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jeudi 24 septembre 2009

Le journalisme part en couille

Hier, alors que je vaquais à mes occupations (certains diront que je glandais comme tous les profiteurs du système, mais je leur répondrais que c’est une question de point de vue), j’ai relevé deux articles de presse susceptibles de constituer la teneur de mon billet du jour. Deux sujets pour un seul article, pour moi c’est carrément un cas de conscience, car lorsque j’écris deux articles dans la même journée, c’est l’assurance que l’un des deux passe à l’as. Et ça mes amis, j’aime pas.
Donc ce matin, je me suis levé en ayant la ferme intention de trancher dans le vif, et de faire un choix entre ces deux sujets… Pour ce faire, j’ai donc entrepris de les relire, et c’est alors que j’ai constaté qu’il était inutile que je tranchasse ! (c’est beau l’imparfait du subjonctif hein ?)
Et oui ! Ces deux sujets n’en faisaient en fait qu’un ! Ouf ! J’étais soulagé, car je ne vous cache pas que trancher et moi, ça fait deux…

Mais bon, je m’éternise là… Aussi, je vous propose qu’on y aille sans plus tarder.

Hier, un article du Figaro a mis le feu aux médias nationaux en relatant un « scandale » concernant les contrôleurs aériens. Vous en avez sans doute entendu parler si vous avez allumé votre radio ou votre télé, on en parlait de partout. L’article s’intitulait « Les dangereuses pratiques des aiguilleurs du ciel » et se piquait d’avoir mis à jour des conditions de travail pour le moins douteuses dans le milieu de l’aviation.
« Travail à mi-temps illégal, sous effectifs, petits arrangements » et cætera…, rien n’était trop beau pour salir la profession et montrer du doigt les attitudes scandaleuses de ces profiteurs du système (Tien ! Eux aussi ?).
Cerise sur la gâteau, on a même eu droit à une bande audio qui nous démontre, insulte à l’appui, que les contrôleurs sont des jemenfoustistes, qui n’en branlent pas une.
Pour avoir fréquenté des contrôleurs pendant ma période de conscription prolongée, j’ai d’abord été intrigué par cet article. Pour autant que je sache, ce métier est un des plus difficiles et des plus surveillé du monde, et je m’étonnais que de telles pratiques aient lieux.
Mais en lisant bien l’article, ainsi que les commentaires qui ont suivis, je me suis rendu compte que le boulot de ce journaliste (Fabrice Amedeo qu’il s’appelle) était en fait un ramassis d’imprécision et d’amalgames douteux. Bref, cet article est une grosse merde.

C’est du travail bâclé qui dénonce des apparences sans pour autant chercher à les comprendre. Un haro sur le baudet destiné à faire du buzz en jetant l’opprobre sur une catégorie socioprofessionnelle qualifiée de « privilégiée » et qui abuserait de ses privilèges.
Pour un peu on se croirait dans l’Humanité ou Libération tant la dénonce sous le fallacieux prétexte de l’injustice sociale est patente. Je le répète, cet article est une grosse merde et son auteur également.

Le deuxième article qui a retenu mon attention vient lui du Nouvel Obs.com qui, par le plus grand des hasards, vient de se rendre compte qu’une des conséquences de la loi Hadopi remettait en cause les droits d’auteurs pour les journalistes. Bien sûr, là encore je m’étonne.
Alors comme ça, vous (les journalistes) vous n’avez pas été fichus de relever ce point particulier depuis le temps que l’on en parle de la loi Hadopi ? Est-ce qu’au moins vous l’avez lu le projet ? On peut se poser la question quand même !
C’est vrai que l’on a parlé en long en large et en travers de la substance créatrice des artistes qu’il fallait protéger. Mais quid de la création journalistique ?
Et bien messieurs les gratte-papiers, vous l’avez dans l’os et c’est bien fait pour vous. Vous n’aviez qu’à faire un peu mieux votre job !
Ça vous va bien de critiquer le net et de lui reconnaitre toutes les pires tares, mais sur ce coup-là, vous vous êtes fait entubé de belle manière.
Et ce n’est pourtant pas faute d’avoir été prévenu, car déjà lors de ses vœux à la Presse (Je ne sais pas pourquoi je mets encore une majuscule à presse…), le Nain vous avait laissé entrevoir ce qui vous pendait au nez. J’en avais parlé ICI.

Je pense que vous l’aurez deviné, le point commun qui existe entre ses deux nouvelles, c’est l’incurie d’une presse qui n’arrive plus, ou qui ne sait plus, faire son boulot tant elle est orientée sur des missions annexes. Je m’explique :
L’article du figaro est une merde soit. Mais c’est une merde qui a un but, celui de remettre en cause les acquis sociaux des contrôleurs aériens et de conduire à la privatisation de leur métier. Ni plus ni moins. La France est encore le seul pays d’Europe où les contrôleurs ne sont pas dans le privé et ça fait tâche par rapport aux petits copains d’à côté. De plus, lorsqu’ils se mettent en grève ça fout le bordel dans le pays.
Alors, pour lancer la privatisation, on demande à un journaleux aux ordres de pondre une bouse histoire de créer un buzz. Qu’importe la véracité des faits, il faut que ça buzz ! Dans la foulée le ministre concerné demande des explications et pond à son tour une autre bouse. Une réforme du statut des contrôleurs. Je vous parie que c’est comme ça que les choses se passeront.
Dans le cas des dégâts collatéraux de la loi Hadopi, là encore il s’agit d’un manquement au devoir du journalisme. Tout à vouloir suivre le courant des débatteurs assermentés, le métier en a oublier de surveiller ses arrière. Résultat, la loi Hadopi, non-contente de fliquer les consommateurs et d’enrichir les majores, renforce également celui des grands groupes de presse écrite. Demain, le même article sera repris par l’ensemble des filiales d’un même groupe sans que son auteur puisse y redire, et la même information sera inlassablement répétée… Et pour peu que ce soit une merde comme celle du Figaro, et bien mes amis, le quidam moyen n’aura plus alors que de la merde à se mettre sous la dent.

Ce matin j’enrage contre cette presse qui n’est même plus capable de se préserver contre la concentration. J’enrage contre ces journalistes qui obéissent bêtement aux ordres du pouvoir.

Et après ça veut nous donner à nous, les citoyens du net, des leçons de déontologie et de professionnalisme ?

Allez vous faire foutre !