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lundi 15 décembre 2008

Une machine à fabriquer des pneus

Salut tout le monde ! Bon, je vous fais un petit billet, comme ça, rapide, parce que j’ai plein de trucs à faire aujourd’hui…J’ai deux rendez-vous chez les toubibs pour préparer ma ‘tite intervention du 23 décembre, si bien que je pars tôt et que je ne reviendrais que tard dans la journée.
Je viens de tomber sur un article sur le Figaro.fr, qui m'a donné l'envie de pousser une gueulante. Pour commencer la semaine, c'est idéal vous en conviendrez.

Les faits se sont déroulés en mars dernier à l’usine de pneumatique Michelin de Cholet, et ont été dévoilés en fin de semaine dernière par Ouest-France et depuis repris en boucle par tout ce que la France compte de médias alternatifs et plus ou moins engagés

Figurez-vous, que deux employés de chez le bibendum ont eu le malheur de s’épancher sur un forum, genre réseau-social, et de critiquer ouvertement leurs conditions de travail… Des phrases comme « Boulot de bagnards », ou encore des mots comme « exploiteurs » ont été prononcées (ou écrites si vous préférez) par l’un des employés. Des mots comme « Production, production, mais fiche de paie toujours pareil. » ont été gravés dans l’éther du net par un second…

C’était en mars dernier… Depuis, les deux employés se sont retrouvés tous deux en maladie pour diverses raisons, et la chose semblait être passée inaperçue aux yeux de la Firme…
Que nenni, braves gens ! Celle-ci attendait juste que l’époque des étrennes arrive pour passer à la contre-offensive !

Licenciement sec pour le plus explicite des internautes et une mise à pied de trois jours pour le second ! La principale raison invoquée par le DRH est celle-ci : « Par vos propos, vous portez atteinte à la réputation de l'entreprise, vous discréditez votre employeur envers lequel vous avez une obligation de loyauté »

Non mais on croit rêver ! Depuis quand est-ce que l’on a l’obligation contractuelle d’être heureux de son sort ? « Obligation de loyauté » mon cul oui !
Nulle part, il n’est inscrit dans le code du travail que l’employé à l’obligation d’être « loyal » !
D’abords, ça veut dire quoi « être loyal » ?
Ça veut dire que l’on doive forcément tout accepter et fermer sa gueule ?
Ça veut dire que l’ouvrier n’a pas le droit de commenter ses conditions de travail ?

Que l’employé soit contraint à un certain comportement sur son lieu de travail et à une certaine conduite envers ses collègues et sa hiérarchie, je le conçois. Mais là, il s’agit de commentaires laissés sur un forum dans le cadre de la vie privée ! Les deux types étaient chez eux ! Bien au chaud derrière leur écran ! La différence semble avoir échappée à la direction de Michelin qui, neuf mois après les faits, réplique par une sanction qui non seulement est disproportionnée, mais également entachée d’un retard on ne peut plus suspect…

Je ne vois qu’une raison à une telle réaction : La direction veut, par une action forte, faire passer un message à l’ensemble de ses employés. Un message simple, clair et direct : Fermez-la ! Ce n’est, ni plus ni moins, que de l’intimidation, du terrorisme patronal !

Je rappelle que les types ont été sanctionnés, non pas pour avoir diffamé leur entreprise, car ce délit-là est prescrit depuis six mois, mais par défaut de loyauté…
Alors que le gouvernement hésite entre rallonger la prescription de la diffamation de trois mois à un an et carrément dépénaliser ledit délit, on s’aperçoit que finalement c’est la liberté d’expression qui est l’enjeu de tout cela… La liberté de dire que l’on n’est pas bien dans son travail ; La liberté de dire que nos patrons se foutent de notre gueule ; La liberté de parler, tout simplement.
Bien sûr, les employés concernés ont porté l’affaire devant les prud’hommes qui statuera sur les faits en février prochain. Si l’on se fie à la jurisprudence (voir L’affaire Clavaud), Michelin devrait logiquement se voir remonter les bretelles par la justice… Mais en attendant, le mal est fait, le message est passé, les employés de chez Michelin savent que dans leur boite, on n’est pas libre. Libre de penser, de parler, de juger. On n’est qu’un corps sans esprit voué au travail, incapable de pensées critiques.

On n’est qu’une machine à fabriquer des pneus.