Aujourd’hui nous prenons la direction du sud de la France et nous nous rendons à Perpignan pour assister aux vœux présidentiels aux personnels de santé.
Oui, je sais, vous allez me dire : « Quoi euh… Encore des vœux ! Il n’en n’a pas fini l’autre à nous bassiner avec ses vœux… ! ».
Et bien non, chers lecteurs, je n’en n’ai pas fini. Il en reste environ une demi-douzaine, et je vous prie de croire que vous allez vous les farcir. Les vœux Sarkozystes sont importants car ils annoncent souvent les emmerdements qui risquent de nous tomber sur le coin de gueule pour l’année qui vient… Et moi, j’aime autant vous dire que je préfère savoir à l’avance de quel côté la merde va venir…
Donc, les vœux aux personnels de santé disais-je…
Bon, je vais vous faire grâce de la pommade habituelle dont notre Nain National a commencé à enduire son auditoire (Vous faites un métier formidable, tout ça…), et je vais entrer directement dans le vif du sujet, à savoir la mise en place du postulat de base : « La santé est la préoccupation majeure des français, mais aussi un secteur économique déterminant ».
Et d’énoncer alors le chiffre de 200 milliards d’euros par an, avec un long silence à la fin pour que tout le monde s’imprègne bien de la portée d’une telle somme…
En une phrase, tout est dit. La santé est un bizness qui rapporte énormément, alors mes petits agneaux, il va falloir que vous en preniez conscience et que vous arrêtiez de me gonfler avec des considérations humanitaires.
Puis, au Président Glorieusement Elu d’enchaîner directement sur la polémique suscitée par la gestion de la grippe A en France. Après avoir eut « une pensée particulière » pour les 250 morts recensés à ce jour (combien de la grippe saisonnière ?) il déclare être persuadé d’avoir tout bien fait comme il faut. Tout va bien Madame la Marquise, si on a trop de vaccins et bien « on annule les commandes, on revend ceux qu’on a en trop, mais il n’aura pas un seul français qui pourra dire à la Ministre de la santé, je voulais être vacciné, je n’ai pas pu être vacciné ».
Avec 5% de la population qui s’est effectivement fait vacciner, on pourrait légitimement se dire que c’est de l’argent foutu en l’air, mais bon… Je vous l’ai déjà dit, son argument ne manque pas de pertinence politique. D’ailleurs il le dit lui-même, dans ces cas-là, mieux vaut trop en faire que pas assez puisque de toutes façons on se fait taper dessus après…
Et de rappeler d’autre épisodes peu glorieux de notre passé récent, le sang contaminé et la canicule de 2004.
Quoi ? La canicule s’était en 2003 ? Oui, moi je sais bien, mais pas lui apparemment. (Héhéhé !)
Cela-dit, quid des magouilles entre les lobbys pharmaceutiques et le Ministère ? Ça, mes amis, vous pensez bien qu’il ne s’est pas posé la question devant nous.
Ensuite, notre bon Pasteur c’est intéressé au sort des infirmiers et des infirmières… (Spéciale dédicace à notre nouvelle lectrice Isabelle). Il va falloir que les petites mains de la médecine hospitalière s’intéressent un peu plus à deux choses, « l’équilibre du budget et aux résultats ».
En clair, il n’est plus question d’emprunter pour soigner les gens, vous allez faire avec les sous qu’on vous donne et démerdez-vous pour équilibrer les comptes.
La loi Bachelot avait pour but de transformer l’hôpital en entreprise, c’est maintenant chose acquise. Le personnel hospitalier doit donc s’intéresser plus aux résultats de l’entreprise Hôpital que de soigner des gens… Comment faire, cela ma foi il ne le dit pas. Mais je gage que cela ne pourra se faire sans sacrifices, et comme toujours se sont les plus pauvres qui vont en prendre plein la gueule.
Le Président a décidé également de mettre le paquet sur trois priorités de santé publique : Alzheimer, le cancer et les soins palliatifs… Avec une particulière insistance sur ce dernier qui, avec la gériatrie représente pour lui le défi du siècle à venir.
Là encore on notera qu’il insiste pour que le service public (faut-il encore l’appeler ainsi ?) s’intéresse aux soins qui rapportent le plus. Les maladies de longues durées, ainsi que les vieux qui vivent de plus en plus longtemps, c’est là une clientèle assurée pour un paquet de temps…
Tant de cynisme mercantile me laisse pantois.
Pour finir, Nicolas Sarkozy a décidé de s’intéresser aux médecins généralistes. Pour lui, Il s’agit de « refonder les pratiques des médecins libéraux ». J’ai noté que tout au long de cette dernière partie de son discours, Sarko a constamment mêlé les deux mots ; Généralistes et Libéraux. Entretenant ainsi une confusion quelque-peu révélatrice de ses intentions. Mais bon, pour le coup c’est bien aux généralistes qu’il s’adressait et non-pas aux spécialistes.
Donc, face à la pénurie actuelle de médecins généralistes il a décidé de nommer une mission d’enquête, présidée par Michel Legmann, qui sera chargé de faire des propositions en vue de cette « refondation ». Les résultats de cette « enquête » sont attendus pour le mois de mars, mais comme d’habitude, le Petit Nicolas en propose déjà les résultats.
La solution c’est, accrochez-vous, le « Partage du travail » !
Si ! Je ne rigole pas, c’est vrai ! Pour lui, il faut que les généralistes apprennent à déléguer une partie de leur travail avec d’autres (des pharmaciens ou des infirmièr(e)s) pour soulager la foule qui se bouscule au portillon des cabinets.
Il insiste également sur le fait que les toubibs doivent devenir plus mobiles, tout en se regroupant (coopératives médicales ?) et en, pourquoi pas, se mettre au temps partiel !
Bref, c’est du grand n’importe quoi… En aucun cas il n’a pensé que rendre plus attractif le boulot et l’installation des jeunes généralistes pouvait arranger les choses. Non, ce qu’il propose c’est de soulager le médecin de famille en le déchargeant de certaines tâches qu’il pense confier à des personnels non-médecins… Est-ce que ces personnels seront d’accord, ou même pourront, assumer ces nouvelles tâches, cela reste encore à voir.
Donc, pour résumer et en finir avec ces vœux aux personnels de santé, le boulot de l’année 2010 sera le recentrage.
Recentrage de l’hôpital sur « la phase aigüe de la maladie ». C'est-à-dire faire moins d’urgences et plus d’hospitalisation à long terme afin de faire rentrer de l’argent dans les caisses, et dans les poches des actionnaires de l’hôpital.
Recentrage du médecin généraliste sur « le premier recours ». C'est-à-dire s’intéresser plus aux cas vraiment sérieux et laisser de côté les petits bobos, et les diagnostiques précoces.
Ah oui, j’oubliais un truc, en même temps il veut serrer la vis à l’assurance maladie…
Moi je me demande vraiment comme il compte y arriver…
Oui, je sais, vous allez me dire : « Quoi euh… Encore des vœux ! Il n’en n’a pas fini l’autre à nous bassiner avec ses vœux… ! ».
Et bien non, chers lecteurs, je n’en n’ai pas fini. Il en reste environ une demi-douzaine, et je vous prie de croire que vous allez vous les farcir. Les vœux Sarkozystes sont importants car ils annoncent souvent les emmerdements qui risquent de nous tomber sur le coin de gueule pour l’année qui vient… Et moi, j’aime autant vous dire que je préfère savoir à l’avance de quel côté la merde va venir…
Donc, les vœux aux personnels de santé disais-je…
Bon, je vais vous faire grâce de la pommade habituelle dont notre Nain National a commencé à enduire son auditoire (Vous faites un métier formidable, tout ça…), et je vais entrer directement dans le vif du sujet, à savoir la mise en place du postulat de base : « La santé est la préoccupation majeure des français, mais aussi un secteur économique déterminant ».
Et d’énoncer alors le chiffre de 200 milliards d’euros par an, avec un long silence à la fin pour que tout le monde s’imprègne bien de la portée d’une telle somme…
En une phrase, tout est dit. La santé est un bizness qui rapporte énormément, alors mes petits agneaux, il va falloir que vous en preniez conscience et que vous arrêtiez de me gonfler avec des considérations humanitaires.
Puis, au Président Glorieusement Elu d’enchaîner directement sur la polémique suscitée par la gestion de la grippe A en France. Après avoir eut « une pensée particulière » pour les 250 morts recensés à ce jour (combien de la grippe saisonnière ?) il déclare être persuadé d’avoir tout bien fait comme il faut. Tout va bien Madame la Marquise, si on a trop de vaccins et bien « on annule les commandes, on revend ceux qu’on a en trop, mais il n’aura pas un seul français qui pourra dire à la Ministre de la santé, je voulais être vacciné, je n’ai pas pu être vacciné ».
Avec 5% de la population qui s’est effectivement fait vacciner, on pourrait légitimement se dire que c’est de l’argent foutu en l’air, mais bon… Je vous l’ai déjà dit, son argument ne manque pas de pertinence politique. D’ailleurs il le dit lui-même, dans ces cas-là, mieux vaut trop en faire que pas assez puisque de toutes façons on se fait taper dessus après…
Et de rappeler d’autre épisodes peu glorieux de notre passé récent, le sang contaminé et la canicule de 2004.
Quoi ? La canicule s’était en 2003 ? Oui, moi je sais bien, mais pas lui apparemment. (Héhéhé !)
Cela-dit, quid des magouilles entre les lobbys pharmaceutiques et le Ministère ? Ça, mes amis, vous pensez bien qu’il ne s’est pas posé la question devant nous.
Ensuite, notre bon Pasteur c’est intéressé au sort des infirmiers et des infirmières… (Spéciale dédicace à notre nouvelle lectrice Isabelle). Il va falloir que les petites mains de la médecine hospitalière s’intéressent un peu plus à deux choses, « l’équilibre du budget et aux résultats ».
En clair, il n’est plus question d’emprunter pour soigner les gens, vous allez faire avec les sous qu’on vous donne et démerdez-vous pour équilibrer les comptes.
La loi Bachelot avait pour but de transformer l’hôpital en entreprise, c’est maintenant chose acquise. Le personnel hospitalier doit donc s’intéresser plus aux résultats de l’entreprise Hôpital que de soigner des gens… Comment faire, cela ma foi il ne le dit pas. Mais je gage que cela ne pourra se faire sans sacrifices, et comme toujours se sont les plus pauvres qui vont en prendre plein la gueule.
Le Président a décidé également de mettre le paquet sur trois priorités de santé publique : Alzheimer, le cancer et les soins palliatifs… Avec une particulière insistance sur ce dernier qui, avec la gériatrie représente pour lui le défi du siècle à venir.
Là encore on notera qu’il insiste pour que le service public (faut-il encore l’appeler ainsi ?) s’intéresse aux soins qui rapportent le plus. Les maladies de longues durées, ainsi que les vieux qui vivent de plus en plus longtemps, c’est là une clientèle assurée pour un paquet de temps…
Tant de cynisme mercantile me laisse pantois.
Pour finir, Nicolas Sarkozy a décidé de s’intéresser aux médecins généralistes. Pour lui, Il s’agit de « refonder les pratiques des médecins libéraux ». J’ai noté que tout au long de cette dernière partie de son discours, Sarko a constamment mêlé les deux mots ; Généralistes et Libéraux. Entretenant ainsi une confusion quelque-peu révélatrice de ses intentions. Mais bon, pour le coup c’est bien aux généralistes qu’il s’adressait et non-pas aux spécialistes.
Donc, face à la pénurie actuelle de médecins généralistes il a décidé de nommer une mission d’enquête, présidée par Michel Legmann, qui sera chargé de faire des propositions en vue de cette « refondation ». Les résultats de cette « enquête » sont attendus pour le mois de mars, mais comme d’habitude, le Petit Nicolas en propose déjà les résultats.
La solution c’est, accrochez-vous, le « Partage du travail » !
Si ! Je ne rigole pas, c’est vrai ! Pour lui, il faut que les généralistes apprennent à déléguer une partie de leur travail avec d’autres (des pharmaciens ou des infirmièr(e)s) pour soulager la foule qui se bouscule au portillon des cabinets.
Il insiste également sur le fait que les toubibs doivent devenir plus mobiles, tout en se regroupant (coopératives médicales ?) et en, pourquoi pas, se mettre au temps partiel !
Bref, c’est du grand n’importe quoi… En aucun cas il n’a pensé que rendre plus attractif le boulot et l’installation des jeunes généralistes pouvait arranger les choses. Non, ce qu’il propose c’est de soulager le médecin de famille en le déchargeant de certaines tâches qu’il pense confier à des personnels non-médecins… Est-ce que ces personnels seront d’accord, ou même pourront, assumer ces nouvelles tâches, cela reste encore à voir.
Donc, pour résumer et en finir avec ces vœux aux personnels de santé, le boulot de l’année 2010 sera le recentrage.
Recentrage de l’hôpital sur « la phase aigüe de la maladie ». C'est-à-dire faire moins d’urgences et plus d’hospitalisation à long terme afin de faire rentrer de l’argent dans les caisses, et dans les poches des actionnaires de l’hôpital.
Recentrage du médecin généraliste sur « le premier recours ». C'est-à-dire s’intéresser plus aux cas vraiment sérieux et laisser de côté les petits bobos, et les diagnostiques précoces.
Ah oui, j’oubliais un truc, en même temps il veut serrer la vis à l’assurance maladie…
Moi je me demande vraiment comme il compte y arriver…
7 commentaires:
L'amagalme qui est fait entre la grippe A et la canicule de 2003 est scandaleux, les problématiques n'ayant strictement rien à voir, notamment en terme de prévention et de politique de santé publique.
Lors de la canicule de 2003, la grande majorité des personnes décédées étaient des personnes en maison de retraite plus ou moins médicalisée, de véritables usines à soutirer du pognon (1500 à 2000€/mois) tout en faisant des économies drastiques sur le personnel et les conditions matérielles. De plus, la canicule était arrivée brusquement, ce qui n'est pas le cas pour la pandémie de grippe A.
Par contre, l'affaire du sang contaminé et la gestion de la grippe A sont comparables sur un point : l'incidence des lobbies pharmaceutiques sur la gestion de la crise. Pour mémoire, le procécédé de chauffage du sang qui aurait pu éviter un nombre considérable de victimes a connu un retard criminel dans son utilisation en France car les pouvoirs publics se sont laissés convaincre par un labo français de patienter jusqu'à qu'ils mettent au point leur propre procédé plutôt que d'acheter celui qui existait et était sous brevet américain. tout vient de là !!
Enfin, je ne suis pas d'accord sur le bien fondé de la gestion française de la pandémie. Il faut savoir que seuls les pays producteurs de vaccins ont fait un barouf pareil, pas les autres. Des experts indépendants ont depuis le début dénoncé la connivence groupes pharmaceutiques/oms, les premiers finançant les opérations du second, il y a eu une tractation pour obtenir un renvoi d'ascenseur pour cette pandémie, notamment en faisant changer les critères d'alerte pandémqique, qui ne tiennent plus compte à présent du taux de morbidité.
N'oublions pas par ailleurs que l'on très vite su que si cette grippe était très contagieuse, son taux de morbidité était bien inférieur à celui de la grippe saisonnière habituelle (3500 à 5000 décés annuels). Les chiffres émanant des pays affectés durant l'hiver dans l'hémisphère sud le confirmant par ailleurs (donc connus au cours de l'été pour nous). Tous ceux qui ont fait l'effort de s'intéresser au sujet dès le début on pu s'en rendre compte.
Quant à la santé publique, Sarko and Co n'en n'ont rien à faire. N'oublions pas qu'actuellement l'objectif est de démonter le service public, de leur rendre complètement inefficace pour le discréditer aux yeux des citoyens et offrir un marché en or au privé et aux groupes dont notre Mètre et Talons est le zélé serviteur.
Santé, Education, Recherche, ne sont plus appréhendés dans le sens d'une politique au service des citoyens, mais comme des marchés à livrer au privé pour faire un max de pognons. La pénétration des conceptions capitalistiques dans ces domaines se fait au détriment du bénéfice des citoyens, des contribuables, mais pour le bénéfice des grands barons de l'ultra-libéralisme. Par exemple, on pousse actuellement à faire placer des pace-makers dans les hôpitaux plutôt que recourir à d'autres interventions pourtant plus adaptées par calcul mercantile.
Notre Mètre et Talons a un contrat de 5 ans pour foutre en l'air tous les acquis sociaux et livrer en pâture tout ce qui peut être gratté à ses véritables employeurs.
Merci merci pour cette dédicace je suis touché!!
Enfin je n'aurais qu'une chose à dire
il est vraiment beaucoup moins drôle que ma copine Roselyne, Papy Sarkozy !
@Cazo : Tu fais bien de nous rappeler tout cela et je souscris à l’ensemble de tes arguments. Et le pire, c’est que même si la « gauche » repasse en 2012, elle ne reviendra pas sur le boulot de Sarkozy. Pire, elle le poursuivra…
@Isabelle : Effectivement il n’est pas drôle… Alors t’as compris ce qu’il te reste à faire ? Tu bosses bien sagement, tu fais ce qu’on te dit et tu ne demandes rien.
Et avec un peu de chance, il l’a dit mais j’ai oublié d’en parler, tu pourras même demander à être intéressée aux résultats ton hosto. Actions, primes ou stock-options au choix. Elle est pas belle la vie ?
Merci pour cet article
Rien à rajouter à ton excellente analyse et à celle de Cazo.
Les résultats de cette politique du chiffre sont déjà probants sur le terrain avec les fermetures progressives des hôpitaux de proximité.
Je te rappelle l'épisode de notre maternité qui malgré deux injonctions par le tribunal administratif de Nimes au Ministère de réouvrir ce service, il n'est toujours pas réouvert , le personnel dispersé et les parturientes se voient obliger d'aller accoucher pour certaines à plus de 60km de leur domicile, par des routes ( comme en ce moment) impraticables, dans des "usines à bébés" où elles sont expédiées aussitôt l'enfant arrivé. Pire , en ce moment, on leur met la pression avec la grippe A pour faire vacciner les bébés à la naissance !!!! On les culpabilise et les obligent à porter un masque et à ne pas avoir de visites "non masquées" ...c'est scandaleux!!!
@Mutuelle : Heu… C’est gentil merci !
@Monique : La loi Bachelot est passée depuis un an et tous les décrets n’ont pas encore été publiés tellement c’est le bordel à mettre en place.
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