J’aime bien la Suisse. C’est vrai, c’est un pays qui m’a toujours plu…
J’ai été frontalier pendant quelques temps, et cette proximité helvétique me rendait… Comment dire… Je me sentais comme un français un peu à part. Pas vraiment à cheval sur deux cultures ou deux pays, mais j’avais la chance de partager un peu de ce qui fait le particularisme d’un autre pays.
Bien sûr, ça passait d’abords par la télévision. Moi qui avais l’habitude de zapper entre six ou sept chaînes françaises, je me retrouvais avec trois autres chaînes helvètes. Une occasion de parfaire mon italien, de m’initier modestement à l’allemand, mais surtout d’apprécier la TSR… Une des meilleures chaînes de télé généraliste qu’il m’est été donné de voir entre nous soit dit. (Je vous parle des années 94-97, je ne saurais dire s’il en est de même maintenant).
Bref, tout ça pour dire que j’aimais bien voir mes voisins à travers l’étrange petite lucarne… Parce que dans les faits je n’allais pas leur rendre visite tous les jours non-plus. A part pour refaire le plein d’essence (20% moins chère à l’époque) et acheter des Toblerones au chocolat noir (on n’en vendait pas en France à l’époque. 70% de cacao… Mmmm !), et de temps en temps aller boire une bière sur les bords du lac, je n’y mettais pas vraiment les pieds.
Donc on pourrait dire que je suis très peu au fait des coutumes suisses, même si je pourrais rétorquer que le prisme de la télé est quand même assez parlant.
Ce que je sais (savais) de la Suisse, c’est que c’est un beau pays avec de très belles montagnes et un folklore aussi beau. On y pratique le multiculturalisme comme une religion d’état, avec quatre langues officielles, et vingt-six cantons quasi indépendants.
Mais comme d’autres pays où se pratique le communautarisme, les gens ont tendance à vivre à côté les uns des autres et pas vraiment ensemble. Les Suisses Romands détestent les Suisses Allemands et les deux ensembles méprisent les Suisses Italiens…
Pour s’en convaincre il suffit d’écouter quelques blagues romandes sur les compatriotes d’outre-Sarine, et vous comprendrez de quoi je parle… Même nos blagues interrégionales sont des billets doux par rapport à ça. C’est violent, méchant et extrêmement humiliant. Bref, comme son nom l’indique, la Suisse est une confédération. Un assemblage de bouts hétéroclites qui tient, dieu seul sait comment, depuis 1291…
Et c’est donc dans ce pays bizarroïde (pour nous Français) que vient d’avoir lieu une votation sur un sujet extrêmement sensible. L’interdiction de la construction de nouveaux minarets propres à satisfaire les 400 000 musulmans helvètes.
57,5% des votants on accepté ce texte demandant à ce qu’il soit inscrit dans la constitution fédérale l’interdiction de la construction de nouveaux minarets sur le sol national.
Alors, plutôt que de discuter sur le résultat de la votation et sur ses implications morales autant que politiques sur notre propre sol, ce que j’imagine nombre de blogs vont se mettre à faire aujourd’hui, je voulais plutôt revenir sur le processus démocratique qui a amené à cette décision lamentable. (Ben oui, à un moment il faut bien que je le dise…)
La Suisse est une démocratie semi-directe. Cela veut dire (en simplifiant) que le peuple à le droit par le biais de votation d’initiative populaire de s’opposer aux décisions de son gouvernement, mais aussi de proposer à son tour des lois.
Autant le premier de ces droits me semble hautement profitable pour tout le monde et il serait bien que nous nous en inspirions, autant pour le deuxième je constate amèrement qu’il peut conduire à des dérives graves.
Je ne sais pas si vous vous le rappelez, mais nous venons nous-mêmes en France d’acquérir ce droit… C’était l’année dernière. Bon d’accord la loi organique sensée le mettre en œuvre n’a toujours pas été votée… Mais bon, elle existe quand même.
Notre loi à nous dit que pour qu’un référendum d’initiative populaire ait lieu, il faut qu’il réunisse deux conditions : L’approbation de 1/5 des membres du parlement ET la signature de 10% de l’électorat soit 4.5 millions de personnes.
En Suisse c’est différend puisqu’il suffit pour qu’une votation fédérale soit organisée que 100 000 personnes en expriment la volonté.
Je crois que ce dimanche nous venons de toucher aux limites de la démocratie participative… Car il a suffit qu’une bande de tout à fait minoritaire de péquenauds apeurés présente un texte, appuyé en cela par une droite populiste et raciste aux méthodes de communication efficaces, pour que la majorité l’approuve sans sourciller. Pire, qu’elle révèle ses pires instincts.
Que ce serait-il passé si notre pays avait été soumis au même choix ? C’était la question que me posait Monique dans un de ses commentaires. Franchement je ne sais pas… Vraiment, je ne sais pas. Mais en tous cas, je sais que cette perspective me fout une trouille bleue.
Je dirais que si certains pensaient que les conditions d’applications d’un référendum d’initiative populaire en France étaient par trop drastiques, je pense que nos voisins helvètes viennent de nous démontrer que ces conditions sont essentielles. Elles sont essentielles pour justement empêcher ce qu’il vient de se passer de l’autre côté du lac… Juste là, chez nos voisins et amis.
Pour finir, je tiens à saluer un de mes nouveaux lecteurs Igor, Suisse de son état. Et qui en ce lundi matin ne doit plus trop savoir s’il doit être fier de son pays ou pas… Libération titre ce matin : Le vote de honte.
Igor, nous tous ici sommes de tout cœur avec toi.
J’ai été frontalier pendant quelques temps, et cette proximité helvétique me rendait… Comment dire… Je me sentais comme un français un peu à part. Pas vraiment à cheval sur deux cultures ou deux pays, mais j’avais la chance de partager un peu de ce qui fait le particularisme d’un autre pays.
Bien sûr, ça passait d’abords par la télévision. Moi qui avais l’habitude de zapper entre six ou sept chaînes françaises, je me retrouvais avec trois autres chaînes helvètes. Une occasion de parfaire mon italien, de m’initier modestement à l’allemand, mais surtout d’apprécier la TSR… Une des meilleures chaînes de télé généraliste qu’il m’est été donné de voir entre nous soit dit. (Je vous parle des années 94-97, je ne saurais dire s’il en est de même maintenant).
Bref, tout ça pour dire que j’aimais bien voir mes voisins à travers l’étrange petite lucarne… Parce que dans les faits je n’allais pas leur rendre visite tous les jours non-plus. A part pour refaire le plein d’essence (20% moins chère à l’époque) et acheter des Toblerones au chocolat noir (on n’en vendait pas en France à l’époque. 70% de cacao… Mmmm !), et de temps en temps aller boire une bière sur les bords du lac, je n’y mettais pas vraiment les pieds.
Donc on pourrait dire que je suis très peu au fait des coutumes suisses, même si je pourrais rétorquer que le prisme de la télé est quand même assez parlant.
Ce que je sais (savais) de la Suisse, c’est que c’est un beau pays avec de très belles montagnes et un folklore aussi beau. On y pratique le multiculturalisme comme une religion d’état, avec quatre langues officielles, et vingt-six cantons quasi indépendants.
Mais comme d’autres pays où se pratique le communautarisme, les gens ont tendance à vivre à côté les uns des autres et pas vraiment ensemble. Les Suisses Romands détestent les Suisses Allemands et les deux ensembles méprisent les Suisses Italiens…
Pour s’en convaincre il suffit d’écouter quelques blagues romandes sur les compatriotes d’outre-Sarine, et vous comprendrez de quoi je parle… Même nos blagues interrégionales sont des billets doux par rapport à ça. C’est violent, méchant et extrêmement humiliant. Bref, comme son nom l’indique, la Suisse est une confédération. Un assemblage de bouts hétéroclites qui tient, dieu seul sait comment, depuis 1291…
Et c’est donc dans ce pays bizarroïde (pour nous Français) que vient d’avoir lieu une votation sur un sujet extrêmement sensible. L’interdiction de la construction de nouveaux minarets propres à satisfaire les 400 000 musulmans helvètes.
57,5% des votants on accepté ce texte demandant à ce qu’il soit inscrit dans la constitution fédérale l’interdiction de la construction de nouveaux minarets sur le sol national.
Alors, plutôt que de discuter sur le résultat de la votation et sur ses implications morales autant que politiques sur notre propre sol, ce que j’imagine nombre de blogs vont se mettre à faire aujourd’hui, je voulais plutôt revenir sur le processus démocratique qui a amené à cette décision lamentable. (Ben oui, à un moment il faut bien que je le dise…)
La Suisse est une démocratie semi-directe. Cela veut dire (en simplifiant) que le peuple à le droit par le biais de votation d’initiative populaire de s’opposer aux décisions de son gouvernement, mais aussi de proposer à son tour des lois.
Autant le premier de ces droits me semble hautement profitable pour tout le monde et il serait bien que nous nous en inspirions, autant pour le deuxième je constate amèrement qu’il peut conduire à des dérives graves.
Je ne sais pas si vous vous le rappelez, mais nous venons nous-mêmes en France d’acquérir ce droit… C’était l’année dernière. Bon d’accord la loi organique sensée le mettre en œuvre n’a toujours pas été votée… Mais bon, elle existe quand même.
Notre loi à nous dit que pour qu’un référendum d’initiative populaire ait lieu, il faut qu’il réunisse deux conditions : L’approbation de 1/5 des membres du parlement ET la signature de 10% de l’électorat soit 4.5 millions de personnes.
En Suisse c’est différend puisqu’il suffit pour qu’une votation fédérale soit organisée que 100 000 personnes en expriment la volonté.
Je crois que ce dimanche nous venons de toucher aux limites de la démocratie participative… Car il a suffit qu’une bande de tout à fait minoritaire de péquenauds apeurés présente un texte, appuyé en cela par une droite populiste et raciste aux méthodes de communication efficaces, pour que la majorité l’approuve sans sourciller. Pire, qu’elle révèle ses pires instincts.
Que ce serait-il passé si notre pays avait été soumis au même choix ? C’était la question que me posait Monique dans un de ses commentaires. Franchement je ne sais pas… Vraiment, je ne sais pas. Mais en tous cas, je sais que cette perspective me fout une trouille bleue.
Je dirais que si certains pensaient que les conditions d’applications d’un référendum d’initiative populaire en France étaient par trop drastiques, je pense que nos voisins helvètes viennent de nous démontrer que ces conditions sont essentielles. Elles sont essentielles pour justement empêcher ce qu’il vient de se passer de l’autre côté du lac… Juste là, chez nos voisins et amis.
Pour finir, je tiens à saluer un de mes nouveaux lecteurs Igor, Suisse de son état. Et qui en ce lundi matin ne doit plus trop savoir s’il doit être fier de son pays ou pas… Libération titre ce matin : Le vote de honte.
Igor, nous tous ici sommes de tout cœur avec toi.
27 commentaires:
Salut,
Billet instructif. Ok pour les 57,% de votes contre les minarets mais combien ces 57% représentent-ils sur la population totale ? Quel taux d'abstention ?
Et bon courage effectivement à Igor
biz
Je ne partage pas votre point de vue.
"Car il a suffit qu’une bande de tout à fait minoritaire de péquenauds apeurés présente un texte, appuyé en cela par une droite populiste et raciste aux méthodes de communication efficaces, pour que la majorité l’approuve sans sourciller. Pire, qu’elle révèle ses pires instincts."
Déjà, avant de tomber dans l'outrance, il convient de rappeler que la liberté de culte est en Suisse une notion autrement mieux respectée qu'en France ; la Suisse compte par ailleurs plus de 200 mosquées dont l'édification ne pose en général pas de problème particulier.
Mais passons là-dessus. Au fond, je déplore comme vous ce résultat, ayant voté moi aussi contre cette initiative. Seulement ce que je n'accepte pas, c'est l'accusation de racisme proférée à tort et à travers par une majorité de commentateurs bien-pensants ce matin. L'écart de mentalité entre le vote du peuple suisse et la perception française du résultat tient à ceci : les Suisses ont le sentiment d'avoir voté contre un signe ostentatoire symbolisant l'aspect conquérant d'une religion, considérant qu'il ne s'inscrit pas dans le patrimoine nationale ; pas contre la religion elle-même.
C'est une erreur dans la façon de faire et je suis le premier à en convenir. J'aurais souhaité que le débat sur la place de l'islam se fasse jour d'une autre façon. Mais amalgamer 60% de la population à l'extrême-droite en est une autre tout aussi suffisante, qui révèle une profonde méconnaissance de la mentalité suisse et de son approche très stricte du contrôle de ce qui a trait à la religion.
Seulement, cela révèle un malaise vis-à-vis de cette question, malaise qui aurait été ignoré, voire nié, sans cette possibilité d'avoir recours aux votations populaires. Que le peuple puisse lui-même se saisir d'affaires politiques est consubstantiel au système suisse et représente, malgré les effets que cela peut engendrer, l'essence de la démocratie, en ne la laissant pas aux mains des seuls élus.
Or votre propos est de dénier au peuple ce droit, arguant qu'il lui permet, littéralement, de faire des conneries. Cela fait pourtant, bien que nous le déplorions à des degrés divers ce matin, tout simplement partie du jeu démocratique.
Question subsidiaire : êtes vous si certain qu'une telle initiative serait massivement rejetée en France?
@Corto74 : Salut et merci. Pour les détails, j’avoue ne pas savoir… On demandera à Igor lorsqu’il passera par là.
@Evan : Tout d’abord bonjour et bienvenu.
Intéressant argumentaire. Si vraiment.
Laïcard moi-même je suis sensible à l’argument de l’interdiction des signes religieux ostentatoire et j’avoue que de ce point de vue là, j’aurais certainement voté pour ce texte… A condition bien sûr d’abattre sur le champ tous les clochers du pays.
Cependant, et la réaction quasi unanime de nos médias français le démontre bien, même s’il s’agissait de cela, cette votation recelait également bien d’autres choses.
Tout d’abord le parti qui l’a initiée et soutenu. Imaginons que le FN fasse de même en France, ne serait-il pas légitime de penser que les dessous de cette consultation sont pourris ? Si, bien sûr. Alors n’essayons pas de noyer le poisson en tentant de dissimuler les motivations réelles de ce vote. Les suisses ont voté massivement par peur et par ignorance, un point c’est tout.
Ensuite vous relevez que ce vote est une erreur, là-dessus nous sommes d’accord, mais que la consultation populaire reste louable. Je n’ai pas dit autre chose, et je ne dénie rien à personne.
Les référendums d’initiative populaire sont effectivement une bonne chose, mais certainement pas avec une pétition de 100 000 signature. C’est tout ce que je dis.
Pour finir vous affirmez que je suis certain qu’une telle initiative serait rejetée en France ? Où ais-je dis ça ? Montrez-moi ?
J’ai dis que je ne savais pas mais la simple idée d’y penser me foutait la trouille…
Et à votre avis pourquoi aurais-je la trouille ?
Un petit conseil amical avant de vous laisser. Lisez bien avant de critiquer.
Ah, ces gens de gauche qui ont une "trouille bleue" rien qu'à la perspective quer le peuple pourrait être amené à donner clairement son avis comme de quelconques Helvètes : quel spectacle réjouissant !
Débat interessant, mais le peuple à parlé, s'il y a des abstentionnistes, il ne faut pas pour autant revenir dessus.
@Didier Goux :
Je crois sincèrement que la démocratie a ses limites. Je ne saurais dire exactement lesquelles, mais un état doit pouvoir se prémunir contre certaines choses. J’ai toujours en tête l’avènement d’une certaine droite dans l’Allemagne de l’entre-deux guerres…
@Homer : Heu… J’ai pas compris… Qui parle de revenir dessus ?
Merci de votre accueil.
Plusieurs points de votre réponse me laissent sceptique. Vous dites "j’avoue que de ce point de vue là, j’aurais certainement voté pour ce texte… A condition bien sûr d’abattre sur le champ tous les clochers du pays."
Seulement, la Suisse est un pays de tradition chrétienne et qui se revendique comme tel. J'ajouterais qu'un minaret a pour fonction d'appeler explicitement à la prière, ce qui n'est pas le cas d'un clocher.
Ensuite, vous confondez initiateurs du vote et expression populaire. Qu'il y ait de la crainte dans ce vote-là, sans doute ; de l'ignorance, certainement pas. Les Suisses ont voté en toute connaissance de cause. C'est à mon sens une erreur profonde de la classe médiatique que présenter cet électorat comme un ramassis de bouseux racistes ; ce fut d'ailleurs plus ou moins le positionnement des partis dits modérés pendant la campagne, et le peuple en général n'aime pas trop qu'on l'insulte, ce qui selon moi explique partiellement ce résultat, tout comme l'affaire Kadhafi d'ailleurs, qui a profondément heurté la sensibilité locale.
100 000 signatures est un ratio qui ne me paraît pas exagéré pour une population de 7 millions de personnes. Si l'initiative avait été rejetée à hauteur de 60%, là on aurait pu se poser la question. Mais ici le résultat montre précisément, à mon avis, qu'il n'est pas plus mal que le quorum requis pour une votation ne soit pas mis à un niveau prohibitif, puisqu'au final la majorité a approuvé l'initiative. Vous trouverez sans doute ma position cynique, mais techniquement, le résultat donne raison à l'initiative.
Enfin, ma dernière phrase était mal formulée ; l'idée n'était pas du tout de vous accuser d'aveuglement sur le même genre d'initiative en France, je vous prie de m'en excuser. Là où je voulais en venir, c'est que ça vous foutrait la trouille, dites-vous. Qu'on puisse poser une telle question? Mais ça pourrait très bien se faire, certains y songent même déjà.
Je veux dire par là que j'ai ressenti dans votre position quelque chose du genre "c'est impensable en France", alors que les nombreux commentaires sur Internet montrent que pour beaucoup, la question ne serait pas si taboue que ça...
Que les Français soient potentiellement capables du même genre de prise de position est peut-être bien une réalité qu'on refuse de voir en face. Je ne crois pas que ça devrait faire peur. Je crois plutôt que ça devrait inciter au débat, si possible dans des conditions moins populistes qu'en Suisse.
Bonjour à tous,
En réaction je me suis demandé comment réagiraient les "desouche" chez nous et je suis allé voir.
Un seul site : I like your style.
On y voit une "très jolie" photo de chat sur fond de drapeau Suisse.
Je ne savais pas que le chat avait une signification quelconque pour les Suisses.
A moins que... Non...
Alors on peut fustiger les "bien-pensants" et laisser passer ce genre de récup'. Ou pas.
Je trouve ça dégueulasse en ce qui me concerne. Et ceux qui cherchent des motifs légitimes font le jeu de ces récupérations sordides, dégradantes, bref racistes et minables.
C'est tout.
@A tous : Là je vais être un peu occupé, je répondrais aux commentaires en fin d’après-midi.
@ Plus !
C'est bien, 2casa, c'est bien : vous aurez droit à une jolie médaille.
Il me semble que la peur de l'étranger qui instille sa culture dans sa société d'accueil pour pervertir l'identité nationale de ceux qui les accueillent est un ressort politique des instincts xénophobes universalement utilisé par tous les partis peu ou prou nationalistes.
Le problème n'est pas le vote démocratique, les votations, le problème est celui de la question référendaire, le vrai piège à con-citoyens.
Quelle serait la réponse collective et démocratique à : Etes vous pour la contruction d'une nouvelle cathédrale adressée aux habitants d'un pays à 90% musulmans ??
Malgré une proportion non négligeable de gens éclairés dans toutes les religions, ils n'en constituent jamais la majorité. Donc, le fait de pouvoir poser une question aussi ciblée me paraît complètement biaisée la prétendue pratique démocratique qu'est supposé représenter le vote référendaire... Un peu comme quand on nous a porposé de répondre par oui ou non à plus d'une centaines d'articles composant une constitution... Du miroir aux alouettes.
Quant au prétendu souci architecturaux, le symbolisme des affiches semblent en faire peu de cas et cibler davantage le repli identitaire.
Les minarets font partie des éléments architecturaux liés aux mosquées, comme l'architecture en croix des églises, et suis désolé mais le clocher de nos églises a bien une fonction religieuse, celle d'appeler à la messe, de signifier l'heure des différentes prières, comme le muezzin des minarets.
La même question en France ferait probablement un score comparable... malheureusement !!
Putain, les religions et son cortège de popullo faf, j'vous jure…
Contrairement a Gwen, jveux pas abattre pour autant les cathédrale et autres église, pour la simple et bonne raison que ce sont plutôt des monuments historique et architectural etc (Pour certains du moins) et que ca fait parti tu patrimoine historique toussa toussa.
En revanche il est évident qu'on en construirait pas de nouvelles.
Par contre, perso, si on transformait ces églises/cathédrale en salle de concert (si ca le fait pour le son en tout cas ^^) ou autre truc cool, je dis oui :)
Bref, la religions c'est perso, privé.
Et non pas public.
Il n'y a donc même pas lieu a tous ces débats crétins qui font plaisir a l'extrême droite…
C’est bon je suis de retour… Alors où en étions-nous ? Ah oui,
@Evan : Bon d’accord, on fait la paix. Il n’empêche que vous chipotez un peu quand vous dites « un minaret a pour fonction d'appeler explicitement à la prière, ce qui n'est pas le cas d'un clocher. ». Si, quand même un peu… Mais je pense que vous avez quand même compris ce que je voulais dire.
Vous dites que les suisses ont su faire la différence entre le projet et ses initiateurs… Qu’ils ont su ne pas faire d’amalgame. Peut-être. Mais ensuite vous nous rappelez que l’affaire Kadhafi y a peut-être contribuée… Si ça ce n’est pas faire des amalgames ! Non, je persiste à penser qu’ils ont voté en toute connaissance de cause, et les affiches pour le oui sont suffisamment explicites pour le prouver.
Pour ce qui est de la représentativité, le ratio dont vous parlez représente en fait à peine 2% de l’électorat (4 906 542 électeurs inscrits en 2007). C’est beaucoup trop peu pour être représentatif. Nos 10% minimum me semblent plus rassurants de ce côté-là…
Enfin, c’est sans doute moi qui me suis mal exprimé quand j’ai dit que ce genre de perspective me foutait la trouille. J’ai voulu dire par là que, bien au contraire, ce genre de pépin pourrait bien nous arriver à nous aussi. Contrairement au politiquement correct qui affirme que le peuple est sage par nature, je considère que le peuple est un veau. Convenablement manipulé il est capable d’avaler n’importe quoi. Si un tel référendum devait avoir lieux en France, j’aurais très peur que le résultat soit similaire à celui des Suisses.
Ce n’est pas une réalité que je refuse d’envisager, c’est une réalité que je refuse tout court. Elle nous emmènerait bien trop loin, vers un pays qui ne serait plus la France à mes yeux.
@2Casa : Je ne suis pas sûr de bien comprendre… Ah si ! Ok ! On est d’accord.
@Cazo : Tout à fait. On aura beau énoncer le problème de différentes manières, le retourner sur toutes les faces pour voir laquelle est la plus acceptable moralement. Le résultat restera le même. C’est un vote identitaire, de peur et de haine.
Je crois que ce qui choque une partie de la gauche, c’est qu’un tel vote oblige à remettre en question l’idée même qu’ils se font de la démocratie. Non, la démocratie n’est pas une panacée, et loin s’en faut.
@Pseudo : Yes ! Vaut encore mieux construire des logements sociaux que des lieux de superstition ! On est bien d’accord, les seuls gagnants dans cette histoire sont les bruns.
Tout d'abord merci pour les encouragements. Je les fait passer autour de moi.
Beaucoup de questions abordées...
- il s'agit d'une initiative et pas d'un vote référendaire pour celui qu'avait pas bien suivi... ;-) et pour ce qui est des 100'000 signatures, c'est pas vraiment un problème. C'est assez rare qu'un initiative populaire soit acceptée en fait...
- Taux de participation: 53% me semble-t-il, ce qui est un score honorable.
- Les Suisses ont clairement voté de manière identiraire. Faudrait peut-être s'entendre sur les mots, mais il me semble qu'un pays avec droit du sang, c'est mal parti pour un quelconque sentiment républicain, hein...
- le racisme et la xénophobie ne sont pas, pas plus en Suisse qu'ailleurs, des exclusivité de l'extrême droite. Quand il s'agit de dénoncer les abus en matière d'asile, même la gauche bien pensante sait s'y mettre.
- les minarets en Suisse du moins ne servent pas à l'appel à la prière, en aucun cas. Ils sont peut-être même la preuve qu'intégration ne veut pas dire assimilation. Ne devrait pas vouloir dire...
20 ans après la chute du mur, on voudrait s'enfermer sur soi!? Merde alors.
- petite réflexion sympa entendue aujourd'hui: à entendre tous ceux qui sont scandalisés par le vote, on se demande qui a voté pour l'interdiction...
- au fond en Algérie, quand le peuple à voté FIS, une bonne partie de l'Europe a défendu le gouvernement algérien dans son refus des résultats. Voir aussi l'élection du Hamas. A quand un blocus contre la Suisse pour mauvais vote? Ce serait assez simple pour l'UE, non? La démocratie est une chose étrange. Ce truc qui demande qu'on lutte pour elle, ben zut alors...
- La Suisse n'est pas un Etat laïque. Y a que Genève qui officiellement l'est, et c'est qu'officiel.
- à mon humble avis, et en me basant sur les conversation que j'ai pu entendre, les initiants ont bien réfléchi à leur coup, et ils ont permis de dévoiler (gnac!) le fond islamophobe d'une bonne partie de la population. Précisons encore que je connais des personnes qui n'apprécient pas du tout les Islam et s'en font une image caricaturale qui ont toutefois voté contre l'initative. Je veux dire, vraiment, le vote a été très émotif, irrationnel, à courte vue. Pour moi c'est l'effet bouc émissaire. Comme dans un récent billet de 2Casa, le système. La crise a tapé fort sur nos banques, ainsi que le fisc US, et les banques ont tapés fort sur le contribuables, qui sait qu'on va encore lui tapé dessus, alors ils tapent sur l'autre, le juif on peut plus, c'est pas qu'on ne veut plus, seulement on ne peut plus, tandis que les musulmans, on peut, c'est de bon ton.
c'est brouillon, je sais. par contre je ne sais pas si ce long commentaire va être accepté...
un entretien assez intéressant sur basta!
http://www.bastamag.net/spip.php?article772
Un autre article tout aussi intéressant si ce n'est plus... (faudrait peut-être que je les collecte sur un billet par chez moi...)
http://cscps-10.blogspot.com/2009/11/des-minarets-aux-miradors-linitiative.html
Pour ceux que les chiffres intéressent, les résultats officiels, pour chaque cantons, et pour la Suisse:
http://www.admin.ch/ch/f/pore/va/20091129/det547.html
Par vote référendaire, j'entendais simplement le fait que l'on fasse une proposition à laquelle on invite l'électorat d'un pays à se prononcer par oui ou non. Que la proposition émane d'un président, d'un 1 er ministre, d'un groupe parlementaire ou le résultat d'une pétition d'initiative populaire, n'a pas grande importance.
Dans ce type d'exercice démocratique, c'est toute la finesse manipulatrice de la formulation de la question à laquelle il faut dire "oui" ou "non", "pour" ou "contre". C'est là que tout se passe, le tout associé à une bone connaissance de l'électorat.
Igor, si la question avait été libellée ainsi : Ce texte propose qu'à compter du 1 er janvier 2010, par respect dû à toutes les communautés religieuses et afin de prévenir toutes tensions inter-communautaires, les édifices religieux ne devront se distinguer des autres édifices du quartier que par l'apposition d'une plaque en cuivre de 24x17.5 sur laquelle figureront l'identité de la communauté religieuse, les horaires des offices et le n° de téléphone du responsable religieux.
Penses-tu que la réponse aurait été la même?
En France, si on demande "Etes vous pour l'interdiction de la chasse", je suis persuadé qu'on aura une majorité de oui, forcément, comme pour la question "Etes vous pour le rétablissement de la peine de mort"... eh oui !! démocratique pourtant...
Pour qu'une démocratie participative puisse fonctionner il faut :
1) que les propositions présentées au vote ne soient pas biaisées
2) que l'électorat dispose d'outils d'analyse et d'une (bio)diversité d'informations pour se prononcer.
Compte tenu des politiques actuelles, en tout cas pour la France, ça n'en prend vraiment pas le chemin !!
Pour le reste Igor, je rejoins ton analyse, il me semble.
@ cazo
ok je comprends ce que tu veux dire. le fait même de poser une question à laquelle il faut répondre par oui ou non sur des choix de société est déjà une sorte de manipulation. 0/1. manichéen. simple et triste.
pour ce qui est de tes 2 conditions pour la démocratie, je ne pense pas qu'on en prenne plus la direction en helvétie non plus...
C'est vrai : la TSR est une chaine generaliste plutôt bien faite ( en ce qui concerne la politique française sans aucun doute). C'est souvent entre la Tribune de Genève et les docs suisses que BiBi prend ses renseignements.
Sur la votation : des racistes ( Didier Goux dit le peuple) dans les couches populaires, est-ce une nouveauté ? Non.
Est-ce une nouveauté que des Intellos de mauvais goût se réjouissent que des idées rétrogrades gagnent une bataille ? Non. En france, cette frange d'Intellos, pleine de ressentiment, a été toute contente de voir Le Pen au second tour, votant probablement pour lui dans le secret de l'isoloir.
Enfin sur la votation, il faudrait tenir compte des dernieres frictions Suisse-Lybie ( un sentiment d'humiliation).
Le principe du referendum est en effet ambigu.
Il semble être l'expression directe du peuple C'estl'expression de la démocratie participative la plus "facile" ..
Justement !
Non seulement la formulation de la question est primordiale et difficilement "objective";
mais aussi le fait de n'avoir que 2 réponses possibles est inadapté à la complexité des situations.
Prenons le traité européen avec ces dizaines de pages. Si l'on avait pu choisir style QCM entre plusieurs réponses aux différentes questions, ç'aurait été, ( oui, très compliqué à gérer mais avec l'informatique..) plus efficace en terme de "sondage" de l'opinion.
Je sais que ce n'est pas le meilleur exemple , vu qu'on a mal voté et qu'on a passé outre notre avis...
Je pense que ce type d'usage de la démocratie devrait être réservé à des questions locales, pour lesquelles les citoyens ont un meilleur accès à l'information, le vote étant précédé de débats...un peu comme une enquête publique.
Pour les sujets nationaux, à moins d'une question simplissime comme : " Voulez vous des élections anticipées?" je pense que c'est inadapté et la porte ouverte à toutes les manipulations.
A part ça, je confirme qu'un minaret est un lieu d'appel à la prière, comme les clochers, à l'origine.
Et si la Suisse n'a plus envie de voir se dresser des signes ostentatoires, peut-être bien qu'elle devient laïque ?
Tutafé Monique, complètement d'accord avec toi ;-) !!
Ben merde ! Y’a mon avertisseur de commentaires qui n’a pas fonctionné dis-donc !
Résultat j’ai une sacrée tartine à traiter ce matin…
@Igor : Merci Igor pour toutes ces précisions utiles. Surtout qu’elles vont dans mon sens, donc je ne vais pas me priver pour le souligner !
Nous sommes, je persiste et je signe, vraiment aux limites de ce que la démocratie peut avoir d’acceptable. Et c’est pourquoi cette votation fait boule de neige en Europe : Elle ouvre une voie royale aux partis d’extrême droite qui se sentent pousser des ailes, et emmerde les partis de gauche parce qu’elle met le doigt sur ce que la sacrosainte « voix du peuple » peut avoir de petit et de mesquin.
D’où certains raisonnements à la mort moi le nœud pour tenter de justifier l’injustifiable.
@Cazo : Je suis d’accord sur le manichéisme de ce genre de question. On aimerait bien que les choses soient aussi simples pour pouvoir y répondre de façon binaire, mais la plupart du temps, ce n’est pas le cas.
@Bibi : Holà Bibi ! Content de te lire ! Je ne suis pas très sûr de cet argument sur Kadhafi que je lis sur pas mal de blogs estampillés « gauche molle» qui tentent de s’accommoder de ce résultat… C’est un peu prendre les Suisses pour des gamins à la courte vue et revanchards… Mais cela les rassurent sans doute sur le vrai fond de l’affaire : Le repli identitaire gagne du terrain partout en Europe.
@Monique : Bien résumé… Les choses sont beaucoup plus compliquées pour ne supporter qu’une réponse binaire. D’accord avec toi sur l’application de la démocratie direct sur des questions locales ou (comme tu dis) simplissimes ou ne portant pas à interprétation.
je vous mets le préambule de la constitution helvétique:
"Au nom de Dieu Tout-Puissant!
Le peuple et les cantons suisses,
Conscients de leur responsabilité envers la Création,
Résolus à renouveler leur alliance pour renforcer la liberté, la démocratie, l’indépendance et la paix dans un esprit de solidarité et d’ouverture au monde,
Déterminés à vivre ensemble leurs diversités dans le respect de l’autre et l’équité,
Conscients des acquis communs et de leur devoir d’assumer leurs responsabilités envers les générations futures,
Sachant que seul est libre qui use de sa liberté et que la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres,
Arrêtent la Constitution1 que voici:"
Dans laquelle il y a désormais l'interdiction de construire un minaret. Si la laïcité, ça veut dire la liberté d'opinion et de croyance, mais avec un bâton dans la roue de l'une d'entre les croyances possibles, il y a un principe d'équité qui m'échappe.
Bien que le minaret a en effet pour fonction d'appeler à la prière, aucun de ceux qui existent en Suisse n'est utilisé pour cela. Et s'il s'agissait de lutter contre les religions, on le saurait. C'est bien une religion particulière, et une seule, qui a été visée, parce qu'elle symbolise l'Autre, l'immigration, l'étranger.
Essayez donc d'interdire le crucifix en classe ou dans les tribunaux dans quelques cantons suisses, les réactions risquent d'être virulentes. Dernièrement la Cour européenne des droits de l'homme a stipulé qu'en Italie les crucifix en classe devaient être enlevés: les réactions indignées ne se sont pas fait attendre et pas qu'en Italie.
Moi je veux bien qu'on se mette à lutter contre le vain retour à la religion. Mais il ne faudrait pas confondre le repli identitaire et les Lumières.
Et puis, il y a plus révoltant en ce moment même: les lois sur les étrangers et le (déni du) droit d'asile.
Voir par exemple: http://www.odae-romand.ch/
l'observatoire romand du droit d'asile et des étrangers.
Bonne journée.
euh quand je dis les crucifix en classe, je ne pense pas à ceux autour du cou de personnes, mais bien à ceux accrochés au mur, à côté du tableau noir.
BiBi a écrit "tenir compte".
C'est en effet un effet spécifique, surement pas déterminant mais... à ne pas oublier dans l'analyse.
Pour le reste ( la jouissance de certains Intellos de mauvais goût qui croient prendre leur revanche en glorifiant le vote helvétique ), ils rappelent à BiBi les Intellos allemands de la frange petite bourgeoise acclamant en d'autres temps leur Fuhrer.
@Igor : Effectivement… Nous, on est sensé avoir fait le ménage il y a 104 ans, mais je suis sûr qu’il y a encore quelques colifichets qui trainent encore dans les coins.
@Bibi : J’ai moi aussi les mêmes réminiscences qui me remontent le long de la colonne vertébrale… Depuis que j’ai appris à l’école que la démocratie pouvait amener ce genre de choses, je m’en méfie comme des autres systèmes de gouvernance.
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