Vous connaissez le Prix Ig Nobel ? Moi, je vous avoue que jusqu’à ce que je tombe sur un article dans Charlie Hebdo, je ne connaissais pas… Le Prix Ig Nobel (Prononcer Ignoble à l’anglaise) récompense chaque année depuis 1991 les recherches scientifiques ou techniques les plus stupides ou les plus bizarres. Par exemple, le prix Ig Nobel de médecine 2005 revint à un chercheur de l’université du Tennessee pour son travail sur la façon de faire passer le hoquet grâce à un massage rectal digital… Un doigt dans le cul si vous préférez. De même le prix Ig Nobel de médecine 2002 fut décerné à un chercheur anglais pour son étude sur l’asymétrie scrotale des hommes dans les statues anciennes. En clair, pour une étude qui compare la taille des couilles de ses beaux éphèbes grecs que l’on voit dans les musées… Bref, ce prix récompense tout ce qui peut se faire de loufoque ou d’apparemment inutile dans le monde de la science et de la technologie. Mais parfois, le prix est décerné avec une arrière-pensée politique certaine. Par exemple en 1996, le prix Ig Nobel de la paix revint à Mr Jacques Chirac pour avoir fait coïncider la date anniversaire des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki avec la reprise des essais nucléaires dans le Pacifique…
Donc, les petits plaisantins qui décernent ces prix sont, non-seulement des scientifiques ayant le sens de l’humour, mais également des citoyens du monde qui ont un message à faire passer.
Cette année, le prix Ig Nobel de médecine a récompensé le scientifique Dan Ariely pour son étude sur les placebos (Non, ce n’est pas une étude sur la musique anglaise). Une étude qui peut paraitre stupide, mais en même temps qui pose tout un tas de questions morales sur la médecine et sur les commerces qui en découlent. Jugez plutôt.
Ariely a démontré scientifiquement que l’effet d’un produit placebo était proportionnel au prix déclaré du produit. Par exemple, mettons que l’on propose à un panel de personnes deux boissons sensées améliorer les performances cérébrales. L’une coutant deux fois moins chère que l’autre. Puis demandez à ces personnes de répondre à quelques tests intellectuels de base… Et bien, immanquablement, le groupe de personne qui a absorbé le placebo le plus cher réussira mieux que l’autre ! Et oui ! C’est dingue non ?
En fait, c’est pas si dingue que ça… Et comme vous l’allez voir, c’est même plutôt inquiétant.
Dans un monde tel que le notre, où les gens meurent par millions par manque de soin, le coût des médicaments est un problème rédhibitoire (j’adore ce mot !). En Afrique, les malades du Sida meurent parce que les compagnies pharmaceutiques refusent catégoriquement de baisser le prix de vente des trithérapies… C'est-à-dire que l’argument économique reste un frein à la santé mondiale, ou plutôt, le profit que génèrent les soins, et le désir de conserver ce profit, tue des gens.
Avec une telle étude, Ariely apporte du grain à moudre à ces grandes compagnies pharmaceutiques, et il est le premier à le reconnaitre. Si l’on baisse le prix des médicaments, on peut s’attendre à voir leur efficacité diminuer, statistiquement bien sûr… A l’inverse, affichez n’importe quel prix élevé sur de la bouse de vache en pilule, et vous verrez que vous les vendez comme des bonbons.
Voilà qui ne va pas arranger la politique des médicaments génériques. Car, ceux-ci dans l’inconscient collectif, puisqu’ils sont moins chers seront donc moins performants… Alors qu’il n’en est rien.
Je tiens à préciser que nous raisonnons ici à l’échelle de la statistique. Un individu convenablement informé et éduqué ne peut pas entrer dans ces chiffres. Il ne se laissera pas avoir pas ses poudres de perlimpinpin hors de prix ni ne verra son mal de tête disparaitre moins vite en prenant de l’acide acétylsalicylique plutôt que de l’aspirine fabriqué par un laboratoire connu.
Mais, pour ces firmes mondiales, un point de plus dans les statistiques, cela représente des milliards de profit… On peut donc dire que l’étude de Dan Ariely est une petite perle de la science. Mais cette perle, jetée entre les mains d’économistes ou de marchands peu scrupuleux peut vite devenir une arme terriblement cynique. Certains diront sans doute pragmatique...
A ce propos, on peut faire un lien entre les travaux sur l’effet Placebo et l’actuelle controverse parue dans le journal UFC - QUE CHOISIR N°464 de novembre 2008. En résumé, tout, je dis bien tout, ce que vous lisez ou entendez sur les bienfaits des ces produits est faux. Les résultats sont inversement proportionnels à la précision des slogans qui vous sont donnés. Moins 40% d’effet peau d’orange avec les pilules Machin-Truc, c’est du pipeau ! L’Oenobiol ou le thé vert, de l’arnaque pure et simple ! Les Oméga 3, 18, 32, ou 124, de la connerie en barre que l’on vous vente pour vous faire consommer plus. Et pire que tout, ces produits soi-disant bons pour la santé se révèlent être des produits dangereux pour la plupart des gens qui n’en ont pas besoin…
Bref, je crois que l’on n’en a pas fini d’en entendre des vertes et des pas mûres au sujet de cette étude. Elle démontre pour moi ce que l’on peut faire de mal avec quelque chose de bien.
En conclusion, je dirais qu’il peut y avoir de la bonne et de la mauvaise science. La mauvaise science, étant celle qui démontre des applications potentiellement perverses et néfastes pour le genre humain. Dans ce cas là, moi une étude comme celle-ci je la prends et je la jette au feu illico. Car ce qu’a réussi à démontrer Ariely, c’est qu’on peut aller très loin dans la manipulation des masses et dans la justification de cette manipulation…
Et n’oublions pas que, comme le disait ce cher Rabelais, « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme »…
Donc, les petits plaisantins qui décernent ces prix sont, non-seulement des scientifiques ayant le sens de l’humour, mais également des citoyens du monde qui ont un message à faire passer.
Cette année, le prix Ig Nobel de médecine a récompensé le scientifique Dan Ariely pour son étude sur les placebos (Non, ce n’est pas une étude sur la musique anglaise). Une étude qui peut paraitre stupide, mais en même temps qui pose tout un tas de questions morales sur la médecine et sur les commerces qui en découlent. Jugez plutôt.
Ariely a démontré scientifiquement que l’effet d’un produit placebo était proportionnel au prix déclaré du produit. Par exemple, mettons que l’on propose à un panel de personnes deux boissons sensées améliorer les performances cérébrales. L’une coutant deux fois moins chère que l’autre. Puis demandez à ces personnes de répondre à quelques tests intellectuels de base… Et bien, immanquablement, le groupe de personne qui a absorbé le placebo le plus cher réussira mieux que l’autre ! Et oui ! C’est dingue non ?
En fait, c’est pas si dingue que ça… Et comme vous l’allez voir, c’est même plutôt inquiétant.
Dans un monde tel que le notre, où les gens meurent par millions par manque de soin, le coût des médicaments est un problème rédhibitoire (j’adore ce mot !). En Afrique, les malades du Sida meurent parce que les compagnies pharmaceutiques refusent catégoriquement de baisser le prix de vente des trithérapies… C'est-à-dire que l’argument économique reste un frein à la santé mondiale, ou plutôt, le profit que génèrent les soins, et le désir de conserver ce profit, tue des gens.
Avec une telle étude, Ariely apporte du grain à moudre à ces grandes compagnies pharmaceutiques, et il est le premier à le reconnaitre. Si l’on baisse le prix des médicaments, on peut s’attendre à voir leur efficacité diminuer, statistiquement bien sûr… A l’inverse, affichez n’importe quel prix élevé sur de la bouse de vache en pilule, et vous verrez que vous les vendez comme des bonbons.
Voilà qui ne va pas arranger la politique des médicaments génériques. Car, ceux-ci dans l’inconscient collectif, puisqu’ils sont moins chers seront donc moins performants… Alors qu’il n’en est rien.
Je tiens à préciser que nous raisonnons ici à l’échelle de la statistique. Un individu convenablement informé et éduqué ne peut pas entrer dans ces chiffres. Il ne se laissera pas avoir pas ses poudres de perlimpinpin hors de prix ni ne verra son mal de tête disparaitre moins vite en prenant de l’acide acétylsalicylique plutôt que de l’aspirine fabriqué par un laboratoire connu.
Mais, pour ces firmes mondiales, un point de plus dans les statistiques, cela représente des milliards de profit… On peut donc dire que l’étude de Dan Ariely est une petite perle de la science. Mais cette perle, jetée entre les mains d’économistes ou de marchands peu scrupuleux peut vite devenir une arme terriblement cynique. Certains diront sans doute pragmatique...
A ce propos, on peut faire un lien entre les travaux sur l’effet Placebo et l’actuelle controverse parue dans le journal UFC - QUE CHOISIR N°464 de novembre 2008. En résumé, tout, je dis bien tout, ce que vous lisez ou entendez sur les bienfaits des ces produits est faux. Les résultats sont inversement proportionnels à la précision des slogans qui vous sont donnés. Moins 40% d’effet peau d’orange avec les pilules Machin-Truc, c’est du pipeau ! L’Oenobiol ou le thé vert, de l’arnaque pure et simple ! Les Oméga 3, 18, 32, ou 124, de la connerie en barre que l’on vous vente pour vous faire consommer plus. Et pire que tout, ces produits soi-disant bons pour la santé se révèlent être des produits dangereux pour la plupart des gens qui n’en ont pas besoin…
Bref, je crois que l’on n’en a pas fini d’en entendre des vertes et des pas mûres au sujet de cette étude. Elle démontre pour moi ce que l’on peut faire de mal avec quelque chose de bien.
En conclusion, je dirais qu’il peut y avoir de la bonne et de la mauvaise science. La mauvaise science, étant celle qui démontre des applications potentiellement perverses et néfastes pour le genre humain. Dans ce cas là, moi une étude comme celle-ci je la prends et je la jette au feu illico. Car ce qu’a réussi à démontrer Ariely, c’est qu’on peut aller très loin dans la manipulation des masses et dans la justification de cette manipulation…
Et n’oublions pas que, comme le disait ce cher Rabelais, « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme »…
11 commentaires:
Gwendal, tu te contredis ! Si on veut une science en conscience, divulguons largement cette étude afin que chacun se rende compte de son aveuglement et de sa crédulité .
Salut Lucie ! Euh je ne crois pas qu’il y est confusion dans mon esprit, non… Je veux dire, en gros, que certaines choses ne devraient pas être révélées car elles peuvent être utilisées par de mauvaises personnes… Mais d’un autre côté si tout le monde sait à quoi s’en tenir, la mauvaise utilisation n’a plus lieu d’être… T’as raison, il y a un paradoxe là…
Mais encore faut-il que tout le monde puisse avoir connaissance de ce genre d’étude et la comprenne vraiment, et franchement je n’ai pas assez confiance en mes congénères pour prendre ce risque…
Les congénères ne sont pas si bêtes qu'on le croit . Faisons-leur confiance !
Ah bon ? Alors pourquoi on a Sarkozy comme président ? :)
Ca ne veut pas dire qu'ils sont bêtes . La preuve, ils s'en mordent les doigts .
D'où l'utilité de l'expérience ...
Hihihi! N'empêche que tu sais bien individuellement chaque être humain est intelligent... mais si tu les regroupe, leur intelligence ne s'additionne pas. Au contraire elle diminue. Le groupe, en règle générale, est un veau sans cervelle manipulable à souhait.
Alors là, je ne te permets pas ! Tu insultes les veaux (petits êtres sensibles) et, par la même occasion leurs pauvres mères, pour qui j'éprouve grand respect et grande tendresse !
Les veaux n'ont pas qu'une cervelle . Ils fonctionnent tout aussi bien avec un coeur et des tripes .
La cervelle élit, le coeur et les tripes délient .
Les grandes révolutions ne sont jamais cérébrales .
Des moutons alors...?
Bêêêêêêêêêêêêêêêêê !!!!!!!!!!!
De toutes façons, vu la conjoncture économique, les plus pauvres n'auront pas le choix et prendront les médicaments les moins chers...
Resteront les plus riches qui se feront avoir avec des placebo outrageusement évalués.
Tant pis pour eux !
Pour une fois !
PS : et n'insulte plus les veaux ! moi aussi je suis une inconditionnelle des vaches...
Mouais... Mais avec l'effet Ariely, les pauvres ne guériront pas aussi vote puisqu'il seront persuadé d'avoir acheté des remèdes moins efficaces, puisque moins chers... Ça devient un cercle vicieux !
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