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dimanche 7 mars 2010

Et si on allait voir Turner ?

Vous savez où j’aimerais bien aller un dimanche comme celui-ci ? J’aimerais bien aller au musée… Et pas n’importe quel musée, j’aimerais aller voir l’exposition Turner au Grand Palais.

Pourquoi Turner et pourquoi au Grand Palais me direz-vous, et bien tout simplement parce que j’y suis déjà allé…

Bon, je vais vous raconter l’histoire depuis le début, comme ça vous comprendrez mieux :

Lorsque j’étais adolescent, je crois que j’avais 15 ans dans ces eaux là, j’ai fait un court séjour chez ma marraine Josiane qui habite en périphérie de la capitale.
Bon, comme vous le savez (ou pas) la famille et moi ça fait deux. Qu’elle soit proche, éloignée ou rapportée, on va dire que j’ai un peu de mal avec le concept… Mais il n’empêche que même si je n’ai jamais été un bon filleul, il me faut bien reconnaitre que Josiane a toujours été une super-marraine.
Ma marraine était directrice d’école… Et je ne sais pas si elle avait deviné dans quel désert culturel je vivais à l’époque, mais elle avait pris l’habitude de m’offrir des bouquins pour mes anniversaires. Des bouquins sur tout et n’importe quoi, des romans, des livres sur l’histoire, la science… Bref, pendant toute ma jeunesse j’attendais avec impatience le facteur et chaque année je recevais ses livres comme le désert reçoit la pluie.
Ma marraine c’était ma bouffée culturelle à moi.
Et puis une année je suis allé passer quelques jours chez elle, et là j’ai eu droit à la totale. Le Louvre, et une exposition sur Joseph Mallord William Turner au Grand Palais.

Ce fut une véritable révélation. J’ai découvert non seulement la peinture en général, mais aussi ce peintre merveilleux, visionnaire qu’était Turner... En plus ma marraine était un guide formidable : Elle m’expliquait tout ce que je ne comprenais pas, elle me transmettait à la fois son savoir mais aussi son amour de l’art… Et moi j’ouvrais grand mes yeux et mes oreilles pour ne pas en perdre une miette.

Un souvenir plus marquant que les autres me revient en mémoire… J’étais devant une grande toile qui s’appelle Hannibal et son armée traversant les Alpes (ci-contre). Dans le coin inférieur droit on devine une espèce de cohue nébuleuse où rien ne semble ressortir… Et bien moi, jeune puceau, j’étais là planté devant le tableau, mon nez quasiment sur la toile et je tentais vainement de déchiffrer ce que pouvait bien être ces taches informes, lorsque Josiane me demanda de reculer… Ce que je fis.
Et alors que je faisais quelques pas en arrière sans cesser de fixer la toile, le miracle se produisit. Peu à peu, au fur et à mesure de mon éloignement, des silhouettes commencèrent à se préciser… Je reculais encore, et à ma stupéfaction ces silhouettes se transformèrent… en éléphants ! C’était les éléphants d’Hannibal !
C’était merveilleux. Rien qu’en me remémorant l’instant je ressens encore ce frisson qui me parcouru l’échine… C’était une révélation, de la pure magie.

Et bien croyez-le ou non, depuis ce jour j’essaye de prendre autant qu’il est possible du recul sur les choses. Je ne dis pas que j’y arrive à tous les coups, mais j’essaye. Et ça c’est grâce à Turner… Et à ma marraine Josiane.

D’autres toiles m’ont également impressionné. Je pense à l’Incendie du parlement (ci-contre) par exemple, où le Maitre s’est attaché à retranscrire les jeux de lumières que provoquaient les flammes… Turner c’était ça son truc, la lumière. C’était une véritable obsession pour lui : Il voulait capturer la lumière.
Alors bien sûr, comme la lumière n’existe vraiment que lorsqu’elle rencontre quelque chose qui la révèle, Turner s’appliquait à peindre son existence à travers les nuages, la fumée, le brouillard, les brumes matinales. D’où cette sensation d’irréalité qui transpire parfois de ces toiles.
Lorsqu’on regarde l’œuvre de Turner, on devine l’influence qu’il aura plus tard sur le mouvement des impressionnistes français... D’ailleurs c’est bien simple, pour moi Turner fut le premier des impressionnistes.

Une dernière toile dont je me souviens très bien, c’est celle qui s’appelle Pluie, Vapeur, Vitesse (ci-contre). C’est celle-là sur le côté. On y voit un train à vapeur fonçant vers le spectateur… Personnellement, et au-delà de l’aspect visuel, j’y vois comme une allégorie de ce que fut ce XIXème siècle. Celui de la révolution industrielle, pleine de promesse pour l’humanité mais en même temps inquiétante par sa vitesse et son côté fuite en avant sans retour possible…

Bref, presque trente ans après, j’aimerais bien y retourner. Tout d’abord parce que j’aime William Turner, mais aussi pour rendre hommage à ma marraine et la remercier pour tout ce qu’elle m’a apporté… Parce que comme le con que je suis, je ne l’ai jamais fait.

L’exposition Turner et ses peintres se tient à la Galerie Nationale du Grand Palais jusqu’au 24 mai 2010. Mais si vous ne pouvez pas y aller, je vous propose une petite visite virtuelle en cliquant ICI ! Allez-y, si vous aimez la peinture vous ne le regrettez pas.

Bon dimanche à tous !