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mercredi 13 janvier 2010

Vœux de Sarkozy aux personnels de santé : Le grand massacre continue

Aujourd’hui nous prenons la direction du sud de la France et nous nous rendons à Perpignan pour assister aux vœux présidentiels aux personnels de santé.

Oui, je sais, vous allez me dire : « Quoi euh… Encore des vœux ! Il n’en n’a pas fini l’autre à nous bassiner avec ses vœux… ! ».
Et bien non, chers lecteurs, je n’en n’ai pas fini. Il en reste environ une demi-douzaine, et je vous prie de croire que vous allez vous les farcir. Les vœux Sarkozystes sont importants car ils annoncent souvent les emmerdements qui risquent de nous tomber sur le coin de gueule pour l’année qui vient… Et moi, j’aime autant vous dire que je préfère savoir à l’avance de quel côté la merde va venir…

Donc, les vœux aux personnels de santé disais-je…
Bon, je vais vous faire grâce de la pommade habituelle dont notre Nain National a commencé à enduire son auditoire (Vous faites un métier formidable, tout ça…), et je vais entrer directement dans le vif du sujet, à savoir la mise en place du postulat de base : « La santé est la préoccupation majeure des français, mais aussi un secteur économique déterminant ».
Et d’énoncer alors le chiffre de 200 milliards d’euros par an, avec un long silence à la fin pour que tout le monde s’imprègne bien de la portée d’une telle somme…
En une phrase, tout est dit. La santé est un bizness qui rapporte énormément, alors mes petits agneaux, il va falloir que vous en preniez conscience et que vous arrêtiez de me gonfler avec des considérations humanitaires.

Puis, au Président Glorieusement Elu d’enchaîner directement sur la polémique suscitée par la gestion de la grippe A en France. Après avoir eut « une pensée particulière » pour les 250 morts recensés à ce jour (combien de la grippe saisonnière ?) il déclare être persuadé d’avoir tout bien fait comme il faut. Tout va bien Madame la Marquise, si on a trop de vaccins et bien « on annule les commandes, on revend ceux qu’on a en trop, mais il n’aura pas un seul français qui pourra dire à la Ministre de la santé, je voulais être vacciné, je n’ai pas pu être vacciné ».
Avec 5% de la population qui s’est effectivement fait vacciner, on pourrait légitimement se dire que c’est de l’argent foutu en l’air, mais bon… Je vous l’ai déjà dit, son argument ne manque pas de pertinence politique. D’ailleurs il le dit lui-même, dans ces cas-là, mieux vaut trop en faire que pas assez puisque de toutes façons on se fait taper dessus après…
Et de rappeler d’autre épisodes peu glorieux de notre passé récent, le sang contaminé et la canicule de 2004.

Quoi ? La canicule s’était en 2003 ? Oui, moi je sais bien, mais pas lui apparemment. (Héhéhé !)

Cela-dit, quid des magouilles entre les lobbys pharmaceutiques et le Ministère ? Ça, mes amis, vous pensez bien qu’il ne s’est pas posé la question devant nous.

Ensuite, notre bon Pasteur c’est intéressé au sort des infirmiers et des infirmières… (Spéciale dédicace à notre nouvelle lectrice Isabelle). Il va falloir que les petites mains de la médecine hospitalière s’intéressent un peu plus à deux choses, « l’équilibre du budget et aux résultats ».
En clair, il n’est plus question d’emprunter pour soigner les gens, vous allez faire avec les sous qu’on vous donne et démerdez-vous pour équilibrer les comptes.
La loi Bachelot avait pour but de transformer l’hôpital en entreprise, c’est maintenant chose acquise. Le personnel hospitalier doit donc s’intéresser plus aux résultats de l’entreprise Hôpital que de soigner des gens… Comment faire, cela ma foi il ne le dit pas. Mais je gage que cela ne pourra se faire sans sacrifices, et comme toujours se sont les plus pauvres qui vont en prendre plein la gueule.

Le Président a décidé également de mettre le paquet sur trois priorités de santé publique : Alzheimer, le cancer et les soins palliatifs… Avec une particulière insistance sur ce dernier qui, avec la gériatrie représente pour lui le défi du siècle à venir.
Là encore on notera qu’il insiste pour que le service public (faut-il encore l’appeler ainsi ?) s’intéresse aux soins qui rapportent le plus. Les maladies de longues durées, ainsi que les vieux qui vivent de plus en plus longtemps, c’est là une clientèle assurée pour un paquet de temps…
Tant de cynisme mercantile me laisse pantois.

Pour finir, Nicolas Sarkozy a décidé de s’intéresser aux médecins généralistes. Pour lui, Il s’agit de « refonder les pratiques des médecins libéraux ». J’ai noté que tout au long de cette dernière partie de son discours, Sarko a constamment mêlé les deux mots ; Généralistes et Libéraux. Entretenant ainsi une confusion quelque-peu révélatrice de ses intentions. Mais bon, pour le coup c’est bien aux généralistes qu’il s’adressait et non-pas aux spécialistes.

Donc, face à la pénurie actuelle de médecins généralistes il a décidé de nommer une mission d’enquête, présidée par Michel Legmann, qui sera chargé de faire des propositions en vue de cette « refondation ». Les résultats de cette « enquête » sont attendus pour le mois de mars, mais comme d’habitude, le Petit Nicolas en propose déjà les résultats.
La solution c’est, accrochez-vous, le « Partage du travail » !
Si ! Je ne rigole pas, c’est vrai ! Pour lui, il faut que les généralistes apprennent à déléguer une partie de leur travail avec d’autres (des pharmaciens ou des infirmièr(e)s) pour soulager la foule qui se bouscule au portillon des cabinets.
Il insiste également sur le fait que les toubibs doivent devenir plus mobiles, tout en se regroupant (coopératives médicales ?) et en, pourquoi pas, se mettre au temps partiel !
Bref, c’est du grand n’importe quoi… En aucun cas il n’a pensé que rendre plus attractif le boulot et l’installation des jeunes généralistes pouvait arranger les choses. Non, ce qu’il propose c’est de soulager le médecin de famille en le déchargeant de certaines tâches qu’il pense confier à des personnels non-médecins… Est-ce que ces personnels seront d’accord, ou même pourront, assumer ces nouvelles tâches, cela reste encore à voir.

Donc, pour résumer et en finir avec ces vœux aux personnels de santé, le boulot de l’année 2010 sera le recentrage.

Recentrage de l’hôpital sur « la phase aigüe de la maladie ». C'est-à-dire faire moins d’urgences et plus d’hospitalisation à long terme afin de faire rentrer de l’argent dans les caisses, et dans les poches des actionnaires de l’hôpital.
Recentrage du médecin généraliste sur « le premier recours ». C'est-à-dire s’intéresser plus aux cas vraiment sérieux et laisser de côté les petits bobos, et les diagnostiques précoces.

Ah oui, j’oubliais un truc, en même temps il veut serrer la vis à l’assurance maladie…

Moi je me demande vraiment comme il compte y arriver…