Je voulais vous dire…


Un blog qui parle de politique, de social, d'environnement... De la vie quoi!


lundi 30 juin 2008

Accroc au net

Et bien chers amis, en ce lundi radieux et chaud, je me dois de vous faire un aveu pénible. Je suis consterné par mon état, honteux comme un pêcheur à confesse, désespéré comme je ne l’ai jamais été depuis des années…
Mais que t’arrive-t-il Gwendal ? Vous demandez-vous. Qu’elle est donc cette vilénie qui te taraude l’esprit ? Qu’as-tu donc fait de si mal, toi que nous savons être la sérénité faite homme ?
Et bien mes amis je vous avoue ma dépendance au net. Voilà, c’est dit. Je vous offre ainsi ma honte en pâture et j’accepte vos quolibets. Ne vous gênez pas pour me huer tout votre saoul, accablez-moi de vos sarcasmes, car en mon âme et conscience, je sais que je le mérite.
Il me faut quand même vous expliquer pourquoi en ce lundi qui aurait pu être magnifique, j’ai décidé de me complaire dans la mortification. Voilà donc pourquoi, et siouplait, soyez indulgents avec moi !
Hier, dimanche donc, je me levais à l’aube, c'est-à-dire vers cinq heure du matin comme un dimanche habituel… A cette heure il faut que vous sachiez que j’agis comme un robot : Mes gestes, programmés et automatiques, sont gérés par une centrale indépendante de mon cerveau qui lui met un peu plus de temps pour se réveiller. Premier geste, je me sers un mug de café de la veille que je mets au micro-onde (C’est mon mug préféré, avec des petits chats).
Puis, dans la foulée, j’allume l’unité centrale et l’écran de mon ordi. Pendant que la bête chauffe, je lance la machine à café pour une deuxième tournée de café frai… Puis je m’assois et je bois mon café accompagné d’une première cigarette. Je saisis la télécommande et j’allume ma télé… Le processus de réveil commence alors… Doucement, sans à-coups, la machine est fragile et se doit donc d’être ménagée. Entre deux gorgées brulantes, j’introduis mon mot de passe et j’attends que ma page d’accueil s’affiche. MSN, en premier… Tiens-donc mais pourquoi ne veut-il pas s’ouvrir lui ? Va pas commencer à me gonfler de bon matin ! Déjà le processus délicat du réveil gwendalien s’enraye… Bon, on se calme ! Je prends donc un deuxième mug de café frai, et j’allume ma deuxième clope du jour. Que c’est-il passé pendant la nuit ? I-télé me le dit sans que je lui réponde… trop tôt pour commencer à causer avec sa télé. De temps en temps je glisse un œil torve vers l’écran de mon PC. Internet Explorer met décidemment un temps fou pour s’ouvrir… Mais que ce passe-t-il ? C’est trop long. Il doit y avoir une couille dans le potage… Mais bon, priorité au processus de réveil. Il sera toujours temps d’avoir une montée de tension intempestive une fois que mon troisième mug de café sera ingurgité…
Voilà, il est six heures. Après mes intermèdes déféquatoires et ablutoires je suis fin prêt à affronter cette journée et à m’atteler à ce qui se révèle être un problème de connexion internet.
Je bourre affectueusement ma pipe, l’allume et me penche alors sur le clavier, déterminer à résoudre ledit problème. Tout y passe : Vérification des branchements, au cas où ma chatte aurait voulue jouer avec les câbles. Lancement d’un diagnostique complet. Mais le fait est là, consternant, mon PC est nickel, mais il persiste un problème au niveau du serveur DNS.
Toute la matinée je vais tenter, en vain de me connecter. J’étais pathétique, je me faisais chier comme un rat mort. J’étais frustré de ne pouvoir ouvrir mon blog, de lire les commentaires de la TéléLibre, de surfer sur les forums… En plus j’avais prévu d’envoyer des mails à deux trois personnes… Bref, la matinée si tranquille se transformait soudain en un cloaque de solitude infesté d’idées noires.
Vers midi une sonnerie raisonne alors que je fais une partie de démineur (Quand je vous disais que j’étais pathétique !). C’a-y-est, ça marche ! Miracle ! Je m’empresse de jeter deux-trois commentaires ça et là avant que le système ne replante. Ce qui ne tarda pas… Une demi-heure plus tard, rebelote : Les fenêtres affichent inlassablement leur message désespérant : Internet Explorer ne peut pas ouvrir cette page, vérifiez que… RRRRRR ! J’enrage !
Je me dis que le sommeil est souvent réparateur et qu’il se peut que mon sommeil soit réparateur pour mon serveur… On ne sait jamais. Après la sieste, le problème est toujours là. Toute l’après-midi il va persister et je vais commencer à ressentir un manque. Rien ne m’amuse, je me retrouve à lire mes vieux commentaires sur LTL que je garde en mémoire… Je fais comme si… Je clique au hasard, je tente une partie de Medal of Honor qui va vite me gaver tant je ne suis pas à ce que je fais… Mon esprit est ailleurs. Finalement je vais éteindre le PC vers 20 heures et je vais passer ma soirée devant ma télé… Je m’endors en priant pour que quelqu’un, quelque part, fasse quelque-chose…
Ce matin, même processus que la veille avec une différence notoire : Je reste face à mon écran le temps que tous les fichiers s’ouvrent correctement… Ouf ! Une douce voix féminine m’indique que j’ai reçu deux commentaires sur mon blog, plus un mail ! Hourra ! Quelqu’un, quelque part, a fait quelque-chose !
Une fois que j’eu vérifié que tout fonctionnait correctement, j’en vins à me poser la question suivante : Pourquoi suis-je devenu aussi dépendant de mon ordinateur ? Est-ce que c’est grave ? Je ne suis branché sur internet que depuis le mois de janvier, et déjà le fait qu’on me coupe ma connexion me stresse au plus haut point.
Alors je vous pose la question, à vous amis internautes et bloggeurs des quatre coins de la France et d’ailleurs : Comment réagiriez-vous si du jour au lendemain votre connexion était en panne ? Peut-être cela vous est-il déjà arrivé ? Qu’avez-vous fait ? Suis-je définitivement perdu ?
Je n’aime pas ma réaction, et je me sens obligé de me remettre en question. Le pire, c’est que je ne n’arrive pas à me souvenir comment je faisais avant d’avoir cette fichue connexion…

samedi 28 juin 2008

La photo de la semaine


Ah, le volet niçois ! C’est à la fois un régulateur thermique
et un paravent pour espionner ses voisins…

mercredi 25 juin 2008

De la propagande à deux euros

Depuis deux jours la télévision diffuse une drôle de publicité. Une publicité qui, malgré les déclarations du gouvernement, est une grande première dans notre république. Pour la première fois en France le gouvernement a décidé de SE faire de la pub et de communiquer sur son action. La première est suffisamment remarquable pour être signalée, même si cette campagne me semble relativement cohérente avec l’hyper-présidence dont nous sommes maintenant habitués depuis un an. Il s’agit de la première action concrète du nouveau conseiller en communication du gouvernement, Franck Louvrier. Et pour une première le bougre met le paquet !
Il est prévu que cette propagande soit diffusée 1630 fois sur tous les écrans et dans des tranches horaires efficaces (les plus chères, bien sur) pour un budget estimé à plus de 4 millions d’euros. Précisons toutefois qu’il s’agit là de nos impôts, cela va sans le dire, mais c’est quand même mieux en le disant. J’utilise le terme propagande à bon escient croyez-moi, car le Larousse le définit comme suit : Propagande : Action systématique exercée sur l'opinion pour lui faire accepter certaines idées ou doctrines, notamment dans le domaine politique ou social.
Plus au prés de cette définition, je ne crois pas que cela soit possible.
En l’occurrence, la doctrine que le gouvernement tente de nous faire rentrer dans la tête c’est que les gens sont IMPATIENTS ! Dès les premiers mots la voix off nous rassure en nous disant que le gouvernement l’est aussi (super !). Puis la voix, dramatique à souhait, nous décrit les progrès que les français peuvent dors et déjà constaté dans leur vie quotidienne : Les heures sup, la suppression des intérêts d’emprunt, un mois de caution au lieu de deux, l’exonération des revenus étudiants pour les impôts des parents, etcetera… Euh non, pas etcetera. C’est tout…
On aurait pu espérer une communication subtile, toute en finesse, destinée à redonner confiance aux Français… Mais non, la ficelle est la même que celle que les ministres et leur chef ne cessent de nous rabâcher, que le peuple veut que le gouvernement aille plus vite, plus loin, plus fort dans les réformes… Mais que malheureusement les résultats se font un peu attendre. Donc cette pub est conçue essentiellement pour rassurer. Faire patienter, si vous préférez… Le problème est que les français risquent de devoir patienter pendant longtemps. J’ajouterais même qu’il le fera sans doute en pure perte.
Donc, je trouve que cette campagne de publicité est non seulement grossière et démagogue, mais également insultante pour ceux pour qui le pouvoir d’achat est une réalité. D’ailleurs à ce propos, les mots « pouvoir d’achat » sont déjà en eux-mêmes une vaste fumisterie pour désigner le souci principal des Français… En Afrique francophone on dit plutôt « la vie chère », et pour ma part je l’appellerais plus simplement la pauvreté.

Allez, je vous glisse ici une petite parodie que j’ai dénichée sur le net… Vous ne pensiez tout de même pas que j’allais vous mettre le vrai clip quand même ! Manquerait plus que je m’associe à cette pantalonnade…




clip Pouvoir d'achat parodie
envoyé par effer

dimanche 22 juin 2008

La forêt (5)

La forêt vierge

Et nous revoilà donc sur les petits sentiers forestiers à la découverte de ce que vous ne voyez pas forcément, mais qui est quand même là…
Maintenant que vous êtes familiarisé avec les trois principales façons de gérer une forêt, on va pouvoir aborder des sujets un peu plus coriaces, voir abstraits. Pour ceux qui découvrent cette rubrique, je ne saurais trop vous conseiller de réviser un peu en cliquant sur le tag « forêt », histoire de vous mettre au parfum. Car aujourd’hui je voulais vous parler de ce que vous n’avez probablement jamais vu de votre vie, en tout cas en France, c'est-à-dire de la forêt vierge, ou forêt primaire.
Alors, c’est quoi une forêt vierge ? Plus précisément, et pour paraphraser Michel Chevalet : « Alors, comment ça marche une forêt vierge ? ».
Ben, une forêt est vierge lorsqu’elle n’a pas été dépucelée par l’homme… (Plus clair comme définition, y’a pas !). C'est-à-dire quand jamais de chez jamais, un homme n’est venu fourrer son nez dans sa structure (son intimité) et que celle-ci n’est due qu’aux aléas naturels. Vous me direz que vous n’aller pas forcément en croiser une dans votre vie et vous aurez raison. Car sachez qu’il n’existe plus de forêts vierges sur le territoire français métropolitain (petite précision qui a son utilité) depuis au moins deux siècles. En effet, la France n’est pas si grande que ça et l’homme y réside depuis quand même assez longtemps pour avoir pu mettre son nez un peu partout. Les derniers havres connus étaient quelques iles sur le Rhin mais elles ont été déclassées car on s’est dit que finalement elles subissaient quand même les pressions humaines, ne serait-ce que par la pollution du fleuve. Notons quand même qu’il existe quelque part dans la forêt de Fontainebleau ce que l’on a appelé la réserve artistique puis la réserve biologique intégrale. Il s’agit de quelques 580 hectares préservés de toute atteinte et ce depuis 1861. De nos jours ces quelques arpents servent de centre d’étude sur la dynamique forestière naturelle et ils sont strictement interdits aux visiteurs. Mais bon, 150 ans de tranquillité sur une aussi petite surface ne font pas de cette exception une forêt primaire au sens strict du terme… Comme pour les iles rhénanes, l’influence humaine est néanmoins présente ne serait-ce que par la pollution atmosphérique et les activités qui se déroulent alentour. Bref, il n’y a plus de forêts naturelles en France, point. Pour en trouver il faudra vous rendre en Pologne ou bien en Russie, à moins que vous ne préfériez les longues soirées scandinaves…
J’entends déjà les petits malins me dire que la France a sa forêt vierge en Guyane. C’est vrai, mais je ne vous parlerais pas ici des forêts équatoriales, même si c’est probablement la première chose qui vous soit venue à l’esprit lorsque vous avez lu le titre de ce chapitre. Pourquoi ? Et bien, parce que dans la dynamique de la forêt équatoriale rentre une donnée que nous ne connaissons pas sous nos latitudes, c’est que les saisons n’existent pas. Il n’y a pas de phase de repos annuel engendrée par l’hiver, et le ratio jour/nuit reste identique tout au long de l’année. Cela implique donc une flore particulière qui croie en permanence, ainsi que des sols particulièrement fragiles. Pourquoi ? Et bien parce que lorsque une plante ne cesse de pousser sa vie se voit raccourcie d’autant. Le prix à payer pour une croissance accélérée est souvent une durée de vie courte, et donc un turn-over biologique rapide et en flux tendu… (Ça va, vous suivez ?) Lorsqu’une plante meurt, elle génère de la matière organique qui va servir de nourriture aux plantes qui vont lui succéder, ok ? En forêt équatoriale cette matière organique est très rapidement utilisée par la régénération et n’a donc pas le temps d’être stockée par les sols. Il s’ensuit donc un paradoxe qui est que les sols des forêts primaires équatoriales sont le plus souvent très pauvres. Ce qui n’est pas le cas pour les forêts primaires tempérées, car le cycle des saisons favorise le stockage de la matière organique et les sols de ces forêts sont donc riches en oligo-éléments… Ce qui explique en partie pourquoi on n’en trouve plus vraiment en Europe. Une telle fertilité se devait de servir la cause humaine en produisant autre choses que de bêtes arbres !
Alors à quoi ça ressemble une forêt exempte de toutes pratiques humaines ? Et bien, un peu comme la futaie jardinée, à un joyeux bordel. Mais, comme pour la futaie jardinée ce bordel n’est seulement qu’apparent…
Les seuls événements qui vont interagir avec la structure d’un peuplement forestier primaire sont bien sur la durée de vie des arbres et arbustes qui le compose, mais aussi les aléas climatiques. En fait, ce ne sont que des catastrophes et des morts qui régulent le peuplement. Ou plutôt un enchainement continu de catastrophes et des morts…
Techniquement un peuplement libre de toutes contraintes humaines est en fait une suite contiguë de peuplements réguliers. C'est-à-dire que l’on retrouve un peu l’image de la mosaïque dont je vous parlais dans la futaie jardinée, à la différence près que ces « parquets » sont dus aux accidents.
Par exemple imaginons un beau, grand et vieil arbre. Celui-ci domine de la tête et des feuilles l’ensemble de ses congénères. Un beau jour, lors d’un été caniculaire ce glorieux spécimen reçoit sur la tête un éclair qui le foudroie de la cime jusqu’aux racines… d’abords fendu par le milieu notre ami ne tarde pas alors de choir sur le côté, dégageant une large trouée. Un peu comme lorsque vous tombez dans la neige, une silhouette se dessine alors sur le sol, marquant pour un temps votre maladresse… La flore qui jusque-là vivotait dans l’ombre du gaillard se retrouve alors en pleine lumière ! Profitant de l’aubaine celle-ci va donc se mettre à pousser comme une folle, attirée par les rayons bienfaiteurs de notre ami le soleil. En même temps, il se peut également que sur le sol, notre vieil arbre est eu le temps de disperser ça-et-là quelques rejetons qui vont bien évidement s’empresser de prendre la relève. Il s’ensuit donc, dans l’espace ainsi créé par la chute de l’arbre une explosion de vie qui donnera peu à peu un petit peuplement de même hauteur. Un peuplement régulier.
Si vous prenez cet exemple de mini-catastrophe et que vous le reproduisez à l’échelle de la forêt toute entière vous pouvez arriver à imaginer ce qui rythme la vie d’une forêt vierge. L’éclair qui sonna l’arrêt de mort de notre glorieux aïeul, fut en fait un créateur de vie. Imaginez, dans le même ordre d’idée, une tempête, une invasion d’insecte, un incendie… Tous ces événement sont alors des déclencheurs qui malgré leur aspect destructeur vont inciter la dynamique forestière à se mettre en branle et à reconquérir le terrain perdu.
Visuellement ce genre de forêt n’est pas très logique. Pas très cartésienne ou colbertiste comme vous voulez. En effet la vie y côtoie la mort en un mélange improbable.
Contrairement à une idée reçue la forêt primaire n’est pas forcément impénétrable. C'est-à-dire que vous avez de grandes chances de pouvoir la parcourir sans grands soucis, à moins que vous ne tombiez justement sur une de ces trouées où la régénération pullule. Puisque les événements surgissent de façon aléatoire, rien ne peut vous sembler suffisamment particulier pour vous aider à vous repérer, ainsi on se perd très facilement dans une forêt primaire…
Comme dans une futaie jardinée nous allons retrouver des strates, des étages différents, des essences différentes. Comme nous l’avons déjà vu ce genre de structure est propice à une diversité biologique. Ainsi, dans une forêt primaire l’on peut encore croiser des ours des bisons, des rennes, des loups… Bref, la chaîne alimentaire est complète et se déroule du ver de terre jusqu’au grand herbivore avec son cortège de grands prédateurs…
On recense en Europe quelques grandes forêts préservée comme celle de Bialowieza en Pologne, ou celle de Perucica en Bosnie-Herzégovine ou dans l'extrême Nord de la Scandinavie ou encore dans certaines parties de la Sibérie. J’ai eu la possibilité de visiter la forêt de Bialowieza… C’est vraiment magnifique. Si un jour vous allez faire un tour en Pologne prenez le temps de passer la voir… Si comme moi vous aimez la nature au sens premier du mot, vous ne le regretterez pas.
Si j’osais faire un parallèle, je dirais qu’autant les parcelles de la forêt de Fontainebleau ont inspirées les artistes du XIXème siècle, ce qui a engendré le premier classement en réserve de l’histoire humaine… Autant c’est la forêt deBialowieza qui a inspirée les sylviculteurs du mouvement Prosilva et la théorie de la futaie jardinée… Comme quoi on peut être forestier et un petit peu artiste !

samedi 21 juin 2008

La photo de la semaine


Vu de ma fenêtre, un splendide Brugmansia
Errata : Je m’a gouré. J’avais mis Datura Arborescent Alors qu’il s’agit d’un Brugmansia ! Mais en même temps elles sont cousines germaines avec les mêmes caractéristiques… Si ce n’est que chez le datura les fleurs sont érigées et qu’elles tombent chez le Brugmansia. Toutes mes excuses !

Quand l’Europe met le feu aux poudres

Notre cher et décidément très controversé parlement Européen vient de nous en pondre une bonne ! Non, chers amis, il ne s’agit pas de ces habituelles directives rigolotes sur l’épaisseur de la peau des saucissons ou sur le diamètre maximal des olisbos… Non, c’est plus grave que ça. Il s’agit de ce que certains nomment « la directive de la honte ».
Cette directive, sensée harmoniser la politique de rétention des immigrants a été adopté au parlement européen le 18 juin 2008 par 369 voies contre 197. (106 abstentions et 111 absents…).
Voici ce qui a donc été voté :
La détention peut atteindre 18 mois (32 jours au maximum en France actuellement), l’interdiction de retourner sur le territoire européen pendant cinq ans est systématique, les migrants illégaux peuvent être renvoyés dans leur pays d’origine mais aussi vers un pays de transit même s’ils n’ont aucun lien avec ce pays, la détention et l’éloignement des mineurs accompagnés ou isolés est permise, l’obligation de délivrer des titres de séjour aux personnes gravement malades est supprimée.
Bref, que des dispositions plutôt dégueulasses, même si d’un autre côté il faut bien admettre qu’il s’agissait d’harmoniser la répression. On ne pouvait donc s’attendre à des mesures marrantes comme celles que j’ai déjà citées…
Même si l’adoption de cette directive s’est déroulée dans une relative indifférence, nombre d’ONG et autres associations ont milité sur le net pour combattre le tout-répressif et instaurer une politique beaucoup plus accueillante pour les immigrés de toute la planète. Car n’oublions pas que le verbe harmoniser ne veut pas forcément dire que l’on doive choisir les pires exemples. En effet avant cette directive chaque pays avait sa propre approche de la rétention administrative. Par exemple dans les pays d’Europe du nord, celle-ci pouvait être quasiment illimitée comme en Angleterre ou en Suède par exemple. A contrario la France ainsi que d’autres pays latins imposaient des rétentions moins longues (France 32 jours). Bref, maintenant c’est 18 mois…
Certains diront que la poire a belle et bien été coupée en deux, d’autres que les pays traditionnellement receveurs de migrants voient leur politique durcie. Mais je crois en fait que la question n’est pas là.
La rétention administrative, comme on la nomme en France, est sensée durer le temps que s’organise le retour de la personne et dépend donc du degré d’organisation de chaque état. Le problème est qu’en institutionnalisant une durée de 18 mois, le migrant se voit catalogué d’office dans la catégorie des criminels et cette incarcération se transforme plutôt en une mesure de contrôle sur les populations indésirables. Il s’agit maintenant d’une criminalisation institutionnalisée des étrangers en Europe.
Paradoxalement, cette directive est sortie depuis trois jours et l’on n’entend rien en Europe! Pas un cri, pas une récrimination ! Les seuls à être montés aux créneaux sont les dirigeants des pays d’Amérique latine. Hugo Chavez menace de couper le robinet à pétrole pour les pays européens qui appliqueront cette directive. L’Argentine parle d’atteinte aux droits de l’homme, la Bolivie s’insurge contre « cette agression contre l’humanité et la vie », l’Equateur critique ce qui est « une véritable honte pour cette Europe qui était autrefois une Europe des lumière »… Précisons qu’en Europe, la population immigrée issue des pays Andins se monte à trois millions de personnes.
Face à cette bronca les déclarations d’apaisement se bousculent notamment en France et en Espagne. Zapatero s’est engagé à ne pas augmenter la durée de rétention pratiquée dans son pays (40 jours), de même un représentant du gouvernement français a déclaré que cette directive ne serait jamais appliquée… (Je sais plus qui c’est, mais je l’ai entendu).
En fait, cette directive n’aura que peu de conséquences chez nous. Du moins pour l’instant. Les pays dont la législation est plus favorable ne sont pas obligés de s’aligner sur elle. De même certain pays comme le Royaume-Uni, l’Irlande et le Danemark bénéficient d’une exemption dans le domaine des affaires intérieures…
Ce qui me révulse, c’est que pour ménager nos « amis » d’outre atlantique, nos dirigeants sont prêts à toutes les concessions, mais on ne parle pas des autres dispositions de cette directive ! Que dire de l’incarcération des mineurs et des malades ? N’est-ce pas honteux ? Et je ne parle pas de la possibilité de reconduire des gens dans des pays où ils n’ont rien à y faire…
Bref, attendons de voir à quelle sauce cette directive sera assaisonnée par nos parlementaires et restons vigilants car je gage que notre Glorieux Président Elu ne manquera pas de faire passer en douce une petite loi bien de droite et bien liberticide. Comme à son habitude.

En guise de conclusion je dirais que le libéralisme prône une libre circulation des marchandises et des capitaux, par contre pour ce qui est des être humains, le libéral se transforme volontiers en identitaire…

PS : Merci à Hélène H pour avoir dirigé mes yeux vers ce sujet !

vendredi 20 juin 2008

Merci pour tout...

Vous ne le savez peut-être pas, mais aujourd’hui est un jour particulier. Réfléchissez un peu… Non ? Vous ne voyez pas ? Oui, d’accord, c’est l’été, mais ce n’est pas de ça dont je voulais vous parler… Vous donnez votre langue au chat ? Bon Ok !
Avez-vous remarqué le petit compteur de visite qui se trouve en bas de page ? Et bien, comme vous pouvez le voir, cette nuit j’ai reçu mon millième visiteur. 1000 personnes sont venu se balader par ici et je trouve que cela mérite d’être salué.
Allez ! J’vous fais un petit bilan vite fait :
Je voulais vous dire… existe depuis le 4 avril 2008, cela fait donc 77 jours… En 77 jours, il y a eut : 57 articles, 1002 visiteurs uniques, 210 commentaires postés (autres que les miens, bien sur !).
Voilà, c’est tout. Je ne vais pas vous sortir des statistiques tarabiscotées sur qui vient me voir, combien de temps il passe chez moi, par quel médium… J’en ai rien à cirer. D’ailleurs je n’ai installé qu’un compteur basique sans traqueur ni programme sophistiqué, parce que je considère que ça ne me regarde pas… Je ne vais pas prêcher contre le flicage intensif de notre société et en même temps tirer des infos à votre insu quand même !
N’ayant aucun moyen de comparaison, et n’en cherchant pas vraiment d’ailleurs, je ne sais pas si ce millier visiteurs est un bon « score », si je fais le buzz, si ma renommée en est augmentée ou pas, tout ça n’a aucune importance. Ce qui compte à mes yeux c’est que mille visiteurs, et bien c’est l’occasion pour moi de vous dire merci.
Merci, car je ne m’attendais pas à ça. Merci ensuite pour votre fidélité croissante, vos encouragements et vos critiques constructives. Merci pour tout en fait…
Je vous avouerais que lorsque j’ai commencé ce blog, c’était surtout pout moi que je le faisais. Dans mon esprit, c’était une espèce de journal intime où je pensais jeter pêle-mêle des petites tranches de vie. Puis, peu à peu les choses se sont affinées, les articles se sont structurés et vous êtes arrivés de plus en plus nombreux. Si fait que peu à peu les choses m’ont échappées… Ce blog, n’est plus tout à fait le mien, c’est aussi le votre maintenant.
Alors voilà, je vous remercie encore une fois, tous et toutes, et j’espère que vous continuerez à me faire confiance. De mon côté, je vous promets de m’améliorer encore et de vous faire partager ce qui me plait comme la forêt, mais aussi ce qui me dérange fortement… Et là, j’ai de la matière !

mardi 17 juin 2008

Outrage fait à la loi

Ces temps-ci, ce ne sont pas les sujets d’articles qui manquent, et pourtant, bizarrement, j’ai du mal à trouver l’inspiration, qu’au début de ce blog, je voulais quotidienne. Mais là, je suis tombé sur un sujet de fond assez intéressant. Il s’agit d’un article paru sur Rue89 et qui traite du délit d’outrage. Je me suis dit que cela pouvais vous intéresser… Alors voilà.
Le délit d’outrage à agent ou à représentant de l’état est définit comme suit dans le code pénal par l’article 433-5 (source Légifrance):
"Constituent un outrage puni de 7500 euros d'amende les paroles, gestes ou menaces, les écrits ou images de toute nature non rendus publics ou l'envoi d'objets quelconques adressés à une personne chargée d'une mission de service public, dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de sa mission, et de nature à porter atteinte à sa dignité ou au respect dû à la fonction dont elle est investie. Lorsqu'il est adressé à une personne dépositaire de l'autorité publique, l'outrage est puni de six mois d'emprisonnement et de 7500 euros d'amende. Lorsqu'il est commis en réunion, l'outrage prévu au premier alinéa est puni de six mois d'emprisonnement et de 7500 euros d'amende, et l'outrage prévu au deuxième alinéa est puni d'un an d'emprisonnement et de 15000 euros d'amende.".

Le problème avec cet article du code, c’est que celui-ci est de plus en plus employé par les forces de l’ordre, et les représentants de l’Etat en général, pour s’emparer de personnes et les trainer devant les tribunaux. A l’image des deux ou trois histoires racontées dans l’article, on peu ainsi se retrouver sur la sellette pour avoir proférer une insulte… Ou du moins ce que le plaignant considère comme une insulte. Ainsi, si j’écris sur mon blog que je pense que Nicolas Sarkozy est un facho, je suis passible de 7500€ d’amende et de six mois de taules… En l’espèce, le nain pourrait très bien considérer que mes propos sont une insulte. Libre à lui. De mon côté, je pourrais arguer qu’il s’agit plutôt d’un adjectif qualificatif à caractère descriptif, basé sur une analyse personnelle et néanmoins complète de l’ensemble de son activité politique… Question de point de vue. On en vient donc à vouloir juger les personnes sur leurs opinions et sur l’émission de ces opinions.
Je conçois cependant que l’on doive empêcher certains propos à caractères racistes ou xénophobes, car ceux-ci vont à l’encontre de la conception que nous nous faisons de notre société républicaine. Mais delà à étendre ce raisonnement à l’ensemble des critiques que l’on peut proférer sur une personne ou un groupe de personnes il y a un pas, un peu trop vite franchi à mon goût.
Dans le même genre de débilité il y a aussi l’article
433-10. Celui-ci sert par exemple de prétexte à l’arrachage de banderoles et autres calicots lors de manifestations populaires. Nous avons tous pu voir la police française retirer des drapeaux tibétains lors du parcours de la flamme olympique ? Et bien, c’est une application de 433-10. De même la confiscation de tracts LCR lors de la visite de notre Glorieux Président Elu à Vienne (voir l’article Délit d’opinion).
Alors peut-on parler de dérive sécuritaire ? Je le crois. Et vous, qu’en pensez-vous ?
Pour ma part, je tiens à m’excuser à l’avance si ce blog s’arrête sans prévenir… C’est qu’une âme bien intentionnée aura signalé mes digressions verbales aux autorités et que j’aurais été emprisonné faute de pouvoir payer mon amende ! C’est ça aussi la baisse du pouvoir d’achat !

dimanche 15 juin 2008

La photo de la semaine, c'est reparti !

Tadaaaa ! Le voici, le voilà, tralala, le nouvel appareil photo du Gwendal est arrivé. La naissance est survenue dans la douleur (349€ !) en ce samedi matin 14 juin. Après moult tergiversations et simulations financières, je me suis enfin décidé pour le Panasonic FZ18 EF-K… Si vous avez suivi l’affaire, c’est grâce à LPG que j’ai pu finalement faire mon choix, car au départ je n’avais pas vraiment prévu d’acheter ce type d’appareil. Qu’il en soit ici remercié.
Je dis dans la douleur, car comme je l’avais subodoré dans mon article du 31 mai, la CPAM me fait des misères et les conditions financières n’étaient pas vraiment au rendez-vous pour un tel achat. Mais bon, on ne vit qu’une fois me suis-je dis et si je ne me lance pas maintenant je risque de ne plus pouvoir le faire… Donc, banco ! C’est parti mon kiki !
Depuis hier, donc, je me débats avec la notice pour tenter de maitriser la bête. C’est pas que c’est compliqué, mais il y a tellement de fonctions que je me fais l’impression d’être un vieux dinosaure… De plus la météo n’est pas vraiment au rendez-vous (commence à m’gonfler celle-là) et le soleil se fait rare.
Mais bon, je vous ai quand même faits quelques petits clichés. Comme ça, à l’arrache.




jeudi 12 juin 2008

Marillion for ever

C’est ma copine Cécile (Le Blog de Cécile Delalandre) qui m’a donnée l’idée de ce billet. Elle, elle a ressortit de vieux écrits plein de fougue et de poésie. Moi, comme je n’ai pas son talent, je vous ressors de la vraie musique de dernière mes fagots à moi. Je me suis dit que vous pourriez (peut-être) apprécier.
Alors voici deux vidéos qui représentent chacune le bout d’une histoire d’amour. Mon histoire d’amour. Ma plus grande histoire d’amour.

1985, Marillion est présent dans ma tête et dans mon cœur. Cet album accompagnera ma découverte du Grand Amour. La musique est différente de ce que l'on entend alors, indansable, pleine de surprise. Elle raconte une histoire. C’était au temps bénis des vinyles où les plages n’étaient pas coupées, où l’on pouvait enchainer trente minutes de musique non-stop. C’était l’époque ou l’on pouvait faire l’amour sur une seule face d’un 33 tour… C’était une époque merveilleusement insouciante, entre l’enfance et la vie d’adulte. Une époque faite de sentiments exacerbés, où chaque moment était vécu avec sa pleine totalité. Mes premiers concerts aussi… Dont celui-ci. J’avais 18 ans… Marillion était MON groupe. C’était MA musique. Je me la suis appropriée comme on revendique une signature ou un drapeau…


Six ans plus tard, Elle m’a quitté. Elle est partie et j’ai mal. Là c’est encore Marillion qui accompagne mon blues et rythme ma douleur. Le chanteur (Steve Hogarth) a changé, Steven Rothery a pris de la bouteille mais ses solos de guitare sont toujours aussi prenants (du time-code 2 :30 à 3 :53). La musique toujours comme un trait de crayon sous une phrase importante. Un trait qui vous tire des larmes dix-huit ans plus tard…

L’Irlande au centre de l’Europe

Heureux qui, comme un Irlandais, puisse voter en ce jeudi 12 juin… Heureux qui, comme un Irlandais puisse être consulté sur l’avenir de son pays…
Aujourd’hui l’Irlande doit se prononcer par referendum sur l’acceptation du traité de Lisbonne. Ce traité, fierté de notre Glorieux Président Elu, n’est en fait qu’une version « simplifiée » de la constitution européenne de 2005, refusée à l’époque, souvenez-vous, par le peuple français. Pour contourner la volonté du peuple notre nouveau Roi a donc décidé de passer par la voie parlementaire, plus sure, et une grande partie de la population s’était sentie… Comment dire… ? Flouée ? Baisée ? Empapaoutée ?
Les yeux de pas mal de français « nonnistes » sont donc braqués sur la verte Irlande, dans l’espoir que les gaëls vengent leur honneur bafoué. Car la règle veut que pour entrer en vigueur, ce traité soit accepté par l’unanimité des pays membres.
Vous remarquerez que je ne me prononce pas sur le fond de ce traité. Une fois n’est pas coutume, c’est la forme qui me préoccupe. Pourquoi, me direz-vous ? Parce qu’en ce qui concerne le traité européen, je n’en sais rien !
Il est de jours où je suis persuadé que l’Europe est une bonne chose (j’ai voté oui à Maastricht), d’autres où je me dis que j’ai envie que mon pays garde son indépendance (j’ai voté non en 2005)… En fait le processus est tellement complexe que je suis comme la majorité des français : Je n’en sais rien !
Par contre, je sais que la façon dont ce traité nous a été imposé est retorse et antidémocratique.
Si le gouvernement n’a pas voulu passer par la voie référendaire c’est par peur des gens comme moi, ces mauvais élèves qui ne comprennent rien !
Cependant, pour avoir été enseignant, je sais une chose. Si la classe n’a pas compris ce que vous avez voulu lui apprendre, si malgré vos efforts elle persiste à ne rien comprendre… Ce n’est pas la classe qu’il faut blâmer, c’est le professeur qui s’est planté !
Alors, comme pas mal de monde, je vais être suspendu à mon poste de télé pour connaitre la décision souveraine du peuple Irlandais. Et puis, je vais souhaiter bien fort que le non l’emporte, rien que pour embêter Sarkozy ! Je suis mesquin ? Peut-être… Mais j’ai encore ce droit, non ?

lundi 9 juin 2008

Les questions dangereuses

Je voudrais aujourd’hui porter votre attention sur quelque chose qui me semble du plus haut intérêt pour notre démocratie.
En effet, depuis quelque temps circule au sein des écoles primaires un questionnaire destiné à « évaluer » les élèves de CM2. Ce questionnaire s’inscrit dans une démarche initiée par le gouvernement dans le cadre de la nouvelle politique destinée à remédier à l’échec scolaire à la sortie du primaire. Il est émit par la Direction de la Prospective, de l’Evaluation et de la Performance (Rien que le nom m’énerve !).
Bon, c’est bien pour nos bambins, me direz-vous. Le problème c’est que lorsque l’on lit ledit questionnaire, et plus particulièrement sa partie 4, on s’aperçoit que les questions sont quelque peu « bizarres ». Je dirais même inquiétantes.
Pour préciser les choses, sachez qu’il s’agit de questions que l’instit pose à l’enfant, en tête à tête. Même si il est précisé que l’on doit signifier à l’enfant qu’il n’existe pas de bonnes ou de mauvaises réponses, celui-ci se déroule quand même dans un climat plutôt formel, avec le stress que cela implique.
Vous pouvez retrouver l’intégralité du questionnaire en cliquant
ICI, mais je vous livre déjà quelques questions, comme ça, juste pour que vous vous fassiez une idée…
Première question : Tu es un garçon ou une fille ?
Deuxième et troisième question :
Ta mère ou ton père son nés en France ?
Quatrième question :
Quelle langue parles-tu à la maison ?
Cinquième question :
Quel âge as-tu ?
Vous noterez que l’on rentre dans le vif du sujet dès que le sexe de l’enfant est identifié. Cash, le questionnaire s’intéresse de près au cercle privé de l’enfant.
Puis arrivent les questions laissant une part d’interprétation plus large… Je rappelle quand même qu’il s’agit de minots de 10 ou 11 ans à qui l’on demande une appréciation sur leur propre comportement.
En voici une qui me parait significative, intitulée « Ce que je pense de ce que je fais en classe ». Parmi les réponses proposées, on peut trouver :
-En classe, je travaille parce que j’aurai honte de moi si je ne travaillais pas.
-J’essaye de répondre aux questions de l’enseignant(e) parce que j’ai honte de moi quand je n’essaie pas.
-J’essaie de répondre aux questions posées parce que c’est agréable de répondre aux questions.
(Celle-là elle est gratinée…)
Et allez, pour finir :
Je dirais que la réputation de mon école est : Très mauvaise, mauvaise, assez bonne, bonne ou très bonne.

Je ne sais pas ce que vous allez en penser, mais moi ce genre de questionnaire me débècte.
Tout d’abord, parce que l’école ne doit pas se mêler de la vie privée des élèves. Ce genre de données statistiques est pour moi inutile et représente une atteinte flagrante aux libertés individuelles. Il ne manquerait plus qu’il demande carrément à l’enfant si son père ou sa mère a sa carte de séjour !
De plus, je ne suis pas certain qu’un enfant de 10 ans soit capable de répondre aux questions concernant sa situation dans le système éducatif. Cela demanderait quelques éclaircissements (C’est à toi qu’je cause Cazo !).
Alors pour être complet je me dois de vous dire que la partie 4 a été finalement retirée in extremis par le ministère, via un mail en date du 22 mai. De même un autre questionnaire destiné lui aux parents d’élèves de 6ème, comportant dix-huit pages de questions relatives à la nationalité, la langue parlée, les revenus, etc., a dû être retiré en catastrophe (Voir à la fin du questionnaire de CM2).
Il n’est pas présomptueux de croire que le gouvernement persiste dans sa politique de contrôle des personnes. Cela fait maintenant un an que la Cnil est obligée d’intervenir dans des tentatives plus ou moins discrètes de fichage (voir cet
article de Libé). Mais à chaque fois, ce genre de questions odieuses se retrouvent sur des formulaires ou des questionnaires transmis via nos enfants. Quand il ne s’agit pas, comme ici, de questionner directement l’enfant sur sa famille… Une dernière précision. Le remplissage du questionnaire destiné aux parents d’élèves de 6ème était obligatoire… Sous peine d’une amende de 300€ !

Heureusement qu’il y a encore des enseignants vigilants, sinon cela ferait bien longtemps que nous serions tous fichés !
Mais peut-être le sommes-nous déjà ?

samedi 7 juin 2008

Idée gourmande

Les galettes de sarrasin.
Tout le monde connait les fameuses galettes bretonnes ? Non ? Oui ? Bon, on va faire comme si c’était non, sinon cet article n’aurait pas lieux d’être…
Les galettes, c’est comme les crêpes, sauf que ça ne se fait pas avec de la farine de blé, mais avec de la farine faite avec les graines d’une légumineuse plutôt rustique qui s’appelle le Sarrasin ou Blé noir ou Fagopyrum esculentum. Bon, je vais pas vous faire un laïus sur le côté « bon pour la santé » du produit… D’abord parce que ça me gave, puis parce que l’essentiel n’est pas là. L’important c’est que c’est bon. Point barre.
Ors donc, chers amis voici comment, moi Gwendal, je fais mes galettes.
La première chose importante c’est que pour une pleine maturation gustative, il vaut mieux vous y mettre la veille… je sais c’est chiant, mais faite-le quand même. La deuxième chose, encore plus important, ne lisez surtout pas la recette qui vous est proposée sur le paquet !
Donc, vous prenez une jatte, un saladier, bref un truc assez grand et vous versez votre farine dedans (avec 500g vous faites une douzaine de galettes). Ajoutez-y une cuillère à soupe d’huile d’olive, une ou deux pincées de sel et basta ! Ne rajoutez pas, je répète, ne rajoutez surtout pas de farine de froment à la mixture ! C’est ce qu’ils font dans les crêperies et c’est une hérésie. Puis vous rajoutez de l’eau à température ambiante, tout en mélangeant jusqu’à obtention d’une pâte pas trop épaisse mais quand même un peu plus qu’une pâte à crêpe. Vous laissez reposer au frigo quelques heures, puis vous vous mettez aux fourneaux pour faire vos galettes. Avant ça, n’hésitez pas à rajouter un peu d’eau car la pâte aura épaissie un peu dans l’intervalle.
Vous prenez une grande poêle (25cm minimum) à fond plat. Y’a pas besoin que ce soit une poêle spéciale, faut juste qu’elle répartisse bien la chaleur sur toute la surface. Vous huilez la poêle bien chaude avec une mouillette et au boulot ! Ne vous attendez pas à faire des galettes aussi fines que des crêpes, c’est pas possible et c’est pas le but. Donc vous faites vos galettes à la chaîne et vous les remisez au frigo jusqu’au lendemain. La première phase du plan galette est terminée.
Le lendemain vous ressortez vos galettes et là commence le vrai plaisir du créateur, la symphonie improvisée. Vous vous servez des galettes comme des feuilles de brik que vous farcissez à l’envie avec tout ce qui peut vous tomber sous la main. L’essentiel c’est que cela soit bon.
Je vous livre deux petites recettes perso que j’affectionne particulièrement.
Vous fait fondre une noisette (ou une noix…) de beurre ½ sel dans la poêle et vous faite réchauffer une galette. Vous cassez un œuf dessus (ou deux), une poignée de fromage râpé, et de fines tranches d’andouille de Guémené. L’andouille de Guémené est meilleure que celle de Vire et en plus elle se détache en petites lamelles qui tapissent mieux la galette. Vous recouvrez le tout avec une deuxième galette, et vous laissez dorer sur les deux faces… A déguster bien chaude ! On peu aussi replier le tout, façon « calzone ». C’est vous qui voyez…
Deuxième préparation. Vous faites revenir à part des noix de St-Jacques dans un peu de beurre ½ sel, qu’une fois cuites vous disposerez dans la première galette. Nappez de crème fraiche épaisse. Recouvrez d’une deuxième galette et laissez dorer…
L’intérêt des galettes c’est que c’est pas cher à faire. De plus la farine de sarrasin à vraiment un léger goût acide que se marrie bien avec les produits doux. Vous pouvez agrémenter vos galettes avec tout ce qui vous tombe sous la main. Une tranche de jambon, une tomate coupée en dés, du foie gras… les fonds de frigo quoi !
Dans la plus pure tradition familiale qui veut que la Bretagne rencontra un jours l’Afrique du nord, j’ai essayé avec une petite purée d’aubergine et des tranches de chorizo. C’était divin !
L’inconvénient c’est que ce n’est pas un plat très convivial. En effet le maître de maison se doit d’être aux fourneaux pour préparer les galettes selon les gouts de chacun et ne peut donc pas être assis à deviser avec ses invités… A moins d’avoir une cuisine américaine bien sur…
Voilà les amis. Je vous souhaite un bon appétit !

mercredi 4 juin 2008

Tabac : De la prévention à la ségrégation


La TéléLibre, avec cette vidéo signée Barbara Wol interviewant Danielle Charest auteur de « Haro sur les fumeurs, jusqu’où ira la prohibition ? », me donne encore une fois l’occasion de pousser une (petite) gueulante sur un sujet qui me titille le cervelet depuis un bout de temps. La répression croissante contre le tabagisme se transformant peu à peu en une répression contre les fumeurs.


Je sais, tu sais, il/elle sait, nous savons, vous savez, ils savent tous que le tabac n’est pas bon pour la santé. Bien. C’est un point acquis sur lequel je ne reviendrais donc pas. Mais j’ai constaté, comme Danielle Charest, que les démarches entreprises pour lutter contre cette mauvaise habitude prenaient de plus en plus l’allure d’une croisade liberticide, avec son cortège de stigmatisation et d’ostracisme.
J’ai commenté, un peu comme une provocation jetée comme ça sur la table, en disant que les non-fumeurs manquaient de nos jours singulièrement de respect et de politesse. Et en fait, je ne suis pas si loin de la vérité.
Je considère que fumer, comme ne pas fumer, est une liberté. A ce titre cela impose des droits et des devoirs. Le droit principale étant bien sur de pouvoir le faire sans craindre de voir surgir un car de CRS à la moindre clope allumée. Les devoirs qu’impose le fait de fumer (ou non) sont, à mon sens, de l’ordre du respect de l’autre. Et je rappelle que celui-ci doit fonctionner dans les deux sens.
Malheureusement, certains extrémistes de la santé, et là je pèse mes mots, ont cru bon de mêler la loi à ce qui n’aurait jamais dû n’être qu’une convention sociale, un comportement basiquement civil comme ouvrir la porte aux dames, baisser le son pour ne pas déranger son voisin qui a bossé toute la journée ou bien encore laisser sa place aux personnes âgées dans les transports en commun.
Hors donc, la Loi est passée par là. Cela a commencé par l’interdiction de la publicité, puis l’interdiction de fumer dans les lieux relevant des services publics, puis dans les entreprises et enfin dans les lieux de convivialité que sont les bars, les restaurants et les discothèques. La prochaine étape annoncée est l’interdiction de fumer sur les terrasses des lieux conviviaux précités, et à court terme carrément sur la voie publique. La sphère privée se joint également à la lutte. Les entreprises, les bailleurs ajoutent de plus en plus ce critère comme pouvant orienter le choix d’un employé ou d’un locataire…
Non, sérieusement, vous ne voyez pas la dérive ? Vous ne vous rendez pas compte vers où ce train de conventions légalement imposées nous emmène ?
Alors on va parler clair et net. Le tabac, au même titre que l’alcool, le cannabis, la coke, l’héro, etc. contient des produits qui outre le fait d’être nocifs pour la santé rendent leur consommateur dépendant. Médicalement parlant, le fumeur est comparable à un alcoolique ou un héroïnomane. Sa dépendance physique et psychologique est avérée et se soigne de la même façon que tous les autres « drogués ». Et c’est là qu’est le véritable scandale de la lutte anti-tabac. Car un fumeur ça se soigne, ça ne s’exclu pas.
Mais non, encore une fois, l’être humain préfère s’attaquer aux plus faibles de ses congénères plutôt que de traiter le problème dans le bon sens. Les fumeurs sont mis aux bans de notre société alors qu’ils devraient être aidés. Les fumeurs devraient être soignés plutôt que d’être mis en prison.
Et que dire du comportement des cigarettiers ? Nous savons tous, fumeurs et non fumeurs que les cigarettiers sa décarcassent pour que les cigarettes soient de plus en plus addictives, rapidement et sur le long terme. C’est de la captation de clientèle, agressive et immorale. Un comportement de dealer. Et contre ces gens-là on ne fait rien ?
Non, mes amis, c’est beaucoup plus simple de frapper d’ostracisme le consommateur imbécile qui s’est fait prendre dans le filet de l’addiction. C’est beaucoup plus simple de critiquer la faiblesse de l’autre, son « vice », son manque de volonté bref, sa situation de citoyen de deuxième classe.
Voilà en quoi la dérive de la lutte anti-tabac est, à mes yeux, liberticide. Parce qu’elle impose de fait, la ségrégation d’une partie de la population qui n’est pas aux normes de l’hygiène. Et comme le dit Danielle Charest, lorsque l’on commence à mélanger santé et morale, c’est la porte ouverte à tout un spectre de comportements eugéniques. Relisez bien la définition de ces mots : ségrégation et eugénisme, et vous verrez que je suis dans le vrai.

lundi 2 juin 2008

La forêt (4)

La futaie irrégulière ou jardinée

Je m’aperçois qu’il est peut-être temps pour moi de me remettre à ma petite rubrique forestière. En effet, voilà un peu plus de trois semaines que j’ai publié l’article sur les taillis… Ca manque de suivit mon petit Gwendal ! Mais en même temps, vous conviendrez que j’ai été un peu occupé ces temps-ci… Non ? Si ? Ah bon, c’est gentil, merci…
Allez, c’est parti ; Et accrochez vous parce que aujourd’hui ça va être du lourd, et on va compliquer un peu les choses.

Je rappelle donc, les formes forestières que nous avons déjà abordées : La futaie régulière, avec ses tiges de même âge, même diamètre et même essence (on dit équienne et mono spécifique chez les pros !). Le taillis, issu de rejets poussant sur des souches et formant des peuplements de petites dimensions (je parle en tour de poitrine, bien sur). Et le taillis sous futaie (TSF), qui est un mélange des deux premiers.

Avec le TSF, nous avons vu que la diversité écologique était grandement améliorée, du fait du mélange des essences et de la multiplication des étages forestiers. Le mélange des essences crée un sol beaucoup plus riche : C’est un peu comme lorsqu’on varie son alimentation, on est en meilleure santé. Et bien pour les sols c’est pareil. Plus les végétaux en décomposition son variés, plus l’humus du sol est riche. Donc fertile, donc productif, donc nourrissant pour la faune et la flore qui l’habite. Cette biodiversité est accentuée lorsque l’on dispose de peuplement en étage. Une haute futaie majestueuse, pas trop fermée, accompagnée par un sous bois dense et varié, constituera un habitat fabuleux pour un grand nombre d’espèces animales. Enfin, avec de tels peuplements, le forestier dispose de moins de production certes, mais plus de débouchés commerciaux pour ses bois.
Malheureusement pour le forestier colbertiste, cartésien, borné et têtu comme un fonctionnaire breton, la gestion régulière qui fut la règle absolue pendant des centaines d’années, ne peut pas toujours s’appliquer. En effet, il est parfois des situations où une coupe rase ne peut s’envisager. Je pense notamment au terrain de montagne : Si vous raser une forêt sur une forte pente, il y a de grandes chances que le terrain glisse et se retrouve au fond de la vallée, avant même que la nouvelle génération est fini de pousser (ça ferait désordre…). Nos glorieux ingénieurs ont donc développé un mode de gestion dit « irrégulier » pour éviter les glissements de terrain intempestifs. Vous noterez au passage le terme »irrégulier ». Un adjectif comme un gros mot, un furoncle sur le paysage parfaitement lisse de la Forêt Française…
Bref, ce mode de gestion fut longtemps considéré comme un pis-aller, une appellation sous laquelle ranger tout ce qui est bordélique ou qui ne produit que des queues de cerise. Pour preuve, dans mes cours de sylviculture qui datent de 1992, c’est comme ça qu’est décrite la futaie jardinée !

Techniquement voilà en quoi ça consiste.
On peut avoir deux sortes de forêt irrégulière (ou mélangée ou jardinée, c’est pareil). La forêt mélangée par parquet ou pied à pied.
Dans le premier cas, le peuplement sera constitué d’une mosaïque de petites surfaces ne dépassant pas quelques ares (les parquets), dans lesquelles règne une dynamique régulière (un are = 10 x 10 m). C'est-à-dire que la forêt est un peu comme un patchwork. Dans chaque morceau de tissu, imaginez que vous avez une futaie régulière en miniature. Chaque petit bout de forêt sera traité selon les règles de la futaie régulière : ensemencement, éclaircies et coupe rase. Ok ?
Le mélange pied à pied, c’est un peu plus compliqué puisque l’art consiste à ce que le peuplement soit absolument vierge de toute régularisation. Chaque arbre est alors considéré comme un individu propre, qui se doit d’être envisagé dans sa totalité. L’arbre, l’écosystème directement proche, sa position par rapport à ses voisins, son potentiel, etc. Autant vous dire qu’à ce niveau là de sylviculture, ce n’est plus de l’exploitation forestière, c’est du jardinage.
D’ailleurs, la seule intervention à faire dans un peuplement jardiné s’appelle la coupe jardinatoire (j’adore ce mot ! Jardinatoire… Ca me fait penser à jubilatoire…). Cette coupe consiste à intervenir très régulièrement (tous les ans) et en même temps sur tous les étages forestiers : On y pratique aussi bien la coupe d’éclaircie pour dégager les tiges prometteuses, que les coupes sanitaires pour éliminer les arbres malades ou déformés et bien sur, les coupes de récolte.

Pour caricaturer (à peine), le forestier se doit de se balader dans sa forêt avec un sécateur, une scie à main, une binette, une tronçonneuse et un solide bagage technique en bandoulière. Le jardinage demande de la technicité. On est loin des travaux habituels pratiqués par des bucherons bas de plafond ou de la mécanisation à tout va.
Economiquement, la grande différence est que le forestier mobilise tout au long des saisons, tout un tas de produits différents. Cela demande d’avoir derrière soi une filière bois dynamique et microstructurée, capable de valoriser toute la gamme des produits dérivés du bois. Pour faire simple, fini les grosses scieries capables de débiter des troncs pré-formatés à la chaîne, et bonjours les petites unités multicompétantes qui produisent à l’échelon local.

Visuellement, la futaie jardinée va ressembler à l’image que vous vous faites d’une forêt naturelle. Avec ses troncs d’arbres morts laissés là exprès, pour attirer les insectes. Ses tiges parfois diffuses, parfois drues. Ses petites clairières secrètes ou pousse des fleurs dans un bosquet de saules et où coassent des grenouilles, parce que le forestier sait qu’une source suinte sous l’humus. Parfois on rencontre un arbre improbablement arrivé là, par les vents ou le gésier d’un geai, qui sait ? Ou bien c’est la main du jardinier qui tente une expérience en plantant un poirier au cœur de sa forêt pour attirer les abeilles ? Certains arbres ne seront jamais abattus… Ils mourront de leur belle mort ou d’un caprice d’Eole. Et même morts, ils donneront encore quelque chose à leur voisinage. Tout cela semble s’enchevêtrer en une joyeuse bousculade vers le soleil. A la différence qu’en jardinage on ne contraint pas la compétition naturelle, on joue avec elle. Sans parler de toute la vie que cette forêt attire à elle. La chevrette à peine née peut se réfugier au cœur d’un taillis touffus sous la surveillance nocturne d’une chouette squattant le creux d’un chêne centenaire. Bref, vous avez l’impression de pénétrer dans la forêt mère de toutes les autres, regorgeant de vie, où la progression est difficile tellement la vie foisonne.
Et le paradoxe fabuleusement ironique de la chose est que la forêt qui ressemble le moins à une forêt gérée par l’homme, est celle qui nécessite au contraire le plus sa présence…

Donc, je vous disais que la gestion en futaie jardinée était considérée à l’origine comme un pis-aller. Cependant, en Allemagne et en Suisse, certains ingénieurs se sont mis à théoriser plus avant cette pratique en tentant dans faire une vraie science, et ce dès la fin du XIXème siècle. Il faut savoir qu’à la fin de la deuxième guerre mondiale tous les plans de pépinières qui auraient pu reboiser le pays dévasté par les bombardements, partaient en France pour faire la même chose. Faute de matière première, les forestiers teutons ont donc dû se montrer innovant et imaginer un type de forêt qui se renouvelle tout seul… Il fallut encore quelques années pour que les travaux aboutissent et que les premiers résultats se fassent sentir. Et c’est en 1989 que parut le premier traité forestier sur le jardinage : Le fabuleux, le magnifique, le révolutionnaire, je veux dire : « Le régime du jardinage » de J.Ph Shütz de l’université de Zurich!
Alors bien sur, vous imaginez bien que cette vision d’une forêt anarchique à souhait (en apparence) n’est pas vraiment faite pour plaire aux fonctionnaires de nos Eaux et Forêts nationaux. Pour ces messieurs (-dames) prôner une telle hérésie forestière relevait de la folie. Certains y ont même vu des implications politiques et philosophiques. Si vous saviez ce que j’ai pu entendre mes amis ! Les gauchistes écolos s’attaquaient aux sacro-saintes écritures du manuel de l’aménagement forestier ! Haro sur les dissidents ! Un vrai front de conformisme se levait contre ces théories suspectes venu de l’étranger.


C’est dans ce contexte que j’ai découvert le mouvement prosilva. PROSILVA est un groupement de propriétaires forestiers séduit par cette idée de gestion peut conformiste et qui milite pour sa diffusion dans toute l’Europe. On y croise des grands propriétaires, des renégats de l’ONF, des techniciens écologistes, bref des amoureux de la forêt qui considèrent que diversité écologique peut rimer avec production de bois de qualité. Et c’est par ce biais que le mouvement s’impose peu à peu. A mon époque le principal argument contre la futaie jardinée, outre la vieille image des forêts de montagnes, était la rentabilité. Et bien, depuis vingt ans les études ne cessent de prouver que ce mode de gestion est économiquement viable. Mieux, il permet dans certains cas de dégager plus de bénéfices qu’un traitement en futaie régulière !


Mais cela demande que l’on se sorte les doigts du cul. Le forestier doit être en permanence dans ses parcelles pour surveiller, bichonner, tailler, dégarnir, élaguer. Les coupes doivent être douces, je dirais chirurgicales. Le débardage (le fait d’enlever le tronc d’arbre du lieu de coupe pour l’emmener vers un chemin ou une route) se doit d’être furtif, léger comme une plume, pour ne pas mettre en péril le fragile équilibre du vivant. On doit repenser les tracteurs, les adapter avec des roues souples et ne jamais débarder lorsque le terrain est humide. On revient à des techniques ancestrales comme l’utilisation de cheval… Ah la beauté du travail d’un percheron dans le sous-bois ! Quel spectacle ! Qu’elle communion !

Vous l’aurez compris, j’aime ce type de forêt. C’est pour moi ce qui ce fait de mieux dans la sylviculture. C’est beau, tout simplement. Ce qui me fait sourire cependant c’est qu’il y a des chances que vous, je parle du public lambda amateur de promenade dominicale, vous ne l’aimerez pas beaucoup. Parce qu’elle n’est pas abordable au premier venu. Parce qu’elle parait sale, négligée… Son désordre apparent et sa vigueur vous empêche de progresser. Dès les premiers mètres, vous perdez de vue vos repères. Saviez-vous que des études ont démontré que 80 à 90% des gens qui se promènent en forêt ne s’éloignent jamais à plus de 200 m de leur véhicule ? La forêt fait encore peur, et la futaie jardinée encore plus que les autres. Les humains du XXIème siècle ne savent plus se diriger sous ses frondaisons. Elle est mystérieuse… Elle est l’endroit où les loups et les trolls foisonnent. Le lieu des contes de fées et des cabanes de sorcières. En fait, elle est le vivant symbole de ce que l’homme a perdu en grandissant.
J’espère sincèrement que maintenant que vous en savez un peu plus, vous n’aurez plus peur. J’espère que vous aborderez les forêts comme il se doit, avec respect. Respect du vivant bien sur, mais aussi respect du travail des hommes et des femmes qui ont fait ce qu’elles sont.

Pour ceux qui en ont la possibilité, je vous engage à vous rendre dans la forêt du Nouvion en Thiérache… C’est le top de la sylviculture Prosilva en France. Pour l’anecdote elle appartient au conte de Paris et elle est gérée par le Baron de Turckheim… Le papa de charlotte !