Bon, cela va faire maintenant trois jours qu’Ingrid Betancourt est libre. Quelques heures après sa libération, les premières critiques tombaient sur les blogs, les sites et les forums. Les premiers doutes, les premières récupérations, bref, que des trucs qui me faisaient gerber tant l’événement était proche dans le temps et proche dans mon cœur. Je me suis insurgé contre de tels abus de mots, prônant le fait de profiter au maximum de ces moments. Pour moi il serait toujours temps de gloser sur cette libération, d’analyser ses retombées, de décrypter ses utilisations… Oui, mais plus tard. Comme après un deuil, je crois qu’il est de bon ton de respecter une période uniquement consacrée au ressenti. La froide analyse et la controverse ne sont pas de mise en de tels moments. Mais bon, nous vivons à l’heure d’internet (quand celui-ci fonctionne correctement ! GRRRR !!!), et donc les choses vont plus vite (trop vite peut-être ?). Donc, cela fait trois jours… Et bien, chers amis, pour moi trois jours de liesses populaires c’est suffisant. La télévision nous abreuve « ad nauseam » de pathos et de gros bisous baveux et moi, j’ai l’estomac fragile et la nausée commence à poindre. Dans il est temps de faire le point sur ce qui se passe.
La première utilisation de la libération des otages s’est vue quasiment tout de suite, sur le tarmac de l’aéroport de Bogota. Les militaires d’Uribe orchestraient, bien maladroitement puisque cela se voyait, cette libération pour redore leur blason et ce pour le bénéfice du président colombien. Sur le moment on se dit, c’est de bonne guerre. Vu l’apparente sophistication de l’opération, ils le méritent bien, etc.… Même si certains s’interrogent sur les capacités de l’armée colombienne à mener une telle opération, on se rassure en évoquant une aide américaine et israélienne…
Puis notre Glorieux Président Elu à 53% saute lui aussi sur l’aubaine. D’ailleurs, qu’il ne le fasse pas nous aurait étonnés. Là, les ficelles sont grossières et n’abusent plus personne. Même si l’on devine derrière l’apparente communion des sentiments une certaine déception… Ben oui, la France qui tentait de se mettre en tête des chantres de la paix et de la négociation diplomatique se voit doublée par une opération militaire à laquelle elle n’est absolument pas conviée. Il y a de quoi être fumasse.
Jusque là, rien de vraiment critiquable. On apprécie le moment présent et on profite de la joie des retrouvailles. Et puis, les choses commencent à déraper. C’est d’abords le Figaro.fr qui commence en se faisant piquer en flagrant délit de bidonnage vidéo, en coupant au montage les remerciements d’Ingrid envers Chirac et de Villepin... Pour ceux qui ne connaissent pas l’affaire reportez vous à cet excellent article de Dedalus.
Puis Ségolène Royal, en voyage au Québec, ouvre sa grande bouche pour, dit-elle : Mettre en garde contre toute récupération politique éventuelle de la libération d’Ingrid Betancourt. Tout de suite, c’est haro sur l’ânesse, Fillon et Raffarin lui tombe sur le râble critiquant son manque d’aménité. En même temps, il faut bien avouer qu’elle disait tout haut ce que beaucoup pensaient en leur for intérieur. Mais bon, comme le disait Jean-Michel Aphatie sur son blog : « Il ne faut pas négliger le plaisir que procure un bonheur collectif partagé. Rompre le charme, c’est endosser la tunique de la méchanceté et sembler torturé par la jalousie. ». Bref, dans une affaire comme celle-ci, quitte à tirer sur le corso fleuri, autant ne pas se faire prendre à être la première.
Enfin, comme pour illustrer cet aura de suspicion, c’est de la très belle confédération helvétique que vint la pomme de discorde. Ou le pavé dans la mare, comme vous voulez. La Radio Suisse Romande, qui est un média sérieux, dénonce ce qui est une mascarade destinée à camoufler une transaction financière orchestrée par le gouvernement américain et le président Uribe. L’article est étayé et ne manque pas de pertinence comme vous pourrez le constater dans sa version audio. (Ca y-est, vous avez cliqué sur audio ? C’est bien…).
Et bien, je vais vous dire que cette version évoquée par la RSR me plait bien. Cela sonne juste à mes oreilles, et je vais vous dire pourquoi.
Tout d’abord cette libération tombe à pique pour le président Uribe. Une telle réussite ne peut que le conforter dans son rôle d’homme fort du dernier bastion sud-américain contrôlé par les USA. Le fort Alamo de l’Amérique du sud en quelque sorte. Et je me méfie des coïncidences. De plus, n’oublions pas que lors de la libération, les médias évoquaient la présence de trois américains parmi les otages… En fait il s’agit de trois barbouzes chargés par leur gouvernement de la lutte anti-drogue. Officiellement la position des Etats-Unis est de ne jamais négocier avec les terroristes, jamais. Et mon cul c’est du poulet ? Les USA ont toujours joué sur les deux tableaux, négociation et force, et croire le contraire serait naïf. Enfin, l’apparente bonne santé d’Ingrid laisse penser qu’elle a été plutôt choyée ces dernières semaines. Comme si sa libération était programmée…
Alors je me pose la question. Si la version de la RSR recèle une petite partie de la vérité, on peut se demander si Ingrid était au courant de ce qui se tramait. Et si c’est le cas, cela expliquerait qu’elle désire apparemment se rabibocher avec Uribe et rester en France… Ca ce tient, non ? Car n’oublions pas, comme je le soulignais déjà dans mon article précédent, qu’Uribe et Betancourt ne sont pas vraiment des amis… On peut imaginer un deal du genre : Je te fais libérer en payant de ma poche, mais tu te casses de mon pays…
Bref, je peux vous le dire maintenant, après trois jours, cette belle histoire sent de plus en plus mauvais. Dans les lignes précédentes, j’ai utilisé trois fois le terme « apparente ». Cela résume bien ce que je ressens. Tout ça n’est pas clair, et je gage que nous ne tarderons pas à connaitre le fin mot de l’histoire. Vous me connaissez, je ne suis pas un grand fan des conspirations. Mais dans le cas présent, beaucoup trop de questions restent sans réponses. A suivre donc.
La première utilisation de la libération des otages s’est vue quasiment tout de suite, sur le tarmac de l’aéroport de Bogota. Les militaires d’Uribe orchestraient, bien maladroitement puisque cela se voyait, cette libération pour redore leur blason et ce pour le bénéfice du président colombien. Sur le moment on se dit, c’est de bonne guerre. Vu l’apparente sophistication de l’opération, ils le méritent bien, etc.… Même si certains s’interrogent sur les capacités de l’armée colombienne à mener une telle opération, on se rassure en évoquant une aide américaine et israélienne…
Puis notre Glorieux Président Elu à 53% saute lui aussi sur l’aubaine. D’ailleurs, qu’il ne le fasse pas nous aurait étonnés. Là, les ficelles sont grossières et n’abusent plus personne. Même si l’on devine derrière l’apparente communion des sentiments une certaine déception… Ben oui, la France qui tentait de se mettre en tête des chantres de la paix et de la négociation diplomatique se voit doublée par une opération militaire à laquelle elle n’est absolument pas conviée. Il y a de quoi être fumasse.
Jusque là, rien de vraiment critiquable. On apprécie le moment présent et on profite de la joie des retrouvailles. Et puis, les choses commencent à déraper. C’est d’abords le Figaro.fr qui commence en se faisant piquer en flagrant délit de bidonnage vidéo, en coupant au montage les remerciements d’Ingrid envers Chirac et de Villepin... Pour ceux qui ne connaissent pas l’affaire reportez vous à cet excellent article de Dedalus.
Puis Ségolène Royal, en voyage au Québec, ouvre sa grande bouche pour, dit-elle : Mettre en garde contre toute récupération politique éventuelle de la libération d’Ingrid Betancourt. Tout de suite, c’est haro sur l’ânesse, Fillon et Raffarin lui tombe sur le râble critiquant son manque d’aménité. En même temps, il faut bien avouer qu’elle disait tout haut ce que beaucoup pensaient en leur for intérieur. Mais bon, comme le disait Jean-Michel Aphatie sur son blog : « Il ne faut pas négliger le plaisir que procure un bonheur collectif partagé. Rompre le charme, c’est endosser la tunique de la méchanceté et sembler torturé par la jalousie. ». Bref, dans une affaire comme celle-ci, quitte à tirer sur le corso fleuri, autant ne pas se faire prendre à être la première.
Enfin, comme pour illustrer cet aura de suspicion, c’est de la très belle confédération helvétique que vint la pomme de discorde. Ou le pavé dans la mare, comme vous voulez. La Radio Suisse Romande, qui est un média sérieux, dénonce ce qui est une mascarade destinée à camoufler une transaction financière orchestrée par le gouvernement américain et le président Uribe. L’article est étayé et ne manque pas de pertinence comme vous pourrez le constater dans sa version audio. (Ca y-est, vous avez cliqué sur audio ? C’est bien…).
Et bien, je vais vous dire que cette version évoquée par la RSR me plait bien. Cela sonne juste à mes oreilles, et je vais vous dire pourquoi.
Tout d’abord cette libération tombe à pique pour le président Uribe. Une telle réussite ne peut que le conforter dans son rôle d’homme fort du dernier bastion sud-américain contrôlé par les USA. Le fort Alamo de l’Amérique du sud en quelque sorte. Et je me méfie des coïncidences. De plus, n’oublions pas que lors de la libération, les médias évoquaient la présence de trois américains parmi les otages… En fait il s’agit de trois barbouzes chargés par leur gouvernement de la lutte anti-drogue. Officiellement la position des Etats-Unis est de ne jamais négocier avec les terroristes, jamais. Et mon cul c’est du poulet ? Les USA ont toujours joué sur les deux tableaux, négociation et force, et croire le contraire serait naïf. Enfin, l’apparente bonne santé d’Ingrid laisse penser qu’elle a été plutôt choyée ces dernières semaines. Comme si sa libération était programmée…
Alors je me pose la question. Si la version de la RSR recèle une petite partie de la vérité, on peut se demander si Ingrid était au courant de ce qui se tramait. Et si c’est le cas, cela expliquerait qu’elle désire apparemment se rabibocher avec Uribe et rester en France… Ca ce tient, non ? Car n’oublions pas, comme je le soulignais déjà dans mon article précédent, qu’Uribe et Betancourt ne sont pas vraiment des amis… On peut imaginer un deal du genre : Je te fais libérer en payant de ma poche, mais tu te casses de mon pays…
Bref, je peux vous le dire maintenant, après trois jours, cette belle histoire sent de plus en plus mauvais. Dans les lignes précédentes, j’ai utilisé trois fois le terme « apparente ». Cela résume bien ce que je ressens. Tout ça n’est pas clair, et je gage que nous ne tarderons pas à connaitre le fin mot de l’histoire. Vous me connaissez, je ne suis pas un grand fan des conspirations. Mais dans le cas présent, beaucoup trop de questions restent sans réponses. A suivre donc.
PS : Alors que je publie cet article, la vidéo du Figaro.fr a été supprimée du répertoire de Dailymotion. Bizarre… Pourtant croyez-moi sur parole, ce que dit Dedalus est vrai.
10 commentaires:
Thanks for your information Gwendal..... I hope that every thing will get fine here after....
Hi Gwendal!
Excellente analyse de la situation... et entièrement d'accord avec toi
Mais je pense que tu as raison d'utiliser le mot "apparent" car je peux te dire que tu n'es pas au bout de tes surprises!
Bon, j'vais faire une sieste
@tato
J'ai suivi ça de très loin, je ne sais pas pourquoi mais je ne me suis jamais vraiment senti concernée par cette histoire - en tout cas si j'étais l'actuel Mr Ingrid, je crois que je serai vachement vexé qu'elle courre chez son ex à peine libérée... (désolée de ramener la discussion au niveau pause café)
Tu n'as pas tort Hélène, j'avais remarqué qu'à la sortie de l'avion, au moment de sa libération , elle n'avait pas eu l'air si enthousiaste que ça de le revoir...
Bon après tout ça c'est sa vie privée et cela ne nous regarde pas...
Cela dit un peu de ragots niveau "pause-café" comme tu dis, ne casse pas trois pattes à un canard et ça délasse les neurones ! :)s
Salut Gwen !
Hier (5 juillet), Bernard Koutchner affirmait qu'il n'y avait pas eu de transactions pour la libération d'IB.
Aujourd'hui, celui-ci affirme "qu'il n'y a pas eu d'argent français donné dans cette affaire".
As-tu bien senti la nuance ?
Autre info : le président Uribe a demandé à son sénat il y a 3 semaines, des élections présidentielles anticipées, à tenir vers octobre. Maintenant que sa cote de popularité est au plus haut, ça tombe rétroactivement à point nommé, non ? Bizarre, bizarre...
Dernier élément : la photo que tu as mise en ligne date de novembre 2007, je crois. IB ne semble pas en bonne forme... Depuis, sans doute pour justifier l'envoi d'un avion humanitaire avec toute sa clique de négociateurs, ne nous a-t-on pas affirmé qu'Ingrid était gravement malade, affaiblie et souffrait d'une hépatite B mettant sa vie en danger ?
A son arrivée, après sa visite médicale, elle se porte comme un charme (je ne sais pas comment se portent les charmes, tu dois le savoir mieux que moi !). Et son hépatite ? L'est partite ?
Mon avis (qu'est-ce qu'on en a à foutre !), c'est qu'un otage décatit ça ne vaut pas une tune (manquerait plus qu'elle claque dans son avion de retour). Alors, pour pouvoir négocier le gros pactole, ils nous l'ont remontée la duchesse à grands coups de médocs et d'amphés, pour la rendre "présentable" et surtout NEGOCIABLE.
Voili, voilou.
On ne nous dit pas tout !
Kenavo !
Salut Edou ! Bien évidement la nuance ne m’avais pas échappée… Dire qu’il n’y a pas d’argent français sous-entend implicitement que l’on soupçonne de l’argent venu d’ailleurs. C’est une jolie pirouette sémantique comme je les aime. Pour le reste, et bien, je crois que l’avenir répondra à toutes ses questions sans réponses… Enfin, il faut l’espérer. Mais ce matin, tu vois, je m’interroge sur le fait que l’on en vienne presque systématiquement à remettre en cause le moindre événement… C’est une attitude presque automatique maintenant. Je crois que cela relève d’une perte totale de confiance de l’être humain envers son élite et c’est un symptôme grave il me semble. Quand je dis l’être humain, je parle en premier lieu du Français moyen, bien sur. A priori je crois que c’est plutôt une bonne chose, mais en même temps, je me dis que c’est révélateur d’une société qui part en sucette…
Eh les filles ! Je voulais vous dire est un blog sérieux où les ragots n’ont pas droit de citer ! (je rigole !) Cela dit, si vous regarder bien les photos de mercredi prisent à Bogota, et celles de son arrivée en France, vous verrez qu’Ingrid a pas mal dégonflée… Ca m’a fait penser aux effets de la cortisone…
de la cortisone, vi vi vi ou de la coke? ... non, j'rigole!:)s
je ne sais pas si tu avais eu mon dernier comm'. pourras tu m'envoyer ta photo de brugmansia? pour l'article? comme ca je ferai un lien vers ton site. SI tes ok
bonne journée!
Bonjour Mélodye ! Excuses moi pour le retard mais je n’arrive pas à t’expédier les photos par le biais de ton site… Aurais-tu une adresse email qui soit compatible avec Hotmail ?
Sinon tu peut toujours l’enregistrer directement sur ma page…
C'est pas Chi qui nous avait fait le coup d'Uribe avec la libération d'otages avant les élections ? ( otages au Liban si j'ai bon souvenir, par l'illustre Marchiani, aujourd'hui embastillé, avec la complicité active de Pasqua ...)
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