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mercredi 17 septembre 2008

Omerta sur les CRA

Salut les enfants. Bon, sur ce coup là je vais essayer de garder mon calme et éviter de gueuler comme un putois. Ce n’est pourtant pas l’envie qui m’en manque, croyez-moi.
Vous connaissez la CIMADE ? Oui, forcément vous connaissez la CIMADE… Si, comme moi vous êtes un tantinet soucieux de la liberté et du bonheur des autres, vous connaissez forcément la CIMADE !
Bon, la Cimade, c’est le Comité Inter-Mouvements Auprès Des Evacués. Une association œcuménique d’entre-aide d’obédience protestante qui s’occupe de visiter, en apportant soutien, réconfort et informations juridiques, tout ce que la France peut contenir de prisonniers et autres clandestins incarcérés.

Une association digne, même si religieuse (je ne suis pas obtus), qui jusqu’alors était la seule à pouvoir pénétrer au sein des Centres de Rétentions Administratifs (CRA). Le problème avec la Cimade, c’est qu’en plus de s’assurer du minimum d’humanité dans le traitement des étrangers détenus, celui-ci, celle-ci, ne se gêne pas pour dénoncer haut et fort les abus de toutes sortes, les déviances administratives et les conditions d’incarcération. Elle dénonce haut et fort, et elle fait bien. Sans elle, nous ne saurions rien de se qui se passe derrière les hauts murs des CRA. Rien de rien.
Or-donc, la Cimade, après avoir visité les camps de concentration pendant la deuxième guerre mondiale, visitait les Centres de rétention… je dis bien visitait. A l’imparfait de l’indicatif. Car depuis le 22 aout 2008, ce n’est plus le cas.
Le gouvernement, par décret et par la voix de son ministre de l’épuration et de l’identité nationale Hortefeux, a mit fin à la mission de la Cimade et lancé un appel d’offre pour trouver son remplaçant. Le souci est que dans cet appel d’offre, parut le 2 septembre, le cahier des charges imposé est des plus… Contraignant.
Tout d’abord, le territoire sera divisé en huit zones. Ce qui va singulièrement compliquer les choses puisque parallèlement n’importe quelle « personne morale » pourra prétendre assurer la mission de la Cimade. C'est-à-dire que l’on va se retrouver avec plusieurs associations, voir entreprises, à s’occuper de tout ça. Donc, pas de centralisation de l’information, pas de regard globale sur les conditions d’incarcération des sans papiers et des immigrés clandestins. Facile pour noyer le poisson non ?
De plus, le ou les futurs commissionnés devront respecter un strict « devoir de neutralité et de confidentialité ». Là, franchement, ça dépasse les bornes !
Bon, j’avais dis que je gardais mon calme… Respire Gwendal, respire…
Voilà donc où nous en sommes.

Nous assistons ici à un démembrement en bonne due forme du système de solidarité qui est dû à toute personne incarcérée, quel qu’en soit le motif. Ce que veut Hortefeux, et par là-même l’autre tache de facho de petite dimension qui nous préside, c’est que l’on ne sache plus ce qui se passe dans les CRA. Rien que ça. Il veut museler les intervenants et morceler les informations, point barre !
Alors que peut-on faire ? Pas grand-chose, je le crains. La Cimade a demandé à être reçue par le ministre de l’épuration dès que les nouvelles conditions ont été publiées, et pour l’instant, le ministère reste muet…
Nous ne pouvons que rester vigilent et observer de près ce qui va se passer. Qui va reprendre la mission d’assistance ? Qu’elles seront les informations que le public pourra dorénavant avoir sur les conditions de vie, jusqu’alors déplorables, à l’intérieur des CRA ? Et puis, relayer cette information. Oui, relayer… Parce que franchement je n’étais pas au courant de ce coup de poignard gouvernemental. Et à ce propos je remercie le blog « Les mots ont un sens » pour m’avoir informé.

Au fait ! Je m’insurge contre le langage politiquement correct qui rend les choses plus soft. Rétention au lieu de détention, retenus plutôt que détenus. Non mais, on se fout de qui là ? C’est gens là sont en prison, en prison vous entendez ? Pour la simple raison qu’ils sont des êtres humains, avec des projets d’avenir meilleur, des espoirs, des envies humaines. Et notre gouvernement, c'est-à-dire nous, le peuple français, nous les mettons en prison… C’est pitoyable…