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dimanche 13 juillet 2008

La forêt (6)

C’est quoi le bois ?

Cela va peut-être vous étonner (ou pas), mais je crois profondément qu’il existe un lien entre l’homme et l’arbre. Un vieux lien, puissant qui doit dater du temps où nous nous baladions dans les frondaisons, nous nourrissant de ce que les branches nous donnaient, nous cachant dans les méandres des rameaux pour nous protéger… C’était le temps où nous n’étions que de vagues mammifères à quatre mains, bien avant que l’on décide de descendre de nos maisons-arbres pour parcourir la terre sur nos deux pattes arrières qui par la même occasion changèrent de nom pour devenir des jambes.

Même si nous avons, en quelques sortes, grandis en nous redressant (oui je sais, elle est même pas drôle…), nous ne nous sommes pas éloigné de nos arbres pour autant. Peut-être qu’au fond de nos cellules, perdu au sein d’une chaîne d’acides nucléiques, il existe une trace, un souvenir, un fantôme génétique qui nous dit que les arbres sont nos amis. Et ils le sont. Ce sont de vrais potes sans qui nous ne serions pas ce que nous sommes actuellement. Ils nous ont tout donné. Tout. Cela à sans doute commencé lorsque de l’une de leur branche cassée nous en avons fait des bâtons pour fouiller la terre à la recherche de tubercules. Accessoirement ces mêmes bâtons nous ont été utiles pour éloigner les importuns… Prédateurs affamés, ou bien, comment dirais-je, nos propres congénères à la philosophie différente… Les grands costauds qui voulaient nous piquer nos guenons ! Leurs amis qui voulaient manger nos baies… Bref, ce bout de bois nous a été vachement utile pendant un temps. Merci les arbres !

Puis vînt le feu… Alors là, le feu ce fut toute une histoire. Un accident tout d’abord, sans doute. En fait on sait pas… Mais c’est un fait qu’un beau jour, c’était en aout, les hommes comprirent que le feu c’était cool. Ca tenait chaud, ça faisait fuir les prédateurs affamés (oui, ceux-là même qui nous pourrissaient la vie précédemment !) et qualité non-négligeable, ça donnait un meilleur goût à la barbaque. Tout d’un coup on inventa donc la notion de foyer et la gastronomie. Un grand pas que ce fut ce truc là ! Qui plus est, le feu se nourrissait de bois, et notre coopération avec ce végétale s’en trouva renforcée.

Au fil des siècles, que dis-je, des millénaires, l’homme appris à se servir des arbres pour tout et n’importe quoi. De ses fruit il fit des tartes, de ses branches il se chauffa, de son troncs il fit des maisons. Comme pour le cochon, tout est bon dans l’arbre. Cela dura quelques milliers d’années, jusqu’à ce qu’on découvre que la terre recelait des produits qui brulaient plus longtemps en dégageant plus de chaleur. Le charbon en premier, puis le pétrole… Et là, en entre vous et moi, c’est à ce moment que commencèrent les emmerdes. Mais bon, c’est un autre sujet.

Donc, pendant ces millénaires vous pensez bien que l’homme, qui à la différence de l’arbre a un cerveau, n’est pas resté les bras croisés à profiter de la manne arborescente. Il s’est penché sur son copain de façon à l’analyser sur toutes ses coutures, à améliorer ses processus de transformation, à optimiser ses produits dérivés… Il est comme ça l’homme. Faut toujours qu’il dissèque tout ce qui lui tombe sous la main, qu’il analyse et essaye de comprendre. Quitte à en faire trop parfois et à oublier le vrai sens des choses. Mais là encore, c’est un autre sujet.

Alors qu’est-ce que c’est que le bois ? C’est bien joli de dire que ça sert à tout, mais encore faut-il savoir pourquoi. En fait, ce qui intéresse l’homme c’est ce que les gens de science appellent le xylème. C'est-à-dire la partie centrale du tronc qui est constituée de bois « mort ». Comme vous pouvez le voir sur la photo illustrée ci-dessous, nous avons donc au centre le bois (xylème), le cambium qui est la zone frontière entre la partie vivante et la partie morte de l’arbre, puis le liber et enfin le suber (le liège ou l’écorce, comme vous voulez !).

J’ai mis des guillemets au mot mort, vous l’aurez remarquez. Tout simplement parce que dans le xylème circule la sève. Enfin, pas toute la sève seulement ce que l’on appelle la sève brute, celle qui monte des racines. On l’appelle ainsi en opposition à la sève élaborée qui, elle, circule dans le liber et est issue de la photosynthèse.

Le liber, c’est l’usine à fabriquer des cellules. C’est là que les cellules se multiplient vers l’extérieur et font ainsi croître l’arbre. Croître, certes mais dans le sens de la largeur j’entends, parce que pour ce qui est de la hauteur, ce sont les bourgeons terminaux des branches qui s’en occupent. Les cellules croissent donc, et non pas croassent, à chaque saison, fabriquent de la cellulose, puis sèchent et deviennent des fibres de bois.

La saison suivant, elles sont recouvertes par de nouvelles cellules et ainsi de suite. Cette succession d’étape peut se voir sur chaque souche d’arbre, c’est ce que l’on appelle les cernes du bois. Et comme chacune sait ( ?) chaque cercle d’accroissement représente une année de végétation et l’on peut donc compter l’âge des arbres. En fait, pour vous dire la vérité, l’arbre pousse deux fois dans l’année. Au printemps et en été. Au printemps, alors que la vie reprend ses droits sur la végétation les cellules fabriquées par le liber sont alors larges et aux parois fines ; En été le déficit hydrique fait que les cellules seront alors plus petites et plus épaisses. C’est cela que nous appelons les cernes… Une partie plus sombre (plus dense) pour le bois d’été et une partie plus claire (plus aérée) pour le bois de printemps (voir photo ci-dessus).

Mais les cernes ne servent pas seulement à épater vos gamins en estimant l’âge d’un arbre. Elles sont également riches d’autres renseignements. En effet, si on les observe avec soin, les petites cellules peuvent nous raconter bien des choses… Comme le temps qu’il faisait il y a quelques années par exemple. Si on peut voir des cernes extrêmement proches les unes des autres, ont peut dire que pendant la période concernée, le temps était plutôt frisquet, ou bien qu’il n’a pas plut… C’est comme si vous aviez sous les yeux un témoignage du passé, une machine à remonter le temps…

Lorsque l’on coupe un arbre, que ce soit un tronc ou une branche, cambium et liber sèchent et disparaissent. Il ne reste plus alors que le bois et l’écorce.

Le bois c’est donc ce qui reste de ces multiples successions de cellules. Ces cellules, comme vous les avez vus sur les photos, sont en fait plus longues que larges, un peu comme les fibres musculaires. Cette particularité fait que le bois a une excellente résistance mécanique dans les sens longitudinal et une faiblesse dans le sens radial. C’est compliqué ? Bon, on va faire simple… Imaginez que vous prenez dans les mains une petite botte d’herbes folles. Ok ? Bien. Vous tenez la botte avec vos deux mains, et vous vous apercevez que vous pouvez la remuer dans tous les sens, la tordre et la triturer à loisir. Vous pouvez toujours courir pour séparer vos deux mains ! Impossible de casser quoi que ce soit. Maintenant, si vous prenez cette même botte et que vous la disposez debout sur une table, il est alors très facile de la séparer en deux, en trois en même en de multiples parties ! C’est cela la résistance longitudinale et radiale, et c’est cette particularité cellulaire qui fait du bois un matériau extraordinaire. Oh, pas tous les bois, non, parce que chaque essence a sa propre forme de cellules. Prenez par exemple des cellules de pin, elles seront plus grosses et moins imbriquées que celles du chêne… Ce qui explique pourquoi le pin est plus léger et moins résistant que le chêne. (Je vous préviens, là j’ai simplifié au max, parce qu’en fait il y a plein d’autres différences… !)

C’est donc du xylème dont les hommes se servent. Une fois que la sève brute s’est évaporée, les cellules durcies en font un matériau solide, durable et surtout léger. Et ça, l’homme il l’a bien compris. Si l’on décide d’utiliser le bois sous forme de planche, pour faire de l’ameublement par exemple, on découpe le tronc et laisse le temps faire son office de sécheur… Pour info, on dit que pour bien faire les choses, il faut une année pour un centimètre de planche. Une planche de 5 cm prendra donc… Deux ans et demi pour sécher convenablement. (Zaviez compris qu’il y a deux côtés à une planche, hein ?). Bon, ça c’est ce que dit mon vieux père… Parce que dans la vraie vie des gens qui ne pensent qu’à l’argent et au temps que ça leur coutent, l’homme, il à inventer les fours à chaleur tournante et ventilée. Ca va plus vite, mais c’est pas dit que c’est meilleur pour la qualité du bois. Je suis même sur du contraire.

Une fois que le bois est sec, et bien vous faites ce que vous voulez avec… Enfin presque. Parce que n’oubliez pas qu’il est constitué de cellules imbriquées et que les qualités mécaniques vont être différentes selon que vous découpez au centre du tronc, sur les bords, dans le sens longitudinal, en biais, etc… Prenez le schéma ci-contre. A, c’est le tronc. La découpe symétrique du bois de cœur permet la fabrication de poutres (C) ou de poteaux très résistants. Pour la fabrication de planches, la découpe radiale (B) permet la meilleure résistance. Par contre les découpes tangentielles (D) donnent des planches qui peuvent se voiler en séchant. Pour corriger ce voilage, et bien on assemblera plusieurs planches les unes aux autres par des tenons et des mortaises (dispositif mâle/femelle) et on prendra garde d’alterner le sens des cernes pour contre balancer l’effet de voilage. Comme c’est montré ci-dessous.


Mais quelque soient ses fabuleuses qualités mécaniques, le bois est différent des autres matériaux. On dit qu’il est vivant. Vous savez pourquoi ? Et bien c’est simple : Vous avez compris que le bois une fois sec ce n’est, somme toute, qu’un ensemble de cellules creuses, d’alvéoles pleines d’air. Et dans l’air, il y a de l’eau à l’état gazeux. Au bout d’un moment le bois va se mettre au diapason de son environnement aérien et ainsi capter des particules d’eau. Au gré des saisons il va gonfler, s’étirer, se rétrécir, il va travailler comme on dit. C’est ça qui le rend vivant. Qui n’a pas pesté contre une fenêtre qui ferme mal l’hiver ? Ou mieux, qui n’a pas entendu craquer une vieille armoire la nuit ? C’est flippant non ? Ben moi ça ne me fait rien parce que depuis que je suis tout petit je vis dans le bois, avec du bois, sur du bois. Allez, une petite dernière et après je vous laisse tranquilles. Les petites cellules, étant donné qu’elles contiennent de l’air, elles font du bois le meilleur isolant thermique qui soit. Le type qui a inventé la laine de verre ou le polystyrène n’a fait que copier notre ami l’arbre. Sans vraiment y arriver complètement d’ailleurs…

Bon, maintenant je pense que vous en savez un peu plus sur la structure du bois. J’espère n’avoir pas été trop barbant avec la biologie végétale, même si, je vous jure, j’ai omit plein de choses pour ne pas trop vous gonfler ! Mais bon, il fallait en passer par ces bases si vous voulez comprendre plein d’autres trucs que je vous raconterais plus tard… Et oui ! J’en ai pas fini avec vous, mes petits forestiers en herbe !