Je voulais vous dire…


Un blog qui parle de politique, de social, d'environnement... De la vie quoi!


vendredi 3 avril 2009

Bluette fictionnelle

« Bonjour Monsieur ! »
« Monsieur, bonjour ! »
« Voilà… Je m’disais… Je vois ici sur votre publicité que votre établissement est situé dans un pays inscrit sur la liste gris foncé des paradis fiscaux… »
« Absolument Monsieur ! Le label gris foncé nous a été accordé en 2000 par l’OMC et confirmé cette année par le G20 ! Je dois vous dire que nous en sommes assez fier… »
« Je suis content pour vous, mais je m’demandais quels services vous pouviez m’offrir maintenant que vous êtes officiellement labélisé paradis fiscal gris foncé… »
« Eh bien mon cher Monsieur, sachez que notre établissement est à même de vous fournir tous les services auxquels vous avez été habitué depuis des décennies. Nous vous garantissons toujours l’anonymat, vous pouvez toujours utiliser nos coffres et nos placements, comme avant… »
« Ah bon ? Mais j’avais cru comprendre que depuis le G20 de Londres on ne pouvait plus… »
« Mais non ! Ca c’est ce qu’on a été obligé de dire officiellement pour rassurer le bas peuple ! Dans les faits, rien ne change ! Vous pouvez toujours nous faire confiance… »
« Mais… Ils ont dit… »
« Ne tenez pas compte de ces effets d’annonce ! Cela ne vous concerne évidemment pas ! »
« J’entend bien Monsieur, mais je voulais quand même savoir… Pour ce qui est des impôts… »
« En ce qui concerne les services fiscaux, ou même judiciaires, de votre pays nous serons bien sûr obligé de répondre à leur demande d’information le cas échéant… Mais, rassurez-vous ! Encore faut-il qu’ils nous fassent une demande en bonne et due forme, avec votre nom, votre numéro de compte, tout ça… Si vous prenez quelques élémentaires précautions de votre côté, il n’y a aucune raison pour qu’ils aient accès à ce genre d’information ! En plus, ça prend toujours du temps ces choses là, et vous aurez largement le temps d’ouvrir un autre compte ailleurs ! Dans la banque d’en face par exemple ! »
« Ah bon… Mais j’ai entendu dire que vous envisagiez de passer du gris foncé au gris clair… Qu’est-ce que… »
« Ne vous inquiétez pas, si nous faisons ça, c’est pour une question d’image. Rien ne changera en fait ! Tant que nous ne sommes pas obligés de signaler les transactions venues de l’étranger de façon systématiques, rien ne change vraiment ! »
« Mais le secret bancaire ? Le président Sarkozy a dit que le secret bancaire n’existait plus ! »
« Hé hé hé… Ben oui, et alors ? Que croyez-vous que cela change ? Rien ! Absolument rien ! Nous ne sommes pas obligés de crier sur tous les toits ce qui se passe chez nous… Tant que l’on ne nous demande rien, nous on ne dit rien ! Ce n’est pas comme si nous mentions ou que nous refusions de répondre… On va dire que nous sommes discrets, et c’est le moins que vous puissiez attendre d’un établissement comme le notre… »
« Bien. Ecoutez, tout cela me semble parfait. Je suis rassuré… Je pense donc que je vais pouvoir faire appel à vous en fin de compte… Bien évidemment, je vous demanderais d’oublier… »
« Bien sûr, cher Monsieur, je ne vous ai jamais vu, et nous n’avons jamais eu cette charmante conversation ! D’ailleurs, sur les documents d’ouverture de compte, vous n’êtes pas obligé d’inscrire votre vrai nom… Vous pouvez très bien mettre ce que bon vous chante ! »
« C’est bien ainsi que je l’entendais ! Je vous remercie beaucoup cher Monsieur pour votre amabilité et votre temps précieux. Je pense que nous serons amenés à nous revoir très bientôt ! »
« Oh vous savez : Rien ne vous y oblige. Nous disposons d’un système informatique dernier cri qui vous permettra de gérer vos transactions de chez vous en toute sécurité et discrétion… »
« Ah ? Bien. Tout cela est vraiment parfait. Je vous remercie encore cher Monsieur pour votre accueil… »
« A votre service Monsieur. »
« Dites-moi, pour reprendre l’autoroute je dois prendre par où ? «
« Oh Monsieur ! Mais notre service d’hélicoptère se fera un plaisir de vous transporter jusqu’à l’aéroport de Nice. Le vol ne dure que dix minutes ! »
« Bien ! Parfait ! Faisons donc cela ! Bonne journée Monsieur !»
« Oh mais, bonne journée à vous mon cher Monsieur ! »