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dimanche 27 avril 2008

La forêt (2)

La futaie régulière.

C’est le mode de gestion le plus couramment utilisé en France car c’est celui qui est, somme toute, le plus simple. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une forêt où les arbres ont tous quasiment le même âge, et sont pratiquement tous de la même espèce. Celle-ci peut s’obtenir de deux façons, soit par régénération naturelle ou bien artificielle. Dans le cas de la régénération artificielle, il s’agit de replanter une population d’arbres, parfois différentes de la précédente. Pour la régénération naturelle, on aura laissé quelques grands et vieux semenciers pendant quelques années, histoire qu’ils repeuplent la parcelle avec leur propre patrimoine génétique. (Voir schéma ci-
dessous)

Souvenez-vous, je vous ai dit qu’il fallait penser à l’utilité de la forêt. A ce que l’on veut qu’elle produise. Dans le cas de la futaie régulière, il s’agira plutôt de vouloir obtenir des fûts assez longs et droits pour le bois d’œuvre (la menuiserie, l’ébénisterie), car c’est ce qui a le plus de valeur sur le marché. Pour avoir, in fine des arbres ayant ces caractéristiques il existe un moyen simple et naturel, c’est d’avoir une régénération initiale de forte densité.
Je m’explique : Plus vous avez de jeunes arbres serrés les uns contre les autres, plus vous aurez alors une forte concurrence pour la lumière. En effet les arbres vont se tirer la bourre entre eux pour être plus hauts que les autres et capter le maximum de photon. Résultat, vous obtenez un peuplement qui va grandir vite et vers le haut. Un autre avantage est l’élagage naturel. En effet, imaginez un peu l’aspect de cette jeune forêt… De grandes tiges avec au sommet un couvert totalement fermé. Les houppiers (c’est joli ce nom, non ?) des arbres s’entremêlent et occultent complètement l’étage inférieur. Il fait sombre, en tous cas suffisamment pour que les bourgeons dormants qui se situent sous l’écorce de l’arbre ne s’activent pas. Les branches inférieures meurent peu à peu faute de lumière… On obtient au final de grands arbres aux fûts dénués de branches, sans nœuds. (Perso moi j’aime plutôt les nœuds, je trouve ça joli, mais l’industrie du bois non. Mécaniquement, ce peut être un point de rupture qu’ils disent…)
Alors bien sur, on ne peut pas conserver tous les arbres d’origine, serrés comme des sardines comme on peut le voir sur la photo à gauche
. A un moment il faut bien choisir les plus beaux et sacrifier les plus moches et les malades. C’est ce que l’on appelle l’éclaircie. Petite précision, pour un forestier, un arbre c’est une tige qui dépasse les 20cm de diamètre. En dessous, ce n’est rien, ça n’existe pas, et ça se coupe. L’éclaircie consiste donc à enlever une tige sur deux ou sur trois, c’est selon, et c’est une opération que l’on va recommencer tout au long de la vie de la parcelle. Les arbres restant vont alors entamer la phase de grossissement, après celle de grandissement. Pour vous faire une idée, dites-vous que dans le cas de certains résineux, on va planter un arbre tous les mètres. Ce qui nous donne une densité de 10 000 tiges/hectare. Pour arriver en fin de cycle à seulement 100 ou 150 tiges/hectares, soit 1 à 1.5% de la densité initiale. Vous me direz, tout ça pour ça ? Ben oui… Mais rassurez-vous, les éclaircies ne sont pas que de simples génocides au profit d’une élite (enfin, oui, si l’on veut… Mais c’est pas le sujet !). Elles ont leurs utilités, et alimentent un marché de sous-produits. Cela fera d’ailleurs l’objet d’un article à part entière qui traitera de l’utilisation du bois en général.
Alors quels sont les avantages et les inconvénients d’une telle méthode ?
Le côté positif, comme je l’ai dis plus haut, c’est que c’est plutôt simple. Le propriétaire n’a que très peu à intervenir dans sa forêt. Bien sur cela dépend de l’essence d’arbre utilisée, mais grosso-modo, une intervention tous les 7 à 10 ans suffit. De plus, lorsque l’on maitrise ainsi la croissance de l’arbre du semis à la maturité, on obtient une qualité certaine de produit.
Les inconvénients, et là je vais donner mon avis, sont nombreux. Tout d’abord, cela ressemble un peu trop à une plantation de maïs à mon goût. Mais en dehors de ça, la nature n’aime pas trop la monoculture. Les futaies régulières sont souvent l’objet d’attaques d’insectes et de maladies. Autre inconvénient, et là vous verrez certainement de quoi je parle, les peuplements forestiers trop homogènes, d’un bloc, sont des proies faciles en cas d’ouragan. En 1999, 60 millions d’arbres sont tombés par terre, et devinez de quel genre de peuplement il s’agissait ? Bingo ! Des futaies régulières !
(Voir photo ci-contre)

Pour le néophyte, la futaie régulière est peut-être le type de forêt qui revêt le plus d’images fortes. Tout d’abord, parce que parcourir une vieille futaie est toujours impressionnant. On a l’impression d’être dans une cathédrale aux multiples colonnes et notre regard est comme attiré vers le sommet de ces arbres centenaires. De plus il est facile de s’y promener, car la voute est complètement fermée, et peut de chose pousse sous les frondaisons… La course à la lumière, source de vie se fait vingt ou trente mètres au dessus de vos têtes, ceux qui restent au sol ne sont que des perdants. On parle d’ailleurs de relation dominant-dominés dans cette bataille pour les photons.
Une autre image forte qui s’attache à la futaie régulière est celle de la coupe rase. En effet lorsque les arbres sont arrivés à maturité, il est temps de récolter. Cela peut être au bout de 50 ans, 100 ans, parfois 200 ans… Alors là, toujours pour le néophyte, c’est le cauchemar. Hier encore vous vous promeniez sous de hautes frondaisons, et aujourd’hui, tout n’est que désolation. Mais comme vous êtes des néophytes, vous ne voyez pas ces jeunes bébés qui déjà pointent le bout leurs feuilles ! Ils sont pourtant déjà là, sous vos semelles impitoyables.

Ors donc, résumons-nous. Une futaie régulière c’est donc une forêt constituée d’arbres de même classe d’âge et de même essence. Elle se développe par un système d’éclaircie successives, jusqu’à la coupe finale. Cette dernière pouvant être rase, ou bien d’ensemencement. C’est compris ? Allez, la semaine prochaine on attaque le taillis.
A suivre…