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lundi 4 janvier 2010

Le No Sarkozy Day, une occasion de dire non alors que d’autres disent oui.

Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel ? C’est quoi tout ce tremblement à propos du No Sarkozy Day ? De partout sur la gauchosphère les billets tombent et le débat fait rage comme s’il s’agissait de la controverse de Valladolid (*).
Du coup, je ne vous le cache pas, je me suis senti un peu à la ramasse, ne comprenant absolument pas pourquoi tout ce beau monde se prenait ainsi la tête. Il m’a fallu un peu de temps pour démêler les fils de l’histoire et comprendre d’où pouvait bien venir tout ce tintouin…
Donc, je résume l’histoire pour ceux qui, comme moi, n’ont pas suivi.

A la suite de la manifestation en Italie contre Berlusconi le 5 décembre dernier, des petits malins ont pris l’initiative de vouloir lancer le même genre de happening en France. La cible, Sarkozy bien sûr. Un groupe Facebook est créé, regroupant à ce jour 354 471 « amis » et qui invite la populace à manifester son dégout du Président pour le 27 mars prochain devant les bâtiments représentatifs du pouvoir, à savoir les Préfectures (entres autres).
Dans la foulée les initiateurs de l’événement sollicitent les blogueurs pour relayer l’événement et faire ainsi monter la mayonnaise.
En réponse à cette sollicitation certains blogueurs de « gauche », et pas des moindres, publient alors un communiqué pour se démarquer de l’événement.

Ce communiqué le voici :

Le No Sarkozy Day est une initiative sincère et spontanée. Nous respectons la démarche et l’engagement qui ont amené les organisateurs à entreprendre cette action. Mais, nous blogueurs, nous ne pouvons nous y associer. En premier lieu, Nicolas Sarkozy a été élu. Certes la France de Nicolas Sarkozy n’est pas une république irréprochable mais nous sommes attachés au principe démocratique. En tant que Président de la République, il bénéficie de la légitimité des urnes. Réclamer sa démission, c’est ouvrir une boîte de Pandore. Nous ne souhaitons pas jouer aux apprentis sorciers. Au contraire, Nicolas Sarkozy doit rester 5 ans au pouvoir, assumer ses erreurs jusqu'au bout. Le No Sarkozy Day doit avoir lieu le 7 mai 2012 et pas avant. Ensuite, nous estimons que l’initiative est biaisée dès le départ. Le problème du "No Sarkozy Day", c’est que le nom de Sarkozy soit l'unique vecteur de mobilisation. L’antisarkozysme primaire ne fera pas évoluer les mentalités, elle les confortera. Plutôt que de se focaliser sur l'homme, nous préférons nous concentrer sur le bilan désastreux de son action politique. Nous voulons bâtir une véritable alternative politique au sarkozysme qui soit à la fois construite et argumentée. Nous pensons que cette opération se révélera contre-productive. Nous ne souhaitons pas être associés à cette initiative lancée sans concertation et qui relève plus du buzz marketing que de l’action politique. Le risque d’une instrumentalisation et d’une récupération politique d’un futur fiasco existe…

Suivit par les signatures de quelques-uns des grands noms de la blogosphère se déclarant de gauche :
Laure Leforestier,Le Monolecte, Bah by CC, Le Volontaire, Partageons mon avis, Les jours et l'ennui de Seb Musset, Peuples, Intox2007.info, Falcon Hill, Disparitus, Sarkofrance, Back2basics, Neuromancien, Edelihan, l'hérétique, Marc Vasseur,Yann Savidan, Le Pavé, Hypos, H16, De tout et de rien, Des pas perdus , Piratages(s), Reversus.


Et c’est là que j’ai pris le train en marche, en pleine polémique au sujet de ce communiqué et de ce qu’il sous-tend.

Pour être franc avec vous, lorsque j’ai été sollicité sur Facebook pour adhérer au truc, j’ai dis oui tout de suite. La démarche me semblait intéressante et le succès des transalpins ne pouvait que présager de bonnes choses quant à la mobilisation de nos concitoyens. A l’époque la seule question que je me suis posé, c’était de me demander pourquoi le 27 mars, pourquoi si tard ?
Pour avoir la réponse à ma question, il m’a suffit de ma rappeler que le deuxième tour des élections régionales étaient programmé pour le 21 mars. La manifestation devant s’inscrire résolument en dehors des enjeux électoraux. Donc, pour moi c’est clair, le mouvement se situe hors-partis politiques et hors projets à long terme. C’est un happening dont le but est de dire à un instant t, le ras-le-bol que ressent une partie de la population envers ce gouvernement et sa politique personnifié par la grosse tache qu’est Nicolas Sarkozy.

Et c’est d’ailleurs ce que semble lui reprocher cet aréopage de gentils blogueurs… Ce côté spontané, quasi festif, qui ne s’inscrit dans rien de construit, ou ne s’imbrique pas dans des plans qui existent déjà…

Car, je vous le dis tout net, ce communiqué n’est ni plus ni moins que de la merde. Une bonne grosse merde puante, déposée ostensiblement sous le museau des citoyens pour leur faire comprendre qu’en dehors des appareils, rien ne peut se faire. Comme s’il fallait forcément l’aval des associations, des partis ou même d’une pseudo-élite, fut-elle blogueuse, pour entreprendre quelque-chose dans ce pays !

De plus, l’argumentation développée est, en tous cas à mes yeux, spécieuse et digne de ces tiédeux que je dénonçais il y a encore quelques jours ici-même.

Alors comme ça, il conviendrait de « respecter la légitimité des urnes » ? Mon cul oui !
Sous prétexte qu’une majorité de crétins décérébrés a, un jour funeste de 2007, porté au pouvoir ce psychopathe dangereux, il faudrait s’abstenir pendant la durée de son mandat de le critiquer ?
Mais on vit où là ? C’est quoi cette mentalité de pétochards ? Je rappellerais à ces personnes que le propre de l’opposition c’est encore de s’opposer. Et ce n’est pas en restant dans une réserve bien-pensante que l’on s’oppose efficacement. Sarkozy et sa clique compte justement sur cette réserve pour arriver à ses fins, et il faudrait peut-être que ces messieurs-dames bien propres sur eux arrivent à se mettre ça dans le crâne !

Ensuite, le reproche qui est fait au No Sarkozy Day, c’est de s’en prendre nominativement au président de la république et non à sa politique.
Voilà encore cette bien-pensance écœurante qui arrive, par je ne sais qu’elle circonvolution cérébrale, à détacher les idées de la personne qui les met en œuvre. Comme si ce n’était pas Nicolas Sarkozy qui mettait à mal notre société, mais seulement ses idées…
C’est avoir là une conception bien particulière du combat politique, ou du moins bien particulière de la nature humaine.

Vous vous doutez bien que je ne peux en aucun cas soutenir mes confrères blogueurs sur ce coup-là. Donc, à mon tour, je tiens à me démarquer totalement de cet immobilisme bon teint qui ne sert qu’à une seule chose, conforter Sarkozy et sa politique.
On nous reproche souvent, à nous les gauchistes purs et durs, de passer notre temps à critiquer sans proposer… A cet argument bateau je répondrais que critiquer sans proposer c’est déjà critiquer, et que cela vaut toujours mieux que ne rien faire du tout !

C’est avec ce genre de considération « respectueuses » que le Mal avance. La seule solution est de le combattre, par tous les moyens et sur tous les terrains.

Pour terminer je voudrais revenir sur cette image employée par ce ramassis de pétochards… Celle de la boite de Pandore.
Quelque chose me dit que dans leur esprit, permettre ce genre de manifestation c’est prendre le risque de la subir à son tour, si par chance le vent venait à tourner en 2012… Bien étrange conception de la démocratie n’est-il pas ?

A noter d’autres voix aussi discordantes que la mienne, chez l’ami Rimbus et le fier Gauche de Combat. (Quand-même ! On n’est pas tous des carpettes !)