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jeudi 19 août 2010

Le paradoxe du nomade Français

Je viens de réaliser un truc... Non, pas là, maintenant tout de suite, mais disons que l’évidence s’est imposée à moi dans la journée d’hier alors que je réfléchissais sur la condition des Roms raflés par les soudards de Sarkozy ainsi que sur celle des gens du voyages en général.

Bon, je crois qu’en ce qui concerne les Roms, l’ignominie de la politique actuelle n’est plus à démontrer. Même certains députés UMP se sont insurgés de la façon radicale avec laquelle ce gouvernement entend résoudre un problème sur lequel il n’a aucune prise, et surtout, aucune solution réelle à apporter.
Car renvoyer 79 Roms chez eux relève de la bouffonnerie compte tenu du fait qu’une population nomade n’a, par définition, aucun chez soi. Non ?
Comme le disait Méluche dans la radio ce matin, la solution ne peut à mon sens et pour une fois, que s’envisager au niveau européen.
Si on aidait un peu plus les pays d’origine de ces gens, Roumanie, Bulgarie, etc... Et qu’en parallèle on leur mettait un peu plus la pression pour qu’ils agissent sur leur racisme endémique, les Roms resteraient chez eux.

Mais bon, l’heure est à autre chose semble t’il, d’autant plus que quelque part un bon bouc émissaire, tout sale et facilement reconnaissable, ça ne vous tombe pas du ciel tous les jours...

Non, ce qui m’a fait réfléchir c’est que, comment dire, techniquement et d’ici quelques mois, quelques semaines, je vais devenir moi-même un « gent du voyage ». Un nomade.

Ben oui, à partir du moment où j’aurais emménagé sur mon bateau, je n’aurais par définition plus de domicile fixe, je serais un nomade. Un gitan des mers.
A la différence notable près, c’est que j’aurais à ma disposition, et quelque soit l’endroit où je poserais mes pénates, électricité, eau courante et sanitaires à volonté...

Pour autant que je pose mes pénates, bien sûr.

Cette soudaine prise de conscience a provoquée chez moi deux sortes de réflexions annexes.
La première est que je me sens d’autant plus solidaire de ces gens que l’on expulse. Normal, c’est dans l’ordre des choses.
La seconde, plus complexe, à un rapport avec ce que je disais il n’y pas si longtemps sur la communauté gitane à la suite du reportage « Qui a peur des gitans ». Vous vous souvenez ? C’était l’automne dernier.

En résumé, ma position était, et est toujours dans une certaine mesure, qu’il fallait à tout prix respecter les modes de vie de la population nomade, mais il fallait également lutter contre cette tendance qu’ont ces populations à se démarquer de la République et de ses instituions.
En clair, le communautarisme c’est de la merde et il faut que l’Etat, c'est-à-dire nous, fasse en sorte que l’exclusion disparaisse des deux côtés de la boule de caravane.
Car s’il existe un rejet des gitans, tziganes et autres Roms de la part des populations sédentaires, l’inverse est aussi largement répandu.

Donc, lorsque j’ai réalisé que j’allais devenir moi-même un nomade, je me suis demandé si cela remettait en question mon opinion... Et bien non. Pas fondamentalement en tous cas.
Je veux dire par là que même si à partir de l’année prochaine je ne remets plus les pieds en France, je me sentirais toujours, et totalement Français.
Cela sous-entend que je considérerais toujours qu’une vie en société harmonieuse ne passe que par l’intégration totale, et une adhésion sans faille aux idéaux de la République. Donc de ceux de la France...

Houlà ! Tout à coup je me rends compte que cela risque de ne pas être facile pour moi si je cherche moi-même, un jour, à m’intégrer dans un autre pays que le mien... Diantre, je me piège tout seul dans ma propre idéologie...

Aurais-je mis le doigt sur un paradoxe intellectuel ? Ou alors ne suis-je qu’au début de ma réflexion et que celle-ci demande à être affinée ?

Toujours est-il que, même si je n’ai pas dans l’heure de réponse à apporter à ce questionnement, je gage que mon voyage m’en apportera une. Et je vais avoir au minimum trois ans pour la trouver.

Cela nous révèle quelques perspectives intéressantes, n’est-il pas ?