Je voulais vous dire…


Un blog qui parle de politique, de social, d'environnement... De la vie quoi!


lundi 30 novembre 2009

La Suisse aux limites de la démocratie

J’aime bien la Suisse. C’est vrai, c’est un pays qui m’a toujours plu…
J’ai été frontalier pendant quelques temps, et cette proximité helvétique me rendait… Comment dire… Je me sentais comme un français un peu à part. Pas vraiment à cheval sur deux cultures ou deux pays, mais j’avais la chance de partager un peu de ce qui fait le particularisme d’un autre pays.
Bien sûr, ça passait d’abords par la télévision. Moi qui avais l’habitude de zapper entre six ou sept chaînes françaises, je me retrouvais avec trois autres chaînes helvètes. Une occasion de parfaire mon italien, de m’initier modestement à l’allemand, mais surtout d’apprécier la TSR… Une des meilleures chaînes de télé généraliste qu’il m’est été donné de voir entre nous soit dit. (Je vous parle des années 94-97, je ne saurais dire s’il en est de même maintenant).

Bref, tout ça pour dire que j’aimais bien voir mes voisins à travers l’étrange petite lucarne… Parce que dans les faits je n’allais pas leur rendre visite tous les jours non-plus. A part pour refaire le plein d’essence (20% moins chère à l’époque) et acheter des Toblerones au chocolat noir (on n’en vendait pas en France à l’époque. 70% de cacao… Mmmm !), et de temps en temps aller boire une bière sur les bords du lac, je n’y mettais pas vraiment les pieds.
Donc on pourrait dire que je suis très peu au fait des coutumes suisses, même si je pourrais rétorquer que le prisme de la télé est quand même assez parlant.

Ce que je sais (savais) de la Suisse, c’est que c’est un beau pays avec de très belles montagnes et un folklore aussi beau. On y pratique le multiculturalisme comme une religion d’état, avec quatre langues officielles, et vingt-six cantons quasi indépendants.
Mais comme d’autres pays où se pratique le communautarisme, les gens ont tendance à vivre à côté les uns des autres et pas vraiment ensemble. Les Suisses Romands détestent les Suisses Allemands et les deux ensembles méprisent les Suisses Italiens…
Pour s’en convaincre il suffit d’écouter quelques blagues romandes sur les compatriotes d’outre-Sarine, et vous comprendrez de quoi je parle… Même nos blagues interrégionales sont des billets doux par rapport à ça. C’est violent, méchant et extrêmement humiliant. Bref, comme son nom l’indique, la Suisse est une confédération. Un assemblage de bouts hétéroclites qui tient, dieu seul sait comment, depuis 1291…

Et c’est donc dans ce pays bizarroïde (pour nous Français) que vient d’avoir lieu une votation sur un sujet extrêmement sensible. L’interdiction de la construction de nouveaux minarets propres à satisfaire les 400 000 musulmans helvètes.

57,5% des votants on accepté ce texte demandant à ce qu’il soit inscrit dans la constitution fédérale l’interdiction de la construction de nouveaux minarets sur le sol national.

Alors, plutôt que de discuter sur le résultat de la votation et sur ses implications morales autant que politiques sur notre propre sol, ce que j’imagine nombre de blogs vont se mettre à faire aujourd’hui, je voulais plutôt revenir sur le processus démocratique qui a amené à cette décision lamentable. (Ben oui, à un moment il faut bien que je le dise…)

La Suisse est une démocratie semi-directe. Cela veut dire (en simplifiant) que le peuple à le droit par le biais de votation d’initiative populaire de s’opposer aux décisions de son gouvernement, mais aussi de proposer à son tour des lois.
Autant le premier de ces droits me semble hautement profitable pour tout le monde et il serait bien que nous nous en inspirions, autant pour le deuxième je constate amèrement qu’il peut conduire à des dérives graves.

Je ne sais pas si vous vous le rappelez, mais nous venons nous-mêmes en France d’acquérir ce droit… C’était l’année dernière. Bon d’accord la loi organique sensée le mettre en œuvre n’a toujours pas été votée… Mais bon, elle existe quand même.

Notre loi à nous dit que pour qu’un référendum d’initiative populaire ait lieu, il faut qu’il réunisse deux conditions : L’approbation de 1/5 des membres du parlement ET la signature de 10% de l’électorat soit 4.5 millions de personnes.
En Suisse c’est différend puisqu’il suffit pour qu’une votation fédérale soit organisée que 100 000 personnes en expriment la volonté.

Je crois que ce dimanche nous venons de toucher aux limites de la démocratie participative… Car il a suffit qu’une bande de tout à fait minoritaire de péquenauds apeurés présente un texte, appuyé en cela par une droite populiste et raciste aux méthodes de communication efficaces, pour que la majorité l’approuve sans sourciller. Pire, qu’elle révèle ses pires instincts.

Que ce serait-il passé si notre pays avait été soumis au même choix ? C’était la question que me posait Monique dans un de ses commentaires. Franchement je ne sais pas… Vraiment, je ne sais pas. Mais en tous cas, je sais que cette perspective me fout une trouille bleue.

Je dirais que si certains pensaient que les conditions d’applications d’un référendum d’initiative populaire en France étaient par trop drastiques, je pense que nos voisins helvètes viennent de nous démontrer que ces conditions sont essentielles. Elles sont essentielles pour justement empêcher ce qu’il vient de se passer de l’autre côté du lac… Juste là, chez nos voisins et amis.

Pour finir, je tiens à saluer un de mes nouveaux lecteurs Igor, Suisse de son état. Et qui en ce lundi matin ne doit plus trop savoir s’il doit être fier de son pays ou pas… Libération titre ce matin : Le vote de honte.
Igor, nous tous ici sommes de tout cœur avec toi.

dimanche 29 novembre 2009

Réflexion dominicale

J’ai remarqué que sur la plupart des blogs, le dimanche était propice aux billets plus légers, un peu moins dans la ligne éditoriale habituelle. On y retrouve des écrits plus personnels, des confidences, des états d’âme. Comme si le taulier avait quelque-chose à dire mais profitait de ce jour de moindre visite pour le dire. C’est bizarre tout de même…
C’est un peu comme si les dimanches on avait envie de chuchoter des choses plutôt que de les gueuler.
C’était un peu ce que j’avais envie de faire aujourd’hui d’ailleurs, vous parler de moi. Vous en savez déjà pas mal, mais il y a quand-même deux trois sujets comme ça, de l’ordre de l’intime, que je garde en réserve. Des trucs dont je pense que cela me ferait du bien de vous parler, mais que je remise à chaque fois. Par manque de mots parfois, par pudeur le plus souvent.

Ne nous y trompons pas, quand je dis pudeur, je parle en fait de trouille. La trouille qu’on a lorsque l’on n’a pas réussit à envisager toutes les conséquences de ces paroles et de ses actes. C’est ça en fait.

Les conséquences… Prenez par exemple mon billet de l’année dernière sur Noël. En avais-je vraiment mesuré toutes les conséquences ? Avais-je vraiment imaginé qu’il me fâcherait avec ma famille ?
Non, bien sûr que non. C’était juste des mots, des mots qui ont fait du mal parce qu’ils étaient vrais… Un dégât collatéral. Si j’avais réussit à envisager toutes les conséquences de mes actes, aurais-je pour autant écrit ce billet ? Peut-être pas. Est-ce que je regrette de l’avoir fait ? Non.

Car c’est bien là le problème : On ne peut pas envisager toutes les conséquences. Il y en aura toujours qui vous échapperont et vous reviendront en pleine poire.
La seule chose qui reste à faire dans ces cas-là, c’est d’assumer. Et c’est ce que j’ai fait pour cette histoire de Noël.

Je pense à cette canadienne qui s’est fait retirer les aides sociales à cause de quelques photos sur Facebook… Je pense à toutes les prises de position que j’ai affichées ici, et je me dis que si demain un employeur tape mon nom sur Google, il aura beau jeu de m’envoyer bouler…

Devrais-je m’en offusquer ? Devrais-je me sentir agressé si jamais quelqu’un utilise mes mots pour m’interdire l’accès à tel ou tel boulot ?

En ce qui me concerne la réponse est non. Non, parce que j’ai décidé de toujours assumer ce que je dirais sur ce blog. Je n’irais pas jusqu’à en donner l’adresse volontairement lors d’un entretien d’embauche, mais si quelqu’un a la curiosité de venir y faire un tour et repart en se disant qu’un gauchiste pareil ferait tâche dans son entreprise, je ne pourrais pas lui en vouloir pour autant. C’est ça, assumer.

Alors bien sûr, à ce niveau-là de ma réflexion, je me demande ce que je dois penser de ceux qui se cachent derrière un pseudo, ou ceux qui ne parlent jamais de leur vie professionnelle ou personnelle. Sont-ils des pétochards ? Des personnes incapables de véritablement s’assumer ? Sans doute pas. Je suppose qu’ils ont leurs raisons, bien enfouies dans leur conscience… Et puis, ils n’ont peut-être pas non-plus ma liberté. Celle de ne pas avoir d’enfants, celle de ne pas travailler… Celle de n’avoir aucun compte à rendre à personne.
Mais avoir des comptes à rendre justifie-t-il pour autant de cacher ses pensées véritables ? Ca, c’est quelque-chose que je laisserais à l’appréciation de chacun.

En fait, j’ai bien conscience d’avoir de la chance par rapport à certains…

Bon, c’est pas tout ça, mais je m’aperçois que finalement je suis parti sur un truc que je n’avais pas prévu au départ.
Une espèce de réflexion live.
Un truc parfait pour un dimanche pluvieux.

J’espère que vous ne m’en voudrez pas de vous avoir mêlé à ça ?

samedi 28 novembre 2009

Grosse flemme

Ce matin, j’avais plus ou moins envie de parler de la faillite de Dubaï… Enfin, la faillite, pas encore. La grosse gamelle si vous préférez.
Et puis je me suis dit que cela ne servirait pas à grand-chose de répéter encore et toujours la même chose. Le capitalisme se casse la gueule, et c’est bien là chose normale.
Donc, foncièrement je suis plutôt content, et j’espère bien que l’effet boule de neige tant redouté se produira bien…

Et puis, je me suis aperçu que je n’avais pas trop envie de réfléchir ce matin… Sans doute est-ce parce que nous sommes le 28 du mois, et que comme d’hab vers ces époques je perds un peu ma motivation.
Alors, aujourd’hui ça va être relâche si vous voulez bien. Je vais me regarder un bon vieux classique (Princess Bride) et peut-être aussi me faire quelques épisodes de Hitman… Un bain aussi. Ouais, ça va me faire du bien de penser à autre chose…
Allez, j’vous bise et je vous dis à demain. Ou pas.

vendredi 27 novembre 2009

Soyons honnêtes, Chirac est un vieux beauf

Si vous êtes comme moi un amateur gourmand du grand Journal de Canal, et plus particulièrement des amuse-gueules de Yann Barthes, vous n’avez certainement pas pu échapper à la petite vidéo montrant Jacques Chirac en pleine… Comment dire… C’est bien ça le problème, on ne sait pas trop comment qualifier cette remarque prise sur le vif…

Bon, je vous la remets histoire de resituer les choses.



Alors c’est quoi ça ? Ça veut dire quoi ces mots ? C’est du racisme ? De la connerie ? Des préjugés ? C’est quoi exactement ces paroles qui sortent de la bouche de notre ancien Président de la République et membre du Conseil Constitutionnel ?

Ce n’est pas si évident que ça de répondre à ces questions… Et c’est tellement si peu évident que je n’ai pas beaucoup lu sur le sujet depuis que cette vidéo est sortie.
Au début, lorsque je l’ai vu pour la première fois, j’ai bondit. J’avais encore en tête la saillie de l’ineffable Hortefeux sur les auvergnats et aussitôt mon esprit à fait le rapprochement. Et puis, quelques jours plus tard (c'est-à-dire ce matin…), alors que je m’apprêtais à pondre quelque chose sur cette affaire et me lancer dans une diatribe venimeuse sur le racisme et sur la différence de traitement qu’il existait entre le Sinistre Hortefeux et l’ancien Président, je me suis mis à réfléchir…

Si la vidéo n’a pas fait le buzz que je croyais qu’elle ferait, c’est peut-être parce que finalement ce qu’elle nous dit n’est pas que Chirac est un raciste de première, mais peut-être simplement un vieux con.
Un vieux con bourré de préjugés.

Lorsque Chichi demande au jeune homme d’où il est, je pense qu’il s’attendait à ce que celui-ci lui réponde en lui citant son pays d‘origine. Manque de bol, son pays d’origine c’est la France, mieux c’est le patelin d’à côté… Le vieux s’en trouve alors déstabilisé et maladroitement essaye d’exprimer son trouble. Rien de bien méchant là-dedans en fait, si ce n’est l’évidence de son schéma de pensée archaïque. Les basanés sont forcément des étrangers.

Donc, ce n’est pas vraiment du racisme, il faut bien le reconnaitre. C’est juste de la connerie. De la bonne connerie bien franchouillarde. Tout amoureux des arts premiers qu’il est, Jacques Chirac a toujours flirté avec la beaufitude teintée de xénophobie qui est le propre malheureux d’une bonne partie de notre société Française. On se souvient tous du « Bruit et l’odeur ». On remarquera simplement que la sagesse ne vient pas obligatoirement avec l’âge.

Ce constat étant fait, je vois deux façons d’envisager les choses.

On pourrait se dire avec optimisme que ce genre de discours est l’apanage des vieilles générations et se contenter de le regretter. Les vieux cons ont l’avantage d’être vieux, c'est-à-dire qu’ils ne devraient pas durer encore bien longtemps… Attendons un peu et demain, avec du bol, on ne devrait plus avoir à supporter de tels propos. Sauf que ces mêmes mots, ces préjugés débiles, ont les retrouves malheureusement dans la bouche de personnes plus jeunes… N’est-ce pas monsieur Valls ?

Ou alors, on pourrait voir les choses sous un angle pessimiste. La connerie n’est pas une question d’âge. Elle est universelle. Il y aura toujours du racisme et des préjugés car il y aura toujours des cons… Triste perspective s’il en est, et pour ma part, j’aurais malheureusement tendance à envisager cette seconde possibilité.

Mais en tous cas, ce qui est sûr c’est que ces mots ne sont pas comme le décrit le porte parole de l’UMP, Dominique Paillé, de « l’humour ».

Car la connerie n’est pas drôle, jamais.

jeudi 26 novembre 2009

DSK vs Sarko ? On n’est pas dans la merde…

Je ne sais pas pourquoi, mais j’étais impatient de voir Dominique Strauss-Kahn dans ma télé hier au soir. Enfin quand je dis impatient, faut quand même pas exagérer… Je n’en n’étais pas à trépigner devant mon poste comme un gamin, ni même à saliver par avance dans la perspective de cet événement.
J’étais un peu dans un attentisme prudent comme on dit, mais faut croire que cette position était déjà présomptueuse.

Je ne sais pas à quoi je m’attendais, ni même pourquoi j’attendais quelque chose d’ailleurs… C’est sans doute parce que la plupart des sondages annonce DSK comme vainqueur contre Nicolas Sarkozy au deuxième tour si jamais celui-ci venait à se présenter… Ouais, ça doit être ça.
Mais bon, à la fin de l’interview, j’ai bien été obligé de constater que les journalistes de Canal, soi-disant « incisifs et « décalés », n’ont pas été plus à la hauteur de leur job que ne l’ont été ceux du Figaro.
DSK n’était là qu’en tant que directeur du FMI et n’entendait pas se laisser entrainer sur le terrain de la politique Française. Et c’est qu’il est doué le bougre pour éluder les questions !

DSK a donc fait son show. Il a déballé sur le tapis rouge qui lui était offert son plan com, avec maitrise et professionnalisme. Il s’est présenté comme le toubib de la finance mondiale. Le sauveur du monde et grand réformateur du capitalisme.

Sur l’état du parti Socialiste, quedalle. Sur la politique de Sarkozy, re-quedalle. Sur ses ambitions post-FMI, re-re-quedalle.

Bref, on fait des sondages, on parle de lui, mais lui ne sonde personne et ne parle à personne.

Mais cette non-communication a quand même un sens. En se tenant loin des bisbilles et des guéguerres franco-françaises, DSK assoie son aura de présidentiable par rapport à d’autres qui ne font que la ternir jours après jours.
Car, je dois bien l’admettre même si je suis le premier à critiquer lorsque l’on parle plus des personnes que des idées, DSK à la gueule de l’emploi. Il a une stature de présidentiable, c’est indéniable.
Et c’est là que je me dis que peut-être le plan de Sarko qui consistait à se défaire d’un opposant potentiellement fort en l’envoyant à Washington, peut-être que ce plan-là ne fonctionnera pas comme il l’avait prévu.

Bon après, même si effectivement le DSK se présente sur la ligne de départ aux présidentielles de 2012, je ne dis pas que je vais voter pour lui pour autant. Pour moi cela reste un libéral. Pire, c’est un libéral qui se planque derrière une façade socialiste ce qui à mon sens est autrement plus critiquable qu’un libéral bon teint !

Alors on va bien voir ce que cela va donner… Mais si j’étais lui je profiterais un max de cette position excentrée pour entretenir mon image de médecin du monde, pour ensuite endosser la blouse beaucoup plus étroite mais néanmoins prestigieuse de sauveur de la France… Ouais, ça pourrait marcher. Enfin, ça pourrait marcher auprès des socialistes je veux dire. Car pour ce qui est de la vraie gauche, le DSK vaut pratiquement un Sarko. Et c’est la France qui se retrouverait dans la merde dans les deux cas…

mercredi 25 novembre 2009

Merci Cécile !

Hier, dans un commentaire sur le fil de « Le Téléthon, pompe à fric pour les gogos », Cécile me faisait, nous faisait, la remarque suivante :
« D'ac avec toi Gwen... Vais pas revenir sur ce qui s'est déjà dit... Toutefois ça m'énerve un peu tout ça… Les rédactions, les blogueurs tombent dans le piège: La grippa, la main de Thierry, Bergé etc... Et pendant ce temps, la merde se répand allègrement par tous les interstices de la vie du peuple passif et manipulé...*_* »

Ce qu’il y a de bien avec Cécile, c’est que non contente d’écrire de merveilleuses histoires. Non contente de nous apporter un peu de poésie dans ce monde de brute, Cécile est une femme qui sait mettre les choses en perspectives, et sa petite remarque postée en début de matinée, a eut le don de me faire réfléchir une bonne partie de la journée…

A un point tel que je me suis dit que j’allais vous en parler aujourd’hui. Ben oui, il n’y a pas de raison que je sois le seul à réfléchir, et ce blog est quand même un peu fait pour ça… Donc, je crois que l’on pourrait commencer par se poser la question suivante : Lorsque nous réagissons à l’actualité brulante, sommes nous manipulés ?

La première réponse qui me vient à l’esprit, et probablement parce que je suis un infâme gauchiste légèrement paranoïaque et relativement instruit, c’est oui. Oui nous sommes manipulés, oui je suis manipulé.

Mais en même temps, j’ai envie d’ajouter que nous le sommes tous et que c’est même à la rigueur normal… Normal, dans le sens de logique, pas dans celui de « cela est bel et bon ».

Depuis quelques jours, les faits d’actualité nous sautent à la gueule comme des flashs, sollicitant de notre part colère, jubilation, interrogation, et réponses immédiates. Le problème d’éthique que soulève la main de Thierry Henry, la pandémie de grippe A, la polémique sur le Téléthon… Tout ça nous accapare au jour le jour. Nous sommes dans la réaction instinctive, et non plus dans la réflexion. Nous sommes dans l’émotion, et non plus dans l’action.

A ce niveau, j’ai envie de dire que là encore c’est normal. L’être humain est un animal qui fonctionne à la fois avec sa réflexion ET avec son émotion. L’un ne va pas sans l’autre et heureusement. La réflexion froide sans une once de cœur ressemblerait bien trop à du pragmatisme, et vous savez que j’ai ce concept en horreur. De même, si l’on se laissait aller à ne réagir qu’avec le cœur, nous serions certainement tous mort avant la fin de journée. Donc, et c’est là que la remarque de Cécile devient importante, il convient, je pense, de bien doser ces deux éléments.
Connaissant donc la nature humaine, il devient alors tentant pour un gouvernement de créer la réaction afin de juguler la réflexion et l’action. C’est une pratique à laquelle ce gouvernement nous a habitués, et il en use fréquemment sous la forme de diversions savamment orchestrées.

Mais tout n’est pas de son fait… L’histoire de la qualif de l’équipe de France par exemple est un événement fortuit qui a crée une réflexion et un buzz important, et je ne pense pas que Sarko soit derrière tout ça quand même ! (Non ?)

Alors oui, la richesse de l’actualité peut faire que nous nous focalisons sur un événement qui nous parle plutôt que sur un autre. Oui, d’autres choses se passent pendant que nous regardons notre nombril…

Mais qu’y pouvons-nous ? Pensez-vous qu’il soit aisé de toujours remettre en perspective un événement ? Ce genre de chose se fait à tête reposée, lorsque le tumulte s’est éteint.
Et puis, ne pensez-vous pas que si l’on passait son temps à relativiser les choses à outrance, celles-ci passeraient alors inaperçues ?
Je veux dire par là que l’on peut toujours trouver plus important. On peut toujours trouver plus grave qu’une polémique sur la charité-bizness ou qu’une bisbille sur une petite phrase. Un enfant meurt de faim toutes les six secondes, une femme meurt sous les coups de son compagnons tous les deux jours, un dixième du budget de Microsoft sauverait la faim dans le monde… Oui c’est vrai, on le sait tout ça… Et ce n’est pas parce que l’on réagit sur le moment à un événement qui n’aura que peu d’importance dans dix ans, qu’on l’oublie pour autant.

Pour ma part, je pense qu’il faut savoir faire la part des choses. Il y a d’un côté les événements quotidiens qui recèlent une réflexion ou un intérêt général (comme le Téléthon), et les grandes questions politiques et philosophiques de ce monde.
Les deux sont interconnectées, bien sûr, mais je pense qu’elles doivent être traitées indépendamment.

Un article sur le buzz du moment est une chose, et un autre sur le fond en est une autre. Et les deux ont leur importance. Le tout étant de ne pas privilégier l’un au dépend de l’autre…

Je ne sais pas si ces quelques mots vous aurons aidés en quoi que ce soit, ni même si je me suis suffisamment bien exprimé pour vous faire comprendre ma pensée… J’écris ça un peu comme on lance un débat et j’attends de vous que vous m’apportiez votre analyse et votre propre questionnement…
En tous cas, le fait est que la remarque de Cécile m’a fait m’interroger sur mon rôle de blogueur et sur mon rôle de citoyen militant. Et en cela, je lui dis : Merci Cécile !

mardi 24 novembre 2009

Grippe A, liens et petite flemme

Rien de bien important à vous dire aujourd’hui… J’ai bien pensé rebondir sur l’histoire de la grippe A mutante et la formidable augmentation des cas de grippés en France, mais comme en ce qui me concerne mon avis est déjà fait, je ne vois pas en quoi ça me serait utile.


Par contre, ce que je peux faire, c’est vous fournir des compléments d’information, à vous qui ne vous êtes pas encore fait d’avis… Ouais, ça je peux le faire.

Alors, il y a d’abord le très bon article d’Aude sur le sujet, qui reprend les données d’un autre article celui du Docteur Dominique Dupagne.
Eric, s’y est également collé et pose le problème de savoir où le gouvernement a-t-il bien pu pêcher les chiffres astronomiquement « effarants » de la progression de la maladie, sachant que le diagnostique n’est pratiquement jamais vérifié par des analyses.

Enfin, et grâce aux conseils avisés de l’ami Pseudo, je vous engage à écouter l’émission de Daniel sur Là-bas si j’y suis. Sans se prononcer sur la question faut-il se faire vacciner ou pas, l’émission nous raconte comment fonctionne les autorisations de mises sur le marché des médocs… A vous faire froids dans le dos si vous êtes néophytes en matière de manipulation libérale.

Sinon, vous pouvez aussi jeter un œil sur mon article de l’année dernière concernant l’affaire des terroristes d’ultra-gauche… c’est là, à droite. Un an plus tard, je m’aperçois que les choses ne changent pas vraiment.

Bonne journée à tous.

lundi 23 novembre 2009

Le Téléthon, pompe à fric pour gogos

Je savais Pierre Bergé pété de thunes et homme de goût. Je savais aussi que l’homme était l’ancien compagnon du couturier Yves St Laurent. Je savais également Pierre Bergé de gauche et soutien financier des délires de Ségolène Royal, et qu’il avait cessé récemment…

Bref, Pierre Bergé est un homme complexe. A part son soutien à l’autre folle, tout le monde pouvant faire des erreurs, je le trouve plutôt sympathique, et encore plus depuis ses déclarations faites ce weekend sur le Téléthon.

Voici ce que Pierre Bergé a déclaré au micro de l’émission Parlons Net :

« Le Téléthon parasite la générosité des Français. Le Téléthon capte la générosité des Français d’une manière populiste en montrant des enfants myopathes, en exhibant le malheur des enfants. Et tout ça, je trouve ça absolument inadmissible. »

Ouah ! Ça c’est envoyé !

Bon, bien sûr tout ce qui compte de bienpensants dans ce pays lui est aussitôt tombé sur le râble, et les journaux de ce début de semaine ne parlent que de ça.
Comment ose-t-il s’attaquer ainsi à une telle institution ! C’est une honte ! Tout ça c’est parce qu’il est jaloux que le Sidaction, dont il est le président, ne gagne pas autant d’argent !

La palme de l’hypocrisie indécente, revenant bien sûr à l’inénarrable roquet de l’UMP, Frédéric Lefebvre, qui s’étonne que la Royal, si prompte à dégainer habituellement, se taise sur le sujet. Il lui demande de se prononcer sur les propos de l’homme d’affaire et note que Pierre Bergé « vient de réaliser une grande première: l'appel d'un homme de gauche à ne pas aider les gens qui souffrent ! ». Fin de citation.

Franchement, je me fous de savoir si Pierre Bergé est jaloux ou pas. Moi, ce qui m’intéresse, c’est cette réaction médiatique, ce tollé général qui s’abat sur le bonhomme, alors qu’il n’a fait que dire une chose avec laquelle je suis entièrement d’accord…

Chaque année, et ce depuis 22 longues années, le Téléthon m’emmerde.

Il m’emmerde pour deux raisons. La première, est que je n’aime pas que l’on m’impose quelque chose. Le squat de toutes les chaînes du paf, les appels incessants aux dons, tout cela je le ressens comme une agression. Il m’arrive d’être généreux, lorsque j’ai les moyens de l’être, mais je ne le suis que si je le veux, et quand je le veux. Je n’ai pas besoin de m’entendre dire où et quand. La générosité, c’est quelque chose de personnel, c’est une question de conscience.

Et ce qui m’emmerde le plus, c’est quand une noble cause se voit transformée en un sordide spectacle. Un racolage plein de bons sentiments dégoulinants, savamment organisé pour faire pleurer dans les chaumières et faire cracher le gogo au bassinet.
Rien ne nous est épargné. Chaque année enchérie sur la précédente en termes de voyeurisme et de culpabilité. Utiliser de telles méthodes de propagande pour inciter la ménagère à fouiller ses fonds de tiroirs, je trouve ça profondément malsain et dégradant.

Donc, je suis plutôt d’accord avec ce que vient de dire Pierre Bergé.

D’ailleurs ma critique porte aussi sur le Sidaction… Je ne supporte pas ce port ostentatoire du ruban rouge une fois dans l’année. Comme s’il fallait absolument afficher aux yeux de tous que l’on est solidaire. Le politiquement correct porté en drapeau, la bien-pensée revendiquée et jetée à la face du monde.

Alors, bien sûr, j’entends déjà la masse grouillante des cul-bénits me vouer aux gémonies pour oser m’en prendre au Téléthon…
Rien à battre, j’ai ma conscience pour moi. D’ailleurs, je considère que dans l’absolu, des associations celle-ci, Téléthon, Sidaction, Restos du Cœur, etc, ne devraient même pas exister.
Elles ne sont que des substituts pratiques aux manquements de l’état, rien de plus. Du libéralisme pur au service des intérêts privés. La charité privée est une façon de cautionner le désengagement de nos institutions et elle justifie la réduction des dépenses en matière de recherche scientifique publique et de sécurité sociale.

Pensez-y la prochaine fois que vous serez sollicités par le charity-bizness !

Tiens, cette histoire me fait penser à cette chanson de Genesis…


Genesis-Jesus He Knows Me(Video Clip)
par genesis26

dimanche 22 novembre 2009

Une histoire de lynx (2)

Bon, où j’en étais moi ? Ah oui, nous voilà donc partis à la chasse au lynx !

Bon, avant que de continuer mon histoire, laissez-moi tout de même vous toucher deux mots sur la problématique lynx. Car oui, il y a forcément une problématique lorsque vous réintroduisez dans un milieu, quel qu’il soit, un grand prédateur qui en avait disparu.

Rassurez-vous, je vais essayer de faire simple et concis.
Dans un monde idyllique, un monde où l’homme n’aurait pas eu son mot à dire par exemple, le lynx ne se serait pas trouvé exactement au sommet de la chaîne alimentaire. Disons qu’il aurait été sur la deuxième marche du podium, ce qui est déjà pas mal. Au dessus de lui, seul animal susceptible de se faire du lynx pour son petit déjeuner, trônerait le loup.

Pas de bol, l’homo sapiens (l’homme intelligent tu parles !), dans le souci de protéger ses activités pastorales est venu foutre un peu le bordel dans cette belle hiérarchie, et a non seulement exterminé le lynx, mais aussi le loup. Résultat, l’élevage de nos animaux de ferme préférés s’en est trouvé grandement facilité, mais la vie des proies habituelles de nos deux amis s’en est trouvée elle aussi simplifiée. Chevreuils, chamois, lapinous, que sais-je encore, se sont retrouvés à prospérer offrant par ailleurs de supers gibiers pour l’homme qui pouvait ainsi prendre/usurper la place du prédateur absolu.

Sauf que lorsqu’on pique la place du patron, encore faut-il en assumer les responsabilités et faire le boulot correctement. Et ça, l’homme il n’a pas su faire.

Avec le temps la chasse, est passée de nécessaire à facultative. Notre époque moderne en a fait un loisir. Et encore, un loisir mal vu par une population citadine et ignorante qui tire à boulets rouges sur ceux qui le pratique encore. Des petits cons, prétendument défenseurs de l’écologie, mais qui en fait n’y connaissent rien, entre nous soit dit.
La paresse qu’apporte la modernité est également responsable de la disparition progressive de la chasse. En effet, à part quelques passionnés, qui a envie de se lever nuitamment pour crapahuter pendant des heures à la recherche de sa pitance alors qu’il suffit pour cela de se rendre au supermarché du coin ?

Bref, l’homme ne joue plus son rôle de régulateur. Résultat les populations d’herbivores explosent, et mettent en danger les cultures, et le serpent se met à sucer sa queue
Pour essayer de remédier à ce bordel, des scientifiques ont donc eu l’idée de réintroduire dans la chaîne alimentaire les prédateurs précédemment exterminés. Bonne idée me direz-vous, sauf que tous les hommes ne sont pas des scientifiques et n’ont pas une vision complète de la chose. Et plus particulièrement ceux qui sont à même de côtoyer directement les prédateurs en question.

Les chasseurs gueulent parce qu’ils ont peur d’avoir de la concurrence… Sauf que, comme ils n’arrivent pas à faire leurs cotas, ils sont plutôt mal placés pour gueuler.
Les éleveurs ont peur de voir leurs troupeaux attaqués… Et là ils n’ont pas tord. Car le lynx ou le loup sont des animaux avec un cerveau simple. Pas du genre à s’encombrer de principes moraux si vous voyez ce que je veux dire. Plus on fait simple, mieux c’est. Et égorger un mouton crétin c’est quand même plus simple que courir après un chevreuil en pleine forme (Sans parler des cornes).
Donc problèmes et forcément problématique.

Ca va ? C’était pas trop long ? Allez, on retourne à l’histoire !

Donc nous voilà partis en direction de la forêt du Turet au lieu-dit du Creux de l’Enfer (Brrr !!).
Nous retrouvons les Suisses sur un parking au pied du massif. Là, surprise, ils sont plutôt nombreux. Vachement nombreux même. Quatre spécialistes avec deux gros 4X4 chargés jusqu’à la gueule de matériel, et une flopée de bagnoles particulières remplies de « spectateurs privilégiés ».
Il faut savoir que les programmes de recherche Suisses fonctionnent énormément sur des dons privés. Pratique libérale s’il en est, et qui comme de par hasard entraine tout une série de petits privilèges comme par exemple de pouvoir assister à une capture en échange d’un don important. Pour le coup, c’est donc une douzaine de privilégiés qui sont là, appareil photo en bandoulière et petite chaussures de ville.
Mon camarade et moi tiquons. C’est vrai quoi, la science est quelque chose de sérieux et cette bande de joyeux et (très) bruyants touristes n’est pas vraiment fait pour nous plaire. Mais bon, ce sont les Suisses qui commandent, alors nous fermons notre boite à camembert française.

De toute façon, pour l’heure il n’y a rien d’autre à faire pour eux qu’attendre. Nous sommes partis, mon pote et moi, le garde chasse et deux Suisses munis d’une antenne de localisation à la main à la recherche de Maman Lynx. Moi je me dis qu’avec tout le boucan que font nos amis donateurs, la maman sait déjà qu’on est là depuis belle lurette… Et je n’avais pas tord.
Voici comment les choses se passèrent. La première chose que fit Maman Lynx en nous entendant, ce fut de mettre ces bébés à l’abri. La configuration géologique est telle que de nombreux éboulis recèlent plein de petites grottes et donc les cachettes ne manquent pas. Puis elle se posta entre nous et la grotte pour parer à toute éventualité. Voyant que continuions à avancer vers elle, elle entreprit alors de faire diversion en essayant de nous attirer vers elle. Mais ce n’était pas elle que nous recherchions, c’était sa progéniture… Il nous a donc suffit de continuer dans la même direction, sans suivre Maman Lynx, et ils nous sommes tombés droit sur l’éboulis où se cachaient les petits… Après quelques fouilles infructueuses dans les anfractuosités (Essayez un peu de le dire à voix haute plusieures fois de suite qu’on rigole !), nous les avons enfin trouvés. Trois petites boules de poils de trois semaines, tapies au fond de leur trou.

Les attraper ne fut pas chose facile. C’est qu’à trois semaines ces petites bêtes ont déjà griffes et dents pour se défendre ! Le type qui s’en chargea avait la main en sang ! Mais bon, bon an mal an les trois chatons furent mis dans des sacs et nous sommes redescendus vers le parking où les autres avaient déjà commencé à déballer le matériel. Au loin on entendait Maman Lynx pousser des cris déchirants

Ensuite, il a fallut passer aux examens proprement dits. Pose d’une marque à l’oreille de chacun des petits. Pesée. Radiographie complète. Prise de sang. Echantillons de flore intestinale… Rien ne leur fut épargné à ces pauvres chatons ! Et pendant tout le temps où on les malmenait, ça feulait et ça crachait à qui mieux-mieux !
Pour ne rien arranger, les joyeux donateurs eurent le droit de les prendre dans leur bras pour faire des photos… A chaque fois qu’un flash se déclenchait, les pauvres bêtes miaulaient de peur. J’étais écœuré.
De voir ces petites têtes dépassant de leur sac orange, ballotés de mains en mains pour le plaisir de quelques bobos friqués qui s’arrogeaient le droits de les tripoter sous prétexte qu’ils avaient offert de l’argent… Cela m’a choqué. Encore aujourd’hui, quand j’y repense, j’ai envie de hurler.

Cela pris bien deux heures pour terminer l’examen des trois chatons. Tripotage compris. Lorsqu’il fut le moment de les ramener dans leur grotte, les crétins en chaussures de ville se mirent à pousser des « au revoir ! » avec plein de gestes de la main… Normal : Quand on est con, autant aller jusqu’au bout.

A la fin, j’ai quand même fait part de mon ressenti au garde chasse. Je ne me souviens plus exactement ce que je lui ai dit, mai en gros ça disait que l’on était loin des pratiques scientifiques de terrain dont j’avais l’habitude, et que tout ce foin autour des petits était préjudiciable pour eux. Il était d’accord, mais ne pouvait rien y faire… Il me rassura cependant en me rappelant que ce n’était pas des oiseaux et que leur mère n’allait pas les abandonner s’ils sentaient l’homme.
Ouais, d’accord, mais ce ne sont quand même pas des façons de faire…

Le lendemain, je me suis mis à l’écriture de mon rapport sur cette soirée. Rapport qui, vous vous en doutez probablement, ne fut pas très gentil envers nos confères helvétiques. Il me fut même reproché d’exagérer les choses !
Ben voyons !

Cela-dit, cette rencontre avec ces trois petits lynx fut pour moi un vrai bonheur. Pendant ce moment, j’ai vraiment eu l’impression d’être utile à quelque chose. Bref, ce fut une expérience merveilleuse et je me souviendrais jusqu’à la fin de mes jours de cette soirée de juillet 1995…

Allez, je vous laisse ! Passer un bon dimanche et on se retrouve bientôt !

Ps : Les cinq dernières photos sont de moi et ont été prises lors de cette fameuse soirée. Cliquez dessus pour les agrandir.

samedi 21 novembre 2009

Une histoire de lynx

Il y a quelques années, dans une autre vie, j’étais un gardien d’arbres. Un simple gardien d’arbres.
Les arbres, c’est assez facile à garder. Ils ne sont pas du genre à se faire la malle en douce le soir venu. Ils sont du genre contemplatif. Du coup ceux qui les gardent le deviennent un peu eux aussi. Et croyez-moi quand je vous dis que contempler les montagnes du Jura, c’est cool. Méga-cool.

Tout ça pour dire que le soir venu, alors que d’autres ne pensent qu’à rentrer chez eux pour jouir d’un repos bien mérité, moi et quelques-uns on était du genre à en redemander sans problème. Le travail à ce niveau-là, c’est du bonheur en barre et comme le bonheur est quelque chose qui passe, on ramasse tout ce qu’on peut, tant qu’on peut.

Mais peut-être devrais-je commencer cette histoire par le début… Le début, c’est quand à l’occasion d’une conversation avec le garde de l’ONC du coin (l’ONC c’est l’Office National de la chasse), j’ai appris que sur les bords du lac Léman, le long d’un petit cours d’eau nommé le Boiron, résidait une famille de castors
Une vraie famille avec le papa, la maman et les bébés castors. Ils vivaient tranquillos dans leur maison à castors, au milieu des fermes et des champs. Parfois ils s’en allaient bouloter les pommiers du voisin, mais bon globalement on les laissait en paix.
Je n’avais jamais vu de castors… Enfin pas en vrai je veux dire. Et franchement, je ne me doutais pas que l’on pouvait en observer encore en France. Aussi, lorsque le garde chasse nous proposa à mon collègue et à moi de participer à un affut nocturne histoire de vérifier si tout allait bien pour eux, nous avons sauté sur l’occasion.
Rendez-vous fut donc pris pour un soir de la semaine suivante.

Le jour venu, mon pote et moi étions tout excités par notre prochaine rencontre. Aussi, nous avons un peu fait la gueule lorsque le garde chasse vînt nous annoncer dans l’après-midi que nous ne pourrions pas aller voir les castors. Devant nos mines déconfites, il sourit et nous demanda alors si nous étions intéressés par quelque chose de mieux. Quelque chose de mieux ! Qui avait-il de mieux que d’observer des castors dans leur milieu naturel ?
En effectivement le garde avait mieux à nous proposer, beaucoup mieux.
En fait, s’il avait du décommander notre escapade c’était parce qu’il devait accompagner un groupe de chercheurs Suisses sur le territoire de la réserve. Et pas n’importe quels chercheurs, des types chargés du suivi de réintroduction du lynx sur le territoire de confédération, venus procéder à des captures et à des marquages chez nous en France. Et il nous proposait, si notre directeur était d’accord bien sûr, d’être présents lors de l’une de ces opérations en tant qu’observateurs de la Réserve Naturelle…

Comment ? Nous allions assister à la capture d’un lynx ! Des lynx, c’est quand même autre chose que des castors !

Heureusement le directeur ne fut pas difficile à convaincre. Il serait bien venu lui-même, mais une méchante réunion administrative le retenait. Il nous chargea cependant de bien faire notre boulot d’observateur et de lui pondre un compte rendu circonstancié.

Ah oui, faut quand même que je vous dise pourquoi ces Suisses étaient venus chez nous…

Nos amis suisses sont de grands défenseurs de l’environnement. Ca on le sait. Et donc, au début des années soixante-dix ils décidèrent de réintroduire un des plus beaux grands prédateurs que l’évolution nous ait laissé, le lynx d’Europe, ou lynx Boréal, ou encore Lynx Lynx pour les intimes.

Le problème, voyez-vous, c’est que non content de se reproduire assez facilement dans un environnement protégé, le lynx a également une très piètre connaissance des frontières ainsi qu’une énorme propension à prendre ses aises. Trente ans plus tard, nos amis les félins ont donc essaimé un peu partout et quelques-uns sont venus s’installer directement sur les plates bandes des voisins Français, Allemands et Italiens. Ajoutez à ça le fait que le territoire de chasse d’un lynx est au minimum de 10 000 hectares, et vous comprendrez que la rencontre entre le jurassien et la bête avec du poil sur les oreilles était inévitable.

Et c’est donc ce qu’avait fait une femelle, elle avait décidé de venir chez nous pour trouver un endroit sympa et pouvoir mettre au monde ses petits.
Il faut savoir que le lynx n’est pas vraiment casanier comme animal. Nous avons vu que son territoire peut être grand comme la moitié d’un département, et le félin passe donc son temps à arpenter ses terres pour se nourrir. Il ne dort au même endroit que le temps nécessaire pour lui de dévorer son chevreuil dominical. Aussitôt fait, il reprend la route à la recherche d’autre proies et peut ainsi parcourir des distances énormes.

La femelle dont nous parlons était équipée d’un collier émetteur, ce qui fait que les Suisses savaient en permanence où elle se trouvait. Lorsqu’ils se rendirent compte qu’elle ne s’éloignait plus de la forêt du Turet, au pied du col de la Faucille, ils supposèrent donc qu’elle devait avoir mis bas.
Une opération fut organisée afin de capturer le ou les petits, et de procéder éventuellement à des marquages et des examens. Et c’est à ça que le garde chasse nous proposait d’assister !

Du coup bien sûr, l’observation d’une bête famille de castors perdait son intérêt, vous en conviendrez…

Et donc, à la nuit tombée, nous voilà partis à la chasse au lynx !

A suivre…

vendredi 20 novembre 2009

J’ai vu "Capitalism : A love story"

Chose promise, chose due. Je vais donc vous raconter ma soirée d’hier.

Lavé et pomponné autant que faire ce peut, je me suis donc rendu à la projection-débat de « Capitalism : A love story » la dernière mouture de truculent Michael Moore. L’avant première était organisé par l’association AdN, l’Association pour la Démocratie à Nice et dans les Alpes Maritimes. Une association que, j’avoue à ma grande honte, je ne connaissais pas… Mais bon, mon manquement est dorénavant rattrapé et quelque-chose me dit qu’elle et moi seront appelés à nous revoir bientôt.

Bref, donc j’embarque dans le bus de 19h29, qui me dépose à quelques mètres à peine du cinéma le Rialto, situé rue de Rivoli comme tout bon Niçois le sait.

Ah le Rialto… Ca m’a fait tout drôle d’y retourner… Quand je pense que ça doit bien fait quinze ou vingt ans que je n’y avais pas mis les pieds… Mais bon, ce n’est pas le sujet.
Donc, j’arrive et je me plante devant l’entrée histoire de fumer une dernière clope avant de me retrouvé enfermé dans un endroit qui les tolère pas.
19h55, je rentre et là je me dis que j’aurais pu me passer de la clope… En effet la salle est au ¾ pleine, et les seules places disponibles sont dangereusement proches de l’écran. Qu’importe, je me dégote un fauteuil près de l’allée et je me pose.

Quelques minutes plus tard, la présentation du film et de l’association AdN commence. On nous dit que le débat sera animé par messieurs Jean-Paul Duparc, professeur d’économie et membre d’ATTAC06 et Michel Cuoco, entrepreneur.
Aussitôt, je me dis que je suis décidément un bien piètre militant, et que je ferais bien de m’investir un peu plus dans les luttes locales. C’est une vielle culpabilité qui revient régulièrement chez moi, mais je ne désespère pas un jour de m’y mettre pour de bon, et d’ailleurs cette soirée pourrait très bien en être l’initiatrice…

Et donc le film commence… et finit deux heures et six minutes plus tard.


Capitalism : A Love Story - Bande-annonce VOSTFR
par waytoblue


Et c’est à ce point là de mon récit que je me retrouve dans la merde.

Je suis dans la merde, parce que je ne voudrais pas vous empêcher d’aller voir ce doc, mais en même temps j’ai pris l’habitude d’être honnête avec vous et de ne pas prendre de pincettes… En plus, j’ai été contacté pour en dire du bien, donc l’exercice qui va suivre, en plus d’être une première, va être plutôt délicat pour moi.

Qu’est-ce que j’en ai pensé ? Et bien, comment vous dire… C’est bien. C’est du Michael Moore quoi ! Mais ce n’est pas son meilleur non plus.
Bon, je vais être franc, je ne me suis pas ennuyé pendant ces deux heures. C’est vrai. Mais si je repense à tout ça avec le recul qu’apporte une courte nuit, je me dis qu’à part deux ou trois trucs comme les dead peasants ou bien le fait qu’un pilote de ligne aux USA touchait moins qu’un patron de fast-food, je n’ai pas appris grand-chose de plus que je ne savais déjà.

Le film est fabriqué un peu comme une espèce de cours destiné à expliqué la genèse de la crise financière de l’année dernière. Un cours destiné à large public d’américains moyens, très moyen, et donc qui utilise les codes de ces américains moyens… Ce qui peut sembler un peu léger lorsqu’on est habitué à d’autres codes et à d’autres niveaux d’information.
Le principal reproche que je ferais à ce documentaire, c’est qu’à aucun moment je n’ai eu l’impression que Michael Moore s’adressait à moi. Oh bien sûr, les questions qu’il pose sont universelles, il n’y a pas de doute là-dessus, mais Moore les posent avec quelques raccourcis et quelques amalgames troublants propres à la culture US, et qui en ce qui me concerne m’ont un peu gâché mon plaisir.

Certes, la crise des Subprimes et le crash de 2008 ne sont pas choses faciles à expliquer, j’en conviens. Pourtant j’ai trouvé que même s’il s’en sortait honorablement quant au démontage des mécanismes qui ont provoqué cette crise, le doc péchait un peu lorsqu’il s’agissait d’en décrire les conséquences. Et plus particulièrement des conséquences à l’internationale.

Bref, pour résumer en une phrase : Capitalism : A love story, est un documentaire américain fait pour un très large public américain. En quelques sorte comme je l’ai dit plus tard dans la soirée, c’est la crise expliquée aux nuls avec des mots et des concepts destinés à des spectateurs pourvus d’un QI de douze.
Je sais c’est sévère, mais c’est comme ça que je l’ai ressenti.

D’ailleurs, ces amalgames dont je vous parlais plus haut, du genre je mélange allègrement la religion avec l’économie et je vous oppose tout ça avec la démocratie qui est elle-même l’opposé du socialisme… ces amalgames donc, ont été largement abordés dans le débat qui suivit la projection. Débat un peu court quand même et sans réelle passion (désolé les gars), il me faut là-aussi le reconnaitre, la salle devant être libérée rapidement.

Bref, encore une fois je suis resté un peu sur ma faim…

Mais rassurez-vous, je me suis bien rattrapé par la suite puisque j’ai pu avoir une très belles conversation avec un couple de petits jeunes sur le parvis du cinoche. Elle était blogueuse niçoise (nous étions sept blogueurs invités de la même manière), et nous avons échangé nos impressions à bâtons rompus. C’était sympa et j’espère qu’elle nous rendra visite ici-même, ce qui me permettra enfin de connaitre d’autres blogs niçois.

Voilà ! Moi j’ai cavalé pour attraper le bus de nuit et retrouver mes pénates. Et c’est complètement vanné que je me suis écroulé sur mon canapé. Ce matin, ma cheville n’est que douleur et je marche au diantalvic depuis mon réveil, mais tout compte fait je ne regrette pas ma soirée.

Pour finir, et répondre à l’éventuelle question que vous vous posez. A savoir : Est-ce que ça vaut le coup que je dépense 7,50 € pour aller le voir ?
Je vous répondrais que ce doc est à voir, oui bien sûr, mais que vous pouvez aisément attendre une éventuelle diffusion en deuxième partie de soirée sur Arte…

PS : En me relisant je ne suis plus très sûr que la société qui m’a contacté pour faire la promo du doc soit encline à recommencer…

jeudi 19 novembre 2009

Dernière minute

Vous connaissez la dernière ?
Non, bien sûr, j’suis bête… Bon, figurez vous que j’ai reçu une invitation pour aller voir la première du dernier film de Michael Moore « Capitalism : A love story » !
Mais si puisque je vous le dis !

Et donc, la première c’est ce soir à 20h00. J’avais failli oublier dis-donc ! Et puis lorsque je m’en suis souvenu tout à l’heure, j’ai encore failli me convaincre de rester à la maison… Compliqué de rentrer en bus le soir, tout ça…

Mais bon ! Trêve de tergiversations et d’atermoiements, je vais me sortir les doigts du cul et mettre une belle chemise pour aller au cinéma. Tout seul comme un grand.
Ce n’est pas vraiment mon habitude de sortir le soir, mais quand on reçoit une place gratuite, la moindre des choses c’est d’en profiter (Hein ?).

En plus bon, le type qui m’a envoyé la place a été très sympa et nous avons passé une espèce de contrat moral… Je ne sais pas si j’ai vraiment le temps de tout vous raconter… Attendez, je regarde la montre… Ouais, c’est bon, j’ai le temps.

En fait, il s’agit d’une forme de markéting que je ne connaissais pas. J’ai reçu il y a deux mois un mail me demandant de faire la promo du film sur mon blog, et en échange je devais avoir droit à des places et des infos personnalisées.
J’ai dis oui, mais j’ai fait le minimum en mettant juste la vidéo dans ma colonne de droite…
Le type et moi, Tristan il s’appelle, on a pas mal causé par mail, parce qu’une avant première à Nice n’était pas vraiment prévue. Et puis voilà, j’ai reçu la place, donc moralement je me dois un peu d’y aller… Et puis accessoirement de faire un article sur le film une fois que je l’aurais vu.
Voilà vous savez tout.

Bon je vous laisse, il faut que j’aille prendre un bain et que je me fasse beau. Et y’a du boulot.

A demain !

Allez-vous faire foot !

Je ne crois pas avoir déjà parlé de sport sur ce blog… Non, je ne crois pas. Si, peut-être de voile, mais plutôt comme passion et défi que comme un sport.

Bon, vous le savez peut-être, le sport et moi ça fait deux. Enfin, pour être plus précis, je devrais dire que le sport collectif et moi ça fait deux… Question d’indépendance sans doute. Mais ce n’est pas le sujet que je voulais aborder avec vous si vous le voulez bien. Je voulais vous dire deux mots sur le match de foot d’hier, sur le foot en général et mélanger tout ça avec des considérations comme l’identité nationale, les valeurs qui sont les miennes et la politique.

Exercice périlleux vous allez me dire, mais vous allez voir que non (enfin j’espère).

Je n’ai pas regardé le match hier au soir… Enfin si, en pointillé histoire de jeter un œil au score et de revenir bien vite sur des choses bien plus intéressantes. Et puis, vers la fin j’ai regardé les quinze dernières minutes des prolongations… Et pendant que je regardais je me disais, comme à chaque fois que je regarde du football, que ce sport était vraiment un sport de tricheurs et de menteurs. Bref un sport de connards en short qui savent bien mieux simuler une chute que faire un tir cadré…
Je me disais donc ça, jusqu’à ce que le but égalisateur de la France vienne brillamment confirmer ma pensée.
Quelques minutes plus tard, alors que je me retrouvais sur une chaîne info, je constate que l’évidente injustice avec laquelle la France s’est retrouvée qualifiée pour la Coupe du Monde ne semblait pas offusquer qui que ce soit, et plus particulièrement l’entraineur des français, notre Premier Footballeur en Chef, Nicolas Sarkozy.

« L’essentiel est là » a-t-il déclaré. L’essentiel est là… Que de sens caché dans cette courte phrase… Qu’importe la manière, qu’importe la tricherie, qu’importe l’injustice, l’essentiel est là…

Voilà bien ce pragmatisme tant loué qui fait l’apanage des grands politiciens ! Tous les moyens sont bons, pourvu que l’on arrive au but que l’on s’est fixé ! Pas vu, pas pris, c’est la règle ma pauvre Lucette !

Mais est où là ? C’est quoi ces valeurs à la con ? Allez-vous faire foot !

Et bien ce sont les valeurs du capitalisme libéral mon pauvre monsieur ! Ni plus ni moins. Il n’y a pas de justice, il n’y a pas de règles, chacun fait comme il veut et gruge son voisin autant qu’il le peut… C’est comme ça. Et si un événement vient concourir à la réussite, la question n’est pas de savoir si c’est juste ou pas puisque c’est « la main de dieu » ! Avec une telle aide, le fautif n’est plus celui qui triche, mais bel et bien celui qui s’est fait avoir. Renversement des rôles. Injustice absolue…

Mais cette conception inique des choses de la vie ne semble plus étonner personne… Ce matin encore Emmanuel Vals, un type qui se dit de gauche, privilégiait encore le résultat final au détriment de la manière. Comme pour les élections au PS, c’est pas grave s’il y a de la triche, l’essentiel est d’aller de l’avant… Ne soyons pas rétrograde, ne regardons plus en arrière…

Vous me faites gerber tous !

Oui tous ! Libéraux de merde ! Socialistes à la con ! Footballeurs crétins !

Je vous mettrais tous ces abrutis dans un match de rugby moi ! Ils apprendraient bien vite ce qu’est le respect, l’honneur, et la fierté ! Merde !

Pour finir sur une note moins colérique, j’ai une petite pensée pour ces pauvres Irlandais qui n’en finissent pas de se faire entuber… Pauvre trèfle déjà abusé par le libéralisme européen et maintenant privé d’une coupe du monde par des tarlouzes en short… Mais bon, les Irlandais sont de fervents catholiques, ils accepteront peut-être (encore une fois) que la main de dieu la leur mette bien profond…

mercredi 18 novembre 2009

Plutôt mourir que vieillir…

Il y a des jours comme ça, où des petites choses se croisent révélant ainsi d’autres petites choses…Des coïncidences, des concours de circonstances, des croisements intempestifs…

Ce matin je me suis réveillé en sursaut vers quatre heures. Quatre heures et des poussières de minutes. L’esprit étrangement alerte malgré l’incongruité du moment, j’ai entrepris les petits rituels qui accompagnent mon début de journée… Café, télé, Ordi, re-café, clope…

J’ai consulté mes mails et les commentaires laissés pendant la nuit. J’ai jeté un œil sur ce que les autres avaient publié depuis hier et mis de côté ceux qui allaient peut-être m’inspirer une réponse… Et puis je suis allé sur le site Là-bas.org écouter la suite du reportage de Mermet sur les vieux.
Déjà hier, la première partie avait provoquée chez moi un certain malaise. Un sentiment de tristesse mêlé de culpabilité, le tout mâtiné d’un soupçon de peur et de révolte. Je me disais que je ne voulais pas finir comme ça. Amoindri, incapable de ma torcher le cul seul. Incapable de penser, à la merci des défaillances de mon corps.
Je me disais surtout que j’avais de la chance de ne pas avoir de vieux à ma charge, et que je ne voulais pas en avoir… La solidarité que je prône à longueur d’articles trouvait là sa limite, juste devant ma propre porte. Je ne voulais pas être obligé de me saigner au quatre veines pour entretenir un vieux.
Je sais, dis comme ça c’est moche. Mais c’est bien comme ça que cette pensée m’est venue, ce qui prouve bien que je n’ai pas que de belles pensées.

D’autant que dans la deuxième partie, celle que j’ai écoutée ce matin, on en apprend un peu plus sur le rôle actuel des vieux. On apprend que quelque soit l’institution dans laquelle ils seront amenés à finir leurs jours, publique ou privée, nos vieux se feront toujours avoir.
La restriction des coûts publics imposée par le système libéral réduit le personnel et les prestations, et donc l’attention minimale requise à un être humain. Dans le privé, l’obligation de satisfaire les actionnaires à hauteur de 25% de bénéfices par année produit exactement le même effet…
Dans les deux cas, nos vieux ne sont plus des êtres humains, mais des données dans une gigantesque équation. Des vaches à lait, au portefeuille bien garni. Et quand ce n’est plus le cas, on compte bien sur la culpabilité des enfants et petits enfants pour continuer à payer… 1600 €/mois pour une maison de retraite publique de base, et jusqu’à 6500 € pour une maison de retraite privée.

Et je ne veux pas entrer dans ce jeu-là. Je ne veux ni en faire partie, ni le cautionner. Je crois que je préfèrerai encore crever vite et bien…

Alors, ce genre de reportage est comme un miroir. Il vous renvoie à votre propre histoire, à votre propre conception de la famille, et à vos peurs.
Certains ont le sens de la famille et n’envisage même pas un seul instant de ne pas s’occuper de leurs parents ou grands-parents lorsque l’impotence viendra frapper à leur porte. Moi si.
De savoir que je vais probablement devoir accompagner la déchéance de mon père lorsqu’elle viendra me terrifie. Je ne veux pas avoir à faire ça, et je ne veux pas avoir à imposer la mienne aux autres.
C’est peut-être dû au fait que j’en ai peur… Sans doute même. C’est aussi probablement lié au fait que ma propre conception de la famille en a pris un coup dans l’aile au fil des années.

Certes, notre culture nous enseigne qu’il est admirable qu’un enfant prenne en charge son aïeul. Cela est juste et bon comme dirait l’évangile… Et d’ailleurs, c’est ainsi que notre société est sensée fonctionner collectivement. Les générations présentes sont sensées, de par leur cotisations, subvenir aux besoins des générations passées. Pourtant, si l’on se place sur un plan plus individuel, les choses ne se passent pas vraiment ainsi… Notre monde actuel est tellement gangréné par l’argent et le profit de quelques-uns que ces valeurs disparaissent peu à peu. A un point tel que je me demande s’il ne serait pas beaucoup plus admirable de ne pas avoir à imposer ce fardeau à nos enfants.

En tous cas, en ce qui me concerne le problème ne se pose pas et ne se posera peut-être jamais. Et vous voulez que je vous dise : Ça me rassure.

Coïncidence troublante, mon père fête aujourd’hui ses soixante-dix-huit ans. Il faut que je l’appelle…

A lire le livre de William Rejault : Maman, est-ce que ta chambre te plaît ?

NB : La troisième partie de l’émission est disponible ici. A noter l’illustration musicale « Miss Alzheimer » d’un groupe que j’adore, les Elles. Si vous savez où je peux trouver leurs albums en libre écoute sur le web, je suis preneur !