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vendredi 4 décembre 2009

A Nice, c’est l’ouverture de la chasse (aux enfants)

Aujourd’hui, j’ai un petit souci…
Oh, rassurez-vous rien de grave. C’est juste qu’en temps que niçois, je me sens un peu obligé de vous causer de la nouvelle du jour, à savoir l’instauration d’un couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans dans ma bonne ville de Nice.

Bon, d’abords je tiens à vous dire mon étonnement, car c’est le genre de chose que je n’ai absolument pas vu venir. Il est vrai que je suis peu au fait de ce qui se passe dans ma ville, et je le regrette parfois, mais là, franchement je tombe des nues… Et en même temps pas vraiment.
Nice est un bastion de vieux réacs, ça tout le monde le sait. D’ailleurs, à chaque fois que je mentionne mon lieu d’habitation, j’ai droit de la part de mes camarades gauchistes à des mines compatissantes et à des smileys d’encouragement. C’est vous dire !
Donc, à priori, il n’y a pas de quoi vraiment s’étonner qu’une telle mesure soit appliquée chez moi…

Mais bon, quand même, d’entendre ça dans ma télé ce matin, ça fait tout drôle.

La première chose à laquelle j’ai pensé lorsque j’ai entendu la nouvelle c’est : « Putain de merde ! Mais c’est quoi cette ville de fachos ! »
Enfin, un truc dans le genre…
Puis, dans la foulée, je me suis également dit : « Bon, en même temps, les gosses de moins de 13 ans n’ont rien à faire dans la rue après onze heures du soir… »

Et c’est bien là que réside le souci dont je vous parlais plus haut. Je suis bien embêté moi, avec cette histoire de couvre-feu, because je me retrouve coincé entre ma conception de l’éducation (assez rétrograde peut-être) et la méthode détestable employée par mon édile…
J’ai le cul entre deux chaises en fait.

Alors, pour tenter de trouver du grain à moudre et parfaire mon questionnement, je suis allé à la pêche aux infos. Et là, qu’est-ce que j’apprends ?

Que le couvre-feu ne s’appliquera que les veilles des jours où il n’y a pas école (les mardis, vendredis et samedis) et uniquement pendant les périodes scolaires hors Carnaval !
C'est-à-dire que sur une année, cela doit représenter quelque chose comme un jour sur trois en fait…

La question que je me pose alors, c’est que compte tenu de la volonté annoncée par notre maire qui est d’ « identifier les mineurs qui seraient potentiellement en danger », est-ce que cela voudrait dire que les enfants en danger ne le sont qu’un jour sur trois ?

Ensuite, toujours dans le communiqué de la mairie, on apprend que la première fois qu’un gamin de moins de 13 ans se fait chopé hors les murs d’un domicile quelconque, il aura droit à une reconduite policière sans sanction. La seconde fois il verra son nom et celui de ses parents inscrit dans un « fichier spécial, après autorisation de la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés), son inscription d’office à des activités périscolaires et, en ultime ressort, la suppression de certaines allocations municipales allouées aux familles ».

Là, du coup, on ne rigole plus. C’est que ça devient délirant comme sanction…
Tout d’abords j’aime assez l’expression « après autorisation de la Cnil ». Ça veut donc dire que le couvre-feu est instauré et les sanctions annoncées avant même que la Cnil n’est donné son aval pour un fichage de mineurs de moins de 13 ans ! Mais bon, soit. Admettons que la Cnil le donne son aval… Qu’est-ce qui se passe ensuite ? Inscription d’office à des activités périscolaires ! Ça veut dire que l’on va inscrire le petiot à des cours de macramé ? De poterie ? Et puis ces activités périscolaires auront lieu le soir après 23 heures ? Non ?
On frise le délire.

Enfin, ultime ressort, on sucre les allocs aux parents indignes… Ce qui, bien entendu présume que lesdits parents sont forcément allocataires, donc pauvres. Et qu’ils le deviendront encore plus une fois qu’on leur aura supprimé une partie de leurs maigres ressources. D’ici à ce que les parents encouragent leur progéniture à arrondir les fins de mois en dealant des billes (ou autre chose), il n’y a plus qu’un pas.

Non, sérieusement, c’est du grand n’importe quoi cet arrêté municipal.

Sur le fond, je ne dis pas qu’il ne faut rien faire face au fait que des gamins trainent les rues à des heures indues. A mon sens c’est un manquement grave au devoir parental… Mais ce manquement est dû certainement à autre chose que le manque d’activités périscolaires ou encore au fait que les parents touchent des allocs… Ce genre de laisser-aller a des racines plus profondes, d’ordre sociétal et ce type de sanction ne comblera certainement pas un déficit d’autorité parentale. Pire, il serait même susceptible de l’aggraver.

Je ne sais pas moi… Il me semble qu’une proposition/obligation d’accompagnement psychologique et social serait bien plus efficace. Plus humain en tous cas.

Et puis, pour finir, je les vois biens ces petits cons sans cartes d’identité faire tourner en bourrique nos spadassins municipaux !

Non, pour moi c’est clair. Etant donné l’invraisemblable applicabilité d’un tel arrêté, on ne peut que retenir la mesure qui est en ait le fondement. Le fichage des enfants. Et là, pour le coup, conception de l’éducation rétrograde ou pas, je ne suis plus d’accord.

Une dernière chose, pendant que le maire Estrosi, qui avait promis de ne se consacrer qu’à sa ville pour se faire élire, joue son rôle de ministre de l’Industrie, c’est le petit nabot Eric Ciotti qui commande en ville (dernière photo). Vous ne trouvez pas qu’il a une tête de nazillon pervers ? Hein ? Moi si…