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lundi 13 avril 2009

Les larmes de Tanit

Depuis quelques jours je garde dans un coin de ma tête une pensée triste mêlée de colère… Et de plein d’autres choses aussi. Une espèce de mélange inconfortable, brinqueballant, qui m’emmène valdinguer d’un côté et de l’autre du registre de mes émotions…
C’est confus. C’est méchant. C’est triste… Ca me donne envie de hurler, de pleurer, de foutre des beignes à pas mal de monde… Mais surtout de hurler et de pleurer face à ce qui n’est pour moi que de l’injustice.
Il n’est pas juste qu’une famille qui avait fait le choix, oh combien courageux, de ne pas suivre les mêmes routes que les autres, se retrouve non seulement endeuillée, mais également salie, insultée, trainée dans la boue par des moins que rien, des pisses-froids, des abrutis de premières, des débiles mentaux dotés d’un QI de bulot, des tristes sires à l’imaginaire atrophié… En somme, des imbéciles et des cons.

Moi, je voudrais vous parler d’une petite famille bien sympa qui avait un rêve. Celui de profiter un peu de cette planète avant qu’elle ne disparaisse. Une petite famille pleine d’amour et de projets pour leur enfant. Je voudrais vous parler de Cloé, Colin et de Florent…

Ils sont partis de Vannes un 26 juillet de l’année dernière, à bord d’un modeste voilier pour un périple autour du monde. Leur fière machine ne payait pas de mine mais elle avait l’avantage d’être sûre, solide et confortable. C’était un voilier taillé pour l’océan, le vrai. Celui qui ne fait pas de cadeaux, qui peut vous retourner comme une galette de sarrasin, mais qui, jour après jour, vous apporte également son lot de bonheur. Son nom, le Tanit.
Ils ont navigué au large du Portugal, franchis les colonnes d’Hercule, doublé Malte, la Sicile, Chypre… Ils ont fait escale en Egypte, franchi le Canal de Suez, se sont arrêté à Djibouti, Aden, Al Mukalla… Avant que de faire route au Sud, vers le Kenya…

Tout au long de leur périple, ils ont communiqué leur joies, leurs galères, leurs expériences à travers un blog : Le voyage de Tanit. Ils ont partagé leur bonheur. Ils ont reçu le soutien d’enfants des écoles émerveillés par l’aventure, les encouragements d’autres familles en voyage. Ils ont raconté l’appréhension qui était la leur alors qu’ils s’approchaient des eaux hasardeuses du Golfe d’Aden et des côtes de Somalie. Ils ont réfléchis, pesé les risques, opté pour une route discrète, bien au large des routes habituelles. Ils ont cru que l’allure débonnaire du Tanit, sa modestie autant affichée que réelle ainsi que le cap suivi allait les préserver des pirates… Mais ils se sont trompés.

Le 20 mars, le blog du Tanit publie son dernier message. On y parle encore de la traversée qui s’annonce… Et puis c’est fini. La suite vous la connaissez, je n’ai pas besoin (ni envie) de vous la raconter.

En France, alors que l’on était sans nouvelles de l’équipage, alors que d’obscure et de funestes événements se préparaient, les commentaires nauséabonds, les reproches, les critiques acerbes ont commencé à pleuvoir sur la famille. Une meute de crétins congénitaux qui ne comprennent rien à rien s’est abattue sur eux… Ils ont mis en doute leur choix de vie. Leur responsabilité de parents, d’hommes blancs… Que sais-je encore ?
Il y a même un connard qui a regretté que le blog ne soit pas monétisé, vu le nombre de visite qu’il recevait depuis la prise d’otage… Sinistres crétins. Rebus de l’humanité…
Ce matin encore je lisais quelques-unes de ces monstruosités, et j’en avais la nausée… J’avais envie de gerber sur ces philistins qui n’ont jamais tenu une barre de leur vie. J’avais envie de taper sur ces abrutis décérébrés qui n’envisagent rien de plus que leur petite vie de merde. Ce matin, j’avais envie de dire que je pensais à Florent, Chloé et à Colin…

Je me disais qu’ils avaient fait un choix qu’ils ne devaient en aucun cas regretter. Je me disais que la vie, parfois est injuste. Je me disais qu’il me tardait de pouvoir faire comme eux…
Je pensais au Tanit, ce fier petit navire, seul, abandonné par sa famille en deuil… Je me disais qu’il avait fait de son mieux, et que lui aussi il devait penser à sur son équipage perdu… Car, si je suis sûr que les humains n'ont pas d'âme, les bateaux eux en ont une, et ils savent pleurer sur les injustices de ce monde.


PS : Ce n’est pas la peine de laisser un commentaire si c’est pour faire comme la meute. Abstenez-vous, c’est mieux. Je risquerais de mal le prendre.