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samedi 3 mai 2008

La croix du bucheron

Aujourd’hui j’ai envie de vous faire découvrir un truc qui, lorsque je l’ai découvert moi-même, m’a épaté. Cela s’appelle la croix du bucheron.
Jeune technicien forestier je me suis vite retrouvé confronté à un problème. Comment estimer la hauteur de tel ou tel arbre ? Question ardue pour qui n’a pas « le compas dans l’œil ». En fait, nous sommes tous inégaux, face cette capacité à estimer les distances. C’est comme ça, on y peut rien. Certains ont le compas, et d’autres pas et moi je fais partie de ces derniers. Alors que je passais pour un bouffon auprès de mes condisciples, je me suis vite rendu compte que dans mon boulot, ne pas arriver à estimer une hauteur pouvait vite se révéler handicapant. Il est certain que l’expérience est importante. Plus vous avez du métier, et plus vous arrivez à être précis. Dans mon cas, au bout de cinq ans, je rajoutais toujours deux ou trois mètres… Lorsque un mètre cube de chêne qualité tranchage vaut 350 €, vous faites gaffe ! Parce qu’à l’échelle d’une parcelle, vous avez vite fait de couler votre estimation de plusieurs dizaines de milliers d’euros.
Donc, il m’a fallu vite trouver un moyen de me débrouiller. Pour ma part, j’ai arrêté d’estimer les arbres pour la vente, comme ça, le problème était réglé. Bien sur il existe des moyens techniques pour vous aider. Des petits appareils appelés dendromètres (du grec dendron = arbre) sont très précieux et vous donnent des hauteurs assez précises au demi-mètre près. Mais d’abord ça vaut cher ces machins, et puis on n’en a pas forcément sous la main, ou alors c’est le copain qui l’a à l’autre bout de la parcelle…. Bref, y’a plus simple.
Plus simple, c’est la croix du bucheron. Il vous suffit d’avoir sous la main deux stylos identiques ou bien vous ramassez par terre deux morceaux de bois que vous cassez pour les égaliser. Puis vous les positionnez avec votre main de façon à ce qu’ils soient perpendiculaires. L’endroit de l’intersection n’a pas d’importance, mais je vous conseille de coller le bâton horizontal au quart inferieur du vertical. C’est vu ?
Vous vous placez alors de façon à pouvoir faire correspondre en une même ligne invisible, le pied de l’arbre, le bas du bâton vertical et votre œil.
Puis vous vous déplacez vers l’arbre de façon à faire coïncider le haut de l’arbre, le haut du bâton vertical et l’œil.
Lorsque vous êtes arrivé à ce que coïncident ces deux axes, vous vous trouvez exactement à une distance de l’arbre qui est égale à sa hauteur ! Voir schéma ci-contre, AB=BC.
Il ne vous reste plus qu’a mesurer cette distance… Pardon ? Vous avez oubliez votre décamètre à ruban à la maison ? Qu’importe, vos pieds vous les avez, vous n’avez qu’à estimer la distance qui vous sépare du pied de l’arbre avec vos pas. Mieux, avec ce que l’on appelle un double pas.
Comme pour le compas optique, nous sommes tous différents, et je gage que les pas d’un elfe ne valent pas ceux d’un hobbit… Donc, il vous faut savoir quelle est la longueur de vos pas. Vous aurez donc pris soin de mesurer la distance parcourue en faisant deux pas à la maison, et vous faites une moyenne. Pourquoi deux ? Et bien, parce que l’on ne fait pas la même longueur de pas que cela soit avec la jambe droite ou la jambe gauche, tout simplement. Moi, je sais que mes pas font 80 cm par exemple.
Et voilà ! Maintenant vous n’avez qu’à essayer ce petit système simple sur n’importe quoi. Un arbre, bien sur, mais aussi pourquoi pas, la façade d’un immeuble. De plus, je vous garanti que ce truc fait un tabac auprès des enfants ! Je l’ai mainte fois testé, et à chaque fois ça marche.