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vendredi 8 janvier 2010

Nicolas Sarkozy et le bizness de la culture

Oui, je sais. Lorsque l’on met Nicolas Sarkozy et culture dans une même phrase, au début ça fait tout bizarre… Normal, l’homme transpire autant la culture que la hauteur, c’est vous dire son peu de crédibilité en la matière…

Donc, hier Le Président a souhaité transmettre ses vœux au « monde de la culture ». Déjà là, d’entrée, l’expression me dérange. Comme si ce qui fait l’identité de l’être humain pouvait se regrouper en un monde à part, indépendant sans doute, d’un autre monde qui lui n’aurait rien à voir avec la culture… M’enfin, il semblerait que dans l’esprit pragmatique de notre Nanoprésident, les choses fonctionnent ainsi, il y a le monde culturel et il y a les autres. En fait, comme vous l’allez voir, le terme exact à utiliser devrait être « le monde qui fait du bizness avec la culture »… Là on serait beaucoup plus proche du concept présidentiel.

Et d’ailleurs, ça n’a pas trainé puisque le discours commence par une énumération des succès de l’année écoulée… Succès financiers s’entend. Recettes, entrées, marché de l’art, etc, 2009 a été une bonne année de ce point de vue là, alors il est content.
Et il est tellement content que la Culture avec un grand C rapporte des sous qu’il a bien l’intention de lancer pour l’année qui vient tous plein de projet « rentables ».

Donc, il a l’intention de progresser sur des projets aussi divers que le Grand Paris, L’Union de la Méditerranée, la Maison de l’histoire de France, le transfert d’Albert Calus au Panthéon et la Révolution numérique… L’annonce la plus notable concerne justement cette dernière partie. Un budget de 750 millions d’euros va être consacré à la numérisation des œuvres immatérielles du Patrimoine National. A savoir, livres, musique, films et cætera. A ces 750 millions devraient s’ajouter des fonds privés qu’il espère conséquent car « les perspectives de rentabilisation sont nombreuses dans la nouvelle économie du savoir » ! Encore et toujours le pognon.

Moi je me demande bien comment il compte faire ça, car en même temps il prétend vouloir respecter les droits d’auteurs et la propriété privée avec une loi Hadopi enfin mise en place (selon lui hein !)… Car il l’affirme encore une fois, c’est son rôle de protecteur que de protéger la propriété privée, qui est comme chacun sait le premier des droits de l’homme dans le monde selon Sarkozy.
Ah oui, je ne vous ai pas dit, vous savez pour qui il se prend notre Nain National ? Je vous le donne en mille, pour lui, « Le rôle du chef de l’état c’est d’être le protecteur des arts et le défenseur de la culture ». Bref, le mécène en chef, c’est lui. François 1er à coté de lui, c’est le commissaire Javert !

Mais bon, Sarko n’est pas à une contradiction près, d’ailleurs à un moment il définit la loi Hadopi comme étant destinée à protéger la vie privée… Personne n’a bronché, mai vous reconnaitrez que le lapsus est assez savoureux !

Une autre contradiction que j’ai relevée concerne la baisse de la TVA sur le contenu culturel numérique. Pour lui, dans un souci d’harmonie il conviendrait de la ramener à 5,5% comme pour les contenus physiques (les livres quoi !). Personnellement, je me pose la question de savoir comment le marché du livre va pouvoir supporter de se retrouver ainsi mis en concurrence directe avec la numérisation… Déjà que nos jeunes ne lisent plus, je doute fortement que le fait de retrouver toute une flopée de lignes sur leur écran, sans aucune image, va favoriser le développement de la culture en France… Mais bon, je suis peut-être un peu réac sur ce coup-là. Pour moi un bouquin ce n’est pas qu’un contenu, c’est aussi une forme, un poids, une odeur…

Sinon, dans un élan qu’on ne lui aurait pas prêté, il annonce qu’il a l’intention de mettre en place une réflexion pour taxer les publicités en ligne. Avec dans sa ligne de mire le géant Google ! Rien que ça ! En effet, ce qui dérange Monsieur Sarkozy le Grand Mécène, c’est que de grandes multinationales basées à l’étranger se fassent du fric sans qu’il ne puisse, lui, en tirer une part du gâteau.

Bon, pour tout vous dire je me suis fait plutôt chier à l’écouter parler de chose qu’il ne connait pas avec des mots qui ne sont pas lui. Pour le coup je vous l’assure, c’était flagrant que le bonhomme ne maitrisait absolument pas une once du domaine qu’il abordait. Sauf lorsqu’il s’agissait de parler pognon, bien sûr.

Au final, il me reste une impression brouillonne qui c’est, peut-être, retrouvée dans mon texte d’ailleurs… Mais en tous cas, lorsque je repense aux vœux de l’année dernière qui étaient consacrés aux liens tendancieux existants entre la culture et l’identité nationale, je me dis que cette année nous avons abordé un autre pan du monde merveilleux selon Sarko : La marchandisation de la culture.

Et l’année prochaine, ce sera quoi ?