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mercredi 23 décembre 2009

Jean-François Copé court-circuite le débat sur la burqa

Jean-François Copé est un homme intelligent et ambitieux. Ça, il faudrait vraiment être aveugle, sourd et débile pour ne pas l’avoir remarqué et l’accepter. C’est pour cela que lorsque celui-ci fait une connerie, ou quelque chose qui ressemble à une connerie, il faut toujours se demander pourquoi il l’a faite. La meilleure des façons d’appréhender le gus est encore de se dire qu’il ne fait pas de connerie, jamais. Il avance ses pions, c’est tout.

Donc, demandons-nous pourquoi Monsieur Copé a décidé de court-circuiter la mission parlementaire chargée de se prononcer sur le port de la burqa en déclarant vouloir déposer dès janvier un projet de loi sur le sujet.

Une mission qu’il appela de ses vœux, rappelons-le. Enfin… Appeler de ses vœux n’est peut-être pas l’expression adéquate… Disons que par respect pour l’institution à laquelle il appartient, il ne pouvait faire autrement que de privilégier sa paroisse ainsi que son fonctionnement.

Sauf que la commission en question planche depuis six mois sur le sujet, et que probablement le Copé trouve que cela suffit. Deux hypothèses me viennent à l’esprit pour justifier de cette précipitation :

La première est que JF s’inquiète de ce qui peut ressortir des débats de cette commission. Peut-être qu’il considère que le procédé démocratique risque de ne pas aboutir à ce qu’il souhaite depuis le début, à savoir une loi forte interdisant le port du voile intégral aussi bien dans les lieux publics que dans la rue.
Il est vrai que le problème est complexe puisqu’il s’agit ni plus ni moins que de restreindre une liberté au nom de… la liberté. C’est kafkaïen comme dilemme. Et même, sans être spécialiste en droit constitutionnel j’aurais tendance à penser que la philosophie de nos différents textes fondateurs, tolérants par nature envers les croyants de tous poils, ne nous permettrait pas d’arriver à une telle extrémité.
Comme sur le sujet de la votation suisse, nous parvenons sur ce type de confrontations, aux limites de ce que la démocratie propose.

Ma deuxième hypothèse est que le Copé n’a pas agit seul comme la presse semble le dire, mais sur commande du grand patron et au nom de l’UMP toute entière…
Le but, endiguer la fuite d’une partie de son électorat que le débat sur l’identité nationale aura renvoyé vers ses premiers amours, à savoir l’extrême droite.
Et oui, c’est bien ça qui est marrant dans l’histoire. Sarkozy a voulu proposer un os à la frange nauséabonde qui compose sa piétaille de base, mais il n’aura réussit qu’à lui rappeler qu’après tout l’UMP n’est pas le FN… Les derniers sondages sont édifiants, la bête immonde que l’on croyait définitivement absorbée, digérée par Sarko, est en pleine renaissance depuis quelques mois. Et dans le contexte des régionales qui s’annoncent, il est hors de questions de partir à la bataille avec un FN à 10% comme cela semble se dessiner.
Donc, branle-bas de combat, hissez haut les couleurs, et montrons à ces peigne-culs que les Le Pen père et fille, ne sont pas les seuls à vouloir bouter le bougnoule hors nos murs.

Laquelle de ces deux hypothèse est la bonne ? Connaissant (un peu) la politique j’aurais tendance à dire les deux mon capitaine.

En attendant, la presse main-stream se focalise ce matin sur l’apparente contradiction du sieur Copé. Rien ne semble plus important que ça, relever le double langage et les postures ambigües… Pourtant, depuis le temps, ils devraient quand même savoir que ces politiques n’ont pas vraiment de figures, et que se faire prendre en flagrant délit de double langage ne leur fait plus ni chaud, ni froid. Seul compte l’ambition.

Et l’ambition du moment, c’est de faire perdre un maximum de régions à la gauche dans trois mois.