tiens vla un bon exemple :D), pas plus que de kippa, de foulard ou autre saloperie religieuse visible.

Et globalement, tout ce qui se rapproche du religieux et qui pourrait ou impacte sur les autres passe après. (autre = personne intelligente et donc non croyante)

Donc non faut pas prendre ca a la légère, il y aurait des bases officiels a rappeler/instauré qui permettraient clairement sans la moindre discutions ou doute, de dire a une personne (qui vient nous faire chier avec son interprétation de son roman ayant comme personnage principale un dieu ou autre illuminé) qu'elle ne pense pas une seconde que l'ont fera quoi que ce soit pour qu'elle puisse nous les briser encore plus avec.

Bref, la religion, c'est l'opium du peuple!
Et encore, l'opium est peut etre moins dangereux…

Gwendal Denis a dit…

Moins dangereux, ça c'est probable. Ce qui est sûr c'est que ça a causer moins de mort en tout cas !

lucifer! a dit…

compte tenu de tout ce qui a été exprimé ici, je n'ai pas grand chose à ajouter.
Sauf... que ces fantômes noirs qu'il m'est arrivé de croiser ne sont pas forcément "soumises "mais plutôt arrogantes ... ou peut-être les deux .
Sauf qu'en ce domaine la tolérance n'est pas de mise .
elle est faiblesse.
pour moi, ce serait vraiment tolérance Zéro ,pour toutes les raisons dites.
En France, les religieuses montrent leur visage (au moins) et les carmélites le couvrent entre leurs murs .

aslan a dit…

Nan mais attends ma Lucifer, moi je veux bien les lyncher ces braves femmes, et passer du curé à la baïonnette d'ailleurs, mais bon, tu crois pas que ce serait un peu improductif? Regarde la révolution, c'est comme le jardinage des pelouses: une bonne coupe franche ça stimule la pousse, vaut mieux un traitement de fond au round up, par les racines.

Pseudo a dit…

Avec monsanto?

T'y va fort aslan…

:p

lucifer ! a dit…

pas question de lyncher!
c'est violent, c'est fatigant et c'est pas propre à la fin .
juste tolérance zéro . sans discussion !
les fantômes noirs hypervisibles ,attrapés, enfermés,comme le type qui court tout nu dans les rues de Paris .
C'est un attentat à la pudeur au même titre . là !

aslan a dit…

Pourquoi qu'on laisserait pas plutôt le gars courir tout nu, Lucifer?

Pseudo, ben le fait est que pour erradiquer un tel chiendent avec des racines aussi profonde je veux bien niquer un peu la nature :D